A l’heure actuelle parler d’architecture durable, c’est parler d’une architecture non pas durable en terme de durabilité dans le temps et donc de solidité des bâtiments, mais «soutenable» pour la planète. Il s’agit donc d’une architecture répondant aux incitations du Développement Durable.
Le Développement Durable est une notion qui fait de plus en plus parler d’elle. En effet, apparu dès la fin des années 80 avec le rapport Brundtland, il tente de concilier les exigences économiques avec les exigences sociales et environnementales – ces dernières étant devenues particulièrement urgentes face au réchauffement planétaire et aux pertes non négligeables observées en termes de biodiversité. Divers accords, conférences, etc. ont depuis eu lieu afin d’alerter l’opinion internationale et installer le concept. Ainsi à l’échelle internationale, depuis la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, appelée Sommet Planète Terre de Rio, en Juin 1992, puis le protocole de Kyoto signé en 1998 et entré en vigueur en 2005, il n’est plus un domaine où la notion de «développement durable » ne s’est imposée. « Tous les pays développés ont désormais pris conscience de la nécessité d’infléchir leur modèle économique pour affronter des enjeux qui ne nous apparaissaient pas cruciaux il y a peu d’années encore. La question du réchauffement climatique est la plus sensible mais s’y ajoutent la préservation de notre patrimoine environnemental, l’équilibre social entre territoires riches et pauvres, la capacité à créer une prospérité continue et à maintenir vivantes les multiples expressions culturelles qui structurent nos sociétés».
Qu’est ce que l’architecture durable ?
Les principaux courants de l’architecture écologique
Dans le cadre de ce travail, ce sont les relations entre domaines du bâtiment et développement durable qui seront abordées. En effet, que ce soit au niveau international ou national, les domaines du bâtiment et de l’architecture et donc de l’urbanisme ont encore beaucoup de progrès à faire .
« Le développement durable met en valeur le patrimoine bâti et naturel ainsi que la richesse humaine, culturelle et économique d’une collectivité, mais il impose une nouvelle manière de concevoir notre cadre de vie. Les solutions doivent s’appliquer de manière interactive aux trois échelles : aménagement du territoire, opération d’urbanisme, construction des bâtiments. »
L’architecture cherche donc actuellement à transformer sa pratique et ainsi la rendre plus durable. Ce changement commence à se faire ressentir à travers l’instauration de différents concours tel que le « Prix international d’architecture durable » initié par La Cité de l’Architecture et du Patrimoine et l’EPAMSA, la publication d’un livre vert «Les architectes et le Développement Durable : 10 propositions de l’Ordre des architectes», etc.
Cependant, il s’agit de ne pas oublier que « le développement durable n’est pas un cadre pour de nouvelles réglementations mais une pratique, un état d’esprit et une prise de conscience.» Ainsi, depuis quelques années déjà se font sentir les prémisses de cette « évolution architecturale » à travers les différents mouvements écologistes, « bobos », etc. En architecture écologique peuvent originellement se distinguer deux grands courants :
– Le high-tech
– Le low-tech
Le High-tech
L’architecture high-tech, abstraite, dépouillée, fonctionnelle, s’est faite le reflet du second âge industriel. Elle est symbolisée par les grands immeubles de bureaux et équipements spectaculaires de métal et de verre pour l’essentiel.
Parmi les architectes célèbres du high-tech se retrouvent Sir Norman Foster, Renzo Piano et Richard Rogers entre autres. Cette architecture va intégrer les exigences environnementales à son approche conceptuelle : réduction des consommations d’énergie en recourant à l’éclairage, aux rafraîchissements naturels et à l’utilisation des énergies renouvelables .
« Pas toujours convaincante […]. Ces réalisations médiatisées ont néanmoins le mérite d’avoir eu un effet d’entraînement. Plusieurs principes initiés lors de ces projets, comme la double façade vitrée, ont été appliqués depuis dans des projets plus modestes où ils se sont révélés très efficaces. » Le High-tech s’ouvre actuellement aux plantes et aux matériaux dits « naturels » tels que le bois, la brique et la pierre et cherche à les faire cohabiter avec le verre et l’aluminium .
Le Low-tech
Né dans les années 70 afin de défendre les vieux quartiers, il s’agissait de «revaloriser l’architecture et l’urbanisme hérités du passé ». Ce courant va réhabiliter l’ornement, l’adaptation au contexte local et le respect des spécificités régionales. En résulte un éclectisme qui ouvre la voie à un régionalisme qui reprend et réinterprète en fonction des nouvelles technologies. Apparaissent ainsi des verrières, des toitures végétalisées, des jeux de bardages en bois, etc. « Elle renoue avec les traditions de vie en bonne relation avec la nature, qu’elle redynamise dans une perspective créative. » Le bois, considéré comme un matériau chaleureux, léger et naturel est souvent utilisé, ainsi que la terre.
Malheureusement, « l’architecture verte cède parfois à la tentation de se singulariser et d’en faire trop au risque de paraître ridicule et de ne pas s’intégrer » .
Des tendances moins « extrêmes
« Les tendances qui prédominent dans l’architecture environnementale des quinze dernières années s’inscrivent directement dans le prolongement de l’une ou l’autre des deux principales composantes de la scène architecturale contemporaine : le high-tech et le low-tech. » . Se distinguent alors d’autres tendances telles que :
– L’ « Humanisme écologique » qui combine à des produits industriels innovants des matériaux traditionnels. Initiée par Günter Behnisch, il s’agit d’une architecture lumineuse et colorée qui « offre aux usagers une relation privilégiée avec des espaces verts traités de manière naturelle » .
