Langue française et langue créole : place et représentativité au niveau régional, national et international

La francophonie dans le monde : l’impact de l’usage du français au niveau économique et politique

L’utilisation des langues et les conditions dans lesquelles on les utilise ont une importance. Le recours aux langues permet les échanges, notamment économiques, et cela permet aussi d’instituer les rapports entre les peuples. C’est par exemple le cas au Tibet où les langues tibétaines sont bannies au profit des langues chinoises, eu égard à la domination de la Chine sur le plan politique. Dans un article intitulé Cette arme de la domination paru dans Le monde diplomatique de février-mars 2008, Bernard Cassen dit :
Langue et politique sont intimement liées. C’est ce que n’ont toujours pas compris certains linguistes qui croient à une sorte de « marché » naturel des langues. Il consigne la montée de telles d’entre elles et la disparition de telle autre manière dont les opérateurs suivent les hauts et les bas des cours de la bourse. La notion de politique linguistique les choque, car elle interfère avec la « main invisible » régulant ce « marché » qui constitue leur corpus de recherche.
Après lecture des habits neufs des ambassadeurs, article rédigé par Jean-Pierre Reymond, extrait de Paris World Wide, n°5, janvier et février 2015, nous pouvons mieux mesurer l’impact considérable de la langue française au niveau international. En effet, la France s’est toujours appuyée sur la langue française pour développer ou asseoir son influence économique. En effet, comme le souligne dans cet article Jean-Claude Crespy, directeur de l’Alliance Française de Bruxelle-Europe « chaque langue transmet par son simple usage, une vision du monde». Et il ajoute : « Notre lettre de mission est d’implanter le français parmi les institutions européennes ».
Afin de véhiculer la langue française, sa culture, son image et ses entreprises, la France s’est dotée du premier réseau culturel au monde avec 96 instituts et 384 Alliances Françaises.
Ainsi, la langue française est la deuxième langue la plus apprise au monde, comme le mentionne l’organisation internationale de la francophonie lors de son sommet à Dakar en novembre 2014.
Un des impacts de l’apprentissage de la langue de Molière aux quatre coins du monde, est le nombre considérable, 295000, d’étrangers inscrits dans les universités françaises. Sur ces 295000 étudiants étrangers, on recense 35000 chinois et l’ambassade française souhaite atteindre un objectif de 50000. Avec le réseau France Alumni crée le 26 novembre 2014, le Quai d’Orsay a la volonté de faire de ces étudiants des « ambassadeurs officieux ».
Ainsi les diplômés du lycée français Guébré Mariam en Ethiopie disposent de bourses dans des secteurs stratégiques tels que l’informatique, l’agroalimentaire, la sécurité alimentaire ou encore la gestion de la croissance urbaine.
Cette politique aboutit aux résultats suivants :
– 274 millions de francophones en 2014 contre 220 millions en 2010,
– 494 établissements français implantés dans 135 pays et scolarisant 330000 jeunes dont 60% d’autochtones,
– La France est le troisième pays au monde accueillant le plus d’étudiants étrangers après les Etats-Unis et l’Angleterre.
Clairement cela contribue à la stratégie diplomatique dont le but est « d’accompagner [les] entreprises françaises, favoriser [les] exportations et tirer vers le haut la croissance française » comme le souligne le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal. Un ambassadeur va également dans le même sens en disant : « nous avons des objectifs chiffrés concernant les investissements étrangers en France, l’implantation d’entreprises françaises à l’étranger, l’envoi de touristes et d’étudiants ». En effet, comme nous le savons, la France est le pays au monde le plus visité (voir article du site Le Point du 07/04/2015 qui reprend le chiffre de 83,7 millions de visiteurs en 2014 issue de l’enquête réalisée par la Direction Générale des Entreprises) et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international, souhaite que cela s’intensifie. C’est ainsi qu’il a fait part aux médias de sa volonté d’accélérer l’octroi de visas en 48h tout particulièrement en faveur de la clientèle chinoise qui dépensent en moyenne 1500 euro dans les enseignes françaises. Et pour remplir tous ces objectifs chiffrés, la France dispose du troisième réseau diplomatique au monde avec 163 ambassades chargées, entre autres, de suivre les appels d’offres.
Bien que là ne soit pas l’essentiel de notre propos, nous tempèrerons cependant cet enthousiasme donné par une vision très franco-centrée, en donnant un point de vue différent.
En effet, dans un article du magasine Le Point publié en ligne le 27 mai 2015 à 21h02, l’auteur souligne dès son titre que « la France dégringole au classement des pays les plus compétitifs ». L’auteur se base sur le classement publié par l’école de management suisse IMD (Institut for Management Développement).

