L’apport de la psychologie du développement
Les animaux dans les spiritualités humaines
Le totémisme
Le système du totémisme est une manière d’organiser un groupe, une tribu, chacun portant le nom d’un totem. FREUD le décrit comme étant « un animal, comestible, inoffensif ou dangereux et redouté, plus rarement une plante ou une force naturelle (pluie, eau) ». Il s’agit de « l’ancêtre du groupe », mais aussi de « son esprit protecteur et son bienfaiteur ». Le totem est la base des obligations et interdits sociaux. Comme il s’agit de l’ancêtre et du bienfaiteur, il est interdit de tuer (ou détruire) le totem, d’en consommer la chair, ou d’en jouir autrement. Ceci s’applique à tous les membres du totem, l’appartenance étant héréditaire. On comprend donc que le système totémique met en place les interdits de parricide, et d’inceste, les parents (au moins la mère) et enfants étant tous du même totem (FREUD, 2001). C’est donc l’identification à un animal qui permet de structurer la société. Cette identification est très forte et se met notamment en scène au cours de danses cérémoniales où les membres du clan en produisent « les mouvements et particularités de leur totem » (FREUD, 2001).
Croyances et religions
On retrouve dans toutes les spiritualités et religions des symboles animaux. Dans les religions polythéistes les dieux prennent une forme mi-humaine mi-animale (les dieux égyptiens) ou prennent une forme animale de manière provisoire (comme Zeus ou Poséidon). Les animaux peuvent aussi être des sortes d’intermédiaires entre les dieux et les humains. Ils peuvent aussi être au service de divinités, avoir un rôle de psychopompe, c’est-àdire de transport des âmes vers l’au-delà. Dans les rites chamaniques des peuples de l’Altaï c’est un cheval qui guide l’âme du défunt, dans la mythologie grecque, un lion protège l’âme des morts. Ils peuvent jouer un rôle dans les divinations et l’astrologie, non seulement occidentale mais aussi aztèque, chinoise et inca (CYRULNIK et al., 2000). Enfin, ils peuvent servir de sacrifice pour communiquer avec les dieux, s’attirer leur bienveillance ou leur demander pardon. Dans les religions monothéistes, bien qu’elles soient plus anthropocentrées, on retrouve de nombreux symboles animaux qui sont des représentations du Bien ou du Mal : les chats, les chauve-souris, les porcs, qui représentent le diable, le mal ou bien l’agneau qui est le symbole du Christ pour les chrétiens, animal pur, innocent, sacrifié (BUSTAD et al., 1981, CYRULNIK et al., 2000,).
Les animaux sont des supports qui nous permettent de représenter les questions existentielles sur la vie, la mort, la fuite du temps, l’origine du monde, etc.. L’animal est donc un outil pour parler de ce qui nous dépasse. Il nous ressemble mais garde une part de « mystère » car nous ne pouvons pas communiquer avec eux comme avec un humain. Ce côté mystérieux de l’animal est assimilé ou utilisé dans les croyances pour appréhender les mystères de l’existence. B. Les mythes, les contes et les rêves
Dans les mythes les animaux sont tour à tour des symboles positifs, des aides ou secours (la louve dans le mythe de la fondation de Rome, le centaure qui instruit Achille, puis Jason, dans la mythologie antique) ou des forces à terrasser (le dragon de Saint George par exemple). Il s’agit d’un symbolisme animal qui permet de parler de son inconscient, des forces contradictoires qui y siègent. On retrouve le symbolisme de nos conflits internes, encore plus détaillé, dans les contes et les rêves. Dans les contes de fées, dont BETTELHEIM (1999) a fait une psychanalyse célèbre, les animaux sont des personnages très présents. On y trouve quantité d’archétypes qui permettent de repérer les conflits intérieurs. BETTELHEIM (1999) utilise les théories freudiennes de l’intégration chez l’enfant du ça, du sur-moi et du moi pour faire cette analyse. Ainsi, les animaux représentent tour à tour chaque composante de l’inconscient : le « ça », « le moi » par l’identification aux personnages animaux et le « sur-moi ». Il permet à l’enfant de comprendre les conflits internes (entre le principe de plaisir de l’inconscient, le principe de réalité de la conscience par exemple). Les personnages animaux permettent de mettre de la distance entre l’histoire et sa propre vie mais par identification à l’animal l’enfant est renseigné sur l’activité psychique. Par ailleurs, l’enfant jusqu’à ce qu’il ait sept à douze ans est « animiste ». Sa perception du monde, egocentrée tend à « concevoir les choses comme vivantes et douées d’intentions ». Est vivant, « tout objet qui exerce une activité, celle-ci étant essentiellement relative à l’utilité pour l’homme : la lampe qui brûle, 48
le fourneau qui chauffe, la lune qui éclaire » (PIAGET, 1989). A fortiori avec les animaux, qui sont des êtres vivants sont « comme eux », l’identification est très accessible. Les contes mettant en scène un « fiancé animal », comme la Belle et la Bête, illustrent le rôle des animaux. Ils peuvent représenter la sexualité, d’abord repoussante pour l’héroïne (sous la forme d’une bête). La jeune fille, qui doit surmonter « son dégoût du sexe et de sa nature animale » pour que le fiancé retrouve forme humaine. C’est « le sexe sans amour ni dévotion » qui a un aspect animal. En effet dans le conte, seul l’amour peut transformer ce qu’il y a d’animal dans la sexualité en quelque chose d’humain (BETTELHEIM, 1999).
L’animal permet de symboliser les conflits psychiques internes des individus, trop dangereux pour apparaître directement à la conscience. L’inconscient utilise une représentation animale pour figurer une partie de nous-même de manière acceptable par le conscient. Cette utilisation de l’animal comme représentation de l’inconscient existe dans les contes, dans les rêves. On peut parler de mécanisme de projection pour appréhender notre inconscient.
L’animal a très tôt dans l’histoire de l’humanité servi à représenter des aspects de notre inconscient et de nos conflits psychiques internes. Dans certaines sociétés, l’identification à l’animal est très forte à travers les totems. Ainsi, on peut dire que l’animal est utilisé par l’être humain de manière symbolique dans toutes les cultures. Les représentations d’éléments constitutifs de nous-mêmes sous forme animale sont nécessairement sollicitées lors d’interactions avec des animaux réels. On peut notamment souligner que des qualités ou des défauts vont être attribués a priori à l’animal de compagnie. Ceci va entrer en jeu dans la représentation que le propriétaire se fait de son animal.
Nous allons maintenant présenter les représentations des animaux de compagnie par leurs propriétaires. Ainsi, nous pourrons comprendre comment les propriétaires envisagent la relation affective qu’ils entretiennent avec leurs animaux, de manière consciente et inconsciente.
Les représentations des propriétaires
Nous avons présenté les représentations culturelles de l’animal qui vont nécessairement influencer les rapports des êtres humains avec leurs animaux. Pour comprendre ce qui se joue entre un propriétaire et son animal de compagnie, il est intéressant de comprendre la représentation que le propriétaire se fait de son animal et du lien qui les unit. A. L’anthropomorphisme : l’expression d’une méconnaissance éthologique
Définition L’anthropomorphisme est le fait d’attribuer des caractéristiques humaines à un animal. Cela comprend des mésinterprétations du comportement du chien ou du chat, le fait d’attribuer des sentiments humains comme la rancune, la reconnaissance, ou bien de leur attribuer une conscience d’eux-mêmes, ou encore la notion du temps. De même qu’un chien ne sourit pas, un chat n’est pas jaloux. Une chatte ne se sentira pas mieux parce qu’on lui aura laissé faire une portée comme une femme peut vouloir se réaliser dans un projet de maternité. Un chat n’urine pas sur un lit pour « se venger », etc..
DIGARD (1999) distingue trois formes d’anthropomorphisme : – les comparaisons animal-humain (« J’ai un chien pourquoi je m’embarrasserais d’un homme ? » (DIGARD, 1999)), – les comportements analogiques où la personne parle de l’animal comme si c’était un humain, en particulier un enfant (« n’aie pas peur, Maman est là », « prend le cachet, c’est pour ton bien », donner des prénoms humains), – les projections : on projette sur l’animal nos propres sentiments ou ressentis (habiller les animaux pour qu’ils n’aient pas froid, les nourrir comme on voudrait manger, ne pas les laisser marcher et les porter dans les bras). SLOVENKO (1983), professeur en droit et en psychiatrie, met en parallèle l’anthropomorphisme et le marché économique de l’animal de compagnie (nourriture, accessoires, jouets, produits de toilettage, systèmes de gardiennage, cimetières pour animaux), qui aux Etats-Unis s’exprime en milliards de dollars et qui exploite et encourage les tendances anthropomorphiques des propriétaires. On peut aussi souligner que la sélection génétique d’animaux hypertypés anthropomorphes (comme les brachycéphales) ou néoténiques amplifie les comportements anthropomorphiques des propriétaires.
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Table des matières
Chef du département : Mme COMBRISSON Hélène, Professeur – Adjoint : Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences
Chef du département : M. POLACK Bruno, Maître de conférences – Adjoint : M. BLOT Stéphane, Maître de conférences
– UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE
Chef du département : M. MAILLARD Renaud, Maître de conférences – Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Maître de conférences
– UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES
PREMIERE PARTIEL’apport des sciences humaines dans l’étude des relations affectives chez l’être humain
I. Les apports de l’éthologie : la période sensible, les liens sélectifs et le comportement d’attachement
A. L’empreinte, la période sensible et le lien sélectif
B. L’apport de HARLOW dans l’étude des comportements affectifs chez les primates
II. L’apport de la théorie psychanalytique
A. Présentation d’éléments de la théorie psychanalytique
B. Le narcissisme primaire et secondaire
III. L’apport de la psychologie du développement
A. L’apport de Bowlby : l’Attachement
1. La théorie de l’attachement de BOWLBY
2. L’accueil de la théorie
3. Pour élargir la notion d’attachement
B. L’apport de SPITZ : le besoin d’affectivité
C. L’apport de AINSWORTH
1. La « Situation Etrange »
2. Interprétation : un attachement de qualité est une base sécure
IV. De l’attachement au détachement :
la difficile émergence du sujet
A. L’apport de WINNICOTT : la notion d’objet transitionnel
1. La « mère suffisamment bonne »
2. L’acceptation de la réalité et la mise en jeu d’un objet transitionnel
B. Le détachement et la construction d’autres liens affectifs
1. La nécessaire séparation
2. L’individuation
DEUXIEME PARTIE Les possibilités d’interactions avec les animaux de compagnie quels outils cognitifs et sensoriels pour la communication interspécifique?
