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La transduction du signal
La signalisation est initiée par la phosphorylation des motifs ITAM par Lck et Fyn, des protéines tyrosine-kinases (PTK) de la famille Src. Pour pouvoir agir Lck est recrutée à proximité du TCR par association à CD4 ou CD8. La phosphorylation des ITAM provoque le recrutement de Syk et de ZAP70 qui sont constitutivement associées à CD3ζ lorsque le LT est au repos. Tandis que Syk s’autophosphoryle pour être active, l’activation de ZAP70 par des PTK lui permet d’activer LAT (linker for activation of T cells) par phosphorylation. LAT est un intégrateur moléculaire qui va initier l’activation de différentes voies de signalisation en réponse à l’activation du TCR (Figure 3).
Motifs ITAM
Ce domaine d’activation est composé de 2 séquences peptidiques YxxL/I séparées par 8 AA (Wegener et al., 1992). Les résidus tyrosines et leucines sont indispensables à son activité. On retrouve un domaine ITAM sur la partie intracytoplasmique des chaînes CD3γ, δ et ε mais trois copies sur les sous-unités CD3ζ (Isakov, 1998). Ces motifs sont redondants car aucun n’est indispensable à la fonction du TCR. Ils vont participer à la transduction du signal en recrutant différentes protéines.
Lck, Fyn
Ce sont des PTK de la famille Src possédant un domaine tyrosine kinase, un domaine d’homologie SH2 (Sarc Homologie 2) et un domaine SH3. Elles contiennent en plus un site de myristilation permettant leur relocalisation à la membrane. Ces deux protéines sont impliquées directement dans la phosphorylation des ITAM des chaînes CD3. Fyn est directement associée au TCR dans les radeaux lipidiques. Lck est retrouvée majoritairement associée à CD4 et CD8. Lors de la reconnaissance d’un complexe CMH/peptide, les corécepteurs CD4 ou CD8 s’associent au TCR amenant Lck à proximité du TCR, provoquant son activation par la phosphorylation des tyrosines des motifs ITAM. Le niveau de phosphorylation des ΙΤΑΜ de CD3ε et CD3ζ est fortement diminué dans une lignée cellulaire n’exprimant pas Lck. Les souris inactivées pour Lck présentent aussi un blocage partiel de la différenciation au stade DN3, due à un signal pré-TCR altéré. L’activité de Fyn compense probablement partiellement la perte de Lck (Groves et al., 1996; van Oers et al., 1996).
ZAP70, Syk
ZAP70 est une PTK présente dans le cytoplasme. Lors de l’activation du TCR, elle est relocalisée à la membrane et s’associe aux motifs ITAM des chaînes CD3 phosphorylés par Lck grâce à ses deux domaines SH2 (Sloan-Lancaster et al., 1997). ZAP70 est activée par phosphorylation par les protéines Lck et Fyn et va à son tour phosphoryler de nombreuses cibles (LAT, SLP76, PLCγ1). Lck étant associé aux co-récepteurs CD4 et CD8, la phosphorylation de ZAP70 nécessite donc l’activation des co-recepteurs en plus de celle du TCR (Iwashima et al., 1994). Les ITAM phosphorylés recrutent également la PTK Syk. Syk et ZAP-70 jouent un rôle redondant dans la signalisation à partir du TCR. Ce pourrait être un moyen d’amplifier la réponse cellulaire.
Chez la souris ZAP70-/- la différenciation est bloquée au stade DP du fait d’un défaut de signalisation par le TCR. Le développement des souris syk-/- n’est pas perturbé mais l’inactivation de ZAP70 et de syk provoque un blocage de la maturation thymocytaire au stade DN3 démontrant un rôle redondant de ces deux protéines dans la signalisation pré-TCR (Cheng et al., 1997).
LAT, SLP76, Gads et autres protéines adaptatrices.