Le créole ou les créoles ? Langues, patois ou dialectes ? Place et représentativité dans le monde

Le terme « créole » est un dérivé du mot portugais « criollo ». A l’origine ce terme était utilisé pour désigner les personnes nées dans les îles colonisées mais dont les parents ne le sont pas. Le terme est également utilisé pour désigner le parler employé dans ces contrées.
Les créoles sont apparus entre le XVI et le XVIIIème siècle avec les colonisations européennes. Selon M-C. Hazaël Massieux dans son entretien avec Marianne Payot parue dans l’Express, ils sont le fruit du mélange de différentes langues, telles que les langues européennes ainsi que des langues africaines. Ces langues ont été créées pour que les esclaves puissent communiquer avec leurs maitres et qu’ils puissent communiquer entre eux finalement. Précisons qu’à l’époque, il existait plusieurs variétés de français, que les esclaves provenaient d’horizons divers tels que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est (ce qui suppose de très nombreuses langues) et que les populations amérindiennes, malgaches, d’Asie du Sud ou de l’Ouest ont également contribué à la construction du créole.
Le créole a donc pris naissance loin de la France hexagonale. Il existe différents créoles : créole à base lexicale française, anglaise, espagnole, portugaise ou encore néerlandaise. C’est la raison pour laquelle, il serait plus juste de dire les créoles comme le souligne si justement M-C. Hazaeël Massieux, responsable de l’institut d’études créoles francophones de l’université de Provence dans son livre intitulé Les créoles : l’indispensable survie (1999).
Selon ses études, M-C. Hazaël-Massieux (1999) estime à dix millions d’interlocuteurs s’exprimant dans un créole à base lexicale française. Cependant, elle précise que si ce nombre peut paraître conséquent, il ne faut pas oublier que tous ces locuteurs ne parlent pas le même créole et qu’il s’agit là de créoles très différents ne permettant pas à deux personnes unilingues dans deux créoles différents de se comprendre. Selon l’universitaire canadien J.
Leclerc, sur son site intitulé L’aménagement linguistique dans le monde et M-C. HazaëlMassieux (1999), les créoles sont présents dans plusieurs territoires. Aussi nous pouvons reprendre le tableau proposé que M-C. Hazaël-Massieux dresse sur son site www.creoles.free.fr et dans son livre intitulé Les créoles : l’indispensable survie, pour en avoir une meilleure compréhension.

