La filière de production et développement
On entend par filière de production l’ensemble des agents économiques qui contribuent directement à la production, puis à la transformation et à l’acheminement jusqu’au marché d’un même produit agricole (Tallec et al., 2003). L’approche filière permet de mieux comprendre les stratégies des acteurs, les mécanismes de structuration des prix, d’identifier et de caractériser les contraintes au commerce d’un produit, afin de concevoir des actions pour lever ces contraintes. L’analyse filière permet ainsi de repérer des relations de linéarité, de complémentarité et de cheminement entre différents stades de transformation au sein des systèmes (Duteurtre, 2000). Le développement de filières permettant la valorisation économique des forêts (produits forestiers non ligneux et services éco-touristiques) fait l’objet d’une attention particulière par les bailleurs de fonds intervenant dans les pays en développement. Il s’agit, dans une perspective de développement durable, de mettre en valeur à travers le développement d’une filière marchande certaines ressources naturelles ou certains services environnementaux fournis par des écosystèmes menacés de dégradation anthropique. Ces actions sont justifiées par la recherche d’alternatives économiques sur lesquelles peuvent s’appuyer les populations locales afin de limiter la pression sur ces écosystèmes (Meral, 2006). La promotion des filières agricoles par rapport à la conservation des écosystèmes nécessite la pérennisation de leurs valeurs économiques ; elle impose une régulation entre divers régimes à savoir le régime d’exploitation, le régime d’accumulation et le régime de fonctionnement (Ramamonjisoa, 2012).
Notion de besoins et capacité des générations futures
La population augmente alors que les ressources disponibles diminuent, ce qui fait que les ressources naturelles peuvent ne plus subvenir aux besoins des générations futures. Cette existence supposée des générations futures engage alors la responsabilité des générations présentes ; la responsabilité de léguer à ces générations un environnement où la vie ne sera pas pire que nous pourrions supposer qu’elle fût avant toute transformation. La responsabilité s’entend donc ici d’une mission assumée collectivement pour l’avenir et non d’une culpabilité pour un fait passé (Ouchene B., 2016).
Positionnement du bambou face au marché
Le bambou s’est révélé être une ressource à plusieurs facettes et fortement utilisée dans un éventail large de buts de subsistance dans tous les foyers (Hogarth et Belcher, 2013). Concernant les demandes, les comportements des Malgaches sont basés sur certains critères. Les plus importants dans l’ensemble sont la solidité, la robustesse et la longévité-durabilité. Ensuite viennent la finition, la confortable pratique, le design esthétique, la facilité d’entretien, la matière, la qualité d’accueil et de conseil du vendeur, le prix, la facilité à déplacer, l’originalité, la conformité avec le style existant, la nuisance à la santé (allergie etc.), la sécurité pour les enfants, le fabricant, l’agencement, le décor, l’ambiance du magasin et enfin l’originalité en termes de design (Sambotiana, 2013). Grâce à la promotion de filière, de larges choix de produits ont été lancés sur le marché. Les offres se sont diversifiées au cours des deux dernières années, et cela s’est remarqué durant les manifestations économiques auxquelles les artisans et pépiniéristes bambou ont participés. La rencontre de l’offre et des critères de demande en termes de produits issus du bambou s’est alors réalisée, et le bambou commence à répondre aux critères recherchés par la clientèle. Cela s’explique par le fait de l’amélioration des ventes durant deux années successives de manifestations économiques (2015 et 2016).
La filière bambou face aux contraintes internes et externes : le cluster bambou, le CPTC et les champs écoles
Tout individu qu’il soit producteur, consommateur ou autre, qui mobilise le bambou devrait alors être incités à s’intégrer au sein du groupement. Pour le cas de l’artisanat, le Cluster permettrait de protéger les produits finis en bambou, respectant les normes et de manière formelle contre les produits informels détruisant le marché. La présence des centres CPTC et des champs écoles permettent aussi de conserver et de moderniser les produits finis, par d techniques de transformations et d’utilisations selon les normes.
a) Cluster bambou : Chaque membre du cluster devra prendre conscience des objectifs de l’organisation, et doit être responsable de toute activité au sein du cluster. Pour cela, la principale méthode à adopter serait d’assurer un système de communication libre et fluide. En effet, lorsque les informations ne passent pas, les activités ne marchent pas, et les objectifs ne seront pas atteints. Chaque individu doit alors être au courant de tout ce qui se passe au sein du cluster : ce qui doit être le rôle du responsable de la communication au sein du Cluster. Chaque entité, que cela soit dans la pépinière, la plantation, l’artisanat, le commerce, etc. doit être représenté par un individu responsable de la communication, afin d’assurer le partage de tout ce qui se passe de l’amont à l’aval de la filière. Et les agents de communication transmettront les messages auprès des membres de bureau. Et des rapports annuels devraient être effectués et restitués auprès du Programme PROSPERER et de l’INBAR afin de voir l’évolution de la filière. Des réunions mensuelles ou hebdomadaires devraient être réalisées entre les membres du Cluster. Les collaborateurs devraient exiger des résultats concrets venant du Cluster dans un délai prédéterminé suite à une ou des réunions des deux parties, pour que la production de bambou ne puisse être oubliée ou délaissée comme tous les autres projets de développement qui se sont succédés dans le pays.
