L’analyse morphosyntaxique de l’alternance codique

L’aspect linguistique et socioculturel de la langue

La langue comme un héritage socioculturel D’abord, dans le sens le plus large, la langue est un moyen de communication, effectivement elle est le support indispensable à la vie en communauté, cet instrument technique permet aux individus de se communiquer, il faut rappeler que, la majorité des individus dans le monde sont plurilingues et non pas monolingues. Conformément à l’approche de F.de SAUSSURE (Cours de la linguistique générale), la langue est un système de signes exprimant des idées «elle est un contrat collectif auquel tous les membres de la communauté doivent se soumettre en bloc s’ils veulent communiquer.» (SAUSSURE, 2002 : 267). Cependant, la question de la langue est plus complexe qu’il y paraît, en réalité elle est un moyen d’échange entre les hommes, leurs cultures, et la société qui la parle, s’appuie nécessairement dans une communication sur le culturel avec d’autres facteurs (psychologiques, identitaires, anthropologiques, ethnopragmatiques et socio-religieux). En effet, la conception de la langue n’est pas un phénomène nouveau.

Depuis son avènement, le langage a été objet occupant les chercheurs, le lien entre les langues et la société qui est l’usage. La culture est un élément qui fait partie du système linguistique, du fait que des représentations culturelles sont associées à la langue, elle a une valeur permettant de diviser le monde en catégories, donc, un critère de sélection sociale. La liaison complémentaire entre langue/culture afin de bien illustrer que la langue et la culture dépend l’une de l’autre. Peut ainsi être envisagé d’une dans la mesure où conséquent d’un héritage culturel spécifique à une société. À partir de ce constat, peut-on parler une langue sans la contribuer à son contexte culturel ? Des langues dans une société multiculturelle, le cas de la société algérienne (se caractérise par les contacts des langues/cultures à l’intérieur de sa sphère géographique), se diversifient elles-mêmes dans ses pratiques et ses variations, par des comportements langagiers très particuliers. « Dans cette optique, il est important de noter qu’en raison de plusieurs facteurs, la société algérienne est aujourd’hui confrontée à des changements divers, touchant ses différents aspects, notamment socioéconomiques et culturels. L’impact de ces mutations socioculturelles. » (BENNACER, 2016 :24).

Les linguistes marxistes, relient la problématique linguistique à la réalité sociale. LAFARGUE explique le changement du vocabulaire du français après la Révolution par les évènements politiques. MARR s’est justifié par la « nouvelle théorie du langage » qui considère la langue comme un outil de pouvoir et un porteur de division sociale. Sa théorie s’est fondée sur : la langue comme une superstructure et un phénomène de classe. À partir de cela, il confirme que la disparition des classes est associée à la disparition des langues. Les linguistes qui se basent sur la dimension sociale de la langue, justifiant que « le langage est le fait social par excellence.» (VENDRYES, 1968 :23). La théorie de MEILLET et VENDRYES consiste que la langue est la réflexion du changement social, vu que les phénomènes linguistiques s’expliquent par les phénomènes sociaux, qui cherchent une relation de cause à effet entre le changement linguistique et le changement social. Langage, ce dernier ne se suffit pas des mots, dans ce cas, ce n’est pas la langue qu’affirme les particularités culturelles mais c’est bien le langage qu’est une dimension culturelle se manifeste à travers des formes qui contiennent le sémantisme de pratiques langagières, « car il ne s’agit pas seulement de la langue mais aussi de son usage. Peut-être fautil dissocier langue et culture, et associer discours (usages) et culture.

