L’approche sociologique de Michel Bozon

L’approche sociologique de Michel Bozon

Michel Bozon, sociologue et anthropologue de formation, s’interroge sur l’impact de l’évolution de la société sur la sexualité et plus spécifiquement ses normes au sein des citoyens. Cette approche pourrait compléter la théorie de Freud qui est plus centrée sur l’individu et son évolution naturelle. Selon Bozon, la signification de la sexualité est la suivante : « La sexualité est doublement politique, parce qu’elle incorpore un contexte culturel et social, et parce qu’elle contribue en retour à structurer les rapports sociaux en les extériorisant et les mettant en scène». (Bozon, 2009, p. 5). Ce qui signifie qu’il n’y a pas de sexualité sans l’influence de la société et vice versa. Selon Michel Bozon, la sexualité est le fruit d’une construction et d’une transformation sociale. L’histoire influence l’organisation sociale et conçoit des représentations de la sexualité, de l’intime, du désir, etc.

La rencontre sexuelle est une activité importante de la société. Le rapport à celle-ci est primordial car il forge les expériences sexuelles en fonction du groupe, des espaces sociaux et des pratiques culturelles. Dans l’histoire, la sexualité a été un lent processus d’indépendance. Les institutions comme l’Église, la famille, la communauté locale, ont perdu une part de contrôle sur les gens. Grâce aux méthodes contraceptives, la sexualité se distingue de la conjugalité et de la procréation. Ces évolutions sont représentées dans l’histoire de la domination masculine et de l’émancipation des femmes. Une individualisation de la sexualité a vu le jour, ce qui amène de nouvelles normes. Cidessous, voici plus spécifiquement l’évolution de la sexualité à travers les âges (Leze, 2003, p. 167-168). L’époque romaine se traduit par une sexualité libre dans laquelle la population obéissait à une classe sociale. Les femmes mariées et les vierges étaient protégées. Par contre, l’esclave devait se plier aux désirs du citoyen. Le christianisme met un terme à ces pratiques et amène la notion de péché. Seuls des époux peuvent s’unir sexuellement en vue d’avoir des enfants (fonction principale). L’Église instaure une autre forme de sexualité et de nouvelles moeurs. Elle procède, en quelque sorte, à un contrôle social. Après la seconde guerre mondiale, c’est « le temps de la libération des corps et des droits de la femme » (Manoukian, 2011, p. 44). Il y a eu l’industrialisation, le cinéma, la littérature, etc. Les gens aspiraient à plus de libertés et à un plaisir soutenu et immédiat. De plus, avec l’arrivée du moyen de contraception, en 1951, les femmes peuvent avoir des rapports sexuels sans tomber enceinte. La sexualité revêt une nouvelle fonction qui est celle du plaisir. Ce changement est un élément important lors de l’émancipation de la femme. Mais actuellement, les femmes ne considèrent plus la contraception comme une conquête mais plutôt comme une discipline ou une contrainte (Marquet, 2004).

À l’époque contemporaine, la médicalisation de la sexualité a permis d’établir des normes telles que le fait de se protéger des risques lors de rapports sexuels. Elles sont survenues plus fortement après l’apparition du Sida. Il y a divers points de vue sur l’évolution sexuelle à cette époque. En effet, actuellement, on trouve plusieurs types de couples, une visibilité de la sexualité à travers le cinéma, les médias, l’école (éducation sexuelle), etc. De nos jours, un adoucissement de la morale sexuelle se fait ressentir, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe plus. À présent, les normes sont plus considérées comme des appréciations indiquant aux individus quel type de comportement est adéquat. Les nouvelles normes sont diffusées grâce à Internet, l’école (éducation sexuelle), les médias, les mouvements sociaux (gays, féminisme, etc.), le cinéma, la loi, etc. Elles nous influencent étant donné que l’individu s’adapte à la réalité. Elles donnent du sens à nos expériences en rapport avec nos aspirations (personnelles, relationnelles, etc.) et notre propre image. Les discussions auprès des amis et de la famille nous aident également à déterminer sa sexualité. Selon Michel Bozon, la sexualité se développe et se prolonge dans le temps en fonction des normes de la société (Marquet, 2004).

