Le numérique tient une place de plus en plus importante dans le quotidien de chacun. Certaines professions exigent parfois une parfaite maîtrise des outils numériques. Il est important de saisir les différentes possibilités offertes par le numérique. L’école est impliquée dans la propagation de ces nouvelles technologies. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une matière enseignée à part entière, les élèves sont amenés à acquérir des compétences liées à l’utilisation de ces outils tout au long de leur scolarité. Les enseignants doivent également apprendre à laisser les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) entrer dans leur classe. Bien que certaines études montrent qu’il existe encore des enseignants quelque peu réfractaires aux nouvelles technologies, le ministère de l’éducation nationale encourage vivement les enseignants à prendre conscience des bénéfices et des apports des TICE. En effet, l’outil numérique peut permettre aux enseignants de mettre en place une différenciation pédagogique efficace.
Les apports théoriques de la recherche
La lecture dans notre société
La littératie est définie par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) de la manière suivante : il s’agit d’une aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités (OCDE, 2000). La lecture est une compétence fondamentale dès l’école primaire. Elle est souvent une condition d’accès au savoir et se révèle nécessaire pour comprendre les consignes d’un exercice, résoudre des problèmes proposés par l’enseignant, ou pour apprendre une leçon. De plus, l’apprentissage de la lecture a un réel impact sur la future vie professionnelle et sociale des élèves.
L’apprentissage de la lecture dès l’école maternelle
Lire, c’est extraire d’une représentation graphique du langage la prononciation et la signification qui lui correspondent. La lecture fait partie de plusieurs domaines du Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture (SCCCC). En effet la lecture s’inscrit dans le domaine 1, les langages pour penser et communiquer, dans le domaine 2, les méthodes et outils pour apprendre, mais également dans le domaine 5, les représentations du monde et de l’activité humaine (à travers la littérature).
Cet apprentissage évolue tout au long des quatre cycles et débute dès le cycle 1, cycle des apprentissages premiers. Les programmes de 2015 mettent l’accent sur l’aspect langagier à l’école maternelle.
Le domaine « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » réaffirme la place primordiale du langage à l’école maternelle comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous.
Le langage oral
Les élèves de maternelle vont être stimulés par les enseignants dans le but d’oser entrer en communication avec autrui. La compétence liée au langage oral ne s’arrête pas là, l’élève doit pouvoir s’exprimer et se faire comprendre par les autres. Les enseignants ont pour but de développer le lexique des élèves afin d’enrichir leur vocabulaire. A la fin du cycle 1, les élèves ont considérablement enrichi leur vocabulaire et connaissent entre 2000 à 2500 mots. Cet apprentissage a eu lieu sur un laps de temps assez court. Le travail lexical est une des bases de l’apprentissage de la lecture.
Deux types de langages seront travaillés pendant les trois années du cycle 1 : il s’agit du langage d’évocation et du langage en situation :
– Le langage en situation est la forme de langage qui permet aux élèves d’interagir les uns avec les autres, il s’agit de la première forme de langage acquise par les enfants. Les mots sont en lien direct avec ce qu’ils voient, le discours est assez pauvre et les phrases peuvent être très courtes. Par exemple, deux enfants qui discutent dans la cour de récréation peuvent dire « regarde ça c’est beau ! », les enfants ont compris de quoi il s’agissait, car le discours est directement lié à la situation en cours.
– Le langage d’évocation quant à lui est travaillé plus tard, car il nécessite de la structuration et de la précision. Les élèves doivent être capables de décrire ce dont ils parlent en alimentant leurs récits par des détails (lieu, protagonistes, actions). Cette forme de langage est difficile à acquérir, les progrès des élèves s’accompagnent d’un accroissement du vocabulaire et d’une organisation de plus en plus complexe des phrases . Ce langage est en lien étroit avec l’écrit car il est plus élaboré et exige une explicitation et une structuration importante. Si on reprend l’exemple des deux enfants dans la cour de récréation, en situation de langage d’évocation ils vont devoir expliciter et enrichir leur phrase afin de se faire comprendre par tous.
