L’analyse des œuvres picturales en cours d’histoire

Depuis 2009, l’histoire des arts est mise à l’honneur dans les programmes scolaires de l’enseignement secondaire ; elle est notamment enseignée au collège, de la classe de 6ème à la 3ème. L’histoire des arts favorise l’interdisciplinarité puisqu’elle est abordée par les professeurs de toutes les matières, tant en musique qu’en mathématiques. Cet enseignement est sanctionné par un examen oral à la fin de la 3ème pour la validation de l’examen du brevet. Pour les cours d’histoire, l’histoire des arts et l’analyse d’œuvres d’art ont avant tout été réintroduites en classe parce qu’elles avaient perdu de leur sens avec les études de document orientées vers une vision purement historique. Il s’agit de réintroduire une finalité culturelle et esthétique à l’étude documentaire en cours d’histoire.

Par ailleurs, dans le cadre des cours d’histoire, l’analyse d’œuvres d’art semble particulièrement pertinente. En effet, une œuvre d’art s’inscrit dans un ensemble d’événements, et la compréhension de celle-ci ne peut se faire sans connaissance du contexte historique. L’art propose diverses formes mais j’ai décidé de porter mon attention sur les œuvres picturales qui sont souvent abordées en classe comme appui de cours et dont l’analyse reste encore complexe à la fois pour les enseignants et les élèves. On entend par œuvres picturales les peintures, ce qui exclue les dessins, gravures, architectures et sculptures entre autres.

L’idée de travailler des œuvres d’art en cours d’histoire me vient de mon intérêt pour l’art. Il me paraît important de pouvoir faire de mon intérêt un sujet de recherche qui puisse servir autant aux enseignants qu’aux élèves. Il s’agit pour les enseignants d’histoire au collège qui ne possèdent pas forcément de formation en histoire de l’art, de connaître les étapes d’analyse d’une œuvre picturale au travers d’une grille d’analyse pertinente et développée. Cette grille d’analyse pourra aider les professeurs à transmettre aux élèves un savoir-faire technique en même temps qu’elle laissera la place au développement d’une sensibilité esthétique des élèves. L’enjeu n’est pas de devenir professeur d’histoire des arts mais de sensibiliser les professeurs d’histoire à l’étude de l’art, ici plus particulièrement à l’étude des œuvres picturales.

Une approche des différentes méthodes d’analyse des images

La compréhension des œuvres d’art, leur interprétation, ne constitue pas un exercice nouveau. C’est un fait ancien et déjà l’aspect religieux des premières peintures induisait une véritable lecture symbolique . Mais à partir de quelles méthodes ont été et sont interprétées les œuvres picturales ?

Les œuvres d’art vues par les historiens de l’art

L’histoire de l’art connaît une nette antériorité en ce qui concerne l’analyse des œuvres d’art . A la Renaissance, la reconnaissance du rôle de l’artiste dans la composition permet de donner naissance aux prémices de l’histoire de l’art. C’est notamment à cette époque qu’apparaissent les traités techniques tels que De Pictura de Leone Battista Alberti en 1435 ou les biographies d’artistes comme Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes en 1550. Ce dernier ouvrage qui sélectionne et se fait se succéder la vie d’artistes est étroitement dépendant d’un projet d’histoire, celui de fonder dans une perspective téléologique et idéologique la prééminence des artistes florentins des XV° et XVI° siècles sur les périodes antécédentes et sur le reste de la péninsule. La participation de l’allemand Joachim Winckelmann, archéologue et antiquaire, n’est pas à négliger dans le développement de l’histoire de l’art. De plus, de manière plus générale, la multiplication des collections de tableaux et la naissance de galeries au siècle des Lumières ont également été des facteurs décisifs pour l’émergence de la discipline.

A partir du XVII° siècle, les historiens de l’art proposent plusieurs approches des œuvres. Certains tentent la méthode descriptive tandis que d’autres s’essayent à la classification ou encore à un jugement de goût. Ces tendances qui tendent à se recouper permettent l’élaboration d’une ébauche de la méthode d’analyse d’histoire de l’art telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Au XX° siècle l’histoire de l’art se trouve naturellement prise entre diverses influences comme l’esthétisme kantien ou encore l’iconologie allemande ou autrichienne. Il faut attendre les années 60 à 70 pour que les historiens de l’art établissent une analyse plus précise des œuvres picturales avec la mise en place de ponts avec d’autres disciplines comme l’histoire, la sémiologie, la philosophie ou encore la sociologie. Reste qu’aujourd’hui, il est encore difficile parfois de cerner l’histoire de l’art et ses méthodes parce qu’elle est pratiquée dans trois mondes aux ambitions et intérêts scientifiques assez différents . Ces trois lieux sont l’université où l’histoire de l’art est une discipline scolaire, les musées qui s’attachent eux à l’identification, la classification, l’exposition, la médiation entre œuvres d’art et public, et le marché de l’art où la pratique du « connoisseurship » dénoncée comme peu scientifique reste nécessaire pour les historiens de l’art.

