L’année 1835, le mariage de Pierre RENAUD à Saint-Hilaire-la-Palud 

Le Marais poitevin du XVIIIe au XIXe siècle

Le renouveau du XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle voit naître une nouvelle alliance de l’État avec des investisseurs privés. Les motivations de cette période sont d’ordre économique, scientifique, mais aussi philanthropique. Les dessèchements attirent donc des investisseurs plus urbains : les rendements agricoles des marais desséchés s’avèrent plus forts qu’en plaine et la Sèvre niortaise reste un axe majeur pour les échanges. Le niveau et la qualité de vie des habitants des marais font aussi partie des motivations de ce siècle des Lumières. Ainsi, les physiocrates placent la propriété privée au coeur de l’activité économique pour favoriser l’enrichissement des grands propriétaires et les paysans par le dessèchement de leur marais. Ces idées recueillent l’assentiment du pouvoir royal, à la fin du règne de Louis XV34, qui décide de minimiser la pression fiscale et d’adopter de nouvelles mesures d’encouragement. Des déclarations royales (1764-1766) accordent une exemption fiscale pendant 20 ans et limitent le montant de la dîme. En 1766, ces mesures s’étendent aux terres réputées incultes. L’emploi de main-d’oeuvre étrangère (allemande) est de nouveau encouragé, comme autrefois avec les Hollandais. Les chemins d’accès font l’objet de restauration, d’autres sont créés. Les sociétés s’intéressent également aux marais mouillés, les grands oubliés de l’histoire des dessèchements du Marais poitevin. Pour certains, les marais mouillés constituent une réserve d’eau en été pour les marais desséchés alors que pour d’autres, ils représentent une menace pour l’équilibre fragile des travaux de dessèchement. Les travaux du canal traversant les marais mouillés font l’objet de longues études menées en 1752 et 1778, font polémiques pendant longtemps, les maintenant ainsi à l’état de projet… jusqu’au XIXe siècle. La position stratégique des sociétés est menacée tout au long du XVIIIe siècle, d’une part par le pouvoir royal et par l’arrivée de nouveaux investisseurs, avec le risque de voir se créer de nouvelles sociétés concurrentes, et d’autre part par les riverains qui n’hésitent pas à se former en associations pour contrer les projets ou les décisions de ces dernières. Le dessèchement des marais a encore de beaux jours devant lui.

Les apports de la Révolution

Même si le Marais poitevin est moins impacté par les évènements de la Révolution que d’autres régions, les grands propriétaires héritiers des dessiccateurs n’en fuient pas moins à l’étranger pour éviter les conséquences de la Révolution. Pour ceux qui n’émigrent pas, ils sont arrêtés, certains sont guillotinés, d’autres encore tentent de se fondre dans les nouvelles institutions. Les vieilles sociétés de dessèchement font face aux attaques des petits paysans des marais mouillés qui souhaitent endiguer leurs terres, au risque de restreindre le lit de la Sèvre niortaise. S’ensuivent une « guerre » des marais et une succession d’actes de vandalisme. Une société réunissant les propriétaires des marais mouillés se créée entre 1795 et 1800 pour faire face aux anciennes sociétés des marais desséchés. Ces dernières font face de nouveau à de graves difficultés financières, invoquent la désorganisation consécutive aux évènements révolutionnaires pour répondre aux accusations de manquement d’entretien dont elles font l’objet et mettent en avant l’état catastrophique des dessèchements.
Le champ laissé libre par les grands propriétaires fait le bonheur des notables urbains et ruraux de la région qui peuvent enfin accéder au foncier des marais. Les domaines des propriétaires nobles, saisis, sont vendus comme biens nationaux. La vente de ces biens profite également à une élite rurale déjà enrichie avant la révolution : cabaniers, laboureurs, meuniers. Malgré les bouleversements de la Révolution, les rênes du pouvoir sont encore entre les mains des élites, celles de la bourgeoisie en l’occurrence. L’État reconnaît à ces propriétaires le droit d’association et confirme l’exemption fiscale de 1791, mais les place sous son contrôle. L’État a maintenant la mainmise sur les sociétés, elles ne sont que les bénéficiaires d’une concession de l’État… Il met également de l’ordre dans les sociétés et leur impose la paix. Et l’on reparle du dessèchement des marais mouillés d’Arçais, Mauzé et Saint-Hilaire-la-Palud… À défaut de progresser dans les aménagements des marais, cette période de la Révolution puis de l’Empire ouvre l’ère de la « 3e phase » de dessèchements.

