PRESENTATION DE LA THESE MERE
« DES PRATIQUES SOCIALES A LA CLASSE : ELABORER DES CONNAISSANCES DE CHIMIE AU COLLEGE » est la thèse présenté par Alfa Oumar DIALLO et soutenue le 23 juin 2000 à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan.
L’analyse de l’enseignement dispensé dans son pays, la Guinée, a poussé l’auteur à « utiliser les pratiques sociales pour donner un sens à l’enseignement de la chimie. Il s’agit de déceler dans les actions de quelques professionnels les éléments transférables vers le savoir scolaire à travers de ce qu’ils utilisent, ce qu’ils disent et de ce qu’ils font. » .
LE CADRE THEORIQUE
En ce qui concerne le cadre théorique, celui-ci est centré sur les savoirs d’actions qui sont des savoirs construits par l’action et en général spécifiques à des situations contextualisées et personnalisées. Ces savoirs d’action donnent aux élèves des références que J. L MARTINAND (1986) a développé sous le thème de référent empirique.
Les référents empiriques sont des référents structurés par les pratiques. Ils ne se limitent plus aux objets, aux phénomènes, aux actions sur les objets, ou encore aux interventions sur les phénomènes mais ils englobent aussi des procédés, des descriptions, des règles d’action impliquant des connaissances et des savoirs, des langages. Les savoirs sont dépendants des pratiques : il n’y a pas de pratiques sans savoirs et il n’y a pas de savoirs sans pratiques. L’abstrait et le réel ne prennent de sens que dans la pratique. Selon la référence on a des éléments de motivation, des éléments de la compétence. Il s’agit donc de relier les buts, les actions pédagogiques et didactiques avec les situations, les tâches et les qualifications d’une pratique donnée. J. L MARTINAND (1986) a catégorisé le référent empirique en trois composants :
– la phénoménotechnique qui inclus les connaissances en savoirs faire expérimentaux : règle de montage, la mise en œuvre pour réussir les manipulations, les conditions de sécurité.
– La phénoménographie, ou la description première du phénomène basée sur une connaissance empirique.
– La phénoménologie : description savante du phénomène c’est-à-dire en termes de concepts, de modèles ou de théories.
L’apprentissage se fera par « l’observation imitation » qui est un apprentissage de comportement sous tendu par un phénomène de reproduction sociale.
L’ENTRETIEN AVEC LES PROFESSIONNELS
En dernier lieu, la faisabilité du projet nécessite la coopération des professionnels. Ces derniers ont été interrogés d’une part sur leur conception de l’apprentissage, la façon dont ils envisageraient leur participation, mais aussi sur la perception qu’ils ont de leur impact sur l’environnement. Il s’agit donc de repérer le savoir caché dans l’agir professionnel dans les pratiques qui pourraient être utilisées pour pallier l’absence de référent empirique dans l’enseignement scolaire. Deux entretiens semi directifs ont été effectués (entretien exploratoire et entretien d’approfondissement) par enregistrement sur bande magnétique avec les mêmes professionnels et pour chacune des pratiques sociales.
Pour le choix des professions, les trois aspects suivants ont été pris en compte :
● Des pratiques sociales accessibles : courantes dans le milieu des élèves et leur accès leur sont relativement facile.
● Des pratiques sociales en relation avec le programme : proches des contenus des programmes enseignés en chimie au collège.
● Des pratiques sociales susceptibles de générer un grand nombres de référents : elles peuvent être sollicitées pour l’illustration de nombreuses notions. En fonction de ces critères, dix pratiques sociales composées de six pratiques artisanales (forgeron orfèvre, charbonnier, chargeur de batterie, salinier, savonnier et bouilleur), d’une pratique industrielle (plasticien), d’une pratique domestique (cuisinière), et de deux pratiques techniques (technicien des eaux de consommation et technicien des eaux minérales) dont le statut est différent des autres.
LES RESULTATS DES ENQUETES ET DES ENTRETIENS
L’ETAT DES LIEUX DES COLLEGES GUINEENS
L’étude du contexte guinéen a montré la vétusté des locaux ; le manque de matériels didactiques, d’équipements, de moyens financiers ; la faiblesse du taux d’encadrement en chimie, la routine et l’absence de volonté de rénovation des pratiques. Du point de vue formation des enseignants il a été constaté l’insuffisance et l’obsolescence des documents utilisés ; la résistance à illustrer les cours par des travaux pratiques même peu coûteux ; l’existence des enseignants qui apprennent à enseigner « sur le tas » et qui ne disposent de formation pour conduire des activités pratiques au niveau du collège.
L’analyse du programme a permis de mettre en exergue les points suivants : aucun horaire n’est prévu pour les activités pratiques et que la majorité des thèmes proposés pour les activités pratiques n’est pas réalisable avec les moyens disponibles. Aucune activité documentaire ne figure dans le programme. Pour les expériences proposées, il n’existe pas de liste de matériels ni de feuille de TP. Peu de savoir-faire imposé par le programme sont compatibles avec les moyens disponibles.
LES RESULTATS ET LES INTERPRETATIONS DES ENQUETES AUPRES DES ELEVES
Au niveau des enquêtes menées auprès des élèves, la majorité des réponses réfèrent au milieu scolaire. Par exemple l’acide sulfurique, produit couramment utilisé par le chargeur de batterie est sollicité par le professeur de chimie, ce qui traduit une absence d’inscription des connaissances scolaires dans la vie quotidienne. Les apprenants n’établissent, comme cela était d’ailleurs à prévoir compte tenu de l’enseignement dispensé, que peu de lien entre ce qu’ils apprennent en classe et à l’extérieur. Ils identifient assez correctement les transformations chimiques des transformations physiques mais en mobilisant des connaissances acquises en classe et non dans la vie quotidienne.
Dans le domaine des techniques expérimentales, le taux des élèves qui font référence au monde extérieur est de 10% ; 14% des élèves maîtrisent relativement le symbolisme chimique ; 7% d’entre eux connaissent les usages des produits chimiques étudiés en classe ; dans la mise en relation produit chimique/profession la référence au monde extérieure est de 7% ; le danger potentiel que constituent les produits chimiques est connu par 7% des élèves. Ils portent en général un regard positif sur leur environnement.
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Table des matières
Introduction
A. Première partie : présentation de la thèse mère
1. Le cadre théorique
2. La méthodologie adoptée et les différents thèmes des enquêtes et entretiens
3. Les résultats des enquêtes et des entretiens
4. Les propositions d’activités sur les pratiques sociales
B. Deuxième partie
Chapitre I : Le cadre théorique
Chapitre II : Le contexte de l’enseignement à Madagascar vu à travers quelques collèges
Chapitre III : Interprétation des résultats sur «les enquêtes menés auprès des élèves »
Chapitre IV : Les points de vue des enseignants sur le lien école et environnement social
Chapitre V : L’entretien avec le professionnel et l’analyse de son discours
Chapitre VI : Proposition d’activité pour les élèves de la classe de quatrième
Conclusion
Bibliographie
Annexe