L’association des amis de la Bibliothèque de la Ville
Introduction : une Bibliothèque communale et ses amis
La problématique
La Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds est au service de la population depuis 180 ans. Elle est aujourd’hui une véritable « plurithèque » qui met à disposition du plus grand nombre un vaste de choix de documents de diverse nature. Si les ouvrages imprimés restent par tradition au coeur de l’institution, celle-ci propose également aux usagers des disques, des revues, des films, des ressources numériques et depuis quelques années des jeux vidéo pour console. Chaque offre se décline sous différents aspects – « livres » veut dire aussi livres sonores, en gros caractères, en langues étrangères, etc. ; « disques » veut dire DVD de concerts, partitions, vinyles, littérature spécialisée, etc. ; « revues » englobe la presse quotidienne sur divers supports, magazines généralistes et spécifiques, collections d’éditeurs, etc. ; « ressources numériques » signifie aussi accès à internet, revues en ligne, etc. En chiffres, la Bibliothèque compte environ 7’000 usagers actifs1 et prête 285’000 documents par année2. Une trentaine de collaboratrices et collaborateurs fixes se partagent une vingtaine de postes de travail3.
Parallèlement à son offre destinée au grand public, la Bibliothèque de la Ville poursuit des missions patrimoniales — divers fonds spéciaux, accueil et valorisation de dons ou legs. L’institution sise au coeur de la Ville de La Chaux-de-Fonds héberge également le Département audiovisuel dont la tâche, sur mandat cantonal, consiste à conserver et faire connaître les productions neuchâteloises d’images fixes et animées.
À cette offre variée et conséquente, la Bibliothèque adjoint encore des expositions (vitrines et cimaises) et des animations ponctuelles (rendez-vous littéraires, projections de films d’archives, conférences musicales).
Véritable « caverne d’Ali Baba » aux nombreuses richesses, la Bibliothèque de la Ville doit cependant tenir compte des nouvelles pratiques culturelles du public. Si certains secteurs sont en pleine croissance, à l’image du prêt de jeux vidéo pour console pour lequel l’institution a tenu un rôle précurseur en Suisse romande, d’autres départements pâtissent des changements d’habitudes. C’est par exemple le cas du secteur des disques audio, pour le moins « bousculé » par la progression rapide du streaming4.
En tant qu’institution communale, la Bibliothèque a par ailleurs été touchée par les crises économiques successives que la Ville de La Chaux-de-Fonds a connues ces dernières années. Son développement ou sa présence dans la cité en ont assurément pâti.
Peut-on résister aux tendances lourdes — possible désaffection des lieux culturels traditionnels — et conjoncturelles — manques de ressources financières et humaines L’auteur de ces lignes estime qu’il vaut la peine d’essayer. Et qu’un « outil » pour y parvenir pourrait être l’Association des amis de la Bibliothèque de la Ville, née formellement il y a dix ans dans le but d’appuyer les activités de l’institution, de soutenir ses manifestations publiques et de l’accompagner autant que faire se peut dans ses missions culturelles et patrimoniales.
Dans la continuité du travail précieux effectué ces dernières années par son Comité, son Secrétariat et ses membres actifs, il conviendrait de renforcer l’engagement de l’Association des amis de la Bibliothèque de la Ville afin qu’elle reste une véritable interface entre l’institution et le grand public. Évaluer cette simple idée à l’aune de certains outils actuels du management culturel constitue la colonne vertébrale de la présente réflexion.
La première partie du présent mémoire dresse un état des lieux à partir de documents imprimés – principalement les procès-verbaux de l’AABV – ainsi que d’éléments recueillis de vive voix ou issus de l’expérience personnelle de l’auteur. Une deuxième partie, courte, sert de bascule vers une troisième partie plus théorique et exploratoire. Ces trois parties figurent par la bande trois temps, l’avant, le maintenant et l’avenir.
Une brève histoire de l’AABV
Les quatre buts principaux de l’AABV (à partir des PV)5
L’Association des amis de la Bibliothèque de la Ville est fondée le 3 octobre 2007.