Les beaux esprits du XIXe siècle

Le XIXe siècle est celui des marais mouillés, délaissés par les dessiccateurs précédents. Le siècle des Lumières a amorcé le renouveau d’intérêt pour ces territoires restés vierges. Les beaux esprits : scientifiques et intellectuels redécouvrent l’environnement maraîchin. C’est désormais l’État qui s’impose en tant que chef d’orchestre en encadrant notamment les nouvelles sociétés de dessèchement qui se créent entre 1820 et 1850. Le Syndicat des marais mouillés de Maillezais, Maillé, Doix, Saint-Pierre-le-Vieux et Fontaines voit le jour par ordonnance royale le 09 mars 1831 et compte près de 943 propriétaires. En 1833, une ordonnance royale favorise la mise en place de syndicats regroupant des propriétaires de moins de 5 hectares, la configuration géographique des marais mouillés ne permettant pas d’avoir de grandes surfaces d’exploitation. Ces nouvelles structures de gestion font des émules dans toute la France. Dans le même temps, l’État en profite pour renforcer son contrôle sur les anciennes sociétés des marais desséchés et les contraint à modifier leurs statuts au profit de la qualification d’associations syndicales autorisées.
Elles sont ensuite déclarées : établissements publics non administratifs par un arrêt du 9 décembre 1899 par le Tribunal des conflits.
Les travaux sont mieux préparés, les ingénieurs des Ponts et chaussées travaillent sur des plans, des devis sont faits, les cahiers des charges sont établis. Les dessèchements profitent de la mécanisation du siècle de l’industrialisation. Il s’agit de revoir les dessèchements des siècles précédents, d’aménager les marais mouillés, de réguler le niveau de l’eau en période estivale et de faire naître le fameux canal de Niort à La Rochelle entre autres. L’ordonnance royale du 24 août 1833 déclare les travaux de dessèchement d’utilité publique. Les obstacles naturels et les grands évènements historiques de la Révolution de 1848 et la guerre de 1870 ont raison ou du moins contrecarrent la plupart des travaux entrepris. Les ingénieurs concentrent alors leurs efforts sur le développement des échanges par voie terrestre par le tracé d’un chemin de halage, la construction de ponts et passerelles entre les parcelles et l’arrivée du chemin de fer.

La colère gronde quant à la gestion du niveau de l’eau

Comme durant les siècles précédents, la gestion du niveau des eaux dans les marais desséchés reste une source de conflits d’intérêts qui mène à des émeutes. Les querelles entre les sociétés des marais desséchés et les riverains sont toujours d’actualité et d’autant plus virulentes en raison de l’éclatement des propriétés et de la multiplication des propriétaires. Les nouveaux syndicats des marais mouillés entrent en scène et réclament eux aussi leur part du gâteau. Les sociétés doivent maintenant concilier les intérêts des deux parties qui sont divergents de par la nature même de leur environnement et de leurs besoins en eau. C’est une véritable guerre qui oppose maintenant les marais desséchés et les marais mouillés, en effet, toutes les mesures préconisées pour alimenter en eau les marais desséchés pendant la saison estivale priveraient les marais mouillés de cette précieuse ressource pendant la même période. Le sujet restera très sensible, sans aucune alternative jusqu’à la veille de la Grande Guerre.

