L’ANALYSE DIFFÉRENCIÉE SELON LES SEXES (ADS) ,
VERS LA REPRÉSENTATION DU MOUVEMENT : LE PRÉCINEMA
L’aventure de l’animation commence probablement au début du XIXème siècle avec les jeux d’optique, dont le plus vieux représentant est le thaumatrope, invention particulièrement à la mode durant l’époque Victorienne. Il s’agit d’un disque de carton ou de bois attaché sur son diamètre par deux ficelles opposées et illustré par un dessin différent sur chacune de ses faces. Lorsque l’on mobilise rapidement les ficelles entre les doigts afin de faire tourner le disque, une seule image apparaît, grâce à la persistance rétinienne. L’objet a été popularisé par le physicien anglais John Ayrton Paris en 1825 (Bendazzi, 1991) qui l’a utilisé pour illustrer le phénomène de persistance rétinienne au Collège Royal de Médecine de Londres. L’image la plus célèbre du thaumatrope est sans doute celle mêlant un oiseau et sa cage, mais de nombreux exemples existent, comme ce thaumatrope de 1825 illustrant un pointer anglais coursant le gibier (Figure 1). L’unicité de l’illustration permet une figuration tout-à-fait détaillée de l’animal. Pour indiquer le mouvement, le chien est ici représenté les postérieurs fléchis et les antérieurs relevés, donnant l’illusion d’une propulsion à venir, en direction du gibier. La direction du regard ne laisse, en effet, aucun doute sur les intentions de l’animal. Les angles choisis pour les antérieurs sont néanmoins aberrants avec cette forte flexion du coude gauche associée à l’extension du membre opposé. Évidemment, le thaumatrope ne permet de visualiser que deux images, une performance bien insuffisante pour recréer l’illusion d’un mouvement complexe. Les innovations suivantes, le Phénakistiscope (inventé par le physicien belge Joseph Plateau en 1832) et le Zootrope (inventé par le mathématicien anglais William George Horner en 1834), règleront progressivement le problème. Le Phénakistiscope est un disque de carton où la séquence d’un mouvement est illustrée en une douzaine de dessins représentés sur les rayons du disque, chaque dessin étant séparé de l’autre par une fente percée dans le carton. L’utilisateur, placé devant un miroir, voit l’image du disque mis en mouvement s’y refléter et s’animer en regardant à travers les fentes (Falk, 1941). Le Zootrope se base sur un principe similaire en représentant les séquences dessinées sur le pourtour d’un cylindre, toujours intercalées par des fentes. L’opérateur regarde le dessin s’animer à travers la fente diamétralement opposée, ce qui permet de s’abstenir du miroir (Falk, 1941). Une nouvelle étape est franchie en 1877 par le français Émile Reynaud, qui remplace les fentes par un système de miroirs rotatifs faisant face aux dessins et permettant de visualiser directement l’image animée qui s’y projette : le Praxinoscope est né (Auzel, 1998). Reynaud réalisera trois séries de dix bandes entre 1876 et 1879, dont Les Chiens Savants, illustrant deux chiens sautant dans le cerceau d’un jeune garçon (Figure 2). La répétition de l’illustration a eu de légères conséquences sur la qualité du dessin par rapport au thaumatrope : il semble moins précis. Le nombre limité de séquences, douze ici, a également un impact sur la qualité de la représentation du mouvement : les pattes du chien faisant le tour du jeune garçon ne quittent ainsi jamais le sol !