Elle se donne quatre buts principaux :
faire connaître les objectifs et les activités de la Bibliothèque de la Ville ;
soutenir ses projets et ses manifestations culturelles ;
aider l’institution dans l’accomplissement de ses tâches culturelles et patrimoniales ;
participer à la vie culturelle de la Ville et de la région.
L’article 3 décrivant les activités de l’Association complète les buts énoncés à l’article 2 en soulignant que l’association s’efforcera de favoriser le rayonnement de la Bibliothèque de la Ville, de rechercher les fonds destinés à financer lesdits projets et manifestations culturelles, bref, de concourir au développement de l’institution.
Elle est en ce sens proche de sa consoeur du bas du Canton née une année auparavant, l’Association des amis de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, qui a également « […] pour but statutaire de favoriser le développement et le rayonnement de l’institution, de soutenir ses activités […] » et, différence notable avec l’AABV, « […] de participer à l’acquisition de livres ou de manuscrits exceptionnels dont le coût dépasse les possibilités financières de la Bibliothèque. » Dès la première séance de comité réuni autour de Christian Geiser, président, se pose la question de la séparation des tâches entre la Bibliothèque et l’association :
« Après une discussion animée autour des projets, quelques points ressortent en particulier :
Est-ce à l’association de chercher des fonds pour l’infrastructure ou de payer du personnel extérieur pour permettre l’avancement des projets ? Pour le moment, le comité n’entre pas en matière sur ces sujets. »
L’Association doit trouver une ligne directrice qui répondrait aux critères suivants :
De quels moyens peut-on disposer ?
Quelle est l’urgence (interne) des projets à soutenir ?
Quels liens avec l’extérieur ces projets supposent-ils ?
Il ressort de l’échange que l’AABV doit s’attacher à un projet plus modeste pour une première approche avec le public et pouvoir sans attendre démarcher les potentiels donateurs.
Cette appréciation éclaire déjà le rôle d’intermédiaire que l’AABV va, de manière très naturelle, endosser les années suivantes. Nul doute qu’une « association d’amis » liée à une institution publique a comme fonction première d’aller chercher l’argent là où un organisme public ne peut pas aller, à commencer par la Loterie romande. L’AABV n’agit en ce sens pas différemment que nombre d’autres associations initiées en Romandie dans le but de déposer des dossiers formellement recevables par les Commissions cantonales de répartition du bénéfice de la Loterie romande, qui ne reconnaissent, sauf rares exceptions, que les associations et les fondations.
Être au service de l’institution pour, en toute transparence, l’aider à financer certains projets d’envergure n’est en aucun cas se substituer à cette institution, ou prendre en charge ses tâches usuelles. D’où la réserve du Comité. Cet axe ne variera pas au cours des années.
Statuts et logos
Si le fond est évoqué, la forme n’a pas moins d’importance. Très vite, l’AABV se donne une image extérieure grâce à un logotype d’une grande esthétique. Ce logo, validé par le Comité lors de sa première séance7, sera présent sur l’ensemble de la papeterie imprimée.
Quant au plan comptable, il s’inspire vraisemblablement, comme les statuts, de « modèles » que l’on peut retrouver dans les archives — Bibliothèque des Jeunes, Poly Sport-Morat, Chronometrophilia — Association suisse pour l’histoire de la mesure du temps, Association des Amis de Bernard Campiche Éditeur, Association pour l’histoire du livre et de la lecture en Suisse romande.
Séances et Assemblées générales
Le cadre étant fixé, l’AABV peut passer à l’action. Au cours de ses dix premières années, l’AABV va s’engager pour de nombreux projets. Son Comité va se réunir en moyenne 4 à 5 fois par année (46 séances totalisées en septembre 2017). Des orientations d’ensemble y sont discutées, des dossiers évalués et des questions particulières débattues. Des groupes de travail vont être initiés pour suivre de manière circonstanciée les affaires les plus importantes. À l’exception d’une consultation des membres du Comité par courriel8, toutes les décisions sont prises lors des séances, au risque de prolonger le traitement des dossiers.
