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L’ordre comme un principe de l’harmonie
Le fait le plus remarquable est que tous les politiciens, les dirigeants d’un pays veulent instaurer l’ordre dans la cité. C’est pourquoi ils luttent contre le désordre. Mais à quoi sert au juste l’ordre ? Dans l’optique platonicienne, l’ordre est un princi pe de l’harmonie sociale. Par exemple, si chacun reste dans sa classe sociale et n’exerce que sa propre fonction, on dit que la cité est en ordre. Quelle serait la conséquence ? Le conflit, le vol, le mal n’existent pas. Autrement dit, quand l’ordre apparaît dans la cité, la paix et la sécurité règnent automatiquement. Ce qui nous permet de conclure alors que l’ordre est un principe de l’harmonie sociale. La cité ne pourrait pas être heureuse et harmonieuse quand le désordre y domine. L’ordre crée donc la vie harmonieuse. Telle est la première fonction de l’ordre.
L’ordre comme un principe de la vertu
D’après l’étude conceptuelle que nous avons faite orsl de nos recherches, le concept « vertu » signifie une « disposition constante de l’âme qui porte à faire le bien » 13.
Selon Platon, il existe quatre sortes de vertu (les vertus cardinales), à savoir la sagesse, le courage, la tempérance et lajustice.
La sagesse est la vertu suprême de l’État. Elle réside dans la classe des dirigeants ou race d’or. Le courage est la vertu des soldats. À l’encontre des deux précédentes vertus, il y a la tempéranceuiq est une vertu commune à toutes les classes. La justice forme, selon Plato n, la quatrième vertu. Génératrice d’ordre et de force, la justice est l’origine de tout progrès moral. Elle est la condition des autres vertus.
Dans l’optique de notre philosophe, l’ordre est un principe de la vertu. En d’autres termes, l’ordre participe à la f ormation de bons citoyens. Pour mieux comprendre, nous allons analyser le rôle de la musique dans la vie de l’humanité.
D’après Platon, la musique joue un rôle très important dans notre vie. La musique contient de l’harmonie. Mais cette dernière serait impossible si on ne met pas préalablement l’ordre dans le piano. C’est l’ordre qui est donc le premier élément fondamental dans la mesure où ilcrée l’harmonie. En effet, on peut penser que l’ordre assure l’harmonie dans notre âme. Alors, l’ordre rend un individu harmonieux et sage. Ce qui justifie alors l’ordre est un principe de la vertu, vertu de l’individu voire même vertu de la cité.
L’ordre comme un principe de la justice
La justice peut revêtir beaucoup de significations selon les penseurs. Selon les rationalistes, est juste tout acte conforme à la raison. Mais les matérialistes voient la justice autrement .Pour eux, est juste tout acte conforme à la réalité. Cependant, les sociologues ont aussi leur propre vision. Selon eux, est juste tout acte que la société juge comme bon. En un mot, la justice est une vertu qui inspire le respect absolu du droit d’autrui. Aussi, la justice est également le caractère de cequi est juste, équitable, conforme au droit, à la raison, à la loi morale ou religieuse.
Mais dans l’optique aristotélicienne, la justice implique la conformité aux lois en vigueur. En effet, l’homme juste est celui qui se conforme aux lois et qui observe l’égalité. Mais Platon a défini le substantif « justice » autrement. Mais que signifie de prime abord le mot injustice selon Platon ? Quand est-ce qu’elle pourrait apparaître dans la cité ?
« L’injustice apparaît dans la cité lorsqu’une des trois classes eut piétiné sur une fonction qui n’est pasla sienne »14.
Mais il ne s’arrête pas sur cette réponse. Il affirme aussi :
« La justice consistera dans l’individu à ce que ch aque élément de l’âme se cantonne strictement dans son rôle » 15.
En un mot, la justice platonicienne signifie un effort selon lequel chaque individu doit faire pour respecter sa classe et ses tâches.
Selon Platon, l’ordre participe à l’instauration de la justice dans la cité. Il est même un principe de la justice. Parceque, si la cité est en désordre, la justice n’apparaîtra jamais, car le désordre implique l’injustice.
Ce qui revient à dire alors que c’est seul dans la cité bien ordonnée qu’on peut trouver la justice. Ainsi, c’est exactement vrai quand Platon affirme que l’ordre est un principe de la justice. L’ordre implique l’absence de trouble. Il est la négation totale du mot désordreL’ordre. doit donc aller de paire avec la justice puisqu’ils sont dépendants l’un de l’autre.
