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L’Anguille européenne (Anguilla anguilla)
L’Anguille européenne est un poisson possédant une aire de répartition particulièrement étendue : en effet, celle-ci est une espèce migratrice amphihaline thalassotoque, ce qui signifie qu’elle se reproduit et pond en mer, plus précisément dans la mer des Sargasses située au Nord-Est des Caraïbes (où l’anguille va naître et commencer son développement). Elle va ensuite migrer dans les cours d’eau d’Europe et de l’Afrique, dans lesquels elle finira sa croissance, avant de retourner à la mer pour se reproduire et mourir (Figure 1).
(Fond de carte : Google Hybrid).
L’anguille possède un cycle de vie bien particulier (Figure 2) .
Durant la période de reproduction dans la mer des Sargasses, les femelles pondent un million d’œufs en moyenne par kg de femelle à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Après éclosion, les larves d’anguilles appelées leptocéphales vont migrer vers les zones continentales pendant environ un an. Ces larves mesurent 5mm, et ont une forme dite « de feuille de saule ». A l’approche des côtes, les larves vont s’amincir et se transformer en civelles transparentes d’environ 70mm. Ces civelles vont alors commencer leur montaison, et leur corps va progressivement grossir, et se pigmenter de vert et de jaune. Une fois que celles-ci auront terminé leur migration, ces anguilles jaunes mesureront environ 15 cm. (Adam et al, 2008).
A ce stade, l’anguille va se sédentariser et séjourner en eau douce pendant plusieurs années, années durant lesquelles les phases de masculinisation et de féminisation vont commencer. Cependant celles-ci ne s’achèveront qu’une fois arrivées en mer (Durif et al, 2000). L’anguille va grandir, et une fois arrivée à une certaine taille, va se transformer en anguille argentée : il s’agit de la dernière phase de son développement avant sa dévalaison et son retour à la mer. Sa peau va changer de teinte et devenir argentée avec des reflets métalliques, sa ligne latérale va devenir plus sombre, et ses yeux vont voir leur diamètre augmenter. La vessie natatoire des anguilles va également se modifier afin de permettre aux individus d’atteindre leur zone de reproduction située dans les profondeurs.
Présentation de la structure
Ce stage s’est déroulé au sein du Parc Naturel Régional (PNR) du Marais Poitevin, situé près de la Rochelle. Celui-ci s’étend sur 3 départements : La Charente-Maritime, la Vendée et les Deux Sèvres. Deux fleuves principaux le traversent : la Sèvre niortaise et la Vendée.
Le PNR est responsable de la gestion du territoire (Annexe 1). Cette structure est un Syndicat Mixte constitué de :
• deux régions : Pays-de-la-Loire et Nouvelle-Aquitaine.
• trois départements : Charente-Maritime, Vendée et Deux Sèvres.
• trois chambres d’agriculture des départements précédents
• 91 communes adhérentes.
• différents établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI).
En tout, le syndicat mixte œuvre sur 107 526 ha de zones humides, ce qui fait du Marais Poitevin la deuxième plus grande zone humide de France (PNR Marais Poitevin, 2017). Il vise plusieurs domaines d’intervention :
• Le développement économique.
• L’aménagement du territoire.
• La protection du patrimoine naturel.
• L’éducation à l’environnement et au développement durable.
L’équipe du PNR est quant à elle pluridisciplinaire, et divisée en 5 services techniques placés sous la direction de Mme Caroline ROUENNIER, directrice générale du parc (Figure 4).
Paramètres étudiés
Afin de pouvoir répondre aux objectifs de l’étude, divers paramètres seront retenus. Certains seront obtenus directement sur le terrain, tandis que d’autres seront calculés.
Paramètres quantitatifs : ces paramètres serviront à comparer les résultats entre eux afin de déterminer l’intensité de la migration. Les variables suivantes, qui sont issues du protocole national de suivi des anguilles mis en place par l’ONEMA, seront prises en compte dans l’étude :
le nombre d’anguilles : le nombre d’anguilles « petites », « grandes » et total sera retenu : selon le protocole standardisé national conçu par l’ONEMA, les civelles et les anguilles de moins de 150mm appartiendront au stade « petit », tandis que les anguilles de plus de 150mm constitueront le stade « grand ».
le nombre de nuits écoulées entre deux jours de suivis : cette valeur permettra d’évaluer la quantité d’anguilles ayant emprunté la passe par jour de suivi, afin d’obtenir des résultats chaque jour. A partir de ces variables, trois variables seront étudiées : la moyenne journalière d’individus par an, qui permettra de comparer les quantités d’anguilles entre les années sans être affecté par les variations de durée de suivi.
Le nombre moyen d’individus par nuit de suivi, afin d’éviter les erreurs d’interprétation (ex : 2000 anguilles sur une nuit de suivi représentent plus que 3000 anguilles passées sur deux nuits, car il n’en est en réalité passé que 1500 par nuit) le pourcentage d’individus cumulés, afin de déterminer la période de migration privilégiée par l’anguille chaque année Paramètres abiotiques : ces derniers permettront d’observer l’effet que certains paramètres peuvent avoir sur la montaison des anguilles, pour ensuite prévoir leur migration les années suivantes. Deux variables seront analysées dans l’étude :
les valeurs de température : comme toute espèce piscicole, plus la température de l’eau augmente, et plus les anguilles seront actives. Elles seront donc plus à même de remonter les passes lorsque
celles-ci seront en contact avec des eaux chaudes. les valeurs de coefficients de marée : en effet, au stade de civelles les anguilles nagent passivement afin d’économiser leurs forces. Celles-ci se laissent porter par la marée haute, puis s’enfouissent dans le sédiment à marée basse (Feunteun, 2012). Les coefficients de marée peuvent avoir un réel impact sur la migration de l’anguille, en particulier à l’aval des cours d’eau.
Paramètres qualitatifs : ces paramètres permettront d’étudier les populations d’anguilles ayant traversé la passe, et d’étudier leurs variations dans le temps :
Trois variables temporelles seront prises en compte : l’année, la date et la semaine standard : L’utilisation de ces dernières permet de pouvoir comparer les résultats sur plusieurs années, sans avoir de variation temporelle (Annexe 2).
La longueur d’un échantillon de petites anguilles sera mesurée chaque semaine standard, afin de déterminer la taille moyenne de celles-ci.
Ces longueurs seront ensuite organisées selon des classes de tailles, allant de 50 à 150mm par pas de 10mm. De cette manière il sera possible de déterminer la classe majoritaire.
L’étude des pêches électriques va quant à elle prendre en compte les paramètres suivants :
les classes de tailles correspondant aux divers stades de développement de l’anguille dans le Marais poitevin (<150mm, 150-300mm, 300-450mm, 450-600mm et <600mm). Cette distinction est essentielle du fait de la grande variabilité de comportements de l’anguille durant son cycle de vie (cf. 1.2.).
les niveaux de capture (nombre d’individus capturé dans chaque station à chaque opération de pêche), qui permettront d’obtenir les tendances d’évolution des anguilles au cours des années la valeur moyenne de la densité d’anguilles par 100 m², calculée pour chaque station et pour chaque classe de taille afin de déterminer la structure de taille présente la distance à l’estuaire (en km) de chaque site de pêche électrique, afin d’étudier la répartition des anguilles selon leur stade de développement
Suivi des passes
Ce suivi repose sur un protocole standardisé national, afin de permettre une comparaison des données entre les différents bassins. Ce protocole, divisé en deux parties, est le suivant :
Préparation du matériel :
o Relève de la température de l’eau à l’amont.
o Remplissage des seaux à l’eau fraiche (éviter un trop grand écart de température entre l’eau des seaux et du vivier).
o Préparation du bain sédatif (pour 7 litres d’eau : 3 gouttes d’huile essentielle de clou de girofle + 1 cuillère à café d’alcool).
o Préparation du bain de réveil (grand seau d’eau claire).
Arrêt du système de pompage (position 0 du boitier électrique) Vidange du vivier à l’aide du trop plein Capture des anguilles à l’aide d’épuisette.
Pêches électriques
Les campagnes de pêches ont lieu à une période fixe chaque année : la deuxième quinzaine de mai a été retenue afin d’éviter un confinement des milieux et donc des caractéristiques peu compatibles avec la méthode de pêche électrique (conductivité, couverture végétale).
L’échantillonnage s’effectue par pêche à l’électricité, soit à partir d’un bateau sans moteur manœuvré depuis ma berge par deux opérateurs à l’aide de bouts ou bien d’une ligne de vie, soit à pied pour les cours d’eau de très faible profondeur. Le moteur n’est pas utilisé afin de perturber le moins possible le milieu. La prospection s’effectue au moyen d’une anode et d’une épuisette de manière lente et systématique afin de cibler les individus de moins de 300mm. Les zones rivulaires sur 1m à partir de la berge sont privilégiés, en alternant rive gauche et rive droite sur toute la longueur de la station (le plus souvent 50m). Afin d’assurer une bonne fiabilité des résultats, deux passages successifs sont réalisés sur chaque station.
Durant la pêche les poissons sont placés dans un bac rempli d’eau présent sur le bateau ou tenu par l’un des opérateurs. Une fois ce bac plein celui-ci va être trié, et chaque espèce piscicole sera placée dans un seau d’eau. Les poissons seront ensuite pesés et mesurés une fois que la station aura été prospectée en entier avant d’être remis dans un bac de réveil (grand vivier rempli d’eau claire). Durant le tri, les anguilles pêchées seront quant à elles placées dans un bain sédatif (même composition que celui réalisé dans le protocole de suivi des passes), et les individus ne seront mesurés et pesés qu’une fois endormis avant d’être eux aussi placés dans le bac de réveil. Une fois tous les poissons réveillés, ceux-ci seront remis à l’eau.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. CONTEXTE
2.1. L’Anguille européenne (Anguilla anguilla)
2.2. Présentation de la structure
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Choix des sites d’études
3.2. Paramètres étudiés
3.3. Protocoles
3.3.1. Suivi des passes
3.3.2. Pêches électriques
3.4. Etudes réalisées
4. RESULTATS ET PREMIERES INTERPRETATIONS
4.1. Résultats du suivi des passes : exemple des Enfreneaux
4.1.1. Description et fonctionnement de la passe
4.1.2. Bilan des suivis effectués entre 1984 et 2017
4.2. Résultats des pêches électriques
4.2.1. Structure de taille
4.2.2. Tendances d’évolution par classe de taille
4.2.3. Densité d’individus et distance à l’estuaire
5. DISCUSSION
5.1. Suivi des passes à anguilles
5.2. Pêches électriques
CONCLUSION
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