Les membres (une septantaine en 2017, une soixantaine en 2009) de l’Association auront, outre lors de l’Assemblée générale, l’occasion de se réunir en toute convivialité à la faveur de « sorties » organisées dans des lieux culturels en lien avec le monde des bibliothèques [ci-après 5.1.1].
Toutes ces initiatives font écho aux quatre buts énoncés dans les statuts.
Aider l’institution dans l’accomplissement de ses tâches culturelles et patrimoniales
Un premier chantier comme étalon
Le premier dossier sur lequel l’AABV va plancher est la valorisation d’un fonds de 2000 dessins du peintre et sculpteur Charles L’Eplattenier (1874-1946), une collection acquise par achat en 1974. Projet idéal s’il en est puisqu’il est profitable à la Bibliothèque, qu’il peut avoir un impact public et qu’il est susceptible de tisser des liens forts avec d’autres institutions.
Le chantier, qui prévoit notamment un inventaire et la numérisation de la collection, démarre sous les meilleurs auspices. Conscients de l’importance du dossier, le Comité de l’AABV accueille lors d’une séance des partenaires de choix, le Musée d’histoire représenté par sa directrice, le Musée des Beaux-Arts, représenté de même par sa directrice, ainsi qu’une chercheuse spécialiste de l’Art Nouveau, mouvement artistique auquel se rattache Charles L’Eplattenier.
Il faut reconnaître qu’on se trouve assez loin, comme l’envisageait le Comité lors de sa première séance, d’un projet « […] modeste pour une première approche avec le public, afin de pouvoir également démarcher les entreprises. » 9 Dès lors, l’enthousiasme et la prudence se partagent la parole. Les relations avec la Ville, partenaire principal, sont discutées. On évoque des liens avec le Musée d’Orsay à Paris tout en admettant qu’il sera difficile d’éditer un catalogue raisonné des oeuvres dans les délais prévus — il est question à ce moment de 2014.
L’AABV n’a pas encore de ressources financières, sinon un don de la Bibliothèque de la Ville en guise d’aide au démarrage. Elle va s’activer de son mieux pour accompagner cette entreprise.
Lors de la séance du 3 février 2009, les membres du Comité sont informés que la grande exposition Charles L’Eplattenier n’est plus d’actualité. Toute l’attention du Conseil Communal, principal bailleur de fonds, se dirige désormais sur un autre projet d’envergure initié avec les mêmes partenaires, projet portant le titre de travail de « Le Corbusier 2012 — Le voyage d’Orient ».
Si cette première initiative n’aboutit pas sous la forme espérée, elle aura donné à l’AABV l’occasion de fourbir ses armes, de se faire connaître dans les milieux culturels locaux et de se confronter à un cas particulièrement complexe. Une expérience qui va assurément la servir par la suite.
Le premier DVD du DAV
Un autre exemple d’une action d’importance de l’AABV pour l’enrichissement et la valorisation du patrimoine de la Bibliothèque est sa contribution à la réalisation par le Département audiovisuel (DAV) d’un premier DVD d’images animées. En résumé, l’idée est de proposer, parallèlement à la Filmographie neuchâteloise, un DVD substantiel, « Neuchâtel, un Canton en image 1910-1950 ». « Il s’agit de réunir un corpus de films et de refondre les textes pour le livret d’accompagnement. […] La Cinémathèque suisse s’engage dans ce projet. Il faut compter entamer une recherche de CHF 25’000.00. »10
Soutenir les projets et les manifestations culturelles de la Bibliothèque
Bibliothèques vivantes
Comme ses consoeurs, la Bibliothèque de la Ville propose au public régulièrement des rendez-vous au croisement de la valorisation de ses collections, de la formation et du divertissement. On peut citer, pour illustrations récentes, les rendez-vous littéraires (Prix Suisse de littérature, Croissants littéraires…), les rendez-vous musicaux (Rencontres musicales de la Bibliothèque, lectures en musique, vernissages de disques, mini concerts…), les présentations de livres et autres documents (Les Coups de coeur des bibliothécaires, Salon des Coups de coeur des bibliothécaires), les events (Double mine, création texte et images sous le regard du public), les expositions dans les vitrines et aux cimaises, et ainsi de suite.