L’historien de l’art traite instinctivement du style du document. Il s’intéresse ainsi à la technique et au matériel utilisé, mais aussi à la signature de l’œuvre, à l’artiste et à ses œuvres. Plus généralement, il va réfléchir à l’histoire des formes et penser à la nouveauté éventuelle qui se dégage de l’œuvre. La composition et les lignes directrices sont également des éléments d’analyse privilégiés pour l’historien de l’art : c’est le relief, les diagonales, le format, le contexte de ce qui a été peint, la sûreté de la main et du trait, et le sujet représenté. Il s’agit pour eux de prendre en compte l’aspect construit du dessin et ses relations aux mouvements artistiques et autres œuvres dans le temps. Pour l’historien de l’art, l’objet artistique, l’œuvre d’art peut être partiellement regardée comme un document ou comme une trace à valeur artistique d’une culture ou d’une société mais il n’est pas réductible à ce statut de document . L’œuvre picturale est une œuvre d’art et l’œuvre d’art est première.

Si le terme d’histoire de l’art semble ancrer la discipline dans la mouvance de l’histoire, sa pratique est en fait très diverse et s’est parfois prioritairement inspirée d’outils clefs de la critique littéraire comme la sémiologie.

L’interprétation des sémiologues

Il faut dépasser l’analyse descriptive et technique faite par les historiens de l’art. C’est la théorie sémiotique, c’est-à-dire que l’image est cette fois approchée et étudiée sous l’angle de la signification. Les sémiologues considèrent les modes de production de sens, autrement dit la façon dont l’image provoque des significations ou interprétations.

On peut définir la sémiologie comme l’étude de langages particuliers . Ses précurseurs sont le linguiste suisse Ferdinand de Saussure et l’américain Charles Sanders Peirce. Le premier part du constat que la langue n’est pas le seul système de signes exprimant des idées. Le second tente quant à lui de penser une théorie générale des signes et de créer une typologie adaptée. La particularité du signe c’est d’être là, présent, pour désigner ou signifier autre chose d’absent, concret ou abstrait. Quoique les signes puissent être multiples et variés, selon Peirce, ils auraient tous une structure commune impliquant une dynamique tripolaire. Celle-ci lie le signifiant au référent et au signifié. Le scientifique américain distingue trois signes : l’icone, l’indice et symbole. Il considère l’image comme une sous-catégorie de l’icone, en d’autres termes le signifiant a une relation analogique avec ce qu’il représente. L’image rassemble plusieurs catégories de signes : des images, des signes plastiques, des signes linguistiques. Héritier de Saussure, Roland Barthes participera à l’élaboration d’une lecture de l’image avec la sémiologie dite douce. Il privilégie une lecture littéraire de l’image. Il s’agit moins de description des signes que de mise en relation de ces signes. La rédaction d’un texte serait la manière idéale de commenter une image selon Barthes.

Pour le sémiologue, ce qui importe le plus demeure le sens de l’image, ce que l’artiste a voulu exprimer et les symboles utilisés par l’artiste. Il s’occupe de la composition de l’œuvre mais non pas de la même manière que l’historien de l’art. Il l’analyse en termes de « place signifiante ». Les sémiologues passent du signifiant, le sens de base, au signifié, le sens projeté . En ce sens, l’analyse d’une œuvre picturale en termes de sémiologie s’intéresse aux symboles, à leurs significations et au lien entre ces symboles dans le cadre de la représentation.

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Table des matières

Introduction
I. Une approche des différentes méthodes d’analyse des images
A) Les œuvres d’art vues par les historiens de l’art
B) L’interprétation des sémiologues
C) L’approche des historiens
D) L’influence des sciences de l’image dans l’étude des œuvres picturales
II. L’analyse des œuvres picturales dans les manuels et les pratiques des enseignants en classe
A) Les activités d’analyse d’œuvres d’art des manuels scolaires
1. La présentation des œuvres picturales dans les manuels
2. L’étude d’exemples concrets d’activités dans les manuels
B) Les pratiques des professeurs en cours d’histoire
C) Une proposition de méthode d’analyse des œuvres picturales
D) Des dispositifs pédagogiques envisageables variés
III. La mise en œuvre de dispositifs pédagogiques
A) Problématique et hypothèse
B) Premier dispositif pédagogique: l’influence du cours d’histoire sur la vision esthétique des élèves
1. La mise en place du dispositif et le recueil de données
2. L’analyse du recueil de données
3. Constat
C) Second dispositif pédagogique: mise au travail en autonomie des élèves
1. La mise en place du second dispositif et le recueil de données
2. L’analyse du recueil de données
3. Constat
Conclusion
Sources et références bibliographiques
Ouvrages généraux et revues spécialisées
Sitographie
Annexes

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