I. Présentation d’études de psychologie comparée
quelles facultés cognitives les animaux de compagnie
mobilisent-ils face à leur environnement ?
A. L’étude du développement des représentations mentales de PIAGET
1. La permanence de l’objet chez l’enfant
2. La permanence de l’objet chez les animaux
B. Le stade du miroir de LACAN
1. Présentation du stade du miroir
2. Le stade du miroir chez les animaux
II. Les relations interspécifiques humain-chien, humain-chat : quelles possibilités d’interactions et de communication ?
A. L’importance de contacts intraspécifiques pour un développement comportemental correct
B. Les contacts interspécifiques humain-chat : une approche éthologique
C. Les possibilités de communication dans la dyade propriétaire-chien de compagnie
1. Le rôle de la communication olfactive
2. Le rôle de la communication auditive
3. Le rôle du canal visuel
a. Les signaux visuels utilisés par le chien dans la communication intraspécifique
b. Les signaux visuels humains utilisés par le chien
c. La reconnaissance de l’état d’attention des humains
d. L’influence de la domestication, sélection concomitante des mêmes caractéristiques chez l’être humain et chez le chien ?
TROISIEME PARTIE : Quels liens possibles entre le propriétaire et son animal de compagnie?
I. Les représentations culturelles, conscientes et inconscientes de l’animal
A. Les animaux dans les spiritualités humaines
1. Le totémisme
2. Croyances et religions
B. Les mythes, les contes et les rêves
II. Les représentations des propriétaires
A. L’anthropomorphisme : l’expression d’une méconnaissance éthologique
1. Définition
2. Données d’enquêtes
3. Les conséquences de la confusion entre humains et animaux
a. Pour l’animal
b. Pour l’être humain
B. Les raisons d’adoption et les qualités des animaux
1. Un intérêt esthétique ou éthologique : de l’animal à l’état de nature à l’objet pouponnée
2. Un intérêt social : une question d’image
3. L’importance de la composante affective de la relation : un amour inconditionnel
4. La valorisation du propriétaire par la dépendance de l’animal
5. Une relation ludique et reposante
III. L’investissement psychologique de l’animal de compagnie
A. Les projections sur l’animal familier
1. L’animal : objet d’attachement et charge projective
2. Les aspects psychopathologiques de la projection sur l’animal de compagnie
3. Les caractéristiques de l’animal valorisées dans le mécanisme de projection
a. L’animal est un être vivant
b. L’absence de langage verbal, mise en valeur du langage non verbal
B. La mort de l’animal de compagnie : un lieu d’expression particulier de l’attachement
1. La mort de l’animal de compagnie met en évidence un investissement affectif important de cet animal
3. Les caractéristiques du deuil de l’animal de compagnie
a. L’euthanasie
b. L’absence de rites sociaux
c. L’influence du milieu socio-culturel
4. Les deuils pathologiques
IV. La relation affective avec l’animal de compagnie : une aire transitionnelle ?
A. Définition
B. L’animal objet transitionnel, aire transitionnelle ?
1. Chez l’enfant et l’adolescent
2. Chez l’adulte
C. Les caractéristiques de l’animal valorisées dans cette relation : l’importance du langage non verbal et du contact corporel avec les animaux
D. L’animal comme substitut : une aire transitionnelle thérapeutique ou pathologique ?
QUATRIEME PARTIE: Les conséquences des relations affectives entre le propriétaire et son animal de compagnie : implications pour l’animal et le vétérinaire clinicien
I. Les conséquences comportementales pour l’animal de la relation affective avec son propriétaire
A. La corrélation entre la relation humain-animal et l’occurrence de troubles du comportement
1. Chez le chien
2. Chez le chat
B. La modélisation clinique des troubles du comportement liés au propriétaire
1. Les troubles comportementaux liés au propriétaire
a. La sociopathie du chien
b. Les phénomènes anxieux chez le chien et le chat
c. Le lien entre les troubles du comportement et la relation affective entre le propriétaire et son animal de compagnie
2. L’exemple du syndrome du chien de remplacement comme pathologie liée aux projections sur l’animal de compagnie
a. L’étiopathogénie
b. Les symptômes
c. L’évolution, le pronostic
II. Les implications pour le vétérinaire de la relation affective entre le propriétaire et son animal de compagnie
A. Les implications pour le vétérinaire clinicien
1. L’optique marketing : une gestion de la clientèle plus rentable
2. L’optique médicale : une gestion de la clientèle plus efficace
3. L’optique psychologique : une gestion de la clientèle plus humaine et empathique
B. Limites du rôle du vétérinaire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE..
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