LAT est une molécule adaptatrice fixée à la membrane. Sa partie cytoplasmique comporte 9 résidus tyrosine dont 6 peuvent être phosphorylés par ZAP70. Ils servent alors de site de fixation pour les domaines SH2 de plusieurs protéines. Ces protéines sont le plus souvent des molécules adaptatrices telle que Grb2, PLCγ1, mais aussi à des PTK comme ZAP70. LAT est donc un intégrateur de signaux et initie ainsi des voies majeures de signalisation (Figure 3):
La voie des MAP Kinases par recrutement des adaptateurs moléculaires Grb2 et Shc. Grb2 est dépourvue de toute activité enzymatique intrinsèque mais recrute, par le biais de son domaine SH3, Sos qui active à son tour une petite protéine G membranaire Ras. Ras promeut à son tour un signal intra cellulaire transitant par les MAP Kinase et conduisant à l’activation de multiples gènes (Schlessinger, 1993)
La voie calcium-calcineurine dépendante : PLCγ1 activée par ZAP70 s’associe au domaine SH2 phosphorylé de LAT et hydrolyse le PIP2 (Phosphatidyl Inositol biPhosphate) en IP3 (Inositol TriPhosphate) et en DAG (diacyl-glycérol) provoquant une augmentation de calcium intra cellulaire et l’activation de la PKC (Protéine Kinase C). Les différentes isoformes de PKC sont notamment impliquées dans l’activation des facteurs de transcription NF-AT, NF-kB et AP-1. La PTK Itk une fois associée à SLP76 sous forme phosphorylée est aussi impliquée dans l’activation de PLCγ1 (Su et al., 1999).
SLP76 (Sh2 domain containing leukocyte phospho protein of 76 kDa) est une autre molécule adaptatrice intégrée à différentes voies de signalisation régulant les flux calciques. Elle est constitutivement associée par l’intermédiaire de domaines SH3 à Gads (Grb2-like adapter) et peut s’associer à un facteur d’échange de guanine: vav après phosphorylation par ZAP70 (Liu et al., 1999). Gads permet le recrutement de SLP76 et des Itk associées du cytosol à la membrane grâce à son association inductible avec des résidus tyrosine phosphorylés de LAT. L’absence de LAT empêche par ailleurs toute phosphorylation de vav qui est impliqué dans le contrôle de la transcription du gène de d’IL2.
Les rôles clés de SLP76 et LAT dans la signalisation issue du pré-TCR ont été très clairement mis en évidence. Ainsi le développement des thymocytes de souris SLP-76 mutantes est arrêté au stade DN3 malgré la présence de réarrangement TCRβ (Clements et al., 1998). Une mutation de LAT au niveau des 4 résidus tyrosine en C term prévient l’association avec Grb2, Gads, la PLCγ1 et indirectement avec SLP76. Cette mutation provoque un blocage complet du développement des LT αβ et une forte diminution du nombre de LT γδ. (Sommers et al., 2001). Ce phénotype est identique à celui retrouvé chez les souris LAT-/- (Zhang et al., 1999). Dans les souris mutées uniquement pour les trois dernières tyrosines de LAT, la différenciation des LT γδ est aussi perturbée quoique de manière moins drastique (Nunez- Cruz et al., 2003). Le répertoire TCR des LT γδ est cependant restreint, probablement suite à une expansion polyclonal, et ces cellules présentent un profil de type TH2. LAT est donc probablement aussi impliqué dans les processus de régulation homéostatique des LT en périphérie.
Régulation négative
L’activité de signalisation du TCR doit être régulée afin de permettre uniquement aux interactions TCR/CMH-peptide les plus fortes d’aboutir à une réponse cellulaire. Cette régulation participe ainsi à l’établissement d’une tolérance périphérique.
