Végétation et conditions climatiques
Cette partie Ouest du continent africain, la Sénégambie connait une succession zonale des climats, en fonction de la latitude. La végétation, ainsi que toute la vie agricole, dépendent étroitement de la plus ou moins longue durée de la saison des pluies. Le régime des pluies dans toute l’Afrique, constitue le facteur capital de la diversification régionale. La zone de la forêt vierge s’étend presque sans interruption depuis la Gambie jusqu’à la Côte de l’or où une civilisation moderne se trouve en pleine activité. Dans la première zone, une chute de pluie annuelle qui oscille entre 1.500 mm et plus de 4.000 mm, interdit tout élevage important de gros bétail ou du moins le rend peu avantageux. Malgré cela, on trouve en quelques endroits, des troupeaux importants ainsi dans la Guinée portugaise chez les Koniaguis ou dans la région plus favorable du Fouta-Djalon. La plantation représente souvent une agriculture permanente. La forêt a offert un abri sûr aux débris de population qui fuyaient les organisateurs de grands Etats. Toutefois, les hauteurs du Fouta-Djalon avec leurs terres à herbes courtes, dépourvues de palmiers et avec des ilots d’arbres ont attiré les peuls, car ces terres dites bowal convenaient à l’élevage du gros bétail; or, ces derniers ont envahi de plus en plus les endroits habités par les peuples du cercle atlantique de l’ouest, laissant derrière eux en se retirant des milieux à civilisation ruinée. Au XVIIe siècle, le sud de la forêt humide était constitué de sols pauvres avec des populations clairsemées. Les anciennes céréales africaines (éleusine, mil, sorgho) formaient l’essentiel des cultures. Cette maigre agriculture ne suffisait pas à assurer la subsistance. Elle était complétée par la cueillette, la chasse et la pêche, qui fournissaient du reste, la majeure partie de la nourriture consommée . Ainsi, la meilleure utilisation des ressources en eau et donc des terres arables, ou l’amélioration des techniques agricoles, ou encore l’introduction de cultures nouvelles permirent une agriculture plus intensive et une croissance démographique. Au XIX e siècle, toutes les zones de fortes densités de la région avaient renforcé leur agriculture en adoptant des variétés américaines comme le maïs, le manioc, les pates douces…Cependant, l’augmentation des surfaces cultivées et la pratique d’une agriculture intense accrurent. On peut donc dire que l’amélioration des conditions d’existence par le biais de la technologie a favorisé la forte concentration dans certaines zones. Des zones à forte densité de population se créèrent. De ce fait, c’est en plein XX e siècle, qu’on a délimité le « couloir » des fortes densités vers le 6 e degré de latitude sud, à la jonction de la forêt humide et de la savane. Pour ce qui est du climat, les pluies sont plus nombreuses pendant l’été boréal. De mai à septembre, le front intertropical, étiré d’Ouest en Est, se déplace entre le 10e et le 20e degré de latitude Nord. L’alizé venant du Sud entraîne alors des masses d’air humides vers le golfe de Guinée, et déclenche la saison des pluies. En hiver, la zone de convergence se forme dans le golfe de Guinée, puis elle aborde le reste du continent. Sur le littoral du golfe de Guinée, règne un climat subéquatorial, dit Guinéen, qui se manifeste par un régime pluviométrique sans saison sèche mais avec une abondance plus marquée au moment des deux passages du soleil au Zénith. L’effet orographique du bourrelet côtier provoque la condensation d’une forte humidité charrière par la mousson du Sud-Ouest. Aussi, la frange littorale qui s’étend de la république de Guinée au Libéria, reçoit-elle plus de 2 mètres de précipitations annuelles.
