L’approche theorique du secteur informel

Depuis les années 70, le secteur informel fait l’objet d’interrogations constantes, aussi bien de la part de la communauté scientifique (économistes, sociologues, anthropologues…) que des institutions chargées de la mise en place des politiques économiques dans les pays en développement (PED). Ces interrogations se justifient à la fois par le poids du secteur informel au sein des économies les plus avancées, et par le manque de connaissances quantitatives solides des comportements à l’origine de son dynamisme. De plus, quelles que soient les hypothèses retenues concernant le taux et le mode de croissance économique dans les PED, il est probable que le secteur informel continuera de croître au cours des prochaines décennies.

Le secteur informel prend une part de plus en plus importante dans l’économie des PED et plus particulièrement en Afrique, en termes de production, de distribution de revenu ainsi que de création d’emplois. De plus, les stratégies de réduction de la pauvreté placent au centre des politiques de développement les questions d’emploisétant liées au secteur informel. Par ailleurs, vu l’impact de la crise économique et financière mondiale des autres crises, il est indéniable que l’économie informelle , qui, dans les pays africains, est à l’origine de la création de plus de 80 % des emplois, a un rôle clé à jouer pour la survie des populations les plus pauvres.

La capacité des décideurs à concevoir et à mettre en œuvre des politiques fondées concernant le secteur informel, suppose qu’ils soient correctement informés des réalités multiformes de ce secteur et reçoivent à temps les données leur permettant d’en suivre régulièrement d’évolution. Cependant, le manque d’information sur l’économie informelle engendre une estimation biaisée de l’économie réelle. Ce manque limite ainsi la compréhension des autorités publiques sur les problématiques telles que la couverture sociale, l’accès au crédit, ainsi que le différentiel de rémunération entre l’emploi formel et informel.

L’APPROCHE THEORIQUE DU SECTEUR INFORMEL

Actuellement, le secteur informel envahit la quasi-totalité des domaines d’activités dans les pays africains. La présence du phénomène est constatée un peu partout dans ces pays et touche gravement presque tous les domaines d’activités tels que l’hôtellerie, le secteur aurifère, le secteur artisanal, le secteur commercial… au point de concurrencer, à son avantage, le secteur formel. Ces activités non structurées existent partout, sauf dans l’enregistrement statistique de l’Etat. Ce sont des commerçants, épiciers et autres boutiques, désignés à tort comme faisant partie de l’économie souterraine, relevant du secteur dit « informel ». Existant depuis des lustres, ce secteur continue à encombrer infructueusement l’économie de chaque pays africain, sans que leurs Etats ne puissent apporter la solution adéquate.

Généralités du secteur informel

L’économie informelle prospère là où sévissent le chômage, le sous-emploi, la pauvreté, l’inégalité entre les sexes et la précarisation du travail. Elle joue un rôle important dans de telles conditions, particulièrement en matière de création de revenu, parce qu’elle est relativement accessible, même sans beaucoup d’instruction ou de qualifications ni même de gros moyens techniques ou financiers. Toutefois, dans la plupart des cas, on entre dans le secteur informel non pas par choix, mais par nécessité absolue et pour avoir accès à des activités génératrices de revenu .

Historique

Les débats entamés depuis quelques années sur les alternatives possibles au système économique dominant ont parfois fait porter un nouveau regard sur le concept du secteur informel. Celui-ci s’est vu attribué le rôle d’une possible « alternative informelle » (selon LAUTIER en 2003) à la mondialisation libérale ou capitaliste. Dans le cadre des PED, la même potentialité lui est attribuée en terme de stratégie de développement. Mais avant d’ambitionner de telles perspectives pour ce secteur, encore faut-il savoir de quoi l’on parle. En effet, après plus de 30 ans de débat, la notion reste encore floue et on ne sait pas trop quelles politiques lui appliquer. La genèse de la notion du secteur informel nous renvoie au début des années 50 avec l’apparition des analyses dualistes des économies de développement et la réflexion sur le problème de l’absorption par le secteur moderne d’une offre de travail croissante dans les villes.