Situation sociolinguistique de la Guadeloupe

Ce texte nous permet de constater les différentes représentations de la langue créole, de prendre conscience des préjugés qui emprisonnent la langue et l’empêchent de donner toute sa mesure. D. Bèbèl Gisler évoque un des arguments suprêmes selon lequel si le créole occupe cette place dans les esprits, si on lui attribue ces représentations négatives, c’est en raison des politiques linguistiques, elles-mêmes élaborées avec la prise en compte des enjeux stratégiques et économiques. C’est une question que nous avons eu l’occasion d’aborder précédemment pour ce qui concerne la langue française qui se positionne par rapport aux autres langues, notamment l’anglais mais aussi par rapport à ses propres langues régionales. Si nous avions encore quelques doutes sur la question nous pouvons également nous référer aux travaux de J. Leclerc, sur son site qui traite des aménagements linguistiques dans le monde. En effet, il distingue différentes politiques linguistiques, telles que les politiques d’assimilation, de non-intervention, de valorisation de la langue officielle, les politiques sectorielles, de statut juridique différencié, de bilinguisme (ou de trilinguisme), ou encore les politiques d’internationalisation linguistique.
En Guadeloupe, au même titre que les autres départements, collectivités et pays et territoires d’outre-mer, c’est une politique de la valorisation de la langue officielle qui est établie. Cette politique repose sur l’unilinguisme, c’est-à-dire que quelque soit les langues parlées sur ces territoires, c’est la langue française, qui est en vigueur dans les sphères politique, économique, juridique ou encore social. Dans les administrations, c’est le français qui est employé et c’est également la langue d’enseignement car la France est une et indivisible.
La Guadeloupe est un département et région d’outre-mer (DROM) comprenant 403000 habitants selon le recensement de 2013. Le chef lieu est Basse-Terre. La langue officielle est le français bien que 96,8% de la population parlent le créole guadeloupéen. D’autres langues telles que le créole martiniquais, le créole haïtien, le français ou encore l’anglais sont parlées sur le territoire en fonction des populations présentes (haitienne, martiniquaise, française (blanc), indienne, syrienne, libanaise, dominicaine ou encore dominiquaise). Selon le groupe Joshua Project et des ethnologues le créole guadeloupéen représente la langue maternelle pour 93 à 96% de la population. Le français est qualifié de langue seconde.
Le créole a maintenant le statut de langue régionale. En effet, c’est en 2008 et avec la modification de l’article 75-1 de la Constitution française que les langues régionales apparaissent dans la Constitution et « appartiennent au patrimoine de la France ». Il s’agit là d’un changement significatif certes mais l’adjectif régional de ces langues est à souligner par opposition au caractère national de la langue française, ce qui suggère des positions inégales, voire un caractère de subordination des langues régionales vis-à-vis de la langue nationale.