Au terme de notre analyse, la première partie de notre travail nous fait comprendre la signification de la bonne gouvernance et la particularité platonicienne. Elle nous montre aussi l’origine et les fonctions de l’ordre. Rappelons encore une fois ici que Platon ne se détourne jamais de sa thèse philosophique dans sa théorie politique. C’est pourquoi il prend comme modèle de la bonne gouvernance la cité divine. L’aristocratie est le nouveau système politique inventé par Platon. Elleest un gouvernement des meilleurs dont le chef est comparable à Dieu : il est un homme doué des sciences, très sage et un croyant tellement ivre de Dieu. L’aristocratie est l’image de la bonne gouvernance dans l’optique platonicienne.
Dans tout ce que nous avons vu jusqu’ici, quel est alors le méfait de la théorie politique platonicienne ?
Cette question nous conduit à la deuxième partie de notre travail intitulée : l’aristocratie comme un pouvoir héréditaire.
L’ARISTOCRATIE COMME UN POUVOIR HÉRÉDITAIRE
Rappelons ici encore une fois que l’aristocratie est définie par Platon comme un gouvernement des meilleurs. Elle est un gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé exclusivement par une classe qui se considère ou se donne comme formant l’élite de la société. À la tête de ce gouvernement règnent les philosophes qui se distinguent des autres par leur intelligence et leur intégrité morale. D’aprèsPlaton, les philosophes-dirigeants sont des hommes très sages et connaissent beaucoup de choses dans la vie. Selon lui, ils sont les spécialistes quand on parle de politique. Ils connaissent très bien la justice car leur âme tourne pour toujours vers le bien. Les philosophes ne font pas du mal, au contraire, ils enlèvent les hommes du monde de l’ignorance, dans le monde du mal et du désordre et les amènent vers le monde intelligible où résidentla justice, le bien et la vérité. Jusqu’ici donc, nous sommes tout à fait persuadé que l’aristocratie est le meilleur régime puisqu’il est un gouvernement des meilleurs. Cependant, malgré la valeur et la spécificité de aristocratie,l’ nous avons remarqué aussi quelques défauts de cette théorie politique. Autrement dit, l’aristocratie est une très bonne théorie politique, mais malheureusement elle est très limitée. Elle est très loin de la réalité humaine, très utopique. Nous allons analyser les limites de l’aristocratie à travers les chapitres suivants.
L’ÉGOÏSME ARISTOCRATIQUE
Par définition le mot égoïsme signifie le défaut del’égoïste. L’homme égoïste est un homme qui rapporte tout à soi, qui ne considère que ses propres intérêts. En un mot, l’égoïsme signifie une attitude des gens qui ne considèrent que leurs propres intérêtsBien. évidemment, l’aristocratie est un régime politique constitué par beaucoup d’égoïsme. Pour mieux expliquer cette remarque, nous allons analyser de prime abord le fatalisme platonicien.
Le fatalisme platonicien (la classe sociale est un destin)
Le fatalisme est une doctrine qui considère tous les événements comme fixés à l’avance. Le nom fatalité signifie une destinée inévitable et l’adjectif fatal veut dire fixé par le destin.
D’après Platon, la classe sociale fait partie de nos destins. En d’autres termes, la classe sociale est quelque chose fixé à l’avance. Selon Platon, la division de classe ou bien l’inégalité de classes ne vient pas de nous, elle est un événement qui doit se produire inévitablement quels que soient les antécédents. Elle ne dépend pas de nousmais elle fait partie de notre nature. Platon déclare :
« Vous êtes tous frères dans la cité, mais Dieu quivous a formés a fait entrer l’or dans la composition de ceux d’entre vous qui sont propres à gouverner les autres » 16.
D’après Platon donc, il y a une race née pour gouverner la cité et les autres sont nés pour être dirigées. En fait, selonPlaton, il y a trois races distinctes : la race d’or, la race d’argent et la r ace d’airain. La race d’or est née pour diriger la cité, la race d’argent est néepour assurer la sécurité de la cité et la race d’airain est née pour produire et nourrir les citoyens. Cette division de classe est naturelle. Ainsi, dès que nous ne respectons pas cette division de classe, la cité serait en désordre. C’est la raison profonde pour laquelle Platon dit :
« La justice règnera le jour où les philosophes seront rois ou le jour où les rois seront philosophes. Cependant, le serait plus exercé par des hommes de la race d’or » .
En définitive, la division de classe sociale fait partie de nos destins, fait partie de notre nature. De même, la séparationdes tâches est une loi naturelle, car il est tout à fait logique que des r aces différentes par nature tiennent des fonctions bien distinctes. Selon Platon, il faut que chaque classe accomplisse sa propre fonction d’après les aptitudes naturelles de chacun et la cité sera juste et en ordre.
Dans tout ce que nous avons vu, comment pouvons-nous alors expliquer que l’aristocratie est un régime des égoïstes ? Pourquoi dit-on que l’aristocratie est un régime où le pouvoir est héréditaire ?