L’apprentissage de la lecture se greffe sur des habiletés cognitives, sociales et linguistiques qui se sont développées depuis le plus jeune âge. La plus importante de ces habiletés est le langage, qui fournit la base de la lecture .
L’éveil de la conscience phonologique
Pour pouvoir lire et écrire, les enfants devront réaliser deux grandes acquisitions : identifier les unités sonores que l’on emploie lorsqu’on parle français (conscience phonologique) et comprendre que l’écriture du français est un code au moyen duquel on transcrit des sons (principe alphabétique) . Les enfants vont être stimulés afin d’être capables de découper les mots en syllabes, l’enseignant peut leur proposer de scander les syllabes en tapant dans les mains. La syllabe est l’unité la plus facile à percevoir, il est donc judicieux de commencer par ce travail avec les élèves de maternelle. Ils seront ensuite amenés à travailler les ressemblances et les différences entre les mots en identifiant notamment les syllabes d’attaque et les rimes. L’enseignant pourra alors leur proposer d’intervertir les syllabes d’un mot sans utiliser de support écrit. Ces jeux phoniques ont pour but d’éveiller la conscience phonologique des élèves en vue de les préparer au travail de lecture.
L’apprentissage du nom des lettres est un travail important en maternelle car il constitue une base sur laquelle l’enseignant de cours préparatoire se reposera pour faire correspondre chaque lettre au « bruit » qu’elle fait. Les élèves de maternelle se confrontent également à l’écrit, ils commencent par écrire leur prénom puis peu à peu l’enseignant leur proposera d’encoder des mots qui ne contiennent pas ou peu de son complexe .
Ces premières expériences ne signifient pas que l’enfant est capable de lire à la fin du cycle 1, mais il a développé sa curiosité pour la langue française. De plus les activités proposées par l’enseignant lui ont permis de créer les premiers liens entre les graphèmes et les phonèmes. Ces correspondances graphophonologiques sont indispensables à l’apprentissage de la lecture. Le cycle 1 doit donc aider chaque enfant à améliorer ses préalables langagiers dans le but de réduire les différences entre élèves (notamment sur le plan lexical).
Les mécanismes de la lecture
La capacité de lire repose sur deux processus : la reconnaissance des mots et la compréhension des phrases. La reconnaissance des mots est un processus cognitif qui fait correspondre des graphèmes à des phonèmes alors que la compréhension est un processus qui permet de donner du sens aux phrases écrites (Gaussel, 2015) .
Les étapes de l’apprentissage de la lecture
Pour être capable de lire, l’enfant doit avoir compris que les mots sont composés d’unités plus petites tels que les syllabes et les phonèmes. La première étape du processus d’apprentissage de la lecture consiste donc à éveiller la conscience phonologique de l’élève. Il doit apprendre à manipuler les sons et commence à comprendre le principe alphabétique. L’élève comprend peu à peu qu’à une lettre ou à un groupe de lettres correspond un phonème. Une fois que le principe alphabétique est plus ou moins compris par l’élève et qu’il a une connaissance nécessaire des lettres de l’alphabet (nom de la lettre, son qu’elle produit et tracé) il peut commencer à décoder. Cette activité commence en CP et s’appuie donc sur le travail effectué en cycle 1.
Le décodage est comme un outil de conversion permettant de déchiffrer les symboles d’un nouveau langage (Navarro, 2017) . Le travail de décodage est généralement long et difficile, une fois que le mot a été décodé par le lecteur cela ne signifie pas qu’il a compris ce qu’il vient de déchiffrer. Le lecteur fait donc appel au lexique qu’il a en mémoire pour créer des liens avec les mots qu’il décode d’où l’importance de l’enrichissement lexical en cycle 1.
