L’APICULTURE : UN ELEMENT MOTEUR DU DEVELOPPEMENT LOCAL SOUTENABLE

L’apiculture et le modèle de la nouvelle théorie de la croissance.

               En s’inspirant de la théorie traditionnelle de la croissance solovienne se référant au modèle néoclassique de croissance de Robert Solow (1956), les nouveaux théoriciens ont gagné du terrain pour expliquer le phénomène de la réalisation d’une croissance positive illimitée à partir des années quatre vingt. Par rapport à l’analyse néoclassique basée sur l’hypothèse de substituabilité des facteurs de production et de rendement décroissant, les auteurs de ce courant prennent le contrepied vers la croissance endogène. Ce terme a été utilisé pour qualifier le processus de croissance auto-entretenue reposant sur l’hypothèse de rendements croissants avec une productivité marginale du capital positive indépendant du stock du capital. Les travaux théoriques sur la croissance endogène (Romer, Lucas, Aghion, Howitt et al) ont tenté d’identifier les facteurs qui sont à l’origine des rendements croissants au niveau global, bien que la fonction de production puisse être du type Cobb Douglass de degré 1 (rendement constant) au niveau de la firme. Cette différence conduit à évoquer les externalités positives non appropriables par la firme qui investit et qui en même temps profitent à l’ensemble des firmes de l’économie considérée. En effet, la diffusion du savoir dans la société, les investissements publics en infrastructures, en éducation – l’investissement en capital humain- en recherche et développement sont les principales sources étudiées pour expliquer le progrès technique endogène (Romer, 1990). Cette nouvelle théorie a un trait commun avec la thèse de : «L’évolution économique» Schumpetérienne (1911) qui repose sur la croissance provenant des connaissances accrues, de progrès techniques, d’inventions et d’innovations à l’origine d’une hausse de la productivité. Pour ce faire, Joseph Schumpeter avait privilégié les rôles joué d’un coté, par les entrepreneurs individuels et ceux des intermédiaires financiers de l’autre coté. A ce propos, il partage les mêmes idées que les nouveaux théoriciens de la croissance qui ont préconisé l’innovation technologique conduisant à «un accroissement de la productivité». En effet, l’activité entreprise par un «entrepreneur» va engendrer des effets externes positifs à l’économie, à travers: (1) la fabrication d’un nouveau produit; (2) l’introduction d’une méthode nouvelle de processus de production; (3) l’ouverture d’un débouché nouveau; (4) la conquête d’une source nouvelle de matière première et enfin (5) la réalisation d’une nouvelle organisation (ou gestion) de production. De leur point de vue, les nouvelles théories du progrès endogènes sont caractérisées tout d’abord par « la croissance de la productivité», autrement par « la plupart des innovations qui sont issues de l’investissement, i.e. d’investissements en Recherche et Développement, qui impliquent des expérimentations risquées et de l’apprentissage et finalement l’environnement économique stable et incitatif aux « investissements innovants » (Philipe Aghion et Beatrix Armendàriz de Aghion ; 2004 p 30). Il s’agit dans ce cas d’une croissance intensive qui consiste à engranger les gains en productivité en vue de les transformer à une amélioration du bien être. A l’instar de l’environnement de l’économie rurale malgache, la pratique traditionnelle et la cueillette occupent une place dominante. Par rapport à la pratique moderne, ces dernières sont plus vulnérables du fait que l’écart en termes de productivité demeure substantiel d’une région à une autre. Seulement dans les régions pilotes : Haute Matsiatra et Menabe où on assiste à un rendement assez élevé mais resté toujours inférieur à celui des ruches modernes. En tout état de cause, les normes phytosanitaires et la traçabilité des produits ne sont pas respectées Etant donné que les aptitudes aux progrès techniques, à l’invention et à l’innovation, dépendent essentiellement du niveau de la productivité et la créativité des paysans à travers l’expérience : « l’effet d’apprentissage », l’investissement en capital humain est indéniable. De cette manière, on pourra s’attendre à une croissance endogène, et cela sans sacrifice de la part de la population en termes de consommation selon la thèse néoclassique. Bien que la thèse défendue par Solow (1956) dans son modèle de croissance prône l’accroissement de la production nationale via l’augmentation de l’investissement- accumulation du capital- son postulat ne reflète pas la réalité. Selon lui, « si la formation de capital progresse plus vite que la population, la productivité va s’accroitre, les travailleurs disposent individuellement d’équipements plus importants. Cela conduit à la croissance économique ». Au final, il a avancé la thèse de l’Etat stationnaire à défaut d’une croissance démographique et le progrès technique (une variable exogène). En tout cas, la thèse de la croissance endogène convient le mieux pour représenter l’expansion économique des pays asiatiques, caractérisée par une forte croissance soutenable sans précédente, économie à distribution égalitaire de revenu à partir des années 50. De ce fait, il faut déployer des investissements efficients en matière des techniques de production, des dépenses en infrastructures publiques (école, laboratoire de recherches, centre de recherches d’informations et des études statistiques). De toute façon, l’apiculture ne requiert pas une technologie plus sophistiquée pour se développer. En effet, la mise en place d’une méthode de pratique moderne accompagnée du respect des normes de qualité requis sur le marché permet de favoriser la compétitivité des produits apicoles. Néanmoins, les nouveaux théoriciens de la croissance prônent la diffusion du savoir dans la société, les investissements publics en infrastructures, en éducation, en recherche et développement comme des facteurs d’une croissance inexpliquée par les facteurs exogènes. Les cas des pays asiatiques tels que la Chine, le Taiwan, Thaïlande et le Vietnam peuvent nous servir des exemples en matière d’investigation permanente leur permettant d’accroitre le rendement par récolte à l’ordre de 50 à 70kg par ruche, donc une production à grande échelle avec un prix compétitif. Cependant, ces pays sont sous-embargo vis-à-vis du marché de l’Union Européenne suite au non respect des normes exigées en matière d’hygiène. C’est la raison pour laquelle, il importe d’identifier les normes requises par les pays importateurs pour qu’on puisse conquérir la niche sur le marché mondial. A ce propos, l’accent est mis sur le traitement du miel en conformité aux normes internationales, à partir de la ruche jusqu’à ce qu’il soit prêt à être consommé.