Un bilan mitigé à la fin du XIXe siècle

Cette dernière ère achève de transformer le paysage du Marais poitevin, en constituant des milieux de vie bien différents tant pour la faune, la flore que pour l’homme. Le grand chantier du XIXe siècle est celui de l’aménagement des marais mouillés que l’on connaît aujourd’hui.
Ils passent du statut de terres insalubres à celui d’espaces cultivables. Mais tous ces travaux ont un coût financier autant qu’humain. Les sociétés des marais connaissent tout au long des siècles précédents de graves crises financières, les amenant parfois au bord de l’éclatement, de la banqueroute. Les riverains quant à eux, sont les témoins passifs de la frénésie des dessiccateurs avides de conquêtes. Ils subissent l’expulsion, voient leurs maisons englouties dans les canaux nouvellement creusés. Ils sont alors obligés de procéder à la vente de quelques biens (bêtes, terres) pour se racheter une maison. Ils ont perdu la matière première qu’était le jonc pour la fabrication des toits des habitations…
Les crues sont de plus en plus dévastatrices, catastrophiques pour le quotidien des paysans : les blés pourrissent sur pied, ils récoltent le chanvre en bateaux dans les marais mouillés, les terres sont impraticables pour le passage des charrettes au moment des semences dans les marais desséchés.
Le problème de la sécheresse en été n’est pas résolu, les canaux sont à sec, interdisant ainsi toute navigation, ce qui prive les habitants des marais mouillés de leur unique moyen de déplacement. Malgré les efforts pour le développement des axes routiers, les chemins restent de mauvaise qualité. Le manque d’eau pénalise également l’activité des meuniers. Les moulins ne tournent plus ou insuffisamment pour produire, en témoigne l’état des moulins dressé en 180940 Annexe 1.
Pour terminer, le XIXe siècle marque le début de nouvelles conditions d’existence dans le marais et confirme la supériorité des forces de la nature sur l’action des hommes. Mais qu’en est-il des conditions de vie des paysans ?

L’existence paysanne dans le Marais poitevin

La vie dans le Marais poitevin est rude, la structure même du territoire ne permet pas à ses habitants de vivre aisément, au moins, ils ont su s’adapter à leur environnement et en tirer parti pour vivre dans une relative pauvreté, en autarcie. Les riverains des marais desséchés ont pu profiter des travaux des dessiccateurs au fur et à mesure des siècles et développer une économie plus valorisante, contrairement à ceux des marais mouillés, oubliés jusqu’au XIXe siècle en raison de la nature de leur lieu de vie : humide, indomptable…
Il existe 3 grandes catégories de Maraîchins : les marchands et les laboureurs qui vivent dans les bourgs, les fermiers dans les marais et les bûcherons, pêcheurs qui survivent dans les marais inondables.

Les communaux

Les marais communaux sont en place depuis des siècles, hérités des anciens droits d’usage accordés par les seigneurs laïques et ecclésiastiques. Ils constituent un complément aux faibles revenus des récoltes des paysans comme la pèche, la chasse. Ils y exercent leur droit de pacage moyennant des redevances et taxes. Le seigneur a la pleine propriété des terres, les paysans n’en ont que l’usage. Le seigneur possède également les fours, les moulins et des métairies. Il prélève par ailleurs des droits de péage sur les cours d’eau. L’arrivée des dessiccateurs va bouleverser cette organisation ancienne basée sur la mise en commun des parcelles et des moyens en tentant de s’emparer des communaux au titre de la propriété privée.
Si les riverains des marais desséchés bénéficient des bienfaits des dessèchements pour le développement de l’économie, leurs communaux s’organisent moins vite, et résistent difficilement aux assauts des sociétés, que ceux des habitants des marais mouillés. En effet, l’absence de travaux dans les marais inondables permet aux riverains de maintenir leurs droits d’usage très anciens, de les consolider et de les défendre. À la faveur de l’instabilité des premiers travaux de dessèchements, les riverains des marais desséchés défendent leurs droits d’usage ancestraux qu’ils revendiquent au titre de la propriété collective. Suite à ces troubles, les actes de concessions du XVIe siècle des seigneurs aux dessiccateurs ne mentionnent plus les redevances, mais dès le XVIIe siècle, les seigneurs reprennent le contrôle et rétablissent les taxes. Plus sereines, les communautés riveraines des marais mouillés s’organisent en s’appropriant des portions de marais au nom de l’ancienneté de leurs droits d’usage et s’opposent vigoureusement aux seigneurs. Ils réussissent ainsi à pérenniser la libre et totale jouissance de leurs communs, assurant une solide base à l’organisation de leurs communaux.
Plus tard, pendant les périodes de la Révolution et de l’Empire, les habitants des marais mouillés font front aux sociétés de dessèchement qui leur refusent le droit d’endiguer44 leurs parcelles. La bataille juridique dure 8 ans et les sociétés de dessèchement sont déboutées de leurs demandes. Elles doivent maintenant composer avec des riverains solidaires, bien déterminés à conserver leurs droits sur leurs marais.
Les syndics de communautés d’habitants émergent afin d’assurer la bonne gestion des communaux. Les conseils municipaux prennent ensuite le relais après la Révolution. Les principales mesures sont la limitation du nombre de bénéficiaires et la mise en place de règles pour le pacage des troupeaux. Le communal est divisé en portions ou tâches qui sont attribuées par tirage au sort. Les habitants ont le droit de récolter certaines choses, mais aussi celui de couper l’herbe avant qu’elle soit broutée. Ils peuvent y exercer leur droit de ramassage des bousettes45. Cependant, les éléments naturels (sécheresse, inondations) sont des obstacles à ces pratiques collectives. Au XIXe siècle, la notion de communaux commence à s’effriter face à la détermination de certains membres des syndics, petits propriétaires, qui réclament une gestion individuelle et privative plutôt que collective, afin d’obtenir davantage de terres labourables. Les communes libèrent peu à peu les communaux au profit de la propriété individuelle. Le processus de suppression des communaux se prolonge jusqu’en 19704647.

