LA LATERALITE
Préférence manuelle
Chez l’homme, la préférence manuelle est très étudiée. Depuis la préhistoire, il y aurait une majorité de droitier. La tache effectuée pour déterminer la préférence ainsi que la géolocalisation (avec un aspect culturel), ont une influence sur les proportions gaucher/droitier, mais on retrouve un plus grand nombre de droitier [41].L’utilisation de la main de manière préférentielle se retrouve dès le stade foetal : à ce stade une majorité semble préférer sucer le pouce de la main droite et tous se sont révélés être droitier à la naissance, alors que parmi ceux préférant le pouce gauche une partie seulement (10 sur 15) se sont avérés être gaucher à la naissance [33]. Cette asymétrie motrice a une réalité anatomique et fonctionnelle au niveau du cerveau. En effet, le mouvement de la main droite se fait par sollicitation de l’hémisphère gauche du cerveau. Il en va de même pour les mouvements de toute la partie droite du corps (l’inverse est vrai pour le côté gauche). Ceci est dû à la décussation des fibres nerveuses de la voie pyramidale responsable de la motricité volontaire. De plus, grâce à des méthodes d’imagerie tel que l’IRM, il est possible d’explorer les différentes régions du cerveau et il a été montré que certaines d’entre elles (ex : le planum temporal) présente des différences de taille entre l’hémisphère gauche et le droit..
Langage et préférence manuelle
En plus de l’asymétrie anatomique, les hémisphères cérébraux présentent des spécialisations dans certains domaines. L’hémisphère droit par exemple, est plus spécialisé dans le repérage dans l’espace [24]. La première spécialisation de l’hémisphère gauche à avoir était étudiée est l’aptitude au langage qui est même la première asymétrie fonctionnelle étudiée par le Dr Paul Broca dans les année 1860 [66]. Depuis, la région contrôlant la parole a été baptisée l’aire de Broca. L’aire de Broca, ainsi que l’ensemble du polygone du langage (comprenant en plus de l’aire de Broca, l’aire de Wernicke qui concerne le sens du langage, le centre responsable de la reconnaissance des mots écrits ainsi que le centre de l’écriture [15] ; cf. Figure 1), se trouve dans l’hémisphère gauche (hémisphère dominant dans une majeure partie de la population, car il y a une majorité de droitier). Cela a soulevé la question d’une origine commune concernant la latéralité de ces deux fonctions. Plusieurs hypothèses ont été émises : un gène commun responsable pour les deux fonctions, deux gènes responsables indépendamment pour l’une et l’autre fonction ou même de multiples facteurs, tant génétiques qu’environnementaux indépendamment pour chaque fonction.
Aujourd’hui, aucune étude ne démontre comment la latéralité du langage et de la préférence manuelle sont contrôlées, mais le plus probable est qu’il y a des facteurs (génétiques ou environnementaux) communs aux deux et certains spécifiques [47]. La Figure 2 représente les différentes hypothèses sous forme de modèles théoriques.
Latéralité des émotions
Les émotions sont également un sujet très étudié. Comme dit dans l’introduction, la principale hypothèse concernant leur latéralité, est l’hypothèse selon laquelle l’hémisphère droit traiterait les émotions négatives, et le gauche, les émotions positives [76]. Mais il s’avère que le traitement des émotions est plus complexe. Par exemple, concernant la perception des expressions faciales, il semblerait que cette hypothèse ne soit pas valable. La latéralité semble plus être région dépendante que généralisée à l’ensemble du cerveau [23]. Comme on le voit sur la Figure 3, lors de la présentation d’une expression faciale négative, l’amygdale gauche est plus active que la droite. Ceci est même à l’opposé de l’hypothèse précédente. Les auteurs restent prudents et précisent que ceci concerne la perception des expressions faciales mais que des stimuli autres pourraient ne pas aboutir aux mêmes conclusions [23]. Le mécanisme permettant d’afficher une expression a également donné lieu à bon nombre de recherches. Dans un premier temps, la différence d’intensité entre la partie gauche et la partie droite du visage ainsi que la différence entre les expressions spontanées et simulées ont étaient au cœur de plusieurs études. Or, les résultats étaient assez discordants entre eux probablement en raison de problèmes de méthodes utilisées ou de taille d’effectif..
Il se trouve que les expressions faciales ne s’organisent pas uniquement autour de l’axe gauche droite mais aussi sur l’axe haut-bas. La fonction motrice de la partie haute et de la partie basse du visage semble présenter une latéralité corticale : le haut du visage est majoritairement contrôlé par l’hémisphère droit alors que le bas est majoritairement contrôlé par l’hémisphère gauche. Malgré une dichotomie simpliste (gauche- droite, haut-bas) de la mise en place des expressions faciales, leurs régulations sont bien plus complexes et certains points restent encore à explorer. Les recherches concernant les expressions faciales, autant leur perception par autrui que les mécanismes de leur mise en place, sont nombreuses étant donné les enjeux. En effet, les expressions jouent un rôle capital dans les interactions entre individus. Les adaptions sociales peuvent reposer sur des perceptions infimes lors de la mise en place d’une expression : par exemple, une expression de colère sera détectée plus rapidement et finement et sera jugée plus spontanée si elle débute sur l’hémiface gauche..
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I. LA LATERALITE
a. Définition
b. Latéralité chez l’homme
1. Préférence manuelle
2. Langage et préférence manuelle
3. Latéralité des émotions
c. Latéralité au sein du règne animal
1. Latéralité et évolution
2. Quelques exemples de la latéralité aux seins du règne animal
d. Latéralité chez le chien (Canis familiaris)
1. Latéralité motrice
2. Latéralité sensorielle
3. Latéralité structurelle
4. Détermination de la latéralité motrice et utilisation
II. LA PERSONNALITE
a. Définition
b. Appréhension de la personnalité
1. La personnalité chez l ’Homme
2. La personnalité au sein du règne animal
3. Détermination de la personnalité chez le chien
c. Le lien entre la latéralité et la personnalité
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
I. MATERIELS ET METHODES
a. Sujets
b. First stepping test
c. Questionnaires
1. Questionnaire démographique
2. Monash Canine Personali ty Questionnai re Revised (MCPQ-R)
d. Analyse des données
1. Détermination de la latéralité et du degré de latéralité
2. Score de personnalité
3. Analyses statistiques
II. RESULTATS
a. Scores des dimensions de personnalité au sein de l’échantillon
b. Latéralité au sein de l’échantillon
c. Relations entre latéralité et score de personnalité
d. Lien entre d’autres caractéristiques du chien et la latéralité
e. Relation entre d ’autres caractéristiques du chien et la personnalité
III. DISCUSSION
a. Liens entre la latéralité et la personnalité
b. Relation entre les dimensions de la personnalité
c. Latéralité au sein de la population canine
d. Relation entre les caractéristiques du chien et la personnalité ou la latéralité
1. Le format
2. La race
3. Le sexe
e. Relation entre l’obéissance et la personnalité
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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