La structure d’organisation de la filière : « efficience X »

                 En s’inspirant de la vie des abeilles à laquelle est rattachée notre étude, la coordination de leurs activités et « l’instinct ouvrier » suscitent l’intérêt de mener une analyse institutionnelle de la filière dont il est question. Au sens large du terme, « Une organisation économique est une entité pérenne avec les frontières relativement facile à identifier, de coordination finalisée, c’est-à-dire ayant un ou des objectifs à atteindre, construite autour de règles qui font l’objet de choix, de négociation et de stratégies d’acteurs qui trouvent là les régions d’appartenance à cette organisation ». A travers de cette définition, quelques points méritent d’être soulignés à savoir : « pérenne » qui fait appel à la durée (elle survit à l’entrée et à la sortie des individus), « coordination finalisée » qui consiste à une volonté de coopérer avec les autres membres en vue d’atteindre des buts clairement définis. En outre, l’acceptabilité sociale et la fixation des règles d’activités, des sanctions bien sure et des transactions sous l’égide d’une autorité souveraine et légitime. D’après, R.Commons (1862- 1945), un institutionnaliste américain après Veblen, qui préconise « la main invisible de Common Law » pour harmoniser et rendre compatible les intérêts conflictuels des êtres humains. Selon lui, tout « Organisation active » possède, comme l’Etat, des « figures d’autorité » légitime, détentrices de la « souveraineté », qui ont notamment pour rôle d’édicter et de sanctionner les règles d’activité de l’organisation. D’une façon ou d’une autre, l’économie comme la société représentent des ensembles complexes d’organisations, depuis les plus petites comme la famille jusqu’à la plus grande et englobant l’Etat. Dans la pratique, tous les individus appartiennent à une organisation qui est dans la plupart du temps « inactive ». Cela s’explique par l’absence des autorités légitimes et souveraines à édicter et à exécuter des règles organisées sanctionnantes et exclusives. Dés lors qu’un membre ou quelques individus quittent le groupe, l’organisation risquera d’être dispersée. De même, les règles de transactions et d’activités ne sont pas clairement définis par les membres, il n’y avait pas une négociation et concertation des membres. Parfois, on observe des comportements opportunistes des autres individus qui veulent formuler et choisir les règles au profit de leurs intérêts individuels sans que les autres y connaissent les leurs. A cet effet, dans le cadre d’une économie contractuelle dans lequel les différents partenaires sociaux et économiques (entreprises, société civile : ONG) et Etats établissent un dialogue permanent en confrontant leurs informations et leurs prévisions en vue de déterminer les meilleures décisions à prendre, on est en face d’un problème d’aléa moral. Finalement, il n’y avait pas d’action collective mais plutôt un comportement utilitariste probable d’une partie à l’égard d’une autre dans le cadre d’un contrat qui résulte de l’asymétrie informationnelle post-contractuelle. Cela reflète l’inefficacité des actions collectives des organisations paysannes, des groupements des paysans à Madagascar. Pour s’en sortir, il va falloir avoir recours à l’Etat une autorité compétente qui va imposer les règles organisées au détriment des règles informelles telles que les coutumes et traditions, les comportements opportunistes. En tout état de cause, la complexité et l’incertitude vont engendrer des risques notamment en matière de coûts de décision si bien qu’il fallait s’entendre de peur de le subir individuellement. En effet, une étude a été récemment menée en 2009 par LEONARDO B. ET S.CASTRIOTA sur le cas d’une coopérative regroupant 127 apiculteurs chiliens (dont 123 étaient des apiculteurs individuels et 4 coopératives) répartis dans la région de Los Lagos. A travers le réseau visant à réaliser le commerce équitable du miel, cette étude concerne une analyse empirique de l’effet de l’affiliation sur la productivité des apiculteurs. Selon l’auteur, les membres « Apicoop » ne bénéficient pas simplement de : i- la commercialisation du miel à travers la coopérative, ii-assistance technique gratuite, iii-test de laboratoire de la qualité du miel, iiiiformation et un soutien de crédit sans intérêt (gratuit) mais aussi d’un accroissement de la productivité via l’affiliation aux organisations. Dans son ouvrage, ces auteurs ont pu mettre en exergue par le biais d’un test économétrique les corrélations positives entre ces deux grandeurs. « Les trois principaux différences dans la performance entre le traitement et control des producteurs concerne le revenu annuel total du miel (2.998 contre1.252 milles de pesos), la quantité du miel produite (4.403 contre 1.991kilos) et la productivité mesurée en termes de revenu du miel par heure de travail (248 contre110 pesos). Cela implique que ces producteurs affiliés sont à la fois plus large en taille et plus productif » 10. A l’instar de cet ouvrage, outre la hausse de la productivité, la possibilité de réaliser une économie d’échelle est l’effet d’externalité positive générée par l’adhésion au sein d’une organisation.

Les détaillants du marché

                Ce sont généralement les commerçants permanents au marché de gros et les petits détaillants, de la grande ville. En fait, les acteurs cibles sont constitués par les centres commerciaux stratégiques notamment les distributeurs de produits de premiers nécessité, les agences de voyages, les grands magasins de distribution (grande surface) .En outre, il importe d’implanter les points de vente qui assurent la redistribution du produits de la miellerie dans toutes les grandes villes. Apparemment, on assiste à une concurrence féroce des apiculteurs (professionnels, agriculteurs ; bureaucrate,..) qui ne veulent pas s’entendre avec la miellerie mais préféreront exercer l’activité pour leur propre compte. Néanmoins, l’implantation d’une telle unité économique vise essentiellement à organiser les petits producteurs dispersés en vue d’atteindre une économie d’échelle et d’augmenter leur pouvoir de négociation face aux collecteurs, grandes entreprises d’exportation. Dorénavant, la vision ne sera pas fixée tout simplement sur le marché local mais surtout sur la recherche de débouché au niveau mondial. Bref, ce n’est qu’un premier pas vers la promotion de la filière en vue de relance de l’économie rurale via l’amélioration du niveau de vie des paysans. Mais l’association mise en place jouira un rôle crucial en matière de vulgarisation et sensibilisation des apiculteurs locaux. Ceci étant, on a pu identifier d’une manière globale les marchés cibles. Les problèmes qui en résulteraient se résident sur l’évaluation financière de l’exploitation à savoir : la fixation des prix, la notion de rentabilité de l’activité. Ainsi, il importe de fonder l’analyse de la demande sur la base du concept d’élasticité.