Cette régulation se fait par l’intermédiaire de motifs ITIM (Immunoreceptor Tyrosine based Inhibitory Motif) qui sont capables de transduire un signal négatif à l’intérieur de la cellule (Revue par (Bolland and Ravetch, 1999). Ce domaine d’inhibition possède une séquence peptidique de type (ILV)xYXX(LV). Il est retrouvé dans des protéines comme SIT, ICAM-1, la famille des KIR et est phosphorylé sur la tyrosine lors de l’interaction du récepteur qui le porte avec son ligand. Il peut ensuite interagir avec des phosphatases comme SHIP et SHP ou CD45 qui vont déphosphoryler les PTK (Lck, Fyn, ZAP70) ou agir directement sur les motifs ITAM et inhiber la réponse cellulaire due à l’interaction du TCR (Autero et al., 1994; Mustelin et al., 1995).
LE REARRANGEMENT DES GENES TCR
En configuration germinale, les gènes codants pour les chaînes du TCR sont morcelés et doivent être réarrangés par un processus de recombinaison somatique dirigée pour pouvoir être exprimés. Ce processus nommé recombinaison V(D)J prend place dans le thymus lors de la maturation des précurseurs lymphocytaires. Il met en jeu un complexe protéique, la recombinase V(D)J, constitué d’enzyme exprimées uniquement dans les lymphocytes et d’enzymes ubiquitaires du système de réparation impliqués dans la réparation par suture des extrémité d’ADN (non homologous end joining, NHEJ). Le mécanisme de la recombinaison est assez bien élucidé même s’il reste encore des facteurs non connus (Dai et al., 2003).
Organisation des loci TCR
Nomenclature
La nomenclature des gènes TCR utilisée en majorité dans ce manuscrit est celle de WHO-IUS (Nomenclature Sub-Commitee on TCR Designation, 1995). Les gènes codant pour les chaînes TCRα, TCRβ, TCRδ et TCRγ sont notés respectivement TCRA, TCRB, TCRD et TCRG. Les loci regroupant les gènes TCRB et TCRG portent le même nom. Le locus regroupant les gènes TCRA et TCRD est dénommé TCRAD. Les segments V, D, J et C sont nommés en fonction de cette nomenclature : la lettre désignant la chaîne TCR est suivie de celle désignant le type de gène puis du numéro du gène (ex : AJ1). Les segments V possédant plus de 75% d’identité au niveau nucléotidique sont regroupés au sein d’une même famille. Les différents membres sont identifiés par un numéro précédé d’un S (ADV2S1: membre numéro 1 de la famille ADV2). Cependant, en référence à un travail donné, nous garderons ponctuellement l’utilisation de la nomenclature utilisée dans l’article correspondant.
Locus TCRB
Le locus TCRB est situé sur le chromosome 6 chez la souris et 7 chez l’homme et s’étend respectivement sur environ 700 kilobases (kb) et 600 kb (Figure 4A). Son organisation présente une forte similitude entre les deux espèces, le nombre de segments BV étant cependant sensiblement plus élevé chez l’homme (une soixantaine regroupés en 30 familles contre 34 regroupés eux aussi en 30 familles). Les segments géniques BV sont situés en amont du locus à l’exception de BV14 localisé en orientation de transcription inverse en aval du gène codant pour la région constante BC2. Ce segment ne se réarrange donc pas par excision comme tous les autres mais par inversion. La jonction signal est alors portée par le chromosome. Les gènes BD au nombre de 2 et BJ au nombre de 14 chez les deux espèces sont regroupés en deux régions successives dupliquées comprenant chacune un gène BD, 6 à 8 gènes BJ et un gène constant BC. Deux des segments BJ et 12 des segments BV chez la souris sont des pseudogènes. Ce nombre est respectivement de 4 et 12 chez l’homme. Chez la souris les gènes BC diffèrent de 4 AA dans la partie C-term sans que des différences de fonctions n’aient été mises en évidence.
Le réarrangement des gènes de ce locus se fait séquentiellement selon un ordre strict.
Locus TCRG
Le locus TCRG situé sur le chromosome 13 chez la souris s’étend sur environ 200 kb (Figure 4B) (Vernooij et al., 1993). Alors que l’organisation du locus humain situé sur le chromosome 7 ressemble à celle du locus TCRB avec une région composée de segments V et deux régions dupliquées possédant chacune plusieurs gènes J et un gène C, les segments TCRG murins sont organisés en quatre régions composées de 1 à 4 gènes GV, d’un gène GJ et d’un gène GC. Les gènes GJ3 et GC3 sont des pseudogènes et rendent la région qui les comporte non fonctionnelle.
