Larobustesse et les performances du système financier

Les biens économiques

               On appelle « bien » au sens économique du terme, tout ce qui contribue à satisfaire utilement les besoins humains. Les biens économiques sont très nombreux et très divers. D’après leurs caractères, d’après leurs modes de production, d’après leur destination et nous pouvons les classer en biens de consommation et biens de production. Les biens de consommation sont des biens qui aptes à satisfaire directement et sans aucune transformation les besoins de l’homme et les biens de production sont des biens à des fins productives, c’est-à-dire, ce sont des biens servant à produire d’autres biens. Autrement dit, ils servent à produire des biens de consommation.

La monétisation de l’économie

                   La monétisation de l’économie, entendue au sens de la mise à disposition des agents constituant les secteurs économiques institutionnels, de signes monétaires est indispensable au fonctionnement cohérent des circuits économiques qui ont été précédemment décrits. La monnaie est tout d’abord, d’après la définition de P.PRISSERT : «l’instrument qui permettra de façon homogène et mesurable objectivement la rémunération des facteurs de production, la répartition définitive des revenus entre les agents économiques, afin les décisions de ceux-ci en ce qui concerne l’affectation de leur revenu en épargne ou dépense ». Mais son rôle ne s’arrête pas à celui d’un simple support indispensable, certes, mais purement utilitaire, des activités réelles. « La monnaie participe de l’essence même de l’économie de marché par son rôle d’intermédiaire des échanges sur les marchés eux-mêmes. La monnaie est donc essentielle à la mise en œuvre d’une économie de marché en tant que support d’expression de l’offre et de la demande de biens et services. » Ensuite, la monnaie est encore indispensable au niveau des décisions financières prises par les agents économiques dans le cadre d’une économie de marché. Ainsi, la monnaie introduite dans l’économie sous forme de crédits par les institutions financières sert d’une part au fonctionnement homogène et substantiel des circuits économiques, mais en conditionne également d’autre part, les capacités de croissance et de mutation en alimentant les opérations financières au travers de l’épargne et de l’investissement.

Les fonctions de la monnaie

– « La monnaie est tout d’abord, un instrument d’échange, ou plus précisément un instrument d’intermédiaire dans les échanges. Lorsqu’il n’y a pas de monnaie, l’échange ne peut être que conditionnel. En effet, il ne peut avoir lieu que si la personne qui veut acquérir un objet peut convaincre le possesseur de cet objet  de le lui céder contre un autre que lui-même détient »10. Le troc donc ne favorise pas l’exécution et le développement des échanges. C’est un régime qui correspond aux formes élémentaires de la vie sociale. En définitive, la monnaie s’est introduite dans la vie sociale des peuples dès que ces derniers en ont éprouvé le besoin, découvert l’utilité et conçu le mécanisme. Elle autorise l’échange inconditionnel car elle est un moyen de règlement indéterminé, général et immédiat ;
– « La monnaie est également un instrument de mesure des valeurs ou d’étalon des valeurs qui permet d’exprimer et de comparer les prix de tous les autres biens »11. Sur cette base, elle est indispensable au fonctionnement rationnel de toute économie. Elle permettra aux producteurs, par la valeur de leurs revenus exprimés en monnaie, de prendre des décisions quant à la poursuite ou à l’arrêt de la production des biens et aussi aux consommateurs de donner les indications nécessaires aux consommateurs par les choix qu’ils feront dans leurs dépenses de consommation ;
– La monnaie est enfin un instrument d’épargne ou de réserve de valeur. La conservation de la monnaie permet à ses détenteurs de mettre en réserve un pouvoir d’achat disponible pour les transactions futures.

La finance directe

                Appelée également finance désintermédiée ou économie de marchés de capitaux. « C’est un marché sur lequel sont souscrits et s’échangent directement des titres (valeurs mobilières ou titres négociables) représentatifs de participations ou de créances émis par les entreprises financières et non financières privées ou publiques »21. Avec la finance directe donc, les agents à besoin et capacité de financement entrent directement en relation en se présentant sur des marchés dits marchés de capitaux. Les deux parties concluent un contrat sur le marché des capitaux, ce qui signifient qu’ils se sont mis d’accord sur un montant, une date de remboursement et un prix, le taux d’intérêt. Par ailleurs, « d’une façon générale, l’apport directe de fonds d’épargne aux emprunteurs concerne surtout les opérations à long terme avec émission de valeurs mobilières sous forme de constitution ou d’augmentations de capital d’une part de prêts à long terme d’autre part. Il s’agit du marché financier classique qui comporte obligatoirement un marché dit secondaire qui est constitué par les bourses de valeurs mobilières »22. De plus, il faut préciser que les titres en cause sont essentiellement des actions (valeurs à revenu variable) dont la durée de vie est indéterminée, des obligations (valeurs à revenu fixe) dont la durée de vie peut aller de 5 à 25 ans enfin des titres négociables de quelques jours à 5 ans. Et chaque catégorie de titres constitue un compartiment du marché. « Par conséquent, on distingue le marché financier primaire sur lequel sont émis les titres neufs. Mais ce marché financier primaire ne saurait se développer sans la présence d’un marché secondaire sur lequel les souscripteurs de valeurs mobilières et des titres négociables peuvent vendre leurs titres et retrouver leur liquidité »23. Ces considérations expliquent l’existence des « bourses de valeurs mobilières » qui constituent précisément ce marché secondaire indispensable. Ceci explique également les rigidités des règles de cotations et de l’organisation des bourses qui sont administrées par une catégorie particulière d’intermédiaires dont le statut varie selon les pays. De plus le fonctionnement des bourses est généralement contrôlé et surveillé par un organisme public spécialement créé à cet effet. Et notons également que l’existence de la finance directe ne signifie pas pour autant absence ou atrophie du système bancaire. Dans les économies de marché de capitaux les deux processus coexistent et les systèmes bancaires sont également présents.

