L’autisme dans le milieu urbain

Selon la définition de l’OMS, l’autisme est un trouble envahissant du développement (TED) qui affecte les fonctions cérébrales . Il n’est considéré ni comme une affection psychologique ni comme une maladie psychiatrique. Il est caractérisé par un isolement, une perturbation des interactions sociales, des troubles du langage, de la communication verbale et des activités stéréotypées avec restriction des intérêts.

On estime que, dans le monde, un enfant sur 160 présente un trouble de spectre autistique. Cette estimation correspond toutefois à une moyenne et la prévalence notifiée varie notablement d’une étude bien contrôlée font néanmoins état de taux sensiblement plus élevés. On ignore encore la prévalence de ces troubles dans beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire.

D’après les études épistémologiques effectuées, ces cinquante dernières années, il semble que la prévalence des TSA augmente à l’échelle mondiale. Cette augmentation apparente peut s’expliquer de nombreuses façons, notamment par une plus grande sensibilisation au problème de l’autisme, par l’élargissement des outils diagnostiques et une notification plus rigoureuse selon l’OMS en 2016.

Théorie explicative

Historique de l’autisme

Le terme « autisme », ou « autismus » en allemand est issu des Grecques «autos», signifie soi-même, fut employé pour la première fois par le psychiatre suisse Eugen Bleuler dans un article de 1911 pour décrire la symptomatologie schizophrénique chez des patients adultes (retrait social avec repli sur soi-même), il désigna ainsi ce repli sur soi par le terme « autisme ». Il a cependant fallu attendre trente ans pour qu’en 1943, Leo Kanner, médecin pédopchiatre d’origine austro-hongroise, soit le premier à faire une description clinique de l’autisme basé sur l’observation de 11 enfants ( 8 garçons et 3 filles) âgés de 2 à 11 ans, il caractérisa ainsi l’autisme comme une « inaptitude des enfants à établir des relations normales avec les personnes et à réagir normalement aux situations », accompagnée d’un « trouble du contact affectif », et apparaissant dès le début de la vie (Kanner, 1943) .

Leo Kanner met en cause l’attitude et la qualité des contacts des parents envers leurs enfants ; il parle de mères froides, de pères absents. Mais dès sa première publication, Kanner évoque des causes « innées » : « Nous devons, alors, supposer que ces enfants sont venus au monde avec une incapacité innée à former le contact affectif habituel avec les gens, tout comme d’autres enfants viennent dans le monde avec des handicaps physiques ou intellectuels innés » (Kanner, 1943).

A la même époque Hans Asperger décrit un syndrome voisin : « syndrome d’Asperger », terme utilisé pour les personnes autistes qui ont un meilleur niveau intellectuel, avec un langage bien développé (Asperger, 1944) .

Dans les années 50, Bruno Bettelheim, psychologue américain d’origine autrichienne, eut une forte influence sur la description de l’autisme en reprenant une constatation de Kanner celle de mères froides. Il reprit alors le terme de « mère réfrigérateur » pour expliquer l’autisme chez les enfants. En effet ces derniers recevraient un message de leurs parents, essentiellement provenant de leur mère, selon lequel tout le monde serait mieux sans eux (Bettelheim, 1967 ; (Hochman et Misès, 2009) . Ainsi d’après ces observations, l’autisme ne serait pas « inné » comme l’avait décrit Kanner, mais serait la conséquence d’un manque d’interactions entre enfant et ses parents.

Ce n’est qu’en 1968 qu’apparait le terme « autisme » dans la seconde édition du DSM (Diagnostic and Statisical Manual of Mental Disorders) (American Psychiatric Association, 1968), il y est tout d’abord classifié comme une schizophrénie infantile et ce n’est que dans la 3ème version du DSM (American Psychiatric Association, 1980) que l’autisme est considéré comme une maladie à part entière et qu’il apparait sous la dénomination « autisme infantile ».