L’apiculture et l’analyse empirique de la croissance

                Compte de cette théorie sur la croissance économique, les facteurs primaires de la croissance économique sont : le travail et le capital. Ce qui nous intéresse pour le moment c’est le travail:
• L’analyse du volume, c’est-à-dire par la quantité: cette analyse stipule qu’il y a une corrélation positive entre croissance de la population et celle de la production nationale. Sachons que la population totale est l’ensemble de la population active (population occupée et chômeurs) et de la population inactive (enfants, vieux et invalides). D’après ce que nous avons vu un plus haut, la filière apiculture peut mobiliser beaucoup d’acteurs économiques appartenant à différentes branches. Si la filière est exploitée de façon optimale, la demande en main d’œuvre et en capital humain augmenterait, ce qui va diminuer le nombre de chômeurs et augmenterait l’efficacité économique (la productivité).
• L’analyse de la qualité du travail : la productivité augmente aussi en fonction de la qualité. Les facteurs influant la qualité de travail sont en général l’éducation (compétence et performance du travailleur) qui conditionne la rémunération, la santé, l’âge. Pour le moment, ce qui nous intéresse le plus c’est le facteur santé.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
GLOSSAIRE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES GRAPHIQUES ET DES FIGURES
LISTE DES CARTES
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE DESCRIPTIVE
CHAPITRE I : LA FILIÈRE APICOLE
1.1. Contexte global de la filière apiculture
I.1.1. Contexte mondial
I.1.2 Contexte national et régional
I.1.2.2. L’environnement de la filière
I.1.3. Contexte géographique et écologique
I.1.4. Contexte historique et économique
I.1.5 Contexte institutionnel
I.1.5.1. Le Ministère de l’Agriculture de l’Élevage de la Pêche (MAEP)
I.1.5.2. Le Ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts (MEEF)
I.1.5.3. Le Ministère de l’Industrialisation, du commerce et du Développement du Secteur Privé
I I.1.5.4. Les organismes et programmes privés de développement
I.2. Le système de production
I.2.1. La fonction de production : analyse microéconomique du comportement des apiculteurs
I.2.2. Les coûts de production : des coûts comptables aux coûts d’opportunités
I.2.3 L’apiculture et le modèle de la nouvelle théorie de la croissance
I.2.4. Normes techniques de production : le traitement du miel et l’ISO 9000
I.2.4.1. L’égouttage
I.2.4.2. La centrifugation
I.2.4.3. Le tamisage
I.3. Le centre de traitement des produits apicoles ou miellerie
I.3.1. Caractéristiques d’une miellerie
I.3.2. Les matériels
I.3.2.1. Pour l’égouttage
I.3.2.2. Pour la centrifugation
I.3.3 La structure d’organisation de la filière : « efficience X »
CHAPITRE II : ETUDE DU MARCHE
I.1. Les caractéristique et structure du marché en amont : l’analyse de l’offre
II.2. Les caractéristiques et structure du marché en aval : analyse de la demande locale
II.2.1. Les grandes sociétés
II.2.2. Les apiculteurs revendeurs
II.2.3. Les détaillants du marché
II.3. L’analyse du marché extérieur
CHAPITRE III : ÉTUDE DU CAS DE LA REGION VATOVAVY FITOVINANY 
III.1. Contexte régional
III.2 Inventaire des immobilisations
III.3. L’évaluation financière du projet en cours
III.3.1.La notion de rentabilité
III.3.2. Le point mort ou seuil de rentabilité
PARTIE II : APPROCHE ANALYTIQUE
Cas de Madagascar
CHAPITRE I : LA FILIÈRE APICULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
I.1. Les impacts socio-économiques de l’activité apicole
I.1.1. Impact sur le revenu, l’activité économique et le travail
I.1.2. L’apiculture et l’analyse empirique de la croissance
I.1.3. L’apithérapie
I.1.4. L’apiculture et la lutte contre la faim et la pauvreté
I.2. L’activité apicole et la protection de l’environnement
I.3. La potentialité a l’exportation
CHAPITRE II : LES ANALYSES CRITIQUES
II.1. Un système productif archaïque non compétitif et vulnérable
II.1.1. La technique traditionnelle
II.1.2. Les moyens techniques sont insuffisants
II.1.3. Au niveau du marché
II.1.4. L’insécurité
II.2. La limite de la théorie classique
II.2.1. Coût d’investissement élevé mais moyen limite
II.2.2. Asymétrie de l’information et problème d’alea moral
CHAPITRE III : SUGGESTION D’AMELIORATION
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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