L’intermédiaire financière et les coûts de transaction

                  D’après ce que nous avons expliqué dans la section précédente le marché de capitaux est caractérisé par l’asymétrie d’information entre acheteurs et vendeurs. Et les théories de l’intermédiation affirment que l’intermédiation bancaire se révèle être la voie la plus efficiente pour résoudre les problèmes d’incitations qui affectant le marché des crédits dans le cadre d’une information symétrique. « Seuls les intermédiaires financiers seraient aptes à résoudre les problèmes inhérents aux symétries informationnelles des marchés financiers »30 . Ils sont dotés d’une meilleure information que le reste du marché grâce à la durabilité de la relation client, ces intermédiaires seraient à même de diversifier leur portefeuille et ainsi réduire le risque global : « l’émergence de l’intermédiation résulte donc des économies de coûts de transaction d’information liés à la surveillance de la qualité des projets »31 Dans ce cas donc l’intermédiaire financier internalise les coûts supportés par les prêteurs et emprunteurs sur le marché de capitaux et se forge une véritable compétence dans le traitement de l’information. Les banques et leurs clients, particuliers et entreprises, entretiennent des relations de long terme ce qui signifie que la relation banque client est une relation durable. En effet, les deux parties ont tout intérêt à la stabilité de cette relation car outre les raisons évidentes de commodité, crédit signifie confiance et cette confiance ne peut se manifester qu’à l’issu d’une longue période de contacts fréquents.