Locus TCRAD
Le locus TCRAD présente une organisation semblable chez l’homme et la souris. Il est situé sur le chromosome 14 chez les deux espèces et s’étend sur 1 à 1,5 megabase (Dembic et al., 1985). Son organisation unique imbrique les gènes codants pour la chaîne TCRδ entre les gènes TCRAV et TCRAJ codant pour la chaîne α du TCR (Figure 5A et B). Le réarrangement des gènes codants pour la chaîne TCRα interdit de ce fait l’expression d’une chaîne TCRδ.
Les gènes V sont regroupés en amont du locus et la plupart peuvent servir indifféremment à la création de gènes codant pour une chaîne TCRα ou TCRδ (Gallagher et al., 1998; Jouvin-Marche et al., 1998). Certains gènes V annotés DV101 à DV105 ont un usage plutôt restreint à la formation d’une chaîne TCRδ (Gallagher et al., 2001). Chez la souris six gènes DV, 2 gènes DD, 2 gènes DJ et un gène DC ont été identifiés. DV105 comme BV14 est réarrangé par inversion. Les familles ADV sont en majorité multi géniques chez la souris et l’on compte 102 gènes V regroupés en 23 familles dans la lignée 129 / BALB/c. Les membres d’une même famille sont dispersés tout au long du locus et la configuration du locus TCRAD. Le nombre de familles, le nombre de membres dans une famille, et la position des membres varient selon la souche de souris considérée (Jouvin-Marche et al., 1990; Klotz et al., 1989). La région ADV des souris BALB/c comprend deux sous régions ayant probablement été dupliquées au cours de l’évolution. Chez C57BL/6 la région ADV est encore plus complexe puisqu’elle comporte une sous région supplémentaire et certains de ses gènes ADV existent en plusieurs copies identiques rendant la cartographie difficile (Gahery-Segard et al., 1996). Chez l’homme, le locus est moins complexe et l’on compte 54 gènes ADV répartis en 41 familles majoritairement mono géniques. Les segments AJ au nombre de 61 chez les deux espèces sont nommés AJ1 à AJ61, AJ1 étant situé le plus en 3’ du locus juste en amont de AC. Certains gènes AJ ne possèdent pas de RSS (Séquence Signal de Recombinaison), de site d’épissage ou de cadre de lecture ouvert correct et sont non fonctionnels. Un certain nombre de ces pseudogènes sont décrits chez l’homme comme chez la souris, mais leur nombre n’est pas défini avec exactitude.
La recombinaison V(D)J
RAG-1 et RAG-2
RAG-1 et RAG-2 (Recombination Activating Gene) (Oettinger et al., 1990; Schatz et al., 1989)sont deux protéines exprimées conjointement uniquement dans les lymphocytes. RAG-1 est aussi exprimée dans le sytème nerveux central sans qu’on connaisse son rôle dans ce tissu (Chun et al., 1991). RAG-2 et RAG-1 initient le réarrangement par la reconnaissance de séquences conservées flanquant chaque segment codant. Ces motifs appelés RSS sont constitués d’un heptamère hautement conservé (consensus cacagtg) et d’un nonamère de type « acaaaaacc » séparés par un espaceur de 12 +/- 1 ou 23+/- 1pb. Les variations de taille de l’espaceur ainsi que l’éloignement de l’heptamère de la séquence consensus affectent fortement l’efficacité de la recombinaison (Hesse et al., 1989). La recombinaison n’est efficace in vivo qu’entre une RSS 12 et une RSS 23 (règle 12/23) (Tonegawa, 1983). Un « renforcement » de cette règle a récemment été mis en évidence au niveau du locus TCRB et sera discuté dans la partie régulation de la recombinaison.
