L’appropriation de la trace écrite dans le cadre de la pédagogie des classes inversées au lycée en Histoire

« On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir et notre charge ce n’est que redire ce qu’on nous a dit. Je voudrais qu’il corrigeât cette partie, et que, de belle arrivée, selon la portée de l’âme qu’il en a main, il commençât à la mettre sur la montre, lui faisant gouter les choses, les choisir et discerner d’elle-même ; quelquefois lui ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. » .

Montaigne, « Sur l’éducation des enfants », Les essais, Livre I, chap. 26, 1580.

Dans le cadre de mon premier travail de recherche réalisé en M1 MEEF, sous la direction de Mme Anne VEZIER, j’ai travaillé avec un binôme sur le système de la classe inversée comme outil de différenciation afin de favoriser le dépassement d’obstacles notamment d’obstacles en cartographie. Après avoir réalisé trois séances de recherche en classe de Seconde générale et technologique en lycée , nous avions pu constater avec ma binôme que notre sujet de recherche était beaucoup trop large. De ce fait, j’ai ainsi décidé de resserrer mon questionnement de recherche en deuxième année de Master en me concentrant sur l’appropriation de la trace écrite dans le cadre des pratiques inversées. J’ai notamment travaillé cette année avec une classe de Première ST2S (Sciences et Technologies Santé et Social) afin de recueillir mes données de recherche. En outre, j’ai choisi l’approche originale de conjuguer ces pratiques inversées avec le procédé de la tâche complexe, ce qui m’a ainsi permis de constater l’importance de la scénarisation pour l’investissement des élèves dans l’activité, ce qui induit forcément une plus-value pour les apprentissages de savoirs historiques.

En outre, c’est à la suite de la réalisation de ma séquence de recherche que mon sujet de mémoire m’est apparu de manière plus concrète. En effet, j’ai alors remarqué la confusion des élèves face à l’activité proposée. J’ai alors choisi non seulement de travailler sur l’appropriation de la trace écrite dans le cadre de pratiques inversées mais également sur les pratiques scolaires habituelles afin de voir quels procédés didactiques l’enseignant peut mettre en œuvre afin de favoriser l’appropriation de la trace écrite par ses élèves dans le cadre des pratiques inversées.

Il s’agit alors d’étudier le décalage qui peut exister entre les pratiques scolaires habituelles (cours dialogué, étude de document ayant pour but le prélèvement d’informations et la restitution) et les nouvelles pratiques qu’induisent les classes inversées (procédé de l’enquête historique, formulation d’hypothèses). En outre, il convient également de proposer des idées permettant de réduire ce décalage afin de favoriser les apprentissages chez les apprenants. Ainsi, il convient tout d’abord dans ce travail de recherche de rappeler mon cadre théorique et méthodologique. En outre, je me suis également appuyée sur un certain nombre de lectures didactiques afin de m’aider dans mes réflexions et dans la délimitation et la pertinence de mon sujet de recherche. Ainsi, c’est en m’appuyant sur tous ces éléments théoriques que j’ai pu réaliser ma séquence de recherche en classe de Première ST2S. De ce fait, le recueil de données obtenu au cours de cette séquence m’a ainsi permis d’aboutir à un certain nombre d’analyses répondant ou réinterrogeant mon questionnement de recherche.

Cadre théorique et méthodologique de mon travail de recherche

Question initiale et intérêt pour la question de recherche au cours de mon année de Master 1

Premières représentations durant mon travail de Master 1

J’ai commencé à m’intéresser à la pédagogie des classes inversées dès mon année de Master 1 à l’ESPE de Nantes, après avoir lu un article sur la classe inversée et après avoir vu ma tutrice de l’année dernière pratiquer cette pédagogie en classe de Seconde et de Terminale. Au cours de cette année, j’ai alors orienté avec mon binôme notre écrit de recherche sur l’utilisation de la pédagogie des classes inversées afin de développer les compétences en cartographie des élèves. Au cours de ce travail préliminaire en première année, j’ai notamment travaillé autour des premières représentations que j’avais pu avoir sur la pratique de la classe inversée.