Les ressources du marais pour la petite paysannerie et les artisans

De tout temps, le Maraîchin s’adapte à son environnement et sait contourner les obstacles afin de tirer le meilleur parti des marais. Avant les dessèchements, les paysans exploitent les marais pour l’élevage, principalement grâce aux communaux sur lesquels ils exercent leur droit de pacage. Les parcelles boisées permettent la coupe de bois qui sert de combustible et à la fabrication d’outils. Ils exploitent les pêcheries et utilisent les ressources des parcelles humides pour la récolte du roseau et de l’osier à destination des vignerons. Ils cultivent le chanvre et le lin abondamment, chassent et pêchent pour compléter leurs récoltes.
Les premiers travaux du XVIIe siècle modifient les conditions d’existence et de travail. Les premières sociétés de dessèchement créent ainsi des emplois propres à la gestion des nouveaux marais. Dans l’organigramme des sociétés (cf. p16) apparaissent les gardes pour le contrôle des marais et les huttiers pour la surveillance qui bénéficient d’une hutte pour y loger leur famille en contrepartie de services. Sur les marais desséchés sont créées des cabanes, grandes exploitations agricoles gérées par les cabaniers, leurs familles et des employés, avec des laiteries, des celliers, des logements pour les domestiques, des dépendances pour les animaux, des écuries, granges et vergers… La cabane fait l’objet d’un bail d’une durée de 5 à 7 ans entre une Société et un fermier qui sous-afferme des parcelles ou carrés. Cette structure nécessite force main d’oeuvre, des journaliers en l’occurrence, employés aux travaux des champs de juin à septembre, au curage des fossés à l’automne et à l’entretien des bâtiments en hiver.
Pour les paysans maraîchins, ces emplois sont un complément de revenus à leurs propres exploitations. Ce n’est qu’à compter du XVIIIe siècle que les cabanes sont pourvues de logements, les cabaniers préférant vivre dans les bourgs au XVIIe siècle. Outre ces emplois, les Sociétés proposent aussi des postes de brigadiers (cf. organigramme p16), chargés de l’entretien des canaux et des digues moyennant un salaire fixe. Un gisement d’argile est par ailleurs exploité pour alimenter les faïenceries, employant salariés et apprentis.
La petite propriété paysanne est bien développée avant la Révolution malgré la prédominance des grands propriétaires. Seuls les pêcheurs et les huttiers possèdent et exploitent les parcelles dans les marais mouillés en complément des communaux. Les laboureurs possèdent des parcelles en terres hautes (Plaine et Bocage, héritages des prétravaux) et en terres basses (marais, mottes, vignes, terrées). Les cabaniers qui exploitent les terres des grands propriétaires possèdent eux aussi leurs petites parcelles. Les journaliers, quant à eux, sont quand même propriétaires de quelques champs ou vignes.
La terre est fertile pour les récoltes, propice à la pâture des troupeaux, à l’élevage des bovins, ovins, et chevaux destinés aux travaux agricoles. Le Marais poitevin produit donc le fourrage en grande quantité par la coupe de l’herbe avant l’entrée des troupeaux.
Les vergers, les légumes et les vignes sont présents sur les terres des marais. Les grandes richesses des marais sont le lin et le chanvre, le bois (exploité en terrées) et le roseau (récolté dans les molins) tiennent une belle place dans les ressources des marais ainsi que l’osier (exploité sur des parcelles dites osilières). Outre la consommation locale, les produits sont transformés et vendus. Ainsi se développe l’artisanat des marais : les menuisiers, ébénistes et sabotiers utilisent le bois, les vanniers fabriquent des paniers pour la pèche avec l’osier, le lin et le chanvre sont utilisés par les tisserands, les tailleurs de pierre travaillent les bancs de calcaire des terres hautes, le lasseur fabrique essentiellement des filets de pêche et le charpentier en bateau est un acteur important avec la conception des barques nécessaires à la navigation sur les canaux. Enfin, les travaux de dessèchement permettent de développer davantage les échanges commerciaux par l’amélioration des voies navigables profitant aux produits locaux, aux foires et marchés des marais.

