Le vieillissement
Définitions Avant de présenter de manière plus exhaustive ce qu’est « la vieillesse », il semble important de faire quelques précisions terminologiques.
– Le vieillissement est, selon l’O.M.S, « un processus graduel et irréversible de modification des structures et des fonctions de l’organisme résultant du passage du temps. »
– La sénescence, du latin senescere « vieillir », est « le processus physiologique du vieillissement « .
– La sénilité quant à elle, correspond à « l’ensemble des aspects pathologiques et régressifs caractéristiques de la vieillessew. Mais ce terme, aujourd’hui, est devenu quelque peupéjoratif.
– « La gérontologie est l’étude de la vieillesse et des phénomènes du vieillissement sous leurs il y a divers aspects morphologiques, physiologiques, sociaux, [démographiques]. . . , alors que la gériatrie, appelée aussi « gérontologie clinique » – surtout dans la littérature étrangère – est « la médecine de la vieillesse » » . D’un point de vue social, et selon J. LAFOREST , gérontologue québécois, la vieillesse est assimilée à l’âge de la cessation d’activité, ce qui change le statut de la personne dans la société, et qui a souvent pour conséquence l’exclusion et le retrait de l’individu du monde social. E. DIRKX et J. RICHARD , quant à eux, parlent de « l’âge chronologique » : le troisième et le quatrième âge. Le’troisième âge s’étend de la sixième à la huitième décennie de la vie, alors que le quatrième âge court de la huitième décennie à la fin de la vie. Ce dernier terme est également utilisé pour désigner les personnes âgées dépendantes. En Santé Publique, on considère que l’âge de la vieillesse serait d’environ 75 ans. Mais malgré toutes ces tentatives pour définir l’âge de la vieillesse, cette notion demeure relative et propre à la perception de chacun.
Vieillissement sensoriel
« Les troubles sensoriels mettent d’emblée la personne âgée à distance par rapport à son environnement, en affaiblissant et en filtrant les stimulations extérieurs. »~~ Ces troubles sensoriels sont :
– la presbyacousie, ou sénescence de l’audition. Elle se caractérise par une atteinte bilatérale et symétrique qui touche d’abord les fiéquences aiguës. Le sujet entend mais ne comprend pas. Cette atteinte débute vers 50 ans mais ne devient gênante que vers 65 ans en moyenne.
– les troubles de la vision, dont la presbytie (ou sénescence de la vision), la cataracte sénile (opacité du cristallin), etc.
Les conséquences de la perte d’autonomie
J. LAFOREST présente l’autonomie comme « un attribut de la personnalité » : « il faut considkrer comme une « perte d’autonomie » l’état de dépendance d’un vieillard qui inclut à la fois une dkpendance physique, une dktkrioration de I’identitk perionnelle et un abandon correspondant de son pouvoir de dkcision. » Le domicile de la personne âgée est le symbole de son indépendance. Or, lorsque cette personne a perdu tout ou partie de son autonomie, elle se voit souvent contrainte d’être institutionnalisée, ce qui symbolise un certain retour à la dépendance, jamais gratifiant. Le relogement peut alors être vécu comme une rupture avec l’environnement : » Rupture douloureuse avec l’environnement géographique d’abord. Comment ne pas souffrir quand il faut s’arracher à son appartement, à on pavillon occupé pendant 60, voir 75 an5 ? […] Ailleurs, il faudra s’habituer à un nouvel espace ; l’adaptation sera d’autant plus difficile que le nouveau cadre ne permet pas de faire reférence à l’existence antdrieure. Bien plus douloureuse est la rupture avec l’environnement affectif et social. » Mais il est bien plus difficile de vivre un relogement lorsque celui-ci est imposé et ne rentre pas dans un projet de vie. Cet événement « va entraîner un sentiment diffus de rejet, d’abandon et de mise à mort anticipée. » En effet, ce nouveau lieu de vie peut être vécu comme « l’antichambre de la mort » « , selon les propos de R. CARON.
Les conséquences de la perspective de la fin de vie
De nombreux auteurs parlent de régression au moment de la vieillesse et notamment « la régression au stade oedipien, et une réactivation de l’angoisse de castration dans la perspective de la mort. » Rappelons que le terme de ‘castration’ fait référence à la notion de perte. R.CARON en donne cette définition : « En psychanalyse, le terme castration renvoie à la frustration des possibilités de jouissance et à l’impossibilité d’accéder à la toute puissance, toute puissance fantasmatique bien sûr. Reprenant HEGEL, LACAN souligne que la castration suprême à laquelle l’homme est confronte est la mort. » » Ainsi, la perspective de la fin de la vie engendre une angoisse de mort qui s’explique en partie par l’absence de perspective d’évolution et par la solitude due à la diminution du champ relationnel de la personne âgée. Enfin, n’oublions pas que « à la peur de mourir s’ajoute la peur de la démence
La prévention du vieillissement cognitif et de la dépendance
D’après l’article 8 vu ci-dessus et selon B. CROISILE : « il est fondamental de mettre en place des stratégies préventives, aussi bien pour maintenir le plus longtemps possible un confort de qualité que de retarder les maladies dégénératives cognitives dont la plus fréquente est la maladie d’Alzheimer. » Et j’ajouterai à ce constat le propos de J.C. LAFON qui dit que l’entourage de la personne âgée apporte soin et attention mais ne considère pas assez « la relation verbale, contribuant à la stimulation de l’éveil au monde, du maintien du langage et de la pensée. » Cette présentation relativement globale du sujet âgé et de la vieillesse étant achevée, je me propose, après quelques rappels sur la communication, de définir les grandes caractéristiques du langage de la personne âgée.