Sinon comment expliquer que les cultures française, québécoise, belge, suisse, voire africaine et maghrébine (à une certaine époque) ne sont pas identiques malgré l’emploi d’une même langue ? » Chacun se sert d’un certain langage qui peut être plurilingue où l’usage de tel ou tel code est porteur de sens, qu’il convient d’analyser. façon plus profonde, Le plurilinguisme, autrement dit, la pratique officielle de plusieurs langues, DOURARI explique la complication de cette situation dans la société algérienne« Se manifeste socialement sous la forme d’une lutte sourde, parfois très tumultueuse, entre arabisants et francisant à tous les niveaux de la hiérarchiesociale et administrative. Sous l’apparence d’une guerre linguistique se profile une lutte des élites pour sauvegarder ou améliorer leur statut dans l’administration etpour le contrôle du pouvoir. […] La langue n’est plus perçue comme moyen decommunication remplissant, entre autres choses, une fonction sociale déterminée.Elle est devenue un critère d’appartenance idéologique.»(DOURARI, 2003 : 09 ). Ce conflit linguistique, s’étale pour toucher l’espace médiatique, à ce titre CHACHOU (2011 :160) affirme que le contexte médiatique algérien comporte trois volets. Il s’agit de la langue française comme étant une première langue étrangère dans le pays, les langues algériennes (arabe algérien et Berbère) ainsi que l’arabe institutionnel. Il convient dès lors, de présenter brièvement le statut de chaque langue :

Le berbère

La langue berbère est, la langue maternelle d’une communauté importante de la population algérienne. Est estimé à environ 35 % de la population algérienne selon le « colloque 2010 de l’Association pour la Recherche Interculturelle (pratique langagière et dynamique socio-identitaires) ». Elle est utilisée dans sa variante la plus répandue en Kabylie (le kabyle), mais aussi dans les Aurès (le chaouis), les M’zabs (le m’zabi) et le Touaregs (le targuis). Dans les années 80, tamazight ne pouvait être fusionné avec d’autres langues comme l’arabe, est devenu une langue nationale depuis avril 2002, de nombreuses manifestations et revendications des berbérophones revendiquant leurs droits linguistique et un statut officiel pour leur langue.Cette dernière sera intégrée par la suite au système éducatif (certaines régions assurent un enseignement de cette langue dès le primaire). Par ailleurs, c’est aussi une branche d’étude à université. Bien que, le berbère soit présent dans les pratiques journalières des locuteurs berbérophones et vivaces dans leur communication quotidienne mais ne bénéficie pas d’un statut privilégié, comme le confirme TAZABOOT « le berbère n’a jamais bénéficié ni de mesure administrative ou politique, ni de condition matérielles pouvant favoriser son développement.» (T.ZABOOT, 1989 :50). Dans le domaine audiovisuel, la télévision algérienne diffuse en berbère un seul journal d’information, avec un usage très étroit, il se manifeste par quelques émissions dont le contenu reste principalement axé sur la culture amazighe. Néanmoins, l’ouverture des chaînes privées est d’un impact positif sur la propagation de la culture mais surtout de la langue berbère.

La politique linguistique algérienne nous, conduit à poser des questions à propos du statut réel de la langue française. En Algérie le français elle est une langue seconde, langue étrangère, ou encore langue véhiculaire ? Il est compliqué de suivre et de comprendre les polémiques autour du statut réel de cette langue en Algérie d’aujourd’hui, avec son rôle marquant dans le paysage linguistique algérien, mais également au niveau de politique linguistique, aussi bien dans celui des pratiques linguistiques. Cela permet à cette langue d’être collaboratrice nécessaire de la situation sociolinguistique algérienne. Vu qu’elle est considérée comme étant langue étrangère issue de l’Empire colonial français, ce vecteur très important dans la société, demeure présent dans les échanges quotidiens de tout algérien. Cette place fondamentale est traduite par CAUBET comme suit « Le français en tant que langue de l’ancien colonisateur a un statut ambigu ; d’une part, il attitre le mépris officiel (il est officiellement considéré comme une langue étrangère au même titre que l’anglais), mais d’autre part, il estsynonyme de réussite et d’accès à la culture et au modernisme.» (CAUBET, 1998 :122).