RAG-1 reconnaît le nonamère grâce à son homéodomaine, se fixe et recrute RAG-2 qui stabilise la liaison à l’ADN en établissant un contact protéine ADN avec l’heptamère et les 3 à 4 pb du segment codant adjacent (Difilippantonio et al., 1996; Spanopoulou et al., 1996). Les deux RSS sont alors ramenées à proximité à l’aide des protéines HMG, formant ainsi une synapse. La recombinase V(D)J introduit une coupure simple brin (van Gent et al., 1995) concertée en 5’ de l’heptamère des deux RSS rapprochées. L’OH libre présent en 3’ attaque alors le brin opposé par transestérification et génère une extrémité codante en épingle à cheveux (Schlissel et al., 1993). Ce mécanisme d’action et ses spécificités s’apparentent fortement à celui de transposases. L’extrémité signal terminée par la RSS est franche et phosphorylée. Selon la littérature, la JS est formée par la ligation parfaite des deux extrémités franches (Alt and Baltimore, 1982; Lewis et al., 1985). Lors de la recombinaison par excision la JS est portée par un cercle d’excision (TREC) qui comprend la portion d’ADN initialement située entre les deux gènes ayant réarrangés (Figure 6).La formation de la jonction codante (JC) nécessite un apprêtement des extrémités codantes avant la ligation. Ces étapes mettent à contribution les protéines du NHEJ.
In vitro cette première étape de coupure ne nécessite que la partie core des RAGs définie comme la partie minimum nécessaire à l’obtention de la coupure d’ADN. L’influence des cations divalents employés in vitro est cependant primordiale. En présence de Mg2+, « l’ion physiologique », la coupure est concertée et respecte la règle 12/23. Sa précision varie selon que l’on emploie des protéines RAGs entières ou non. En présence de Mn2+, une coupure double brin au niveau d’une RSS isolée peut être obtenue. La recombinaison entre deux RSS 12 ou deux RSS 23 est aussi possible. Les protéines HMG sont surtout nécessaires in vivo et augmentent l’efficacité de la recombinaison.
Ces protéines sont indispensables à la recombinaison V(D)J puisque la délétion des gènes RAG-1 ou RAG-2 aboutit à un blocage de la différenciation au stade DN3 et à une absence totale de réarrangement (Mombaerts et al., 1992; Shinkai et al., 1992). Si l’irradiation est capable de restaurer la différenciation des thymocytes de RAG-2-/- jusqu’au stade DP, cette maturation ne s’accompagne pas du réarrangement des gènes TCRB ou TCRA (Zuniga-Pflucker et al., 1994).
Le complexe DNA-PK
Ce complexe a été identifié par son activité kinase stimulée spécifiquement par des extrémités d’ADN double brin (Walker et al., 1985). Il est composé de trois sous unités : la sous unité catalytique DNA-PKcs, Ku70 et Ku80. DNA-PK est un composant majeur de la réparation des cassures double brin (DSB) par NHEJ. L’activité kinase de DNA-PK est élevée durant la phase G1 du cycle cellulaire et plutôt faible en phase S (Lee et al., 1997) ce qui est compatible avec son implication dans la recombinaison. Lors de la recombinaison V(D)J, Ku détecte le changement de conformation de l’ADN dû aux DSB introduites par la recombinase et est activé. Cette activation dévoile une séquence de 12 AA en C-terminal de Ku80 qui sert à recruter DNA-PKcs. Le complexe stabilise son interaction avec l’ADN et DNA-PKcs participe au rapprochement des extrémités d’ADN dans un complexe synaptique à deux molécules de DNA-PKcs afin de faciliter la ligation (Weterings et al., 2003). En plus de son rôle de détection des altérations de l’ADN, l’autre fonction majeure de DNA-PK consiste à recruter et activer d’autres protéines de réparation de l’ADN (XRCC4, DNA Ligase IV) qui vont participer à la formation des JC et des JS (Calsou et al., 2003; Nick McElhinny et al., 2000).