Didactique des langues

La question de l’apprentissage du créole nécessite de s’intéresser à la didactique des langues et plus précisément aux théories d’apprentissage et aux stratégies pédagogiques qu’un enseignant peut mettre en place.
La didactique des langues vise l’amélioration qu’il s’agisse des processus d’apprentissage ou des processus d’enseignement. En didactique des langues, on distingue différentes méthodes telles que les méthodes traditionnelles comprenant la méthode directe ou encore la méthode grammaire et traduction, les méthodes audiovisuelles et la méthode audioorale. Il y a aussi deux grandes approches : l’approche communicative et l’approche actionnelle.
En didactique des langues vivantes, on distingue trois façons d’apprendre une langue :
– la langue maternelle, également appelée langue première, s’apprend par imprégnation, dans les toutes premières années de la vie. Elle est fonction du « bain linguistique », c’est-à-dire la langue parlée dans la société dans laquelle l’enfant grandit et de la langue de ses éducateurs (famille). Cet apprentissage est dit naturel,
– le deuxième apprentissage est également naturel et se fait par immersion, généralement à un âge plus avancé, à l’adolescence ou à l’âge adulte,
– enfin il y a l’apprentissage dit artificiel, qui relève d’un apprentissage scolaire ou tout autre processus formatif.
Ces trois modes d’apprentissage caractérisent la langue qui aura le statut de langue maternelle, appelée encore langue première ou de langue seconde. Par rapport à la langue créole et à notre public, on peut d’ores et déjà s’interroger sur le statut de la langue créole pour les élèves d’origine antillaise. S’agit-il d’une langue première ou d’une langue seconde ?
Comment l’enseignant et eux-mêmes la considèrent-ils ? Doit-on considérer cette langue, dans le cadre d’un enseignement, comme une langue vivante étrangère ou comme une langue vivante régionale ? Ces questions sont essentielles car des réponses afférentes dépendront l’enseignement mis en place.
On recense différentes stratégies pédagogiques. Par stratégie pédagogique, nous pouvons comprendre un ensemble de méthodes et de démarches. Ces dernières vont être déterminantes pour le choix du matériel et des techniques mises en place. Bien entendu, la stratégie appliquée peut varier en fonction de l’objet et de l’objectif de l’apprentissage.
Concernant les stratégies pédagogiques, on recense essentiellement trois courants, trois démarches et cinq méthodes.
Parmi les courants, il y a le courant behavioriste, qui a pris naissance dans les années 60, avec les travaux de Skinner et Pavlov. C’est l’apogée du réflexe conditionné avec une vision très descendante et formelle de l’enseignement : les élèves apprennent, c’est-à-dire qu’ils écoutent, observent et reproduisent et l’enseignant enseigne. Les rôles sont bien définis et on ne demande pas à l’élève de réfléchir, d’ailleurs on ne considère pas qu’il y a ce que le psychologue Alain Dorville nomme le déjà-là. Pour savoir, il suffit d’apprendre et c’est de ce courant qu’est issue la pédagogie par objectif qu’on retrouve notamment avec les référentiels
de compétences. Le courant constructiviste, lui intervient dix ans plus tard et faisait référence aux travaux (les épreuves piagétiennes) du psychologue et généticien Jean Piaget et de sa consœur Barbel Inhelder. Le positionnement des enseignants est tout autre que celui observé dans le courant précédent puisque l’enseignant se place plutôt en tant que tuteur dans une perspective de co-construction. Avec ce courant, l’objectif diffère aussi puisqu’il vise l’autonomie et la responsabilisation des apprenants. Enfin, il y a le courant socioconstructiviste qui se met en place en 1995, avec une approche attribuée aux travaux de Lev Wygotsky, contemporain de Piaget avec pourtant des visions différentes sur les relations entre pensée et langage entre autres. Ce courant vise la flexibilité, l’autonomie de l’apprenant dans l’acquisition des savoirs et la mutualisation des savoirs.
Concernant les démarches, la démarche inductive, avec laquelle on part d’analyses de situations particulières pour dégager des principes, règles ou lois, la démarche déductive où au contraire on part du général donc des règles ou des lois pour aller vers le particulier, c’està-dire vers du pragmatique comme la réalisation d’exercices d’application et enfin la démarche dialectique, basée sur la confrontation de connaissances comme c’est le cas dans les débats contradictoires. Même si les trois démarches sont valables, précisons néanmoins pour cette dernière, qu’il faut que le sujet ait la maturité suffisante, sur le plan développemental pour s’approprier dans cette démarche. Ceci nous renvoie à la théorie des stades de Jean Piaget.
Parmi les méthodes il y a la méthode démonstrative (qui vise l’acquisition de techniques), la méthode analogique (qui vise l’acquisition de concepts), la méthode magistrale ou expositive (qui vise l’acquisition de savoirs théoriques procéduraux), la méthode interrogative (qui vise l’acquisition de savoirs) et la méthode découverte (qui vise l’acquisition de connaissances, de techniques, de savoir-être et de savoirs procéduraux).
Même si l’enseignant a généralement un style préférentiel, il vaut mieux varier et utiliser différentes démarches et méthodes ce qui permet de prendre en compte plus largement son public. En effet, au sein d’un même groupe classe, on trouve différents styles d’apprentissage.
D’aucuns auront alors un fonctionnement auditif, axé sur l’écoute de la production orale de l’enseignant ou d’un document sonore par exemple. D’autres auront un fonctionnement visuel. Pour ceux-là le fait que l’enseignant écrive au tableau ou diffuse un power point pourra être aidant. Enfin d’autres ont un fonctionnement kinesthésique, axé sur le mouvement et l’agir. Pour ces derniers, le fait d’écrire ainsi que les mises en pratique pourront l’aider. De plus, le choix de la méthode ou de la démarche est également lié à l’objet et au but de l’apprentissage comme nous l’avons précédemment dit ou encore l’autonomie des apprenants.
Ce qui signifie donc qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise démarche ni de bonne ou de mauvaise méthode.
Pour ce qui est des styles d’apprentissage, on recense plus de 71 théories différentes. On peut qualifier le style d’apprentissage comme étant un mode personnel de saisie et de traitement de l’information. C’est une manière privilégiée par un sujet pour apprendre, analyser une situation et résoudre un problème. En tant qu’enseignant et avec une position d’éducateur et non pas d’expert, identifier les styles d’apprentissage des élèves peut permettre un accompagnement de plus grande qualité, notamment en permettant aux élèves d’exploiter leurs points d’appui et prendre conscience de leurs points de vigilance. Certaines théories sont contestées et certains auteurs (Coffiel, Dunn et Dunn ou encore Mark K. Smith…) contestent jusqu’à la notion même de style d’apprentissage. Parmi les différentes théories, hormis celles que nous avons citées précédemment, il y a également celle de Carl Gustave Jung. Sa typologie de style d’apprentissage s’inspire de ses recherches sur la personnalité et notamment de sa typologie jungienne. En effet, il identifie différents types psychologiques à savoir la perception, le jugement, la sensation, l’intuition, la raison, l’émotion, l’introversion ou encore l’extraversion.

Résultats et discussion

Résultats

Observations

Au lycée Paul Eluard, il y a onze élèves en Seconde Générale et Technologique (SGT) et en première et six en terminale qui étudient le créole. C’est une particularité que nous pouvons noter car si le programme scolaire est le même pour les élèves de première et de terminale générale et technologique, il n’en n’est rien pour les classes de seconde générale et technologique et ceux de première générale et technologique. L’enseignant doit donc prendre en compte cet aspect dans la diffusion de son enseignement.
Au lycée Léon Blum, il y a cinq élèves en SGT, sept élèves en seconde professionnelle, sept élèves en première et sept élèves en terminale. Il y a aussi deux groupes de 20 élèves étudiant le créole par le biais du dispositif « langues inter établissements » (LIE) qui est un dispositif concernant les trois académies d’Ile-de-France.
Environ deux tiers des cours sont consacrés à l’oral. Les cours débutent par une évaluation diagnostique ou une synthèse des éléments passés en revue lors de la précédente séance et la fin du cours récapitule la séance réalisée le jour même. La synthèse de fin de chaque cours est réalisée à l’écrit et par les élèves : certains élèves font une synthèse orale, d’autres dictent et d’autres élèves écrivent en créole guadeloupéen et créole martiniquais.
Quand les élèves entrent dans la classe, ils s’installent, sortent leurs affaires en discutant entre eux en français. Ils font de même, lorsqu’il y a des petits temps morts, par exemple lorsque l’enseignant cherche le document informatisé sur lequel il souhaite travailler avec eux. Quand cela se produit, soit à chaque séance, l’enseignant ne les empêche pas de s’exprimer mais les invite à le faire en créole. Dès lors que l’enseignant émet cette demande, les élèves se taisent et manifestent à priori des signes de gêne, de timidité. Pour autant, selon le contexte les réactions ne sont pas systématiquement les même lorsque les élèves sont invités à s’exprimer en créole. Ainsi, lorsque l’enseignant pose des questions ou lorsqu’il invite les élèves à faire une synthèse du cours actuel ou du cours précédent, les réactions sont diverses : certains lèvent la main pour répondre, certains regardent l’enseignant et demandent ainsi à être interrogés, d’autres baissent la tête, cherchent ou écrivent quelque chose.
Il semblerait que l’insécurité linguistique soit renforcée dans la première situation.
Ces situations différentes nous permettent de constater que prendre la parole n’est pas forcément aisé et que cette prise de parole est impactée par le contexte. Aussi peut-on s’interroger sur ces attitudes. Comment peut-on les interpréter ? Pourquoi les élèves sont-ils réticents à prendre la parole en créole ? Peut-on y voir un signe d’insécurité linguistique ?
Certains éléments nous invitent à penser que c’est l’une des causes qu’on peut attribuer à ce phénomène. En effet, il arrive que les élèves répondent en français, donc on ne peut supposer une timidité ou une méconnaissance sur la question posée. De plus, il nous a également été donné d’observer les hésitations et les temps de latence assez importants entre deux mots.
L’enseignant, Monsieur Mango, s’exprime majoritairement en créole avec la totalité des classes sauf une classe de seconde professionnelle avec laquelle il recourt davantage à la langue française. De même avec cette classe, l’emploi du français est toléré dans une plus large mesure. Par contre, pour ce qui est des autres classes, les élèves sont très largement incités à prendre la parole en créole autant que faire se peut, qu’il s’agisse d’échanges formels ou informels. Ces éléments d’observation soulèvent bon nombre d’interrogations d’ordre didactique. De nouveau, on peut s’interroger sur la définition d’une langue maternelle. On peut également se demander le statut de la langue enseignée : est-ce une langue vivante régionale ou une langue vivante étrangère ? Comment enseigner et prendre en compte un public constitué des niveaux très diversifiés au sein d’un même groupe classe ?
Concernant l’observation de la classe de seconde pendant le cours d’anglais, sans dévoiler nos hypothèses de travail, nous avons eu l’agréable surprise de constater qu’une large partie de la séance portait sur la production orale. Au départ l’enseignante ne s’exprimait qu’en anglais puis a aussi parlé en français. L’enseignante posait des questions sur la un document sonore étudié lors de la précédente séance, les élèves levaient la main et
répondaient aux questions. Elle tient à la main son cahier et un stylo et prend ostensiblement des notes. Les élèves les plus bruyants sont menacés d’heures de retenue. Les élèves, tout du moins environ la moitié, de la classe participaient activement. Un court entretien avec
l’enseignant à l’issue du cours nous autorise à dire qu’elle note les productions orales afin que les élèves participent. Nous constatons qu’y compris en anglais, la production orale n’est pas spontanée