Les promesses des dessèchements pour de meilleures conditions d’existence ?

Au-delà des considérations strictement économiques et financières, l’objectif des travaux de dessèchement est d’améliorer les conditions de vie, d’éradiquer le problème de l’insalubrité et d’assainir les marais. À la fin du XIXe siècle, le bilan est très mitigé. La croissance démographique attendue n’est pas au rendez-vous et la 3e ère de dessèchements bouleverse l’ordre naturel de l’écosystème des marais mouillés. Il a fallu dans un premier temps, expulser certains riverains, faire disparaître des habitats comme les huttes pour creuser de nouveaux canaux et permettre un meilleur écoulement de l’eau. Les marais subissent alors les conséquences de ce bouleversement.
Certes, les canaux permettent de cultiver les marais, mais ils sont maintenant à la merci de sécheresses et d’inondations sans précèdent. Les crues sont catastrophiques : 1816, 1818, 1823… Les blés pourrissent sur les parcelles, le chanvre est récolté en bateau, les carrés sont impraticables pour les charrettes… Sécheresses et crues se succèdent tout au long du XIXe siècle, laissant la population aux prises avec ces éléments, touchée dans leurs habitats et leur vie quotidienne. Pire, l’insalubrité et les épidémies subsistent, affectant les habitants des marais, quelles que soient les saisons. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que le paludisme commence à reculer, grâce à l’avancée de la médecine et aux canaux creusés qui jouent leur rôle de « purificateur » de l’eau en empêchant la stagnation.
Néanmoins, et malgré les aléas climatiques, les conditions de vie générale s’améliorent, le commerce se développe et les Maraîchins intègrent peu à peu ces modifications dans leurs habitudes de vie. L’agriculture bénéficie d’un nouvel essor au XIXe siècle grâce notamment à l’amélioration des techniques agricoles, grâce aux nouveaux espaces disponibles des marais mouillés. L’élevage bovin, ovin et équin n’est pas en reste : des parcelles autrefois cultivées sont réservées à la prairie. La mojette (haricot blanc) retrouve son aura et permet de faire travailler un grand nombre de Maraîchins. L’artisanat se développe quant à lui pour certaines branches d’activité seulement, permettant l’emploi de nombreux riverains des marais : des scieries, des briqueteries, tuileries, la vannerie, les charpentiers en bateau, des ateliers textiles, la meunerie sont des activités florissantes.
Toutes ces évolutions ont un impact sur l’habitat, grâce à l’enrichissement que permet le XIXe siècle, les maisons deviennent plus confortables, plus cossues. Dans les marais mouillés, la maison en bois se transforme en une maison en pierre.
Tout en intégrant les évolutions des dessèchements, les habitants des marais n’en conservent pas moins leur indépendance en perpétuant des pratiques ancestrales auxquelles ils sont très attachés, comme la pèche, malgré les réglementations et les interdictions…

L’évolution du foncier synonyme de prospérité pour la petite paysannerie ?