DNA-PKcs possède l’activité catalytique du complexe. C’est une S/T kinase nucléaire de 470 kD qui se fixe à l’ADN par un canal ouvert. Elle phosphoryle préférentiellement les motifs S/T-Q. Son domaine kinase de type PI3K est localisé dans sa partie C-terminale tandis que le centre de la protéine présente un cluster de 6 résidus thréonine phosphorylables dont 3 sont fortement conservés au cours de l’évolution (thréonine 2609, 2638, 2647). D.W Chan et al ont démontré que DNA-PKcs était capable de s’autophosphoryler très rapidement sur sa thréonine 2609 suite à un stress radiatif (Chan et al., 2002). Une mutation de cette thréonine en alanine provoquant une augmentation de sensibilité aux radiations et une diminution de l’efficacité de la réparation des DSB. Cette phosphorylation est transitoire. L’inactivation de DNA-PK est assurée par des phosphatases comme la protéine phosphatase 5 dont la surexpression diminue la phosphorylation de DNA-PKcs suite à une irradiation.
Les souris SCID présentent un blocage de la différenciation des thymocytes au stade DN3 lié à un défaut d’activité kinase de DNA-PKcs (Blunt et al., 1996). L’analyse de la recombinaison chez ces souris a révélé une accumulation d’extrémités codantes non résolues, suggérant un rôle pour DNA-PK dans l’ouverture de l’épingle à cheveux (Roth et al., 1992; Zhu and Roth, 1995). Quelques jonctions codantes, environ 1000 fois moins que dans les souris sauvages, sont cependant détectables (Kurimasa et al., 1999). Les JC formées à partir de substrats de recombinaison dans des lignées cellulaires SCID présentent des délétions importantes et une fréquence élevée de micro homologie au niveau des extrémités codantes (Blunt et al., 1995; Brown and Chang, 2000). L’efficacité de formation des JS est diminuée d’un facteur 10 environ. La résolution des extrémités signal obtenues à partir de substrats de recombinaison est infidèle et les JS comme les JC présentent une fréquence élevée de modification par délétion (Schuler et al., 1986). Cette perte de nucléotide est cependant beaucoup moins fréquente dans les JS amplifiées à partir de thymocytes de souris SCID (Blackwell et al., 1989) et ne provient pas d’une coupure initiale imprécise (Zhu and Roth, 1995). En contradiction avec l’étude de Blackwell et al, le séquencage des JS effectué par Bogue et al ne fait pas apparaître d’augmentation de l’incidence des délétions (Bogue et al., 1997). L’impact de la perte d’activité kinase de DNA-PKcs sur la fidélité des JS n’est donc pas formellement établi. On a soupçonné l’activité kinase résiduelle de DNA-PKcs présente dans les souris SCID (Danska et al., 1996) de participer à la formation des JC. Cependant les JC sont encore détectables dans les souris DNA-PKcs-/- (Gao et al., 1998). L’absence totale de thymocyte DP, SP et de LT périphériques est la seule différence notable de phénotype entre ces deux souris. Taccioli et al ont aussi généré une souris exprimant une protéine DNA-PKcs dépourvue de toute activité catalytique (Taccioli et al., 1998). De façon surprenante dans cette souris, les thymocytes DP représentent 90% des thymocytes alors qu’ils sont absents dans la souris DNA-PKcs-/- générée par Gao et al. Quelques JC sont détectables et le niveau de JS est normal. Ces JS sont d’autre part moins modifiées que dans les souris SCID. Le rôle exact de DNA-PKcs dans la formation des JS reste donc à déterminer.
Ku70 et Ku80 forment un hétérodimère qui lie l’ADN de manière séquence indépendante, formant un anneau avec un canal central qui transloque autour de l’ADN grâce à leur activité hélicase. Les souris mutées pour Ku80 et Ku70 présentent non seulement une accumulation d’extrémités codantes fermées covalemment mais en plus une forte diminution de la quantité des JS. Consécutivement au fait que les JS et les JC présentent de grosses délétions et des régions de microhomologie (Gu et al., 1997), il a été suggéré un rôle de l’hétérodimère Ku dans l’alignement des extrémité d’ADN facilitant la ligation en absence d’homologies de séquence. Ces souris présentent aussi un défaut de croissance et une sensibilité élevée aux radiations (Gao et al., 1998).