b) Centre de transformation et de production commune (CPTC) : Le CPTC devrait collaborer avec des institutions, comme les établissements scolaires, par exemple pour des visites afin de faire connaitre aux jeunes la présence d’un centre de transformation du bambou, durant lesquelles des responsables exposeront tout ce qui concerne la filière bambou et le CPTC, afin que la filière puisse être connu comme étant une plante exploitable et à multiples utilisations. Le centre devrait fonctionner pour atteindre les objectifs de sa mise en place, afin qu’il ne puisse être abandonné comme toutes autres infrastructures à Madagascar.
c) Champs écoles paysans (CEP) : Les champs écoles doivent être fonctionnels après que les plantations aient développé. En effet, les champs et les centres de transformation ne peuvent fonctionner qu’en présence permanente de matières premières, qui sont encore en voie de croissance actuellement. Alors, les formateurs devront faire en sorte que les matières premières ne manquent pas, et donc ils doivent inciter la population à produire plus pour assurer un avenir meilleur, même en termes de protection de l’environnement.
CONCLUSION
Le bambou est une filière à forte potentialité économique et environnementale. Il occupe une place importante dans la vie de nombreux ménages tant ruraux qu’urbains à Madagascar (Ramananatoandro, 2013). Pourtant, la filière reste encore sous-valorisée à cause de l’insuffisance des connaissances sur ses diverses utilisations et techniques de transformations. Depuis la promotion de la filière par le PROSPERER, l’effectif des utilisateurs de bambou s’est amélioré. En effet, les évolutions remarquées en termes de production, de vente et de diversification de production marque une amélioration de la place du bambou sur le marché. La relance de la filière se remarque alors depuis sa promotion par le PROSPERER et connait une évolution positive au cours du temps. Ce qui affirme la première hypothèse. La promotion de la filière a permis aux ménages ruraux mais aussi aux artisans, aux planteurs et pépiniéristes producteurs de bénéficier des formations techniques dans la production de bambou. La plantation de bambou dans la Région permettra aux planteurs d’assurer l’approvisionnement des artisans de la ville (ceux qui font des commandes dans les autres régions) à long termes. De plus, l’effet de la plantation de bambou sur l’environnement est positif, surtout en termes de ressources en eau (par son système racinaire dans la rétention d’eau), dans les luttes antiérosives, etc. (Annexe 2). L’impact ne sera pas encore senti que d’ici quelques années 4 à 5 ans), et c’est à cette période que les planteurs percevront les effets surtout économiques de leurs activités. Mais pour l’instant, c’est surtout au niveau des artisans et des pépiniéristes que les effets économiques se sentent le plus. La continuité de l’exploitation du bambou dans le pays, avec les appuis du PROSPERER et de l’INBAR, par la présence des centres de formations (CPTC et les champs écoles), et avec l’intégration de tous les acteurs au sein du cluster bambou, pourrait être assurée par toutes ces personnes ressources et institutions elles-mêmes. Par ailleurs, l’intervention de l’Etat dans les légalisations et normalisations des activités sur cette filière prend aussi une grande partie dans cette réalisation. L’avenir économique et environnemental des exploitants du bambou dépendent de la sécurité de tous les paramètres à prendre en compte dans la filière bambou : du foncier jusqu’au marché. La culture de bambou permet donc d’améliorer la situation économique des exploitants, des bénéficiaires et même le pays, en offrant du travail à la population locale (dans la production et la transformation) et en lançant une campagne de reboisement de bambou pour un environnement meilleur. Ce qui affirme la deuxième hypothèse. La plantation de bambou et l’utilisation des produits qui y sont dérivés contribueront à l’atténuation de la destruction de la forêt, à partir de la diminution des coupes abusives de bois surtout en milieu rural. Le projet de promotion de la filière bambou est actuellement en cours. Pourtant, il fait face à des obstacles qui devront être franchis, afin d’atteindre les objectifs de développement fixés au début du projet. A titre d’illustration, les ménages ruraux ont tendance à attendre les aides et appuis extérieurs. Cette attitude constitue souvent la cause des échecs des projets de développement. Le développement de la filière bambou nécessiterait l’application des approches susceptibles de dynamiser et de motiver les paysans.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 CONCEPTS ET ETAT DE L’ART
1.1 Le développement de filière
1.1.1 La filière de production et développement
1.1.2 L’importance des filières PFNL
1.2 La promotion de filière bambou
1.2.1 La filière bambou
1.2.2 Le bambou et sa contribution aux revenus ruraux
1.1 Le développement durable ou soutenable
1.1.1 Notion de besoins et capacité des générations futures
1.1.2 Soutenabilité faible
1.1.3 Soutenabilité forte
2 MATERIELS ET METHODES
2.1 Matériels
2.1.1 Justification du thème
2.1.2 Présentation de l’organisme
2.1.3 Présentation de la zone d’étude
2.2 Méthodes
2.2.1 Démarche globale pour la vérification des hypothèses
2.2.1.1 Phase exploratoire
a) Documentation
b) Entretien auprès des personnes ressources
2.2.1.2 Phase de collecte de données
a) Descente sur terrain
b) Enquêtes et entretiens
Echantillonnage
Enquêtes
Entretiens
2.2.2 Démarche spécifique de vérification des hypothèses
2.2.2.1 Démarche pour l’hypothèse 1 : « La filière bambou connait une évolution positive dans la Région Analamanga depuis sa promotion par le PROSPERER.»
a) Identification des acteurs de la filière
Démarche
Variables, outils et finalités
b) Situation du marché de bambou
Démarche
Variables, outils et finalités
c) Caractérisation de la filière bambou
Démarche
Variables, outils et finalités
2.2.2.2 Démarche pour l’hypothèse 2 : «La filière bambou possède des atouts socioéconomiques mesurables et profitables surtout pour ses bénéficiaires.»
a) Analyse sociale
Démarche
Variables, outils et finalités
b) Analyse économique
Démarche
Variables, outils et finalités
c) Diagnostic de la filière bambou
Démarche
Variables, outils et finalités
2.3 Limites de l’étude
2.3.1 Au niveau de l’échantillon d’étude
2.3.2 Au niveau des résultats obtenus et des traitements de données
2.4 Synthèse de la démarche méthodologique
2.5 Chronogramme des activités
3 RESULTATS
3.1 Situation de la filière bambou à Analamanga
3.1.1 Classification des acteurs de la filière bambou
3.1.1.1 Les ménages planteurs
3.1.1.2 Les pépiniéristes
3.1.1.3 Les artisans
3.1.1.4 Les opérateurs économiques
3.1.1.5 Les partenaires techniques et financiers
3.1.1.6 Les collaborateurs
3.1.1.7 Les formateurs
3.1.1.8 Graphe de la filière
3.1.2 Situation du marché
3.1.2.1 Offre et demande
a) Graines de bambou
b) Jeunes plants
c) Produits artisanaux
3.1.2.2 Concurrence
a) Graines et jeunes plants de bambou
b) Produits artisanaux
3.1.3 Caractérisation de la filière bambou
3.1.3.1 Production
a) Pépinière et plantation
b) Artisanat
3.1.3.2 Consommation
a) Pépinière et plantation
b) Artisanat
3.1.3.3 Distribution
a) Pépinière-plantation
b) Artisanat
3.1.3.4 Commercialisation
a) Pépinière et plantation
b) Artisanat
3.2 Les résultats de la promotion de la filière bambou à Analamanga
3.2.1 Les appuis et services offerts par le PROSPERER
3.2.1.1 Sur le plan social
3.2.1.2 Sur le plan technique
3.2.1.3 Sur le plan financier
3.2.2 L’analyse économique de la filière bambou
3.2.2.1 La production de jeunes plants
a) Revenu sur le bambou
b) Compte d’exploitation
3.2.2.2 L’artisanat
a) Revenu sur les produits finis en bambou
b) Comptes d’exploitation
3.2.3 Diagnostic de la filière
3.2.3.1 Analyse interne
3.2.3.2 Analyse externe
4 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1 Discussions
4.1.1 Situation économique de la filière bambou
4.1.1.1 Positionnement du bambou face au marché
4.1.1.2 La filière bambou face au développement durable
4.1.2 Conséquences économiques de la promotion de filière
4.1.2.1 Les utilisations et transformations du bambou
4.1.2.2 Résultats économiques de la promotion de filière bambou
4.1.2.3 Diagnostic de la filière
4.2 Recommandations
4.2.1 Promotion de la filière bambou et bénéficiaires
4.2.1.1 La filière bambou : un avenir prometteur pour la population
4.2.1.2 La filière bambou face aux contraintes internes et externes : le cluster bambou, le CPTC et les champs écoles
a) Cluster bambou
b) Centre de transformation et de production commune (CPTC)
c) Champs écoles paysans (CEP)
4.2.2 Perspectives de développement
4.2.2.1 Les utilisations et transformations du bambou
4.2.2.2 Les potentialités de développement de la filière bambou
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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