Après les bouleversements de la Révolution et le retour timide de certains grands propriétaires partis en émigration, les sociétés de dessèchement ont du mal à mobiliser l’attention de ces propriétaires qui délaissent peu à peu leurs marais. Elles sont contraintes de vendre aux enchères ces lots (éclatés en de multiples petites parcelles pour accroître le bénéfice des anciens propriétaires) qui n’intéressent plus que les petits exploitants maraîchins, soucieux de transmettre un patrimoine à chacun de leurs enfants. Ainsi, dans les marais mouillés nouvellement aménagés, ce sont les pêcheurs et les huttiers qui y vivent qui se portent acquéreurs d’une foule de petites parcelles. Les petits lots des marais desséchés sont en revanche accessibles uniquement aux cultivateurs et cabaniers vivant dans les bourgs. De leur côté, les grands propriétaires ont du mal à recruter des fermiers pour leurs cabanes en raison d’un coût d’exploitation trop élevé, ces derniers préférant s’associer à d’autres fermiers pour limiter ces coûts et attendre que les propriétaires, lassés, décident de vendre les parcelles des cabanes. De leur côté, les communaux font face eux aussi à la réticence des petits paysans qui revendiquent une propriété individuelle pure et simple plutôt qu’une attribution de tâches à vie, sans possibilité de les transmettre. Les communes se séparent progressivement de leurs communaux en les vendant aux enchères ou plus rarement en les donnant à la population.

Dans le Marais poitevin

Le Marais poitevin est un enjeu stratégique militaire important pendant les guerres de Religion. Il représente tour à tour une arme et un piège. Les marais sont situés dans le triangle de La Rochelle, Fontenay-le-Comte et Niort. Marans, avec son port, est une place que se disputent successivement catholiques et protestants, car aux portes de la très convoitée cité de La Rochelle. Tantôt les marais sont inondés pour repousser les attaques, tantôt les ressources sont utilisées afin de faciliter le passage des armées. Les marais mouillés servent alors de refuge à grand nombre de protestants persécutés.
Par ailleurs, les premiers travaux de dessèchements du XVIIe siècle sont menés par un hollandais protestant : Humphrey Bradley, qui fera intervenir un grand nombre d’investisseurs hollandais. Il tombera en disgrâce à la mort de Henri IV, sous l’influence catholique de Marie de Médicis.

Témoignage d’une Dragonnade à Mauzé-sur–le-Mignon

Jean Migault est un protestant du Poitou. Il est instituteur à Moulay57 de 1663 à 1680, marié et père de 11 enfants. Il est lecteur dans son Église, comme son père de son vivant. Il obtient une charge de notaire en 1670 de la part du Seigneur de Mougon, jusqu’en 1681, date à laquelle les protestants sont exclus des emplois civils. Jean Migault et sa famille rejoignent alors Mougon en 1681 pour s’y installer. Quelques mois après leur installation, ils subissent la première Dragonnade.

L’abjuration de la famille TRISTAND à Coulon en 1681

Le protestantisme est un « phénomène » anecdotique dans la généalogie des RENAUD. Deux familles sont concernées par le protestantisme. Je m’intéresse ici au mariage de Catherine RENAUD (◦1676 †1716), la soeur de Louis RENAUD (notre 5e génération ascendante), avec Jacques TRISTAND le 18 mai 1699 à Arçais61. Le registre BMS de Coulon pour les années 1674 à 169462 mentionne de très nombreuses abjurations, dont la famille TRISTAND pour laquelle je ne trouve pas d’actes sur les registres catholiques.
Ainsi, les parents de Jacques : Isaac TRISTAND et Louise MORIN mariés le 02 juillet 1673 à Niort63 abjurent-ils en 1681 à Coulon.
La plupart des abjurations de cette période ont été enregistrées en 1681, 1682. La première Dragonnade de Mauzé en 1681 a provoqué des conversions en masse…