Bien évidemment, l’aristocratie est un pouvoir héréditaire car si on suit la théorie politique de Platon, la race d’or et les membres de sa famille resteront toujours des chefs de la cité éternellement.
Enfin, selon la Bible, Dieu avait créé l’homme à son image. Cela veut dire que tous les hommes sont égaux devant Dieu Créateur. En effet, tout homme sans exception a le droit de gouverner la cité. Et si Platon croit que la politique est uniquement l’affaire de la race d’or, on pourrait dire que l’aristocratie est un régime égoïste puisque la race d’or ne considère qu’elle même et ses propres intérêts. Aussi, il y a un faitqui mérite d’être souligné ici : Platon est un fils de l’aristocratie athénienne et qu’il veut protéger sa classe.
L’aristocratie et la noblesse divine
Avant de parler de la relation existante entre le régime aristocratique et la religion, il est capital de voir de prime abord ce qu’est Dieu.
D’après la conception chrétienne, Dieu se définit ommec un Être suprême qui a créé tout ce qui existe. Il est un reÊt infini, éternel et immuable. Dans l’optique cartésienne, Dieu est une substance infinie qui a créé tout ce qui existe. Il disait :
« Dieu, c’est-à-dire une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante, toute-puissante, et par laquelle moi-même et toutes les autres chose qui sont ont été créées et produites ».
Puis Descartes ajoute :
« Dieu est la cause première du mouvement, il a créé la matière en même temps que le mouvement et le repos,et
maintient au sein de celle-ci une quantité égale del’un et de l’autre » 19.
D’après ces définitions que nous avons vues ci-dessus, on peut conclure que Dieu est un Être suprême, infini, éternel, immuable et créateur de tout ce qui existe. Il est tout connaissant, tout-puissant, sage et saint. Et par ces caractères, il est un Être supérieur qui se situe au-dessus de tout être.
En terme de comparaison, le dirigeant aristocratique dont rêve Platon est presque identique à Dieu, car le philosophe-roi est un homme quasi parfait dans la mesure où il est un homme doué de la science et de la sagesse. Aussi, il est un type très fort et très croyant. En effet, l’aristocratie est un type de gouvernement tiré du modèle divin, arc le dirigeant aristocratique est un homme très croyant et très noble, quasi identique à Dieu. L’aristocratie est alors le véritable symbole de la noblesse divine.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LA BONNE GOUVERNANCE CHEZ PLATON
CHAPITRE I : ORIGINE DE L’ORDRE ET DU BIEN
I.- L’ordre et le bien comme des choses individuelles
II.- L’ordre et le bien comme des choses sociales
III.- Vision nationaliste de l’origine de l’ordre
IV.- Vision théologique
V.- Vision platonicienne de l’origine de l’ordre
VI.- Conception platonicienne de la bonne gouvernance
VII.- La particularité platonicienne
CHAPITRE II : LES FONCTIONS DE L’ORDRE
I.- L’ordre comme un principe de l’harmonie
II.- L’ordre comme un principe de la vertu
III.- L’ordre comme un principe de la justice
DEUXIÈME PARTIE : L’ARISTOCRATIE COMME UN POUVOIR HÉRÉDITAIRE
CHAPITRE I : L’ÉGOÏSME ARISTOCRATIQUE
I.- Le fatalisme platonicien (la classe sociale est un destin)
II.- L’aristocratie et la noblesse divine
CHAPITRE II : LES ERREURS DE L’ARISTOCRATIE
I.- L’inégalité comme une loi naturelle
II.- Les souffrances sans issue (le supérieur restera supérieur, les inférieurs souffriront éternellement)
CHAPITRE III : DRAME DE L’ARISTOCRATIE
I.- Vengeance intérieure et héréditaire
II.- Dettes morales et esprit de vengeance
CHAPITRE IV : UTOPIE IDÉALISTE
I.- Dessein divin pris comme modèle terrestre
II.- L ascétisme et l’idéalisme platonicien
III.- Les problèmes de la division de classe sociale
TROISIÈME PARTIE : LA LIBERTÉ D’ACCÈS AU GOUVERNEMENT
CHAPITRE I SUPPRESSION DE LA CASTE ARISTOCRATIQUE
I.- L’égalité des chances et égalité d’éducation paritaire
CHAPITRE II : L’OUVERTURE À LA DÉMOCRATIE
I.- La souveraineté du peuple
II.- Le respect de la minorité
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I.- LES OEUVRES DE L’AUTEUR
II.- ÉTUDES SUR PLATON
III.- OUVRAGES D’ORDRE GÉNÉRAL
IV.- DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPÉDIES
V.- SITES INTERNET
INDEX
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