Le soutien aux animations proposées par la Bibliothèque dans ses murs ou en dehors est précisément un domaine privilégié par l’AABV. Il l’est d’autant plus que la Bibliothèque de la Ville défend avec vigueur le libre-accès à ses services. L’inscription à la Bibliothèque de la Ville est gratuite, tout comme l’est l’emprunt d’ouvrages. Une modeste location est demandée pour les CD et DVD, rétrocédées selon les conventions en usage (via Prolitteris qui centralise les redevances des bibliothèques) aux sociétés de gestion des droits d’auteur Suisa ou SSA. Par ailleurs, la Bibliothèque a tenu jusqu’à maintenant à offrir les animations qu’elle proposait au public. À l’heure actuelle, l’AABV ou la Bibliothèque ne peuvent donc pas, afin de financer leurs projets, agir comme d’autres institutions en modulant, par exemple, le prix d’accès ou de l’abonnement. De fait, les solutions doivent être trouvées à l’extérieur.
Participer à la vie culturelle de la Ville et de la région
Une association qui compte sur ses membres
Bien que sa charge prépondérante soit la quête d’argent nécessaire à la conduite de projets d’envergure, l’AABV a aussi la volonté de réunir des personnes concernées par ce que l’institution représente du point de vue culturel pour les citoyens. Comme l’écrit son président Christian Geiser dans la postface de l’ouvrage publié en marge du 175e anniversaire de la Bibliothèque de la Ville, « D’autres motifs, ceux-ci de nature sociale, menaient au même impératif de créer une association de soutien à la Bibliothèque. Effectivement, une institution culturelle ne saurait être totalement détachée du milieu où elle déploie ses activités, à plus forte raison si elle est une institution dépendant de la collectivité publique. Le concours de la société civile à son rayonnement se révèle hautement souhaitable. » 24
L’AABV se refuse à n’être qu’une coquille formelle vide. Aussi la nécessité de trouver des membres va-t-elle occuper le Comité dès les premières séances. Plusieurs pistes sont suivies. Beaucoup d’espoirs sont fondés sur des mailing-lists. « Il convient de s’approcher des autres sociétés ou associations d’amis des différents musées de la Ville de La Chaux-de-Fonds. » 25 La possibilité de glisser un bulletin d’adhésion dans un envoi du Club 44 (centre de culture et de conférences de réputation internationale26) est évoquée.
D’autres idées sont exprimées, entre autres l’installation d’un tableau d’affichage à l’entrée de la Bibliothèque « […] pour y mettre par exemple quelques photos de la sortie, le but et les projets de l’Association27. » Cette « vitrine » verra le jour sous forme d’un fugace panneau illustré, vite oublié.
Une autre initiative mobilise l’attention : profiter de l’appel à cotisation pour « – Proposer aux membres de chercher 2 nouvelles adhésions par personne. Fixer l’échéance au 30 juin 2009 par exemple. » 28 Cette incitation est doublée lors de l’Assemblée générale du 5 mai 2009 : « […] chacun des membres sera invité à susciter deux nouvelles adhésions dans l’année. » 29 L’opération ne donnera pas les fruits escomptés.
Constats
Dix ans déjà de bons et loyaux services
Voilà 10 ans que l’Association des amis de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de Fonds soutient de manière décisive des actions permettant à l’institution dont elle est issue d’animer ses locaux, de publier des documents de référence et de rayonner au-delà des frontières régionales. La première partie du présent travail aura insisté sur quelques dossiers qui doivent beaucoup à l’AABV. L’AABV pourrait-elle faire plus, faire mieux, faire différemment ? Devrait-elle le faire ? Pour répondre à ce jeu de questions théoriques, il faut poser un regard tout à la fois reconnaissant sur ce qui a été fait et critique. Autrement dit, dans une visée constructive, il s’agira de reprendre différents éléments et de les jauger à d’aide de quelques outils issus du management culturel contemporain.