Finalement, tous ces éléments nous amènent à réfléchir davantage sur la sexualité car nous sommes plus responsables, nous avons une plus grande maîtrise de nous-mêmes, etc. La morale a engendré une sexualité plus individuelle, un épanouissement personnel et social. Ce qui veut dire aussi qu’elle peut amener à mettre de côté les personnes qui n’ont pas les moyens ou les capacités d’avoir une sexualité. La sexualité se diffère à travers les siècles car les normes sexuelles se transforment et évoluent en fonction des événements historiques touchant à la sphère de l’intime, à nos représentations (du genre, du bien ou du mal, etc.) et aux pratiques culturelles. En lien avec l’histoire et l’évolution des moeurs, les fonctions de la sexualité retenues sont notamment la reproduction et le plaisir. Bien entendu, ceci est un très bref résumé de l’évolution de la sexualité. Toutefois, mon but n’est pas de détailler toutes les époques et son rapport à la sexualité. L’idée est de constater qu’elle évolue selon les normes de la société et qu’elle est aussi le produit de notre culture. Ce qui veut dire que la sexualité peut être différente dans chaque culture et pays, ce qui la rend plus difficile à définir. Je vous invite donc, à présent, à prendre connaissance des différentes composantes de la sexualité, ci-dessous.

Transitions marquantes dans la vieillesse

Ces changements, ci-dessous, n’apparaissent bien entendu pas les uns après les autres. Ce phénomène peut se produire mais ce n’est pas l’apanage de tous.

• Surmonter le décès de son conjoint Le veuvage, qui concerne davantage les femmes que les hommes, est un moment de transition plus difficile que la retraite. Cette expérience bouleverse à jamais la vie d’une personne, que cela soit la mort de son conjoint ou de sa conjointe. Cette absence est douloureuse et difficile à accepter car le défunt ou la défunte a vécu avec la personne pendant une bonne partie de sa vie. De plus, si son réseau social s’était déjà amoindri, le décès de son compagnon ou de sa compagne renvoie à un sentiment de solitude plus accru. Le veuvage marque une reformulation du lien conjugal et non sa fin car les souvenirs, les objets, la famille entourant la personne renvoie à l’être perdu. La personne ne pourra jamais mettre de côté cette partie d’elle-même car elle a parcouru un bout de chemin avec le défunt ou la défunte et s’est construite une vie.

Ce sont surtout lors des repas, des rencontres familiales, des soirées que la solitude se fait ressentir de façon plus forte car la personne a perdu non seulement un être cher mais également un partenaire d’activités journalières ou hebdomadaires. De ce fait, la personne se questionnera sur le sens de certaines occupations. Dorénavant, un des enjeux sera de passer par une phase de deuil, de combattre le repli sur soi, de mettre en place un nouveau projet de vie, de trouver de nouvelles activités, etc. Finalement, la personne doit réorganiser sa vie et donner un nouveau sens à son existence, ce qui n’est pas chose facile lorsque la personne a un âge peut-être déjà avancé et que son réseau social se restreint davantage. De façon plus explicite, elle devra renforcer son réseau familial ou son réseau d’amitiés à travers la continuité de certaines activités si elle ne veut pas rester replier sur elle-même. Étant donné que la personne se définissait peut-être également à travers l’être cher, son identité est mise à mal. Elle doit découvrir de nouveaux centres d’intérêts et réaliser certaines activités seules, ce qui veut dire de donner du sens à ce qu’elle vit. Toutefois, si la perte du conjoint se produit tardivement, la personne aura moins de possibilités de transformation identitaire en raison de problèmes de santé limitant les activités, d’un revenu plus bas diminuant également la possibilité de nouveaux engagements, etc. (Caradec, 2009, p. 38-41).

• Entrer en maison de retraite Selon les analyses de Goffman durant les années 1960 et 1970, l’entrée en institution consiste en un processus de dépersonnalisation qui peut être périlleux pour l’identité de la personne. Suite à cela, les établissements ont humanisé l’accompagnement en prenant en compte l’avis des résidents, en mettant en place de l’animation socioculturelle, etc., et en créant un lieu de vie communautaire. Dans une maison de retraite où le résident côtoie des personnes physiquement et mentalement déficientes, l’enjeu est de préserver son identité. Les personnes dépendantes renvoient une image de ce que la personne a peur de devenir. Elle n’a pas envie d’être associée à ce type de pathologies. C’est peut-être en partie pour cela que la personne valide mettra en place des stratégies d’évitement en restant dans sa chambre et en limitant ainsi les contacts avec le personnel et les autres résidents. De plus, la communication avec les résidents, qui ont des capacités intellectuelles et physiques diminuées, reste difficile (Caradec, 2009, p. 38-41). Selon Stefano Cavalli, sociologue et chercheur, le Valais est l’un des cantons avec, Vaud et Genève, à avoir étoffé les prestations de soins à domicile.