A la fin des années 70 Rutter et Folstein effectuent la première étude génétique sur 21 paires de jumeaux (11 monozygotes et 10 dizygotes) répondant aux critères du DSM pour un diagnostic d’autisme et démontrent une forte implication génétique dans l’étiologie de l’autisme (Folstein et Rutter, 1977) .

Evolution d’une classification

Depuis la première définition de l’autisme par Kanner en 1943 et jusqu’à nos jours, les spécialistes n’ont eu de cesse d’affiner et d’améliorer leurs critères de diagnostic afin d’établir une classification consensuelle qui puisse être utilisée par toute la communauté scientifique et médicale. Trois échelles internationales de classification sont alors utilisées (Contejean et Doyen, 2012) :

– La CIM : la Classification Internationale des Maladies, diffusée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) parle de TED (trouble envahissant de développement). Il s’agit d’un guide diagnostic fiable. Selon cette classification l’autisme est considéré comme un handicap et non une maladie (World Health Organization, 2004). Sa 11eme version est en cours d’élaboration (CIM-11), une première version de la CIM-11 a été publié et commentée au mois d’octobre 2016 et la version finale devrait être publiée en 2018.

– Le DSM : Aujourd’hui, le guide diagnostic le plus utilisé en psychiatrie est le DSM, qui en est à sa 5eme édition. Il est le résultat du travail de l’APA (American Psychiatrie Association) dont l’expertise fait autorité à un niveau international.

Auparavant, le DSM-IV-TR (texte révisé) (American Psychiatrie Association, 2000) définissait l’autisme et ses troubles associés comme des « troubles envahissants du développement » (TED) qui comportaient cinq sous-types de l’autisme à savoir : les troubles autistiques, les syndromes d’asperger, le trouble désintégratif de l’enfance, les troubles envahissants de développement non spécifiés (TED-non spécifiés) ainsi que le syndrome de Rett. Par la suite, la catégorie diagnostique de TED a été abandonnée avec la publication du DSM-5 (American Psychiatrie Association, 2013) et remplacée par la catégorie générale « Trouble du Spectre Autistique » (TSA) contenant l’ensemble des sous-types précédemment classifié au sein des TED (à l’exception de syndrome de Rett) et enfin selon DSM-5, les TSA sont classés dans la catégorie des troubles neuro-développementaux.

– La CFTMEA : la Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent élaborée dans les années 80 en France, est une classification fondée sur des théories psychanalytiques (Martin-Guehl, 2003) .

La CFTMEA classait l’autisme dans les psychoses précoces mais elle s’est rapprochée de la CIM-10 et du DSM-IV afin d’améliorer la comptabilité par rapport à la CIM-10, et a adopté les troubles envahissants du développement en synonyme des psychoses précoces de l’ancienne classification et elle a introduit le syndrome d’asperger et les troubles désintégratifs de l’enfance (Contejean et Doyen, 2013). La CFTMEA, comme toutes les classifications, a connu plusieurs révisions. La dernière version étant la CFTMEA R-2012 (Misès, 2012) .

Facteurs

Il y a probablement plusieurs facteurs menant à l’autisme, mais aucune étude concluante n’a été établie. Certaines données indiquent que les personnes atteintes d’autisme présentent des différences structurelles et chimiques dans leur cerveau. L’autre disait que l’hérédité peut également représenter un facteur. Ainsi, l’exposition à certaines toxines et polluants pendant le développement fœtal pourrait prédisposer l’enfant à contracter un TSA. D’autres évènements peuvent aussi se produire avant ou pendant la naissance comme le faible poids à la naissance, la présence de maladie chez la mère, les difficultés à l’accouchement et l’âge des parents à la conception.

Symptôme de l’autisme

Lorsqu’une personne présente un comportement anormal, cela peut être signe d’une anomalie physique ou mentale. Une personne âgée qui porte sa main au pavillon de l’oreille lorsqu’on lui parle souffre peut-être d’un début de surdité. Il s’agit d’un indice, d’une alerte, qui donne un soupçon d’une déficience physique. Ce n’est donc pas un diagnostic ; celui-ci devra se faire par un médecin spécialiste.