Quelques menaces sur l’action de l’AABV
Si l’on en croit les procès-verbaux, et avec toutes les réserves qui s’imposent, nombre de séances de Comité semblent engendrer un foisonnement d’idées généreuses cadré par l’administration rigoureuse de tâches en général réalisées par la Direction ou le secrétariat de la Bibliothèque de la Ville — rapports, dossiers, budgets, comptabilité, contacts. Toutefois, mais sans doute est-ce surinterpréter ce que les procès-verbaux synthétisent et qui, bien entendu, ne sont qu’une fraction de l’histoire, le lecteur de ces « traces » peut avoir le sentiment que la Bibliothèque de la Ville et l’AABV fonctionnent sur le mode de la fratrie plutôt que sur celui du couple. À l’occasion d’une discussion vive concernant un projet ambitieux de mise en valeur d’un fonds de « machines sonores », un membre du Comité demande par exemple « Jusqu’où la BV est-elle prête à s’engager ? »47, une formulation qui laisse entendre une sorte de rivalité — heureusement formelle, et non de fond — entre les deux instances.Le risque de mécompréhension du rôle des uns et des autres est une menace qu’il faut prendre au sérieux. Autre exemple : en 2014, le directeur de la Bibliothèque présente le projet d’une « Enquête photographique » sur le modèle de ce qui se fait dans les Cantons du Valais et de Fribourg. Si l’idée séduit, le Comité relève que le Département audiovisuel auquel cette entreprise serait associée a une mission cantonale. La convention signée avec le Canton donne un certain nombre de missions à la Bibliothèque de la Ville, mais l’AABV se profile sur d’autres axes d’activités48. Le Président de l’AABV est favorable, mais n’oublie pas que d’autres activités culturelles méritent également un coup de pouce49. L’AABV pourrait certes fonctionner pour initier l’enquête, mais ne souhaite pas s’engager de manière durable. Il serait dommage que l’AABV se focalise sur ce dossier au long cours et vraisemblablement récurrent50. Une solution serait-elle de créer une association ad hoc pour ce projet ? Nonobstant ces réflexions, l’« Enquête photographique » prend son envol : un jury est constitué, un calendrier convenu et des demandes d’aide formulées. « Les photos doivent être livrées en septembre 2015. L’AABV aimerait voir le contenu du règlement de l’enquête. […] [Le président] demande que le comité de l’Enquête photographique soumette ses décisions et fournisse de la matière afin de se déterminer. »51 En clair, l’AABV ne veut pas du simple rôle de porte-monnaie.
Deux autres options possibles : croissance ou allégement
L’AABV existe-t-elle vraiment ? L’AABV n’est à ce jour pas mentionnée dans l’article de l’encyclopédie en ligne Wikipédia consacré à la Bibliothèque de la Ville. Plus encore : l’AABV n’occupe que 2 pages sur les 230 du riche ouvrage publié à l’occasion du 175e anniversaire de la Bibliothèque, ouvrage dont elle a permis le financement…
Croisées avec les éléments historiques relevés plus haut, des considérations plus intuitives et personnelles débouchent sur une question inattendue :
bien qu’elle soit viable, utile et appréciée, l’AABV gagnerait-elle à être redimensionnée. Soit vers la croissance, soit vers la simplicité ?
La première option serait celle d’une croissance structurée de l’AABV. Ce développement impliquerait des aménagements sur le membership, les méthodes de levées de fonds, la politique de communication, et ainsi de suite.
La seconde option conduirait à une simplification drastique de l’AABV, laquelle déploierait avant tout ses talents dans la recherche de financements – au fond sa mission singulière et essentielle.
Les réflexions avancées dans les chapitres suivants explorent tour à tour des ceux options.
Développer l’AABV en s’appuyant sur des outils du marketing culturel
Viser la croissance
L’Association des amis de la Bibliothèque d’aujourd’hui n’est pas bien différente de celle d’il y a dix ans. On constate que le nombre d’actions annuelles est stable, et que le nombre de membres n’a pas augmenté de manière substantielle (une septantaine en 2017, une soixantaine en 2009). Cette constance se lit également dans le fait que la plupart des membres du Comité sont en 2017 les mêmes qu’en 2007 ! Partons de l’idée que l’AABV gagnerait à croître.
La question est alors : membership, fundraising, publics cible, politique marketing, réseaux sociaux… comment l’AABV pourrait-elle profiter des outils actuels de promotion culturelle pour atteindre ses trois buts principaux inscrits dans ses statuts – pour mémoire: faire connaître les objectifs et les activités de la Bibliothèque de la Ville, soutenir ses projets et ses manifestations culturelles et aider l’institution dans l’accomplissement de ses tâches culturelles et patrimoniales.
Sociétariat façon « chapitre deux »
Être membre de l’AABV : pourquoi ?
« Une question se pose : qu’est-ce qui retient les gens à adhérer à l’AABV ?63 » Formulée lors d’une séance du 5 mai 2009, soit moins de deux ans après la constitution de l’association, cette interrogation lancinante, que nombre de sociétés, amicales ou fédérations partagent d’ailleurs, reviendra souvent sur la table et motivera plusieurs opérations.
Mais quel intérêt y a-t-il à adhérer à l’AABV ?
Dans un monde régi par l’intérêt direct, l’AABV manque d’atouts de séduction.
Elle n’offre en effet que peu de contreparties au fait d’être membre, sinon quelques prix préférentiels sur les objets que l’AABV a permis de réaliser (livres publiés64, sac de coton bio), des conférences ou des parcours guidés qui suivent l’Assemblée générale, et l’organisation d’une « course d’école » annuelle (payante — l’AABV ne prenant en charge qu’une partie symbolique de l’activité, par exemple l’entrée dans les musées visités.
Dans une perspective de management culturel, c’est assurément insuffisant.
Un modèle allégé
L’image du « troisième lieu »
Il convient de s’arrêter maintenant sur l’autre option générale à savoir une forme d’alignement de l’Association sur les actions menées par la Bibliothèque de la Ville.
S’il existe encore des bibliothèques organisées autour du livre imprimé, de taille modeste comme dans les villages ou prestigieuses comme celle de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature à Montricher (VD), force est de constater que ce type d’institution a fondamentalement évolué ces dernières décennies. De collections innovantes sont proposées — films, musique, jeux vidéo… – et surtout de nouvelles pratiques deviennent familières — streaming, livre audio…
Toutes les grandes bibliothèques de Suisse romande ont connu, à l’instar de leurs soeurs ailleurs dans le monde, une offre exponentielle d’animations, au sens le plus large du terme. Les rayonnages chargés d’ouvrages du secteur « lecture publique » continuent d’être le symbole de l’institution, mais l’objectif semble souvent être le développement de ce que les spécialistes nomment « troisième lieu », un lieu vivant où l’on peut certes étudier et s’informer, mais aussi se rencontrer, boire un café, entendre de la musique, profiter de conférences.
Ces initiatives qui, pour ainsi dire, débordent des missions usuelles des bibliothèques ont un coût. Elles nécessitent notamment des aménagements et du mobilier particuliers. Au printemps 2017, la Bibliothèque de la Ville a ainsi transformé une zone au rez-de chaussée en « Espace détente » semblable à un salon — fauteuils agréables, tables basses, choix de magazines.
Ces nouvelles offres supposent également qu’une part importante, certainement croissante, du budget de l’institution soit dévolue à l’animation des espaces. Ce coût englobe aussi les ressources humaines, clefs de voûte en la matière.
Elles obligent tout autant à redéfinir le rôle traditionnel de bibliothécaire, de plus en plus « personne ressource » au service du public. Elles impliquent, par la bande, la création de « nouveaux métiers ». L’AABV est bien entendu concernée au premier chef par cette évolution, non seulement dans l’orientation de ses actions, mais également dans l’image à véhiculer d’une bibliothèque communale dynamique et évolutive.