– L’« écologie démocratique et sociale » destinée à des usagers sensibilisées et responsables. Tendance qui se retrouve particulièrement dans les pays du Nord .
– Le « minimalisme écologique », plus pragmatique, il s’agit avant tout grâce à l’outil informatique de réaliser des bâtiments modernes qui intègrent les paramètres d’énergie et d’écologie comme des éléments constitutifs du projet et qui s’appuient afin de limiter les coûts sur des éléments préfabriqués.
« Dans son ouvrage Architecture and the Environment, édité à Londres en 1998, David Lloyd Jones s’efforce de démontrer que l’architecture « verte » qu’il identifie au «bioclimatic design » n’est ni une pratique marginale, ce qu’elle était avant les années 90, ni une tendance à la mode marquée par un style, mais qu’elle renoue avec toutes les traditions ancestrales, que celles-ci soient vernaculaires ou académiques. » C’est ainsi que chaque pays européen, selon sa propre sensibilité écologique et ses pratiques architecturales, développent, afin d’aller dans le sens d’une architecture plus durable, des démarches qui lui sont propres. Dans les pays du Nord et du Centre de l’Europe tels que l’Allemagne et l’Autriche, l’approche environnementale est d’ores et déjà intégrée aux pratiques. Ainsi en Allemagne celle-ci est devenue une évidence et s’est généralisée dans la majorité des opérations publiques ou privées (exemples des villes de Fribourg et de Stuttgart). Beaucoup de pays (Royaume-Uni, Pays-Bas,…) ont mis en place des grilles d’évaluation qui permettent d’évaluer et de classer en fonction de leur performance « écologique » les bâtiments. Ces grilles prennent en compte des critères, des références ou des objectifs variables d’un pays à l’autre.
Le HQE Français
En France, l’intégration de la thématique « écologie » s’est traduite essentiellement à travers la mise en place du système HQE (Haute Qualité Environnementale) au milieu des années 90. A l’inverse de beaucoup de pays européens il s’agit de certifier une démarche et non pas d’évaluer un bâtiment.
Ce type d’architecture reste cependant facultatif. Pierre Lefèvre dans son livre sur les architectures durables affirme qu’à l’apparition du HQE, la plupart des architectes furent partagés entre quatre attitudes :
– L’évidence : La prise en compte de l’environnement au sens large fait partie intégrante de toute architecture de qualité : « La création architecturale consiste à trouver la bonne réponse à la fois au programme qui leur est soumis et aux données du site dans lequel le projet doit s’inscrire. Le travail sur la lumière, le choix des matériaux durables, la protection aux intempéries font partie des invariantes du métier »
– La réticence : La HQE étant aussi perçue comme une « épreuve » supplémentaire à surmonter en plus des nombreuses réglementations françaises et européennes préexistantes.
– La curiosité : La HQE fut pour certains aussi l’occasion « d’actualiser et approfondir des connaissances et renouveler des méthodes »
– La responsabilité : Le secteur du bâtiment, comme nous l’avons vu, est un des responsables majeurs du réchauffement planétaire. Chacun doit prendre ses responsabilités, l’architecte comme l’urbaniste dans ses projets.
Définition de l’architecture durable
Une définition de l’architecture durable a finalement été formulée en Italie par l’ANAB (Association Nationale pour l’Architecture Bioécologique) : Architecture durable : façon de bâtir selon des principes durables ayant pour objectif d’instaurer un rapport équilibré entre l’environnement et la construction. Le terme « environnement » est à prendre dans son sens large, c’est-à dire environnement naturel mais aussi social, économique et culturel. Par ailleurs, la construction selon les principes de l’architecture durable concerne aussi bien la conception et la réalisation de nouveaux édifices que la requalification du patrimoine existant dans ce domaine.
La notion d’habitat écologique
La notion d’habitat écologique varie beaucoup d’une personne à l’autre en fonction de ce que celle-ci perçoit comme prioritaire pour s’assurer un habitat sain et durable. Ainsi, selon les cas, seront privilégiées :
– la non toxicité presque absolue des matériaux utilisés et donc l’utilisation de matériaux « naturels »,
– les économies d’énergie grâce à une isolation thermique renforcée et l’utilisation des techniques de constructions poussées,
– la prise en compte de toute la durée de vie du bâtiment et de ses matériaux,
– la limitation de l’espace consommé pour la construction du bâtiment (éviter les voiries nouvelles,…),
– l’exploitation maximale de la ressource « soleil » (luminosité, chauffage, énergie…),
– la prise en compte des formes d’architectures traditionnelles et régionales. Toutefois, la plupart des constructions écologiques tenteront de répondre à l’ensemble des caractéristiques susmentionnées.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 L’ARCHITECTURE DURABLE ET LE BOIS
1. QU’EST CE QUE L’ARCHITECTURE DURABLE ?
2. L’IMPORTANCE D’UNE IDENTITE ARCHITECTURALE
3. L’ARCHITECTURE BOIS
PARTIE 2 QUELLE PLACE POUR UNE ARCHITECTURE « BOIS » EN VAL DE LOIRE ?
1. QUELLE(S) IDENTITE(S) ARCHITECTURALE(S) EN VAL DE LOIRE ?
2. LA FILIERE BOIS CONSTRUCTION EN REGION CENTRE
1. LA PERCEPTION DES ACTEURS DU VAL DE LOIRE
2. LA COMMUNE DE LUYNES : PRESENTATION DU TERRITOIRE
3. QU’EN PENSENT LES HABITANTS ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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