Ainsi certains comportements anormaux peuvent donner un soupçon d’autisme. Pour rechercher ces premiers signes, ces indices d’alerte, nous irons puiser dans les caractéristiques de l’autisme comme suivantes :
– Troubles des interactions sociales,
– Troubles de la communication verbale et non verbale,
– Comportements stéréotypés et répétitifs,
– Autres manifestations .

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : MATERIELS ET METHODES
Chapitre 1 : Matériels
Section 1 : Les moyens utilisés
1-1- Les ressources humaines
1-2- Les récits de vies
Section 2 : Revue de la littérature
Chapitre 2 : Méthodes
Section 1 : Technique d’échantillonnage
1-1- La nécessité de l’échantillonnage
1-2- L’échantillonnage par volontaires
Section 2 : Technique de collecte des données
2.1- Consultation et lecture des documents
2.2- Guide d’entretien
2-3- Observation, enquête et interview
Section 3 : Technique de traitement et d’analyse des données
3-1- Le rationalisme appliqué
3-2- Méthode des échelles
Section 4 : Théorie explicative
4-1- Historique de l’autisme
4-2- Evolution d’une classification
4-3- Facteurs
4-4- Symptôme de l’autisme
4-5- Types de l’autisme
4-6- Les pathologies associées à l’autisme
Section 5 : Concept théoriques
5-1- Le cognitivisme
5-2- Les aspects cognitifs de l’autisme
5-2-1- Le langage
5-2-2- Un profil développemental hétérogène
5-2-3- Le traitement de l’information
5-2-4- Théorie de l’esprit (comprendre les pensées des autres)
5-2-5- Fonctions exécutives
Section 6 : Disciplines de rattachement
6-1- Anthropologie de l’enfant
6-2- Psychologie de l’enfant autisme
6-3- Anthropologie de la santé
PARTIE II : RESULTATS DE LA RECHERCHE
Chapitre 1 : Présentation de la zone de recherche
Section 1 : Description de la commune urbaine d’Antananarivo
1-1- Historique
1-2- Situation géographique
1-3- Climat
1-4- Situation démographique
1-5- Situation économique
1-6- Enseignement
Section 2 : Description de l’école primaire privée LES COLIBRIS Mahamasina
2-1- Les objectifs de l’école
2-2- Planification stratégique
2-3- La classe spécialisée
2-4- Les objectifs de la classe spécialisée
2-5- Les activités dans la classe spécialisée
2-6- Prise en charge institutionnelle
Chapitre 2 : Etude de cas
Section 1 : Les observations procédées
Section 2 : Caractéristiques des enfants autistes et leurs familles
Chapitre 3 : Evaluation et diagnostic
Section 1 : Diagnostic
Section 2 : Prise en charge des enfants
Section 3 : La vie associative des enfants autistes
Chapitre 4 : L’aspect conflictuel
PARTIE III : DISCUSSION ET PERSPECTIVE
Chapitre 1 : Discussion
Section 1 : La mesure d’accompagnement sur la base de l’autisme
1-1- Le diagnostic à Madagascar
1-2- La prise en charge institutionnelle
1-3- La prise en charge de la famille
1-4- La scolarisation
Section 2 : L’évolution des enfants autistes depuis leurs intégrations à l’école Les colibris Mahamasina
Section 3 : La communication et les interactions sociales des enfants autistes
3-1- Problème de communication
3-2- La difficulté d’intégration sociale
3-3- Du milieu familial et la relation sociale
Chapitre 2 : Perspective
Section 1 : L’importance de l’existence de l’école Les colibris Mahamasina
Section 2 : Suggestion et recommandation
Section 3 : L’avenir de la recherche
PROPOSITION D’ACTION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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