Au plan religieux
Les religions dites traditionnelles portent l’empreinte de l’histoire et s’infléchissent en fonction des besoins des humains. Leur historicité tient pour une part à leur enracinement premier dans un terroir. Les principales déités ou génies ont pour habitat un cours d’eau, une île ou tel élément insolite du paysage ; elles sont inscrites dans la géographie d’un terroir. Car, il s’agit de la religion d’une collectivité bien identifiée, occupant un espace bien défini. Contrairement aux religions monothéistes à prétention universaliste, elles ne s’adressent pas à un être humain anonyme, vu comme étant le même partout et détaché en principe de tout contexte. Cependant, bien qu’ayant pris naissance en des lieux déterminés, ces cultes et ces déités ne leur sont pas indéfectiblement liés. La plasticité de ces religions s’explique par les rapports existant entre humains et déités. Les offrandes qui sont présentés ou promises aux invisibles, déités ou ancêtres, appuient des demandes qui, invariablement, visent à assurer la santé, la prospérité et la perpétuation de la vie « ici et maintenant ». En fait, plus que des prières, ce sont des admonestions, parfois véhémentes, que reçoit les invisibles. En tête des divinités, on trouve toujours un dieu du ciel qui est identifié avec la pluie chez les Feloups, Dyolas, Bayots. Mais, il est souvent refoulé fortement à l’arrière-plan par la divinité paléo-nigritique de la terre dont le culte est intimement lié à tout le système politique des chefs de villages, de clans et de grandes familles. Dans la Gambie, le lieu où l’on célèbre le culte de la terre est entouré d’un cercle de pierres ; chaque année, on y sacrifie des produits des champs et des animaux noirs dont le sang s’écoule dans un trou du sol (cf. Parker). La plus part sont proches des divinités terrestres que l’on rencontre si souvent à l’intérieur de la Guinée. Il y a lieu de ne pas les confondre avec les esprits des ancêtres ni avec les démons de la brousse si fréquents dans tous les pays mandés et même chez les mandés-fou. On s’imagine change in Senegambia in the era of the slave trade, compte rendu Charles Becker Revue souvent que les morts vivent dans les Kapokiers, quelques fois en forme de tisserands (espèce d’oiseaux). Dans le cas du totémisme, on y trouve des cas de totémisme individuel: la croyance aux animaux protecteurs, des conceptions sur la transformation des animaux, etc. Il y a lieu de remarquer que, chez beaucoup de Mandingues, les communautés d’un tabou (=le clan) avec leurs tabous d’animaux (tena) n’y ont rien à faire avec le totem (kasen).On est frappé aussi par l’absence de tout totémisme de groupe en Guinée portugaise. Toujours sur le plan religieux, dès la fin du XVIIe siècle(1690), Malick Sy fonde la théocratie musulmane du Bundu qui sera suivie au début du XVIIIe siècle, par la révolution musulmane du Fuuta Jallon, sous la direction de Karamoko Alfa, continuateur du mouvement maraboutique. Il fait partie de la pléiade de leaders musulmans dont l’éducation religieuse s’est faite à Pire, à Coki (au Kaajor) en relation étroite avec les zawiyas berbères. Il est né à Suyuma, près de Podor et s’est établi dans le Gajaaga avec l’autorisation du Tunka (roi) du Ciaabu. Mais, l’alliance scellée est de courte durée. Le chef islamiste, profitant de la faiblesse du Tunka, proclame la guerre sainte et crée l’Etat théocratique du Bundu. Il s’assure du contrôle de la Falémé dont l’importance commerciale et la richesse agricole constituent durant des siècles, le fondement de la puissance de la dynastie Sisibé. Malick Sy prend alors le titre d’Almami, déformation en Puular de Al imam. Au début du XIX e siècle, c’est à cette époque seulement que le contrôle politique des chefs sur ce groupe social aurait fortement diminué et que la partie ceddo aurait commencé à manifester toutes ses ambitions et à des exactions sur le paysannat. La croissance du groupe ceddo qui participe aux guerres et se livre dès lors aux exactions sur le paysannat a eu lieu au XVIIIe siècle, et doit être mise en relation avec le développement de la traite. Les ceddo, armés par les chefs et recevant leur part des marchandises européennes, apportant leur soutien à