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Table des matières
REMERCIEMENTS 
LISTE DES ABREVIATIONS 
INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE 
I/ L’insécurité linguistique 
A/ Quelques concepts : bilinguisme, diglossie et insécurité linguistique
B/ Langue française et langue créole : place et représentativité au niveau régional, national et international
1/ Le français
a/ La constitution de la langue française
b/ La francophonie dans le monde : l’impact de l’usage du français au niveau économique et politique
2/ Le créole
a/ Quelques repères historiques
b/ Le créole ou les créoles ? Langues, patois ou dialectes ?
Place et représentativité dans le monde
c/ Les représentations liées à la langue créole
d/ Situation sociolinguistique de la Guadeloupe
II/ Didactique des langues 
A/L’enseignement des langues régionales de France
B/ L’enseignement du créole
1/ L’enseignement du créole en Guadeloupe
2/ L’enseignement du créole dans l’Hexagone
III/ Problématique et hypothèses
DEUXIEME PARTIE 
I/ Terrains de recherche et de stage 
A/ Présentation du lycée Paul Eluard
B/ Présentation du lycée Léon Blum
II/ Méthodologie 
A/ Observation
B/ Questionnaire
C/ Entretien
III/ Résultats et discussion 
A/ Résultats
1/ Observations
2/ Questionnaires
3/ Entretiens
B/ Discussion
1/ Quelques pistes de réflexion
2/ Propositions relatives à l’insécurité linguistique
CONCLUSION 
REFERNCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES 
ANNEXES 
Annexe A. 1 : Fiche synthétique de présentation du lycée Paul Eluard
Annexe A. 2 : Fiche synthétique de présentation du lycée Léon Blum
Annexe B : Notre emploi du temps
Annexe C. 1 : Questionnaire d’étude
Annexe C. 2 : Dépouillement des questionnaires
Annexe D. 1 : Grille d’entretien
Annexe D. 2 : Retranscription d’entretiens
Annexe E : Portfolio Européen des Langues
RESUME

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