L’antibiothérapie : principes généraux et implications
Un usage raisonné et durable (soutenable) des antibiotiques en thérapeutique doit mettre les intérêts de la santé humaine au centre des préoccupations, impliquant le respect strict des règles de prescription des antibiotiques.
Règles de prescription des antibiotiques
La prescription d’un antibiotique doit obéir à des règles générales qui sont essentielles pour une prescription rationnelle des antibiotiques [25].
Situations où une antibiothérapie est justifiée
L’antibiothérapie est justifiée dans les situations où elle apporte un bénéfice prouvé sur le plan individuel (ou éventuellement collectif), en terme de morbidité, de mortalité ou de transmission de maladie. La prescription d’une antibiothérapie doit donc être limitée aux infections dont l’origine bactérienne est probable ou documentée et pour lesquelles d’autres mesures ne suffisent pas. Les règles d’utilisation des antibiotiques doivent permettent de limiter l’émergence de bactéries résistantes non seulement dans le foyer infectieux mais aussi au niveau des flores commensales [18,25,26]. L’antibiothérapie « prophylactique » ou « préventive », consiste en l’administration d’un antibiotique afin d’empêcher le développement d’une infection précise dans des circonstances déterminées. Elle s’oppose à l’antibiothérapie « curative » qui vise une infection bactérienne caractérisée du point de vue clinique [18,25,26].
Réalisation d’un examen bactériologique préalable
En règle générale, la réalisation d’un prélèvement bactériologique doit être envisagée de façon systématique avant tout traitement antibiotique. Ce prélèvement est essentiel pour identifier l’(les) agent(s) responsable(s) et préciser sa (leur) sensibilité aux antibiotiques quand le pronostic vital ou fonctionnel est en jeu. Il est indispensable lorsque : l’infection est grave et /ou les bactéries pouvant être responsables sont variées et/ou de sensibilité inconstante aux antibiotiques, a fortiori en cas d’incertitude diagnostique [18,26]. Le prélèvement est superflu lorsque le diagnostic clinique est aisé et la sensibilité aux antibiotiques des bactéries responsables est avérée et documentée par des études épidémiologiques régulières et récentes [18,26].
Choix de l’antibiotique à utiliser
Le choix initial repose sur l’analyse de plusieurs critères :
– La ou les bactérie(s) : l’antibiotique doit inclure dans son spectre la ou les bactérie(s) caractérisée(s) (antibiothérapie documentée) ou suspectée(s) (antibiothérapie probabiliste). En l’absence de certitude (prélèvements microbiologiques en attente ou non faits), la nature de la bactérie peut être évoquée par un certain nombre d’arguments tels que la clinique, la porte d’entrée, le terrain, le contage [18,26].
– Le foyer infectieux : ce qui exige un diagnostic clinique. La connaissance des propriétés pharmacologiques de chaque antibiotique est donc indispensable [18].
– Le patient : le risque consenti dans le choix de l’antibiotique doit être d’autant plus faible que le patient est plus fragile, soit du fait d’une immunodépression, soit du fait d’une pathologie sous-jacente susceptible de décompensation. L’antibiothérapie doit tenir compte aussi des facteurs comme l’allergie, l’âge, la grossesse, les fonctions rénale et hépatique. L’efficacité est également au premier plan dans le traitement des infections graves. Il faut privilégier la tolérance dans les infections bénignes [18].
– Le coût écologique : à activité comparable, choisir l’antibiotique dont l’impact sur la flore commensale est le plus faible, notamment en termes de spectre (spectre nécessaire et suffisant et non spectre le plus large possible) [18].
– Le coût économique : à caractéristiques précédentes comparables, prescrire l’antibiotique le moins cher [18].
Indication d’une association d’antibiotiques
Une monothérapie suffit pour traiter efficacement la plus part des infections courantes. Le recours aux associations d’antibiotiques peut cependant être utile et il permettra de [18] :
– Eviter l’émergence de bactéries résistantes dans le foyer infectieux ;
– Et/ou d’obtenir une bactéricide accrue (c’est la recherche d’un effet synergique) et /ou d’élargir le spectre antibactérien (traitement d’urgence des infections graves, et/ou microbiologiquement documentées avec une grande diversité d’agents causals potentiels, et/ou pluri microbiennes). Cependant, quel qu’en soit le but, l’association d’antibiotiques va entraîner dans certains cas la pression de sélection sur la flore commensale. Elle va aussi majorer le risque d’effets secondaires. En conséquence, les prescriptions d’associations doivent être strictement limitées à des situations bien définies [18].
Posologie et voie d’administration d’un antibiotique
Les règles de prescription d’un antibiotique tiennent compte de la posologie et de la voie d’administration de l’antibiotique.
➤ Posologie d’un antibiotique [18,26] :
– Dose unitaire : elle doit être adaptée selon la gravité de l’infection, la nature du foyer et selon un éventuel état pathologique sous-jacent. Le rythme d’administration est dépendant de ces éléments mais aussi des caractéristiques pharmacocinétiques de l’antibiotique.
– Dose élevée initiale : dite « dose de charge », elle est parfois utilisée pour les aminosides car leur efficacité est « concentration-dépendante » et pour certains antibiotiques à demi-vie longue comme la teicoplanine ou l’azithromycine, afin d’obtenir plus rapidement l’état d’équilibre.
➤ Voie d’administration [18,26] :
On distingue :
– La voie intraveineuse : elle est la voie d’administration de référence pour les infections graves car elle évite les aléas de l’absorption et permet d’obtenir rapidement des concentrations élevées.