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Table des matières
1. Introduction : une Bibliothèque communale et ses amis
1.1. La problématique
2. Une brève histoire de l’AABV
2.1. Les quatre buts principaux de l’AABV (à partir des PV)
2.2. Statuts et logos
2.3. Séances et Assemblées générales
3. Aider l’institution dans l’accomplissement de ses tâches culturelles et patrimoniales
3.1. Un premier chantier comme étalon
3.2. Le premier DVD du DAV
3.3. Obstacles
4. Soutenir les projets et les manifestations culturelles de la Bibliothèque
4.1. Bibliothèques vivantes
4.2. L’exemple du 175e anniversaire
5. Participer à la vie culturelle de la Ville et de la région
5.1. Une association qui compte sur ses membres
5.1.1. La sortie culturelle
6. Faire connaître les objectifs et les activités de la Bibliothèque de la Ville
6.1. Vers une meilleure visibilité de l’institution
6.2. Exemple 1 – Bibli-eau-thèque
6.3. Exemple 2 – Des sacs en coton organique
7. Constats
7.1. Dix ans déjà de bons et loyaux services
7.2. Forces et faiblesses de l’AABV : éléments d’analyse swot
7.3. Quelques menaces sur l’action de l’AABV
7.4. Deux autres options possibles : croissance ou allégement
8. Développer l’AABV en s’appuyant sur des outils du marketing culturel
8.1. Viser la croissance
9. Levées de fonds façon « chapitre deux »
9.1. Pistes vers d’autres pratiques
9.1.1. Développer des partenariats
9.1.2. Cultiver le sponsoring
9.1.3. S’essayer au crowdfunding
9.1.4. S’ouvrir à des projets faisant appel à de nouveaux contributeurs
9.1.5. Développer une BiblioBoutique
9.1.6. Faire appel aux compétences externes
9.1.7. Rendre certaines animations payantes
9.1.8. Prendre le risque financier
9.1.9. Tenter des expériences
9.2. Contrôle des processus
10. Communication façon « chapitre deux »
10.1. Pistes pour communiquer une vision, des missions et des valeurs
10.1.1. Mieux communiquer les missions, et donc les valeurs, de l’AABV
10.1.2. Souligner l’empan de l’action de l’AABV
10.1.3. S’appuyer sur un message fédérateur
10.2. Spécificités de la Bibliothèque de la Ville
10.3. Piste pour renouveler la communication
10.3.1. Etablir systématiquement des budgets de communication
10.3.2. Différencier canaux traditionnels et numériques
10.3.3. Intéresser les médias
10.3.4. Reconsidérer les conférences de presse
10.3.5. Oser une communication avenante
10.3.6. Se doter d’une lettre d’information consistante
10.3.7. Disposer d’une page internet simple et indépendante
10.3.8. Etre présent sur Wikipédia
10.4. Pistes pour profiter des outils d’aujourd’hui
10.4.1. Facebook, Twitter et les réseaux sociaux
10.4.2. Communication virale ou buzz
10.4.3. Veille d’actualité
10.5. Pistes pour des actions communicantes
10.5.1. Se donner des ambassadeurs ou des parrains
10.5.2. Nommer des membres d’honneur
10.5.3. Mener des actions signifiantes
10.6. Contrôle des processus
11. Sociétariat façon « chapitre deux »
11.1. Être membre de l’AABV : pourquoi ?
11.1.1. Se doter de rendez-vous VIP
11.1.2. Jouer sur l’exclusivité
11.1.3. Développer les sorties en groupe
11.1.4. Elargir les partenariats et/ou coopérations
11.1.5. Offrir des vernissages et des visites guidées adaptées
11.1.6. Tenir compte de l’esprit de groupe
11.1.7. Ne pas oublier les familles
11.1.8. S’appuyer à l’occasion sur les membres actifs
11.1.9. Valoriser le statut de membre donateur
11.2. Contrôle des processus
12. Un modèle allégé
12.1. L’image du « troisième lieu »
12.2. Médiation culturelle
12.3. Rapprochements
12.4. Less is more
12.5. Ressources humaines
12.5.1. Revoir les statuts ?
12.5.2. Contrôle des processus
13. Aux limites de l’exercice
13.1. Un rôle d’interface
14. Organigramme de la Bibliothèque de la Ville
15. Bibliographie et iconographie
16. Remerciements
17. Liste des annexes
18. Table des matières
19. Contact
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