D’après l’approche dualiste, le rôle de l’agriculture dans le développement réside dans sa capacité à dégager de la main d’œuvre pour être utilisée dans le secteur moderne ou l’industrie. Cependant, l’hypothèse de surplus de main d’œuvre de Lewis suscite des controverses même si la main d’œuvre est libérée par le secteur agricole, ce qui est le cas de la majorité des pays africains tel que Madagascar. Ces pays, en effet, ne sont pas dotés d’une base industrielle capable d’absorber ces surplus de main d’œuvre. Les conditions ne sont pas toujours réunies pour mettre un environnement favorable à l’essor de l’industrie. L’insuffisance de la demande de travail industriel n’empêche pas une migration dans les villes. Le secteur tertiaire est de ce fait hypertrophié. Ces circonstances ont pour conséquence une croissance urbaine avec celle d’un chômage urbain. L’Afrique regroupe alors le plus grand nombre d’habitant de bidonville avec 199,5 millions soit 61,7% de la population urbaine.

Dans les PED, la population urbaine ne cesse de croître depuis 1970 et ce nombre va atteindre 3.9 milliards en 2030. Nous constatons alors que les phénomènes d’urbanisation galopante touchent d’une manière importante les PED. Ces pays subissent un exode rural non maîtrisé se caractérisant par une urbanisation sauvage se manifestant par la montée de la délinquance et de la violence liées à la misère et au chômage. Dans cette conjoncture, aucune éradication de la pauvreté n’est envisageable. Et pour cause, les villes se trouvent envahies par les populations sans emploi fixe vivant dans des conditions précaires. On assiste alors à un glissement de la pauvreté rurale vers les villes.

A partir des années 80, la mise en place des programmes d’ajustement structurel (PAS) sous l’égide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM), dans la majorité des PED, avec ses effets pervers (réduction des salaires, diminution des effectifs dans la Fonction publique…), va favoriser une explosion du secteur informel. Les PAS vont imposer le désengagement de l’Etat dans les économies en développement, tant par leurs investissements que par leurs effectifs. A un moment où l’offre de travail est en pleine croissance, la chute des salaires, la multiplication des licenciements et plus généralement l’aggravation de la crise économique et sociale engendrée par ces politiques d’austérité vont contribuer à faire du secteur informel le plus grand pourvoyeur d’emploi.

En définitive, c’est l’incapacité de l’Etat de répondre aux besoins fondamentaux de la population dans les domaines de l’emploi, de la santé, du logement et de l’éducation qui est à l’origine du foisonnement du secteur informel. Cette ampleur grandissante du secteur informel amène donc à s’interroger sur l’importance qu’il revêt pour le monde en développement. Au vu de l’importance de ce secteur, on comprend aisément l’enjeu des débats qu’il représente pour les politiques de développement et de lutte contre la pauvreté.

Définitions et concepts

Le secteur informel est une représentation d’activités difficiles à définir. Il se définit davantage par ses manifestations que par un concept précis dans ce contexte. Il nous paraît important de souligner qu’aucune définition n’a rencontré l’unanimité des auteurs sur l’informalité de ces activités hétérogènes. Le concept du secteur informel a toujours fait l’objet de vifs débats entre utilisateurs et producteurs statistiques mais aussi au sein de chacun de ces deux groupes. En effet, les chefs d’entreprises, lassés de la concurrence déloyale qu’ils subissent sans cesse, confondent l’activité des petits artisans et autres brocanteurs avec les agissements des entreprises modernes cachant une partie de leurs activités pour payer moins d’impôts, ou ne déclarant pas leurs employés pour diminuer leurs coûts de production. Par ailleurs, les utilisateurs des données statistiques comme les comptables nationaux, les sociologues ou autres concepteurs de politiques économiques, peuvent aussi avoir leur propre définition du secteur informel ou de l’activité informelle, qui diffèrerait de celle du statisticien d’enquête. Il convient, dans cette deuxième section, d’avancer différentes définitions du secteur informel formulées par la 15ème CIST, LATOUCHE, J.P. PEEMANS, le BIT, Larousse et l’INSTAT.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : L’APPROCHE THEORIQUE DU SECTEUR INFORMEL
Chapitre 1 : Généralités du secteur informel
Chapitre 2 : Les différentes formes de l’économie informelle
Chapitre 3 : Théorisation du secteur informel
PARTIE II : RESULTATS EMPIRIQUES DU SECTEUR INFORMEL
Chapitre 1 : Présentation et interprétation des données
Chapitre 2 : Etude du secteur informel
CONCLUSION

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *