Laredo, un port de Castille au XVI siècle

1492, « l’année admirable » fut pour l’Espagne le moment de tous les changements. Au crépuscule du Moyen Âge, la Castille donna naissance à un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Le royaume avait les yeux rivés sur ces navires chargés de métaux précieux, d’épices et de produits exotiques qui arrivaient par-delà les mers. Pour la Couronne, la découverte des Indes fut une manne de richesses formidable, et pour des milliers d’hommes et de femmes, la promesse d’une vie meilleure. Le monopole sévillan fit de la ville andalouse un pôle d’attractivité considérable, dès le début du XVIe siècle. Le dynamisme de Séville, puis de Cadix, au début du XVIIIe siècle, draina des flux migratoires de passagers et de marchandises permanents, vers des terres qui faisaient rêver l’Espagne et l’Europe. Il semblait bel et bien révolu le temps où les rois de Castille comptaient sur les services de cette puissante flotte armée, qui vit le jour dans les ports du nord de la péninsule, pour ravir aux Maures Séville ou Murcie . Depuis le XIIIe siècle, cette façade maritime du royaume était le berceau de la marine de Castille, une force navale qui domina les côtes atlantiques pendant près de deux cents ans.

À l’aube de l’ère des grandes découvertes, les ports de la Côte du Ponant, qui va de Fontarrabie jusqu’au Portugal, se retrouvaient bien loin du centre d’intérêt que suscitait la colonisation du Nouveau Monde. La découverte de ces nouveaux territoires survint alors que l’armada castillane déclinait depuis le milieu du XVe siècle . Pourtant, les études historiques soulignent le dynamisme économique que connaissait le royaume à cette même époque . Burgos, devenue la Caput Castellae , s’était dotée d’un puissant consulat de commerce en 1494. Sous l’influence du chemin de Saint-Jacques, des villes de la plaine castillane crûrent de façon exponentielle tout au long de l’époque médiévale. Medina del Campo ou Valladolid étaient synonymes de foires où le pastel toulousain et la laine de la Mesta alimentaient des circuits commerciaux qui s’étendirent par-delà les mers. On échangeait bien sûr avec les Flandres, la Normandie, l’Angleterre, les places de Lyon ou de Thiers. Pour cela, les marchands chargeaient des navires à Bilbao, Nantes, Rouen, Bruges, et dans bien d’autres ports.

DONNEES GEOPOLITIQUES ET ORGANISATION DU TERRITOIRE

LES DONNEES GEOGRAPHIQUES REGIONALES

L’importance d’un port et ses capacités d’évolution sont à mettre en étroite relation avec son contexte géographique. Quel meilleur espace que le port pour faire coïncider les besoins humains avec les possibilités offertes par le milieu naturel ? De façon presque systématique, les événements étudiés à Laredo nous renvoient à des données naturelles, au contexte géographique qui va conditionner les flux humains ou commerciaux . En ce qui concerne la côte cantabrique, où se situe Laredo, les données géographiques sont assez caractéristiques notamment par la présence, dans l’arrière-pays, d’une chaîne montagneuse qui se dresse en toile de fond face aux rives de l’océan. La Cantabrie est une région montagneuse souvent comparée à des paysages suisses . Au nord, l’océan Atlantique ; au sud, une chaîne de montagnes qui sépare cette région des hauts plateaux de la Castille et de la vallée du Douro. La région est traversée de façon longitudinale par la Cordillère Cantabrique, qui forme une barrière rocheuse parallèle au rivage. Sur son versant septentrional, la Cordillère se présente le plus souvent sous des formes karstiques et dispose d’une série de vallées profondes où circulent de courtes rivières qui débouchent sur l’océan sous la forme de rias. Les montagnes atteignent rarement les 2000 mètres, mais elles forment un paysage très accidenté et rendent la circulation assez compliquée, notamment à cause d’une hydrographie complexe de rivières qui s’écoulent de façon perpendiculaire à la côte.