Les personnes peuvent rester plus longtemps à la maison grâce à l’aide des centres médico-sociaux et au succès de la politique du maintien à domicile. Quand la personne n’arrive plus à assumer d’être seule à la maison à cause de son état de santé, l’entrée en EMS se présente comme une solution. D’ailleurs le huitante pour-cent des gens en EMS sont dépendants. Dans le cadre de la même émission, Geneviève Latham, directrice du home « Le Glarier » à Sion, précise qu’une bonne programmation est nécessaire lors d’une entrée en EMS (Canal 9, Émission du 19.01.2015). Le processus d’entrée en EMS débute par le choix de l’établissement (lorsque cela est possible), le fait de pouvoir choisir, probablement le dernier domicile, fera en sorte que la personne se familiarise plus facilement dans les locaux de l’EMS. Le personnel du home sera un point de repère pour la personne âgée. Lors de l’entrée, le fait de discuter avec quelques résidents aidera, certainement, la personne à s’orienter dans ce nouveau lieu. La personne pourra, si possible, recréer un chez soi en personnalisant et en décorant sa chambre comme elle le désire. De ce fait, elle se construit un nouveau monde plus intime (Caradec, 2009, p. 38-41). Nous avons cité, ci-dessus, la notion de dépendance à plusieurs reprises. Mais que signifie-t-elle concrètement ? Avant d’aller plus loin, je souhaite aborder et expliquer quelques notions.

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Table des matières

1. Choix de la thématique
1.1 Expérience avec le terrain
1.2 Motivations personnelles
1.3 Motivations socio-politiques
1.4 Liens avec le travail social
2. Question de recherche
2.1 Mon choix
2.2 Objectifs de recherche
3. Cadre théorique
3.1 La sexualité
3.1.1 Définition de la sexualité
3.1.2 Approches de la sexualité
3.1.3 Différents aspects de la sexualité
3.1.4 Les besoins fondamentaux d’Abraham Maslow
3.1.5 En bref
3.2 Vieillissement
3.2.1 Définition du vieillissement
3.2.2 Diverses formes de vieillissement
3.2.2.1 Vieillissement au niveau physique
3.2.2.2 Vieillissement au niveau identitaire
3.2.2.3 Vieillissement au niveau comportemental
3.2.2.4 Vieillissement social
3.2.3 Transitions marquantes dans la vieillesse
3.2.4 Dépendance, autonomie et auto-détermination
3.2.5 En bref
3.3 Sexualité des personnes âgées
3.3.1 État des lieux
3.3.2 Stéréotypes de la sexualité des personnes âgées
3.3.3 Rapport au corps
3.3.4 Estime de soi
3.3.5 Intimité
3.3.6 Sexualité évolutive
3.4 L’EMS
3.4.1 Sexualité en EMS
3.4.1.1 L’assistance sexuelle
3.4.2 En bref
4. Hypothèses de recherche
5. Méthodologie
5.1 Terrains d’enquête
5.1.1 Échantillon
5.2 Méthodes de collecte des données
5.3 Enjeux éthiques
6. Cadre empirique : Analyse de données
6.1 Thèmes ressortis des entretiens
6.1.1 Représentation de la sexualité et de celle de la personne âgée en EMS
6.1.1.1 En lien
6.1.2 Dispositifs en lien avec la sexualité dans les trois EMS
6.1.2.1 En lien
6.1.3 Expressions de la sexualité dans les trois EMS
6.1.3.1 Formes, manières et moments propices
6.1.3.2 Possibilité des résidents de discuter de sexualité avec le personnel
6.1.3.3 En lien
6.1.4 Pratiques professionnelles des six intervenants
6.1.4.1 En lien
6.1.5 Difficultés liées à la sexualité du résident selon les professionnels
6.1.5.1 En lien
6.1.6 Marge de manoeuvre des six professionnels
6.1.6.1 En lien
6.1.7 Place du travail social, dans un EMS, en lien avec la sexualité du résident
6.1.7.1 En lien
6.2 Vérification des hypothèses
6.3 Réponse à la question de recherche
7. Bilan de la recherche
7.1 Perspectives professionnelles
7.2 Réajustements et limites de la recherche
7.3 Bilan professionnel et processus d’apprentissage
7.4 Bilan personnel
8. Sources
8.1 Livres et ouvrages
8.2 Articles, rapports, présentations et brochures
8.3 Émissions TV et radio
8.4 Sites internet
9. Annexe
9.1 Les grilles d’entretien

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