Ainsi, le premier problème qui s’est alors posé au cours de mes observations est le fait que la pratique des classes inversées peut provoquer une certaine passivité chez les élèves si elle est mal orchestrée (les élèves impriment la trace écrite et se contentent d’écouter l’enseignante donner des précisions en classe, la plupart n’ouvre même pas leurs cahiers). C’est en tout cas ce que j’ai pu observer dans le cadre d’une classe inversée en Histoire mais aussi en Géographie. De ce fait, il me semble a priori que, pour que les pédagogies inversées soient efficaces, il faille passer peu de temps à relire le cours diffusé avec les élèves mais, au contraire, il faut mieux profiter du temps dégagé en classe pour mettre les élèves en activité sur le temps long (de façon structurée). Ainsi, contrairement à ce que pourrait laisser penser le sens commun, la classe inversée ne met pas au second plan la question de la réflexion des élèves et elle peut même permettre la mise en place d’une différenciation entre les élèves habituellement en difficultés et les élèves habituellement plus performants. Concernant mes premières représentations, il me semble aussi qu’il faille également travailler sur la problématique de l’appropriation des connaissances par les élèves qui peut sembler moins bonne au premier abord. Ainsi, la classe inversée semble être un bon outil pédagogique à condition de bien la mettre en œuvre et de la pratiquer occasionnellement en classe d’Histoire-Géographie. En outre, il me semble également important de préciser que mon travail de recherche analyse la pratique des classes inversées dans le cadre de la science historique et que cette pédagogie inversée a d’autres implications selon les disciplines qui ne sont pas mises en avant dans ce travail de recherche. Ainsi, je développerai dans ce mémoire une analyse autour du processus de recherche historique pour les élèves. Ainsi, à partir d’un questionnement initial, les élèves sont amenés à travailler à partir de sources documentaires afin de construire leurs savoirs. C’est notamment ce processus de recherche historique et son lien avec la pédagogie inversée qui permet de réquisitionner des savoirs donnés par l’enseignant afin d’enrichir le travail de recherche des élèves. C’est de ce fait ce qui constitue la particularité de la science historique dans le cadre des classes inversées.

Elaboration d’un premier questionnement de recherche en Master 1

A l’aide de ces premières interrogations et représentations sur ma question de recherche, j’ai alors pu progressivement travailler mon questionnement de recherche. Déjà en cours de mon travail de recherche de Master 1, j’avais plusieurs fois redéfini mon questionnement. La première question que l’on s’était posée avec mon binôme était : « Comment mettre en place la pratique de la classe inversée efficacement afin que les élèves comprennent et apprennent mieux grâce à une participation plus active en classe ? ». Au fur et à mesure du travail de M1, nous en étions ensuite venues à une problématique finale : «comment le système de classe inversée peut nous permettre, en tant qu’enseignant, de nous concentrer sur les difficultés de chaque élève afin de favoriser le dépassement d’obstacles ? ». A la suite de la relecture de mon travail de recherche de Master 1, je souhaite laisser cette question de côté et davantage resserrer ma focale sur l’appropriation de la trace écrite par les élèves dans le cadre de la classe inversée. Il s’agit donc de savoir dans quelle mesure cette appropriation de la trace écrite peut être consolidée par le passage à la mise en activité en Histoire. Or, cette mise en activité peut être remise en cause par une mauvaise compréhension ou une mauvaise appropriation de la trace écrite (pré acquis faux, erronés, absents, représentations de l’élève explicatives du cours, mauvaise compréhension du cours, manque de travail à la maison).

Problématisation de mon travail de recherche en Master 2

Première problématisation de Master 2 

Dans ce mémoire de recherche, je souhaite travailler sur l’appropriation de la trace écrite par les élèves dans le cadre de la pédagogie des classes inversées. Ma première hypothèse correspond au fait que cette appropriation passe notamment par la mise en activité afin d’avoir une pratique de l’Histoire plus active et plus problématisée pour les élèves . Ainsi, grâce à ce type d’activités, les élèves construisent eux-mêmes leurs modèles explicatifs (qui s’inscrivent dans des registres explicatifs) en problématisant les connaissances auxquelles ils ont accès par le biais de la recherche historique. La méthode de l’enquête permet alors de fixer davantage les savoirs pour les élèves. Ainsi, ma problématique initiale est la suivante : dans quelle mesure la mise en activité consolide l’appropriation de la trace écrite, donc comment le travail des capacités permet de renforcer voir de mettre au point des connaissances ?