Pantomimes lumineuses d’Émile Reynaud
Le « dessin-animé » au sens propre du terme prend naissance en 1892 grâce au français Émile Reynaud et son Théâtre optique. Mais il n’est pas encore cinématographique. En effet, Reynaud réadapte sa propre invention, le praxinoscope, et en augmente considérablement la taille et la complexité. Les douze vignettes du jouet optique sont ainsi remplacées par 300 à 500 dessins peints individuellement à la main sur de grandes plaques transparentes. La large bande que constituent les dessins est synchronisée à un cylindre de miroirs comme le praxinoscope et l’image animée est retransmise par une lanterne magique à travers plusieurs lentilles vers un écran. Placés de l’autre côté du rideau, les spectateurs voient directement l’image animée sans se douter de l’incroyable mécanisme qui se cache derrière. Une seconde lanterne magique projette le décor, peint sur une plaque de verre indépendante, une astuce qui, pour la première fois, permet de s’abstenir de la contrainte d’un décor complexe à recopier de très nombreuses fois (Figure 4). Le tout est mis en musique en direct par le pianiste Gaston Paulin. Les représentations de ce que Reynaud appellera les « Pantomimes lumineuses » ont lieu dans une salle aménagée du musée Grévin dès le 28 octobre 1892. En près de huit ans, 500 000 personnes se presseront pour admirer cet ancêtre de la séance de cinéma (certaines projections pouvaient en effet durer plus de dix minutes) (Auzel, 1998). Le programme comportera en tout cinq pantomimes, parmi lesquelles Clown et ses Chiens, dont il ne subsiste aujourd’hui plus que la plaque du décor, conservée par la Cinémathèque Française. Le court-métrage mettait en scène un clown et ses trois caniches dans un numéro de cirque (Reynaud et Sadoul, 1945). L’arrivée de nouvelles inventions annoncent bientôt la fin du Théâtre Optique de Reynaud. L’industriel américain Thomas Alva Edison brevète en 1891 le Kinétographe, première caméra de l’histoire enregistrant des photogrammes sur une pellicule Eastman (Mannoni, 1995). Il est rapidement associé à une machine plus complexe, le Kinétoscope, réalisée en partenariat avec l’inventeur britannique William Kennedy Laurie Dickson, et permettant à une unique personne de visualiser le film de la pellicule à travers un œilleton. Mais c’est surtout le Cinématographe des Frères Lumière qui portera le coup fatal à l’entreprise de Reynaud. Les deux ingénieurs français réussissent en effet à synthétiser en un seul appareil le Kinétoscope d’Edison et le Théâtre Optique de Reynaud. Le brevet est déposé en 18951 , le cinéma est né. Avec l’invention de la pellicule, le dessin-animé devient enfin cinématographique, mais il faudra encore attendre onze ans avant de voir naître le premier court-métrage du cinéma d’animation.
|
Table des matières
RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX .
LISTE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION.
CHAPITRE 1
ÉLÉMENTS THÉORIQUES
1.1 LA STRATÉGIE
1.1.1 Conception de l’acteur social
1.1.2 L’action stratégique
1.2 LE CAPITAL SOCIAL
1.2.1 Le capital économique, culturel et social
1.2.2 Enjeux conceptuels
1.2.3 Les types de capital social
1.3 LES DIFFÉRENCES LIÉES AU GENRE
1.3.1 La notion de genre
1.3.2 Le capital social différencié en fonction du genre
1.4 LES PERSONNES IMMIGRANTES
1.4.1 Notions de trajectoire et d’intégration
1.4.2 Les types de capital social développés par le nouvel arrivant…
1.4.3 Les femmes immigrantes
1.4.4 Les femmes immigrantes en région
1.5 LES QUESTIONS DE RECHERCHE :
CHAPITRE II
ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUES
2.1 L’ANALYSE DIFFÉRENCIÉE SELON LES SEXES (ADS) ,
2.2 MÉTHODES DE COLLECTE DE DONNÉES
2.2.1 Recension des écrits
2.2.2 L’entrevue semi-dirigée
2.2.3 La population ciblée
2.2.4 Recrutement des répondants
2.2.5 Déroulement des entrevues
2.3 TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNÉES
2.4 LIMITES DE LA RECHERCHE
CHAPITRE III
CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE DE L’IMMIGRATION AU LAC-SAINT-JEAN
3.1 L’IMMIGRATION AU QUÉBEC
3.1.1 Historique
Télécharger le rapport complet