La différence de phénotype observée entre les souris Ku-/- ou DNA-PKcs nulle suggère un rôle pour Ku80 et Ku70 dans la réparation de l’ADN et la recombinaison indépendamment de DNA-PKcs.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. LE TCR
1.1. Les chaînes du TCR
1.2. Le complexe CD3
1.3. La transduction du signal
1.3.1. Motifs ITAM
1.3.2. Lck, Fyn
1.3.3. ZAP70, Syk
1.3.4. LAT, SLP76, GADS et autres protéines adaptatrices
1.3.5. Régulation négative
2. LE REARRANGEMENT DES GENES TCR
2.1. Organisation des Loci TCR
2.1.1. Nomenclature
2.1.2. Locus TCRB
2.1.3. Locus TCRG
2.1.4. Locus TCRAD
2.2. La recombinaison V(D)J
2.2.1. RAG-1 et RAG-2
2.2.2. Le complexe DNA-PK
2.2.3. Artemis
2.2.4. Le complexe XRCC4-DNA Ligase IV
12.3. Diversité du répertoire TCR
2.3.1. Diversité combinatoire
2.3.1.1.Combinaisons des gènes V(D)J
2.3.1.2.Appariement des chaînes TCR
2.3.2. Diversité jonctionnelle
2.3.2.1.Nucléotides Palyndromiques
2.3.2.2.Délétions
2.3.2.3.Nucléotides N
2.4. Régulation de la recombinaison
2.4.1. Régulation de l’expression des gènes et protéines RAG
2.4.2. Accessibilité des Loci
2.4.3. Enhanceurs
2.4.4. T Early α (TEA)
2.5. Restriction des réarrangements au-delà de la règle 12/23
3. LE DEVELOPPEMENT DES LYMPHOCYTES T
3.1. Le thymus
3.2. Les précurseurs
3.3. Différenciation des thymocytes
3.3.1. Stade DN
3.3.2. Stade DP
3.3.3. Le réarrangement TCRA
3.3.4. La sélection thymique
3.3.4.1. La sélection positive
3.3.4.2. La sélection négative
3.3.5. Stade SP
23.4. Sélection β et pré-TCR
3.5. Choix du lignage αβ/γδ
3.5.1. Rôle du pré-TCR
3.5.2. Implication de Notch
3.5.3. Finalisation de l’engagement dans la voie LT αβ par le réarrangement de δRec-1
4. STRESS RADIATIF ET DIFFERENCIATION
4.1. Souris SCID et différenciation radio-induite
4.2. Souris RAG-/- et différenciation radio-induite
5. OBJECTIFS DE LA THESE
RESULTATS
Rôle de P53 et de la signalisation pré-TCR like dans la différenciation radio-induite
Article 1 p53-dependent and p53-independent pathways for radiation-induced immature thymocyte differentiation.
Candéias SM, Mancini SJ, Touvrey C, Borel E, Jouvin-Marche E, Marche PN.
Oncogene. 2004;23(10):1922-9.
Article 2 et résultats complémentaires / conclusions
Radiation induced immature thymocyte differentiation unravels multiple pre-TCRderived signal pathways. Candéias SM, Touvrey C, Mancini SJ, Azizi Samir LA,
Borel E, Colin V, Malissen M, Jouvin-Marche E, Marche PN
3Structure des jonctions signal et implication des protéines de réparation et de maintient de la stabilité génomique.
Article 3
Gene specific signal joint modifications during V(D)J recombination of murine and human TCRAD locus genes.
Touvrey C, Borel E, Marche PN, Jouvin-Marche E, Candéias SM.
Resultats complémentaires
Implication des facteurs associés à la réparation par NHEJ et au maintient de la stabilité du génome dans la formation des jonctions signal.
6. CONCLUSIONS / PERSPECTIVES
7. BIBLIOGRAPHIE
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