– La voie orale : elle est la voie d’administration préférentielle lorsque l’infection est initialement peu grave et si les bactéries suspectées ou documentées sont très sensibles à l’antibiotique choisi. C’est aussi la voie choisie pour les traitements de relais en cas d’évolution favorable.
– La voie intramusculaire : elle n’est pas utilisable avec tous les antibiotiques et nécessite de vérifier l’absence de troubles de l’hémostase et de traitement anticoagulant. Elle peut être utilisée avec des antibiotiques à demi-vie longue pour des durées limitées.
– La voie sous-cutanée : elle peut être utilisée pour certains antibiotiques mais expose à des risques de sur- ou sous-dosage du fait d’une grande variabilité inter individuelle en termes de résorption.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 GENERALITES
1.1 Les bactéries
1.2 Les antibiotiques
1.2.1 Définition
1.2.2 Historique
1.2.3 Classification et mode d’action
1.3 L’antibiothérapie : principes généraux et implications
1.3.1 Règles de prescription des antibiotiques
1.3.2 Critères définissant une antibiothérapie adaptée
1.3.3 Critères définissant une antibiothérapie inadaptée
1.4 La résistance aux antibiotiques et implications
1.4.1 Définition
1.4.2 Types de résistance aux antibiotiques
1.4.3 Supports et mécanismes de la résistance bactérienne
2 REVUE DE LA LITTERATURE
2.1 Enquête réalisée auprès des patients
2.2 Enquête réalisée auprès des étudiants de médecine
2.3 Enquête réalisée auprès du personnel de santé
3 OBJECTIFS
3.1 Objectif général
3.2 Objectifs spécifiques
4 MATERIEL ET METHODES
4.1 Cadre et champ de l’étude
4.1.1 Cadre de l’étude : la ville de Bobo Dioulasso
4.1.2 Champ de l’étude
4.2 Type et période de l’étude
4.3 Population de l’étude
4.3.1 Population cible de l’étude
4.3.2 Critères d’inclusion
4.3.3 Critères de non inclusion
4.3.4 Critères d’exclusion
4.4 Echantillon et échantillonnage
4.5 Méthode de l’étude, techniques et outils de collecte des données
4.6 Collecte des données
4.6.1 Description des variables étudiées
4.6.2 Déroulement de la collecte des données
4.6.3 Définitions opérationnelles
4.7 Saisie, traitement et analyse des données
5 CONSIDERATIONS ETHIQUES
6 RESULTATS
6.1 Taux de participation
6.1.1 Taux de participation global
6.1.2 Taux de participation en fonction des structures sanitaires et de la
catégorie professionnelle
6.2 Caractéristiques socioprofessionnelles des enquêtés
6.2.1 Sexe
6.2.2 Age
6.2.3 Répartition du personnel de santé selon le profil professionnel
6.2.4 Ancienneté professionnelle moyenne
6.3 Formation continue sur l’usage rationnel des antibiotiques
6.4 Score global sur les connaissances, attitudes et pratiques
6.4.1 Score global des PP-SF/ME
6.4.2 Score global des médecins généralistes et internes
6.4.3 Score global des médecins spécialistes et médecins en spécialisation
6.5 Connaissances du personnel de santé sur les antibiotiques et
l’antibiorésistance
6.5.1 Scores des connaissances sur les antibiotiques et l’antibiorésistance
6.5.2 Définition d’un antibiotique
6.5.3 Rôle et effets secondaires d’un antibiotique
6.5.4 Identification des antibiotiques
6.5.5 Antibiotiques sans danger au cours de la grossesse
6.5.6 Eléments déterminant le choix d’un antibiotique et indications d’une
antibiothérapie
6.5.7 Importance de la résistance aux antibiotiques
6.5.8 Causes de la résistance aux antibiotiques
6.5.9 Bactéries multi résistantes
6.6 Attitudes du personnel de santé en matière de prescription des antibiotiques
6.6.1 Scores sur les attitudes en matière de prescription des antibiotiques
6.6.2 Règles de prescription des antibiotiques
6.6.3 Délai d’évaluation de l’efficacité d’une antibiothérapie
6.7 Pratiques en matière de prescription des antibiotiques
6.7.1 Scores sur les pratiques en matière de prescription des antibiotiques
6.7.2 Rhinite et antibiotique
6.7.3 Paludisme grave et antibiotique
6.7.4 Antibiotique au cours d’une pneumonie sans signe de gravité
6.7.5 Situations cliniques pour lesquelles un antibiotique est indiqué
6.7.6 Antibiotique au cours d’une diarrhée simple
6.7.7 Conduite à tenir devant la persistance d’une infection urinaire non
documentée sous antibiotique
6.7.8 Antibiotiques indiqués pour traiter un sepsis sans porte d’entrée évidente
6.7.9 Antibiotique et prévention d’une infection urinaire nosocomiale chez un
patient tétraplégique
6.7.10 Antibiotique et pneumopathie sans signe de gravité ni comorbidité
6.8 Pistes d’amélioration de la prescription des antibiotiques
7 DISCUSSION
7.1 Limites de l’étude
7.2 Connaissances sur les antibiotiques et la résistance aux antibiotiques
7.3 Attitudes en matière de prescription des antibiotiques
7.4 Pratiques sur la prescription des antibiotiques
7.5 Pistes d’amélioration de la prescription des antibiotiques
CONCLUSION
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