Redéfinition et réorientation de ma problématisation

A la suite d’un séminaire de recherche avec Lucie Gomes, j’ai également isolé un nouvel élément de problématisation. Il s’agit de se demander si la trace écrite réaffirme les pistes de réflexions historiques pour les élèves ou si au contraire elle ne serait pas perçue comme une vérité historique figée. Enfin, je souhaite également travailler sur la question des nouvelles pédagogies scolaires afin de savoir si la pratique de la pédagogie des classes inversées, qui sort du cadre traditionnel des habitudes scolaires, permet une bonne appropriation de la trace écrite, alors même que les élèves ne savent pas pratiquer ce genre de nouvelle pédagogie. Ainsi, sans pratique régulière des classes inversées, cette pédagogie peut éventuellement constituer un frein pour le développement des compétences des élèves.

Méthodologie de ma recherche 

Méthodologie initiale de ma recherche

Pour ma méthodologie de recherche, je pensais utiliser différents types de supports afin de recueillir mes données et de pouvoir étudier l’appropriation de la trace écrite sous différents prismes (travail préliminaire à la maison, travail en cours, rendu final à la fin de la séance). Je pensais tout d’abord utiliser des caméras afin de retranscrire des vidéos. Il pouvait en effet être envisageable de filmer un ou deux groupes pendant la réalisation d’une tâche complexe qui nécessiterait l’usage du cours envoyé au préalable. Il était également envisageable de faire une auto confrontation des élèves face à cet enregistrement et d’également filmer ou enregistrer cette confrontation. Enfin, il était aussi possible d’interroger les élèves sur leur travail à la maison quand ils travaillent dans le cadre d’une classe inversée (questionnaire, entretien). Pour chaque recueil de données, il fallait que je choisisse spécifiquement les élèves et que je justifie ce choix dans le cadre des critères que je souhaite étudier pour ma recherche. Il serait également possible de ramasser une trace écrite distribuée aux élèves à la fin de la séquence pour voir quels types d’annotations ils ont pu ajouter ou tout simplement mettre la trace écrite en ligne pour voir leurs modes d’appropriation (recopie, impression etc…).

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Table des matières

INTRODUCTION
I – Cadre théorique et méthodologique de mon travail de recherche
A – Question initiale et intérêt pour la question de recherche au cours de mon année de Master 1
a) Premières représentations durant mon travail de Master 1
b) Elaboration d’un premier questionnement de recherche en Master 1
B – Problématisation de mon travail de recherche en Master 2
a) Première problématisation de Master 2
b) Redéfinition et réorientation de ma problématisation
C – Méthodologie de ma recherche
a) Méthodologie initiale de ma recherche
b) Cadre théorique final
II – Mes lectures didactiques : aide à la réflexion, à la délimitation et à la pertinence du sujet
A – Eléments de réflexion dégagés à la suite de mes lectures didactiques
a) Définition par les chercheurs de la pédagogie de la classe inversée
b) Un nouveau rapport au savoir ?
B – Hypothèses et idées pour la construction de ma séquence de recherche
a) La déconstruction des « habitudes scolaires »
b) La mise en avant d’activités à « haute tension intellectuelle »
III – Réalisation de ma séquence de recherche en classe de Première STSS
A – Mes cours construits en fonction de ma problématique de recherche
a) Réflexion sur l’éthique et la déontologie du chercheur
b) La construction de ma séquence de recherche
c) L’évaluation de la séquence
B – Données recueillies en stage en rapport avec ma problématique de recherche
a) Données filmiques et transcription
b) Productions finales des apprenants
c) Réactions des élèves prises en notes au fil des séances de travail
C – Limites de ma séquence de recherche
a) Des apports théoriques limités sur les pratiques inversées
b) Le travail à la maison
c) Tensions entre chercheur et enseignant
d) Les limites matérielles de la séquence de travail
IV – Analyse de mon recueil de données
A – Un dispositif inversé qui favorise le développement des compétences chez l’apprenant
a) La méthode de l’enquête historique
b) Une formulation des problèmes historiques à nuancer
B – Une appropriation limitée de la trace écrite
a) Une trace écrite mise de côté
b) La nécessité de rompre les « habitudes scolaires »
C – Des pratiques inversées au bénéfice des apprenants
a) Des pratiques inversées valorisantes pour les élèves habituellement plus en difficultés sur les exercices de rédaction, d’analyse de documents et d’attention en classe
b) Des meilleurs élèves en difficultés ?
CONCLUSION

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