L’enseignant doit faire en sorte de confronter régulièrement les élèves aux mots de la vie courante tels que les jours de la semaine et certains mots de liaison. Ainsi au fur et à mesure de ces confrontations, les mots sont enregistrés et stockés dans la mémoire des apprentis lecteurs. Ils peuvent ensuite reconnaitre les mots par « voie directe » c’est-à-dire qu’ils reconnaissent directement le mot sans avoir besoin de passer par l’étape du décodage. Cette compétence est acquise peu à peu pour être ensuite maitrisée par les lecteurs experts. Le lecteur expert a très peu recours au décodage, il a emmagasiné la plupart des mots dans sa mémoire et il est capable de faire appel à ce lexique lors de la lecture. Le décodage, qui est la « voie indirecte », est utilisé lors de la lecture de mots nouveaux pour faire correspondre les lettres aux phonèmes et pouvoir ensuite avoir accès au sens du mot lu.
Les difficultés liées à la lecture persistent
Les résultats de l’enquête PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study qui est traduit par le Programme international de recherche en lecture scolaire) qui ont été révélés le 5 décembre 2017 montrent que la France accuse une réelle baisse du niveau de lecture et de compréhension des élèves en fin de cycle 3. Ce déclin a débuté quinze ans auparavant et la France est désormais au 34ème rang d’un classement regroupant 50 pays .
Les enseignants déclarent pourtant consacrer 330 heures à l’enseignement de la langue française dont 165 heures dédiées spécifiquement à la lecture compréhension. Le temps consacré à l’étude du Français excède de 15% la durée prévue par les programmes. Il semblerait que la source du problème ne vienne pas de la quantité de cours de Français que les élèves reçoivent, mais plutôt de leur qualité. En effet l’enquête pointe du doigt la formation continue des enseignants en France, 38% des élèves ont un enseignant qui n’a reçu aucune formation en lecture-compréhension au cours des deux dernières années alors que la moyenne des autres pays européens s’élève à 22%. On constate alors un écart entre les méthodes de travail selon les pays, par exemple en France seulement 41% des élèves se voient demander au moins une fois par semaine de comparer ce qu’ils ont lu à des faits qu’ils ont vécu contre 82% en moyenne dans les pays européens ayant un score supérieur à celui de la France.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Les apports théoriques de la recherche
1 La lecture dans notre société
1.1 L’apprentissage de la lecture dès l’école maternelle
1.1.1 Le langage oral
1.1.2 L’éveil de la conscience phonologique
1.2 Les mécanismes de la lecture
1.2.1 Les étapes de l’apprentissage de la lecture
1.2.2 Les difficultés liées à la lecture persistent
1.3 La lecture comme critère de réussite
1.3.1 Les enjeux liés à la lecture
1.3.2 La lutte contre les inégalités en milieu scolaire
2 La différenciation pédagogique grâce à l’outil numérique
2.1 Qu’est-ce que la différenciation ?
2.1.1 Bref historique de la pédagogie différenciée
2.1.2 Définition de la différenciation
2.2 La place du numérique à l’école
2.2.1 Vision et utilisation du numérique par les enseignants
2.2.2 Intérêts de l’usage des TICE
2.2.3 Les spécificités de l’outil d’aide à la lecture lire couleur
Formulation de la problématique
Partie 2 : Analyse
1 Présentation de la démarche
1.1 Contexte de l’expérimentation
1.2 Difficultés observées en classe
1.2.1 Hypothèses
1.3 Déroulement de l’expérimentation
1.3.1 Présentation des élèves concernés
1.3.2 Le matériel nécessaire
1.3.3 La procédure
2 Résultats et observations
2.1 Les résultats obtenus
2.1.1 Lecture sans modification du texte
2.1.2 Lecture avec modification du texte
2.1.3 Evolution des confusions de sons
2.1.4 Temps de lecture selon les différents extraits
2.1.5 Autoévaluation des élèves
2.2 Discussion et analyse des résultats
2.2.1 Analyse des résultats obtenus sans modification de texte
2.2.2 Analyse des résultats obtenus avec modifications de texte
2.2.3 Limites et perspectives
Conclusion
Bibliographie
Annexes