La langue française a profondément marqué l’inconscience du peuple algérien à travers plusieurs générations et cela se confirme après l’indépendance, elle deviendra progressivement la langue véhiculaire de l’état malgré la politique d’arabisation. Le paysage linguistique de l’Algérie, conséquence due à son histoire, sa géographie ainsi que, plusieurs variétés langagières ; partant du berbère aux différentes langues étrangères qui l’ont plus au moins marquée en passant par la langue arabe, transportant de l’islamisation et de l’arabisation6 au pays. Cette coexistence se révèle conflictuelle, dans un champ culturel traversant des rapports de dominations et de stigmatisations linguistiques, des liens aggravés par des facteurs politiques, qui conditionnent les enjeux d’une problématique identitaire. Selon DJAOUT « L’Algérie est un pays trilingue. Elle a la chance d’ouvrir sur le monde trois fenêtres au lieu d’une, de pouvoir s’alimenter à trois cultures au lieu d’une seule. Mais cette chance a été dès le départ confisquée.» (DJAOUT, 1993).

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre I : Langues et médias en Algérie
1. L’aspect linguistique et socioculturel de la langue
1.1 la langue un héritage socioculturel
1.2 Le champ multilinguistique en Algérie
1.2.1 Les langues arabe
1.2.2 Le berbère
1.2.3 Le français
1.2.3.1 Pendant la période coloniale
1.2.3.2 Le lendemain de l’indépendance
1.2.3.3 .De 1996 à nos jours
2. langues et médias algériens
2.1définition et évolution des médias algériens
2.1.1. La presse écrite
2.1.2. La radio
2.1.3. La télévision
2.2 L’ouverture aux chaînes privées
2.3 La chaîne « Dazair TV
3. Le français dans les médias algériens
4. Le marché linguistique des médias de masse algériens
Chapitre II : Cadrage méthodologique et théorique du corpus
1. Cadrage Méthodologique
1.1 Présentation de l’émission
1.2 Les langues utilisées dans l’émission
1.3 La collecte des données
Table de matières
1.4 La méthode d’analyse
1.5 La description du corpus
1.6 Le choix du corpus
1.7 Analyse des données
1.8 Les conventions de transcription
1.9 Le tableau de transcription phonétique A.P.I
1.10 Désignation des locuteurs et des langues
2. Analyse du corpus
2.1 Paramètre et grille d’analyse
3. Le cadrage théorique
3.1Les deux approches d’analyse
3.2L’approche fonctionnelle
3.3 L’approche structurelle
4. Distinction entre l’approche fonctionnelle et structurale
Chapitre III : L’analyse fonctionnelle et structurelle du corpus
1. contact de langues
1.1Le contact entre le français et l’arabe
1.2 Le contact entre le français et le kabyle
1.3 Le contact entre le kabyle e l’arabe
2. L’alternance codique
2.1 La typologie d’aletrnace codique de POPLACK
2.1.1 L’alternance intra-phrastique
2.1.2 L’alternance inter-phrastique
2.1.3 L’alternance extra-phrastique
2.2 L’analyse morphosyntaxique de l’alternance codique
2.2.1 Groupe nominal
2.2.1.1 Nom procédé d’un article défini/indéfini français
2.2.1.2 Nom arabe procédé d’un article arabe « l »a, « el
2.3 Les adverbes
2.3.1 Les adverbes d’affirmation
2.3.2Les adverbes de temps
2.3.3Les adverbes de liaison
2.3 La typologie d’alternance codique de GUMPERZ
2.3.1 Les citation et discours rapporté
2.3.2 Désignation d’un interlocuteur
2.3.3 Les interjection
2.3.4 La réitération
2.3.5 La modalisation d’un message
2.3.6 Personnalisation versus objectivation
2.4 Les facteurs évoqués d’alternance codique dans l’émission
2.4.1 Le changement duthème de discussion
2.4.2 Incompétence lexicale
2.4.3 L’impact du choix de langues chez l’animatrice sur le choix linguistique des invités
3. L’emprunt
3.1Distinction entre emprunt/alternance codique
4. Le néologisme
5. Le diglossie
6. Le multilinguisme
Conclusion générale

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