tel ou tel prétendant, souvent chargés de la perception des redevances habituelles ou exceptionnelles, prennent une place importante dans la vie politique des royaumes. Ce changement s’opère dans une large mesure au détriment du groupe des paysans libres et de ses représentants dans les instances institutionnelles. L’affaiblissement de ce groupe apparait en particulier dans la diminution du rôle des familles libres au sein des conseils et dans la redistribution des droits fonciers. On note également à l’intérieur des pays wolofs une augmentation considérable du nombre des jaami (captifs) au cours du XVIIIe siècle. L’importance numérique actuelle des « captifs » dans la société wolof est un phénomène qui a son origine au XVIIIe siècle, lorsque les nombreux esclaves capturés lors des guerres et non vendus aux européens ont été intégrés dans cette société. L’essor des ceddo s’accompagne d’un renforcement progressif des partis musulmans, opposés aux ceddo peu soucieux de l’islam, et à la traite négrière. Ces partis jouent un rôle réel dans l’évolution politique dès le XVIIe siècle et se manifestent avec une certaine force à l’ occasion de la « guerre des marabouts » qui affecte plusieurs Etats entre 1673 et 1677. Par la suite, les réticences des groupes musulmans subsistent à l’encontre des ceddo et de la participation à la traite atlantique. Les chefs politiques sont obligés de composer avec les chefs religieux jusque vers la fin du XVIIIe siècle, quand éclatent les soulèvements : au Fuuta Tooro, la « révolution » musulmane, victorieuse, écarte du pouvoir la dynastie Denanke, et au Kajor les combats restent assez indécis. Au XIX siècle, les forces musulmanes tiennent une place prépondérante dans la résistance à la conquête militaire et des projets d’unification politique, sous l’égide de l’islam, sont alors clairement formulés. La vitalité des partis musulmans à cette époque n’est pas un phénomène nouveau, mais un résultat de l’évolution socio- politique qui se déroule toute la période de la traite atlantique.
Coiffure
La coiffure peut être définie comme « tout ce qui sert à couvrir la tête, à la protéger ou à l’orner ». Elle est un art au même titre que la peinture, la sculpture, la musique, la couture, etc. La grande particularité de la coiffure est qu’elle est capable de s’associer à plusieurs modes d’art, dans la mesure où nous savons que l’art peut être vu comme« activité humaine qui aboutit à la création d’œuvres ». Elle peut être perçue comme Un « Ensemble de connaissances de techniques nécessaires pour maitriser une pratique donnée ; Une « Expression, à travers les œuvres humaines, de la nation idéale de beau ; habileté à faire quelque chose ». Elle peut être vue aussi comme Un « Ensemble de moyens, de procédés, de règles intéressant une activité ; Une « Manière de faire qui manifeste un gout, une recherche, un sens esthétique » ; Un « Type de compétence particulier, ne reposant pas sur une théorie rigoureuse, et, par extension, toute forme de compétence, envisagée dans sa pratique ». Ainsi, « la couleur, l’implantation, la longueur, la finesse, l’abondance d’une chevelure, voir sa rareté ou son absence » sont en somme les éléments majeurs pour caractériser et situer les personnes dans presque toutes les civilisations. Elle a permis de faire la différence entre les catégories sociales du fait que, les sociétés anciennes étaient fortement hiérarchisées et que la coiffure ne peut en outre pas échapper à cette hiérarchisation. Par conséquent, la première définition semble limitée. C’est ce qui fait dire à certains en ces termes que : « la coiffure est l’art d’arranger les cheveux et éventuellement de modifier leur ordonnance et leur aspect extérieur ; cet art implique différents types d’interventions : couper les cheveux, les friser, les tresser, les épiler, les teindre, les décolorer, les poudrer, les enduire de substances variées ou leur adjoindre de faux cheveux (sous forme d’une perruque ou d’un postiche) ou bien des ornements plus ou moins sophistiqués selon les cultures et civilisations ». C’est par ces multiples transformations possibles à travers la chevelure qu’est née la coiffure. De ce fait, la coiffure définit comme un art est véhiculé à