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Table des matières

Avant-propos 
I La formation du Marais poitevin au fil des siècles
1 Le Marais poitevin actuel
2 La conquête progressive de cet espace occupant l’ancien Golfe des Pictons
2.1 L’oeuvre des moines
2.2 Le renouveau des dessiccateurs autour de 1600
2.3 La main mise progressive des dessiccateurs français vers 1640
2.4 L’intrusion du pouvoir royal dans les rouages des sociétés de dessèchements dès 1650-1660
3 Le Marais poitevin du XVIIIe au XIXe siècle
3.1 Le renouveau du XVIIIe siècle
3.2 Les apports de la Révolution
3.3 Les beaux esprits du XIXe siècle
3.3.1 La colère gronde quant à la gestion du niveau de l’eau
3.3.2 Un bilan mitigé à la fin du XIXe siècle
II L’existence paysanne dans le Marais poitevin 
1 Les communaux
2 Les ressources du marais pour la petite paysannerie et les artisans
3 Les promesses des dessèchements pour de meilleures conditions d’existence ?
4 L’évolution du foncier synonyme de prospérité pour la petite paysannerie ?
III Les marques de l’Histoire sur le Poitou
1 Le protestantisme
1.1 La Réforme de l’Église
1.2 Le protestantisme dans le Poitou-Charentes
1.2.1 Dans le Marais poitevin
1.3 Témoignage d’une Dragonnade à Mauzé-sur–le-Mignon
1.4 L’abjuration de la famille TRISTAND à Coulon en 1681
2 La Révolution française
2.1 Généralités poitevines
2.2 Contexte économique et sanitaire dans le Marais poitevin
2.3 Les cahiers de doléances de Saint-Hilaire-la-Palud (marais mouillés)
2.4 La « révolution administrative » des Deux-Sèvres
IV L’héraldique du Poitou-Charentes 
1 Les armes attribuées par la Commission des Sceaux et Armoiries de l’État
2 Les armoiries du Poitou-Charentes
3 Les armes du Poitou
4 Les armoiries de la nouvelle région Nouvelle-Aquitaine
V Qui sont les habitants des marais mouillés du XIXe siècle ? 
1 L’éclairage anthropologique du XIXe siècle
2 Les cahiers de l’abbé Pérocheau (1843-1856)
3 Des métiers autour des marais
3.1 Extraits du recensement de 1836 de Saint-Hilaire-la-Palud
3.2 Quelques métiers et activités en images .
VI Mémoires de Saint-Hilaire-la-Palud
1 D’hier à aujourd’hui
2 Les statistiques du préfet DUPIN
3 Le blason de Saint-Hilaire-la-Palud
4 Les recensements
4.1 De 1831 à 1906
4.2 Zoom sur l’année 1797
VII Un peu d’anthroponymie
1 Généralités
2 L’origine du nom RENAUD
3 La palette des noms et prénoms de la généalogie des RENAUD
4 L’avis du Conseil d’État en séance du 19 mars 1808 sur la rectification des registres de l’état civil
VIII L’année 1835, le mariage de Pierre RENAUD à Saint-Hilaire-la-Palud 
1 Pierre RENAUD et Marie Madeleine GUICHARD
1.1 Pierre RENAUD
1.1.1 La fratrie RENAUD
1.2 Marie Madeleine GUICHARD
1.2.1 La famille de Marie Madeleine GUICHARD
2 Le chemin de vie de Pierre et Marie Madeleine
3 Le patrimoine foncier de Pierre et Marie Madeleine
3.1 Son origine
3.2 Sa transmission
IX L’ascendance de Pierre RENAUD
1 2e génération, Jacques RENAUD et Louise POUGET (x 1794 à Saint-Hilaire-la-Palud)) .. 61
2 3e génération, Louis RENAUD et Françoise BOURGERON (x 1748 à Saint-Hilaire-la-Palud)
3 4e génération, Jean RENAUD et Catherine JOURDAIN (x 1718 à Saint-Hilaire-la-Palud)
3.1 Le remariage de Jean RENAUD avec Louise GOT en 1729
4 5e génération, Louis RENAUD et Catherine BOIRY (x 1690 à Le Vanneau)
4.1 Le remariage de Louis RENAUD avec Michelle RICHARD en 1695
5 6e génération, François RENAUD et Louise BOUTET (x 1651 à Coulon)
X La descendance de Pierre RENAUD
1 1 Pierre RENAUD et Rose Marie TARDY (x 1862 à Saint-Hilaire-la-Palud)
2 1.1 Élie Joseph RENAUD et Marie Constance CHAIGNEAU (x 1882 à Saint-Hilaire-la-Palud)
3 1.1.1 Élie Constant Gabriel RENAUD et Emma MOINIER (x 1910 à Saint-Hilaire-la-Palud)
4 1.1.1.1 Bertrand Robert Jacques RENAUD et Denise Thérèse MARIE (x 1935 au Bourdet)
XI L’armée 
1 Les conscrits
2 Guerres et engagements
XII Épilogue
XIII Carnet de voyage 
XIV Progression et écueils des recherches 
Petit lexique à destination du voyageur du XXIe siècle
Annexes
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Annexe 6
Annexe 7
Annexe 8
Annexe 9
Annexe 10
Annexe 11
Annexe 12
Annexe 13
Annexe 14
Annexe 15
Table des illustrations 
Références bibliographiques 
Table des matières

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