Les paramètres macro-économiques

                   Dans un premier temps, notre évaluation est axée sur les vulnérabilités du système financier en général, et non sur celles des institutions, des entreprises ou des ménages individuels. Nous nous focalisons sur les facteurs de risque et les vulnérabilités qui pourraient avoir des répercussions systémiques, c’est à dire qui pourraient entraîner des problèmes importants pour l’ensemble du système et en définitive, pour l’économie. « Pour chaque pays, les problèmes du système financier peuvent diminuer l’efficacité de la politique monétaire, peser lourdement sur le budget en raison du renflouement des institutions financières en difficulté, provoquer la fuite des capitaux et aggraver les récessions économiques. Et, symétriquement, la non crédibilité de la politique budgétaire et monétaire d’un pays nuit les performances de son système financier. »34 En effet, « le déficit budgétaire excessif et récurent, la forte endettement public, la politique monétaire excessivement expansionniste suivie d’une perte excessive de la valeur de la monnaie domestique par rapport aux autres devises et l’inflation persistante sont des paramètres jugeant la non crédibilité de la politique budgétaire et monétaire. Dans ce cas, lorsque l’inflation est devenue plus stable ( à moins de 4%) et prévisible puis la volatilité d’autres variables macroéconomiques (perte de change, endettement public) a diminué et l’équilibre budgétaire est maintenu alors, ces facteurs ont des répercussions importants sur l’amélioration du bilan des ménages, des entreprises et des institutions financières. Donc, la santé de l’ensemble de l’économie est vérifiée par le biais de l’amélioration du PIB réel »35. En d’autre terme, l’effet de la crédibilité de la politique budgétaire et monétaire est transmis à la croissance réelle de l’économie à travers d’une amélioration du bilan de chaque acteurs économique et, en définitive, d’une rentabilité d’investissement. Les paramètres clés du système financier sont donc le taux d’inflation, le déficit budgétaire, le taux de la dette publique par rapport au PIB, la volatilité du cours de change, le taux d’épargne domestique mobilisable, le déficit ou l’excédent de la balance de paiement et le taux de croissance réel. Tous ces éléments sont liés avec des maillons de l’un à l’autre.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I -LES ESQUISSES THEORIQUES DU SYSTEME FINANCIER
CHAPITRE I-DE L’ECONOMIE REELLE A L’ECONOMIE MONETAIRE
Section 1 : Les circuits réels aux circuits monétaires et financiers
1.1. Les éléments des circuits réels
1.1.1. Les biens économiques
1.1.2. La production
1.1.3. La consommation
1.1.4. L’investissement
1.2. Les Constituants monétaires et financiers de l’économie
1.2.1 Les liaisons monétaires entre ressources et emplois réels
1.2.2. La monétisation de l’économie
1.2.3. La mesure des flux monétaires
1.2.4. Les agrégats économiques
2.1. La monnaie
2.1.1. Les fonctions de la monnaie
2.1.2. Les formes de la monnaie
2.1.3. Les créateurs de la monnaie
2.2. Les agrégats monétaires
2.3. Les contreparties de la création monétaire
Section 3 : L’épargne et les besoins de financement de l’économie
3.1. La notion d’épargne
3.1.1. Les motivations de l’épargne
3.1.2. Les origines de l’épargne
3.2. Les besoins de financement
CHAPITRE 2 :LES MARCHES ET LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS
Section 1 : Les généralités sur le marché financier
1.1. La finance directe
1.2. La finance indirecte
Section 2 : Les imperfections du marché et le rationnement de crédit
2.1. Les imperfections du marché
2.1.1. Asymétrie d’information
2.1.2. Hasard moral
2.2. Le rationnement de crédit
2.2.1. La sélection adverse
2.2.2. La manifestation du rationnement de crédit
Section 3 : Les intermédiaires et les institutions financières
3.1. Les arguments d’intermédiation financiers
3.1.1. L’intermédiaire financière et les coûts de transaction
3.1.2. La banque et la gestion des risques
3.1.3. la banque et l’assurance de liquidité
3.2.1. Le Trésor public
3.2.2. Les institutions financières bancaires
3.2.3. Les institutions financières non – bancaires
CHAPITRE 3 : LE SYSTEME FINANCIER : SOLIDITE ET FRAGILITE 
Section 1 : Les paramètres fondamentaux d’ensemble
1.1. Les paramètres macro-économiques
1.2. Les paramètres macrofinanciers du secteur bancaire
1.2.1. Le risque de contrepartie
1.2.2. Le risque de liquidité
1.2.3. Les risques de marché
1.2.4. Le risque d’insolvabilité
1.2.5. Les outils de diagnostic
1.2. Le développement des marchés financiers
Section 2: Les performances et la robustesse : nécessité pour la croissance économique
2.1. Le renforcement de l’infrastructure financière
2.2. Les rôles des marchés monétaire et financier
2.3. Les rôles des capitaux étrangers
Section 3 : Les risques de change : crise systémique
3.1. Instabilité liée à la fragilité macroéconomique
3.2. Causes d’instabilité liées aux structures financières
3.3. Causes d’instabilité liées aux activités bancaires proprement dites
CONCLUSION PARTIELLE
PARTIE II : DIAGNOSTIC ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME FINANCIER MALGACHE
CHAPITRE 1 : L’EVOLUTION ET LES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME FINANCIER MALGACHE
Section 1 : L’évolution historique
1.2. L’époque coloniale
1.3. De l’indépendance à la révolution socialiste : les années 60-75
1.4. Les nationalisations des années 75-85
1.5. Les reformes des années 90
Section 2 : Le système financier de Madagascar
2.1. La réglementation prudentielle à Madagascar
2.1.1. La réglementation bancaire
2.1.2. L’évolution de la réglementation bancaire
2.1.3. Les objectifs de la réglementation prudentielle
2.1.4. L’organe de supervision
2.2. Les institutions financières à Madagascar
2.2.1. Institutions bancaires
2.2.2. Institutions financières non bancaires
2.3. Les marchés financiers
2.3.1. Le marché interbancaire
2.3.2. Le marché des bons de Trésor
2.3.3. Le marché interbancaire de devises
Section 3 : Les caractéristiques
3.1. Les fondamentaux macroéconomiques de Madagascar
3.1.1. Croissance et inflation
3.1.2. Les politiques budgétaire et monétaire
3.2. Le secteur bancaire à Madagascar
3.2.1. Les ressources des banques
3.2.2. Les remplois des banques
3.3. Les institutions financières non bancaires
3.3.1. Les établissements d’épargne contractuelle
3.3.2. Le crédit-bail
3.3.3. Le capital risque
3.3.4. La microfinance
3.4. Le marché des BTA
3.4.1. Procédure d’émission des BTA
3.4.2. Processus d’adjudication
CHAPITRE 2 DIAGNOSTIC DE LA SITUATION 
Section 1 : Les principaux facteurs de l’insuffisance de financement
1.1. L’épargne domestique médiocre
1.2. L’effet d’éviction d’endettement public
Section 2 : La gestion des risques
2.1. Les risques économiques
3.2. Les risques institutionnels
Section 2 : Les conséquences d’un manque de financement
2.1. La pénurie de financement et la croissance économique
2.2. La discrimination des PME
2.2.1. En terme de financement
2.2.2. En terme de coûts
CHAPITRE 3 : LES INITIATIVES RECENTES ET LES RECOMMANDATIONS
Section 1 : Les restructurations et les reformes récentes
1.2. Les restructurations des institutions financières
2.2. Le restructurations des lois et des règlements
Section 2 : L’efficience du système financier :Une recommandation pour Madagascar
2.1. Le système financier efficient
2.2. L’efficience et la BCM
2.3. L’efficience des institutions et des marchés financiers
2.3.1. L’efficience et les institutions financières
2.3.2. L’efficience et les marchés financiers
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE

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