La communication référentielle
La communication référentielle permet à chacun de s’assurer que le thème de l’échange est le même pour tous les interlocuteurs. Elle nécessite une « CO-construction » du sens par les acteurs de l’échange. En effet, dans chaque message il y a une part de l’autre que le locuteur doit prendre en compte pour ajuster ce qu’il dit : la communication demande des réajustements permanents. Ainsi, les interlocuteurs « CO-construisent » le sens de leur discours en adaptant leur message selon les réactions des partenaires de l’échange (mimiques, regard, etc.). « L’établissement de réfkrents communs entre deux interlocuteur est une étape essentielle de l’échange dans la mesure où c’est la possibilité même de communiquer qui est en jeu : savoir de quoi I’on parle est en & et indispensable pour comprendre ce que I’on dit !’
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie : Présupposés théoriques
I. La personne âgée
A. Le vieillissement
1. Définitions
2. Données démographiques
B. Atteintes cognitives dues à la sénescence versus démence
C. Vieillissement sensoriel et physique
1. Vieillissement sensoriel
2. Vieillissement physique et physiologique
D. Données physchoaffectives
1. Les conséquences de la perte d’autonomie
2. Les conséquences de la perspective de la fin de vie
3. les conséquences des modifications physiques et intellectuelles
4. Aspects pathologiques
E. Principes à prendre en compte lors de la prise en charge de la personne âgée
1. Les quatorze besoins fondamentaux selon Henderson
2. La charte des personnes âgées dépendantes
3. La prévention du vieillissement cognitif et de la dépendance
II. Rappels sur la communication
A. Les schémas de communication
B. La pragmatique
1. La communication référentielle
2. La communication non verbale
C. Les règles de communication
1. Les maximes de Grice
2. Les règles conversationnelles
III. Caractéristiques du langage de la personne âgée
A. La problématique de l’isolement social
B. La communication
C. Le discours
IV. La prise en charge d’un groupe
A. Intérêt d’une telle prise en charge
B. Quelques différents groupes de langage
Deuxième partie : Démarche méthodologique
I. Du projet de départ
A. La population
1. Nombre de participants
2. Critères d’inclusion
a. ne pas présenter d’altération cognitive importante
b. ne pas souffrir de troubles sensoriels graves
c. ne pas manifester de troubles aphasiques
d. être âgé d’au moins 75 ans
3. Conditions de participation au groupe
B. Cadres
1. Lieu des séances
2. Périodicité et durée
C. Les séances
1. Tour de présentation
2. Activité langagière
3. Activité sensorielle
D. L’évaluation du groupe et du protocole
II.à la mise en place du protocole
A. La population
1. Conditions de participation au groupe
2. Nombre de participants
3. Présentation des membres du groupe
B. Cadres
1. Le lieu
2. Périodicité et durée
C. Les séances
1. Les domaines abordés
2. Le repérage temporel
3. Identité et personnalité
4. Les activités langagières et sensorielles
5. Contenu de chaque séance
D. L’évaluation
1. Contenu des séances filmées
2. Problèmes rencontrés
3. Limites de l’interprétation
4. Questionnaire destiné aux membres du personnel
Troisième partie : Observations et discussion
I. Observations
A. L’évaluation des séances filmées
1. Tours de présentation
a. nombre de prises de parole
b. maximes de Grice
c. respect du groupe
d. respect de la consigne
2. Activité langagière
a. nombre de prises de parole
b. maximes de Grice
c. respect du groupe
d. richesse des propositions
e. motivation globale à interagir
3. Comparaison et analyse générale entre les deux séances d’évaluation 82
a. maximes de Grice
b. respect du groupe
c. motivation globale à interagir
B. Autres éléments d’évaluation
1. Point de vue du groupe
a. commentaires
b. les remarques
c. les présences
2. Le point de vue du personnel
C. Intérêt du protocole mis en place
II. Synthèse des observations
A. Protocole comportant les améliorations nécessaires
1. Tour de présentation
a. situation dans le temps
b. présentation
c. la « question du jour »
2. Activité langagière
3. Activité sensorielle
4. Ecoute musicale
B. Conseils aux orthophonistes
1. Conseils relatifs à l’attitude de l’orthophoniste
a. son élocution
b. son comportement
2. Conseils concernant le groupe
3. Conseils se rapportant au matériel
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES FIGURES ET TABLEAUX
ANNEXES
annexe 1 : Les logements de plus de 60 ans
annexe 2 : La mémoire
annexe 3 : Charte des personnes âgées dépendantes
annexe 4 : MMSE, protocole
annexe 5 : MMSE, consignes de passation
annexe 6 : Questionnaire de Proust
annexe 7 : Actogramrnes
annexe 8 : Tangram
annexe 9 : Supports utilisés pour chaque séance
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