travers des ethnies et peuples habitant un espace comme celui de la Sénégambie du XV au XIXe siècle. Nous entendons par ethnie un « groupement humain fondé sur une communauté de langue et de culture » et par peuple, un « ensemble d’hommes constituant une communauté sociale ou culturelle, habitant sur un même territoire, régis par les mêmes lois et formant une nation ». C’est dans cet ordre d’idée que l’historien Jean-Paul Notule nous précise en ces mots que : « se coiffer est donc un acte de socialisation et de métamorphose qui permet à l’homme de communiquer des informations sur son histoire, sa condition sociale et son identité culturelle. Les arrangements des cheveux répondant à toute une série de rapports codifiés entre personnes appartenant à un groupe plus ou moins étendu, sont également soumis aux influences extérieures aussi, qu’aux phénomènes de la mode et du goût personnel ». Une coiffe (du germ. Kufia, casque) peut être définie comme une coiffure féminine en dentelle ou en tissu, qui fait partie des costumes traditionnels régionaux et de l’habit de certaines religieuses : la coiffure des carmélites (syn. Cornette)64. Elle est une coiffure que portaient autrefois les femmes de toutes les classes sociales et qui est encore portée par les religieuses et quelquefois à la campagne. C’est aussi une partie de la coiffure faite de lingerie, qui se portait à même les cheveux. La coiffe peut aussi être définie comme doublure d’une coiffure quelconque, une coiffure de femme, en toile ou en tissus léger (soie, dentelle), comprenant le bonnet et ses divers accessoires, et dont la forme varie d’une région à l’autre : une coiffe blanche, une coiffe paysanne, une coiffe de toile, de satin, un coiffe lorraine. Vieilles en coiffe (Loti, mon frère Yves ; 1883, P. 94.), large coiffe de batiste aux ailes flottantes (A. France, le Lys rouge, 1894, P.313).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DE LA SENEGAMBIE
Chapitre 1 : situation, limite et étendue
I.Situation géographique
II.Limites
III.Etendue
Chapitre 2: morphologie physique
I.Hydrographie
II.Relief et types de sols
III.Végétation et conditions climatiques
Chapitre 3 : Classification et répartition des divers groupements et ethnies
I.Dans l’espace
II.Selon le pourcentage
III.Selon l’activité
Chapitre 4 : la Sénégambie, période du XV au XIXe siècle
I.Au plan administratif
II.Au plan social
III.Au plan économique
IV.Au plan religieux
DEUXIEME PARTIE:LA COIFFURE ET LA COIFFE, UN SAVOIR FAIRE AFRICAIN, DOMAINE DE L’ARCHEOLOGIE IMMATERIELLE
Chapitre 1 : Définition des concepts et historique de la coiffure et de la coiffe
I.Coiffure
II.Coiffe
III.Patrimoine culturel immatériel
IV.Historique de la coiffure et de la coiffe
Chapitre 2 : Relation entre cheveux et individus
I.Chevelure et groupe sociaux
II.Chevelure et soin
III.Les coiffeuses
Chapitre 3: Les types de coiffures et de coiffes liées à différents facteurs
I.L’appartenance à un groupe socioculturel
II.Aux Cultes
III.Aux cérémonies initiatiques
IV.Aux métiers
Chapitre 4: Les fonctions de la coiffure et de la coiffe
I.Symboles
II.Modes d’expression de sentiments
III.Modèles de séduction
IV.Valorisation féminine ou masculine
TROISIEME PARTIE : COIFFURE, COIFFE ET FINITION
Chapitre 1 : étude des objets associés
I.Perles
II.Métaux
III.Terre Cuite
IV.Talismans Amulettes, fétiches, gris-gris
V.Peigne
Chapitre 2 : étude des produits cosmétiques
I.Karité
II.« Dax »
III.Autres dérivés naturels
Chapitre 3 : étude des cadres, des matériels et matériaux
I.Evolution du cadre (du domicile au salon)
II.Des lianes aux mèches
III.Des arrêts aux machines
QUATRIEME PARTIE : L’UNIVERSALITE DE LA COIFFURE
Chapitre 1 : les facteurs d’influence
I.Les brassages interethniques
II.Le contact avec l’occident
III.Le contact avec le monde arabe
IV.L’art et le sport
Chapitre 2 : Les voies et moyens
I.L’atlantique
II Les médias, photos posters et réseaux sociaux
III Les feuilletons et théâtres
Chapitre 3: Exposition de photos iconographiques de coiffure et de coiffe : hier et aujourd’hui
I.Photos pour enfant
II.Photos pour jeunes
III. Photos pour adultes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE /WEBOGRAPHIE
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