Ces rivières sont courtes, sinueuses et peu profondes, et ne sont guère aptes à la navigation audelà de quelques kilomètres en amont de l’embouchure. Elles strient la région dans le sens sudnord pour se diriger vers la mer. Les principales rivières sont, d’est en ouest, l’Agüera, l’Asón, le Miera, le Pas, le Saja, le Besaya, le Nansa et le Deva. Elles sont les seules façons de pénétrer naturellement la masse montagneuse qui sépare la Cantabrie des plateaux de Castille . L’Èbre, lui, naît à Fontibre, sur le versant méridional de la Cordillère, se dirige vers le sud et s’éloigne rapidement de la Cantabrie. Le versant septentrional de la Cordillère se divise en trois grandes bandes terrestres :
– la frange méridionale, où se trouvent les cols de montagnes au-delà de 800-1000 mètres d’altitude et qui marque la limite avec la plaine castillane ;
– la frange intermédiaire, située entre quinze et cinquante kilomètres de la côte avec une altitude moyenne de 100 à 300 mètres ;
– la frange littorale, dite des « marines » (marinas), qui s’étend sur une moyenne de quinze kilomètres à partir du rivage.
C’est dans cet espace que se sont développées les villes portuaires, à l’abri des embouchures des rias et où la densité démographique a été la plus forte depuis l’époque préhistorique. Compte tenu de la douceur relative de son relief, c’est également la frange côtière qui permet le plus facilement les communications d’ouest en est, et inversement. Il s’agit d’une côte rocheuse dont le découpage en promontoires et en baies, où débouchent les nombreuses rias, a permis la création de multiples espaces portuaires . En effet, depuis l’époque romaine, les techniques de constructions étant limitées, l’homme s’est servi des montagnes pour chercher des abris naturels lui permettant d’embarquer le plus commodément possible. La côte de la Cantabrie s’étend sur une distance de 284 kilomètres (de la pointe Covarón, à l’est, jusqu’à l’embouchure du Deva dans la ria de Tina Mayor, à l’ouest). Elle fait face à une étroite plateforme continentale sous-marine qui longe tout le littoral péninsulaire, dont la richesse en ressources maritimes a attiré les populations et a développé la pêche et la construction navale.

LES DONNEES GEOGRAPHIQUES LOCALES

Laredo se trouve sur la partie orientale d’une baie de 28 km2 portant son nom. Le noyau urbain primitif de l’époque médiévale, qui était en place au XVIe siècle et qui forme aujourd’hui la vieille ville, se situe sur la face méridionale du mont Rastrillar (appelé aussi Atalaya ou encore El Canto), sur une pente douce qui décline du nord vers le sud. Au nord, le mont Rastrillar tombe à pic dans l’océan par d’abruptes falaises. À ses pieds, et en s’étendant vers l’ouest, se trouve la partie urbanisée la plus récente, datant de la fin du XIXe siècle, lorsque la ville s’est transformée en station balnéaire. Il s’agit d’une urbanisation qui s’est installée sur l’espace composé de dunes qui longent la vaste plage de sable fin, en forme de croissant ou de coquillage (concha) d’une longueur de 8 km (plages de la Salvé, du Regatón et du Puntal) .

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1. Données géopolitiques et organisation du territoire
1- Les données géographiques régionales
2- Les données géographiques locales
3- Un facteur clé : les voies de communication terrestres
A- Le chemin de San Vicente de la Barquera
B- Les chemins de Santander vers la Castille
C- Le chemin de Laredo à Burgos
D- Le chemin de Castro Urdiales
E- Les chemins de Bilbao
4- Des infrastructures portuaires problématiques
Chapitre 2. Les origines et les fondements juridiques
1- Les fondations romaines
2- L’époque médiévale et ses fueros
3- Vers une activité maritime : la Hermandad de las Marismas
4- Vers une autre activité maritime : la guerre
Chapitre 3. Vivre à Laredo au XVIe siècle
1- Aspects urbains
2- Le déclin démographique : une fin de siècle douloureuse
A- Les épidémies
B- Incendies, inondations et drames maritimes
3- Le problème du pain
Chapitre 4. Les acteurs de la vie politique : pouvoirs et contre-pouvoirs
1- Les corrégidors des Quatre Villas de la Côte de la Mer
2- L’alliance des Quatre Villas de la Côte de la Mer
3- Le conseil municipal
A- La montée en puissance des oligarchies
B- Gérer un territoire
C- La gestion portuaire des échevins
4- La confrérie Saint-Martin des pêcheurs et des marins de Laredo
Chapitre 5. Le port, un centre pour l’économie locale
1- Données générales
2- L’exploitation des ressources naturelles
A- L’agriculture
B- La mer
C- Les ressources forestières et minières
3- Le monopole du commerce local
A- La surveillance du trafic commercial local
B- Le grenier à sel
C- Le grenier du fer
Chapitre 6. Les activités portuaires
Conclusion

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