Au forum
Le forum est un endroit qui convient à l’amour, car il est aussi fréquenté par les belles dames. Il est souvent dit que les hommes qui fréquentent cet endroit, deviennent prisonniers de Vénus: « Les forums mêmes, qui pourraient le croire? conviennent à l’amour et, tout bruyants qu’ils soient, souvent une flamme y est née. » Défini comme le temple de Vénus, le forum est aussi un lieu où Vénus exerce le pouvoir absolu et réduit l’homme à l’esclavage: « En ce lieu, souvent un jurisconsulte devient l’esclave de l’amour et celui qui a fait prendre des précautions aux autres n’en prend pas pour lui-même. » Bien que son art de séduction soit efficace, Ovide reconnaît qu’il n’est pas égal à celui de Vénus. Car une fois pris dans sa ruse, l’homme est dépourvu de raison. Même les beaux parleurs deviennent muets et succombent à ses pieds. En effet, il est dit que Vénus avait même l’habitude de se moquer des hommes, qui au début se présentaient comme des personnes importantes, mais une fois dans sa demeure, ils deviennent de simples clients passionnés et suppliants: « De son temple, tout voisin, Vénus rit de lui : tout à l’heure, il était le patron, maintenant Il désire être client. » Certes, ces lieux cités par Ovide dans l’art d’aimer sont fréquentés par des hommes qui sont à la recherche d’une belle dame mais il faut aussi signaler que les femmes fréquentent ces endroits dans le but d’être admirées. Il faut aussi noter que ces endroits sont animés par des personnes qui n’ont aucune gêne pour vivre leur plaisir en toute liberté. Et cela crée un certain libertinage qui conduit les jeunes Romains à la débauche et surtout à l’amusement de jeunesse, ce qui est un danger pour Rome. Mais cela ne laisse pas indifférents les dirigeants de la cité Romaine, quoique Rome soit affectée par les mouvements de guerres. Etant conscient du danger que couvre cet ouvrage, Rome prend les devants, il critique et condamne fortement ce genre de relation et interdit la portée de cet ouvrage. Ovide se sent alors menacé et trouve le besoin de s’exiler à Tomes. Cependant, il reconnaît que certes l’art d’aimer conduit les jeunes aux plaisirs libres, mais force est de souligner que l’amour existe depuis le temps de Romulus, fondateur de la ville de Rome: « C’est toi qui, le premier, Romulus, as jeté le trouble dans les jeux, lorsque l’enlèvement des Sabines fit le bonheur de tes hommes, privés de femmes. » En effet, en se fondant sur ces faits réels, Ovide défend l’idée selon laquelle l’art d’aimer n’est pas le premier à induire Rome au libertinage. Pour soutenir ses propos Ovide convoque l’histoire des Sabins pour rappeler aux Romains, que c’est grâce à l’amour que la guerre qui opposait les Romains aux Sabins prit fin, bien que celui-ci soit critiqué. C’est aussi grâce à l’amour que Romulus a su mettre fin à la guerre qui opposait les Romains et les Sabins. En réalité, l’amour fut le moyen par lequel Romulus cultiva la paix entre ces deux peuples en tissant des relations par alliance. Ce petit rappel permet à Ovide de glisser sa plume pour chanter et valoriser les plaisirs de l’amour. Après avoir démontré l’origine de l’amour, en se servant de l’histoire des Sabins, Ovide revient sur son œuvre et campe le décor sur la séduction faite au théâtre.
La naumachie d’Auguste
La naumachie d’Auguste est un bassin peu profond construit par Auguste à l’image de César sur la rive du Tibre. Elle est alimentée en eau par l’aqueduc et est utilisée pour donner des spectacles de combats navals. Ovide, Comme il avait défini le théâtre, le cirque et le forum comme une ruse destinée aux jeunes filles, il en fait pareil avec la naumachie d’Auguste. Cependant, Ovide définit la naumachie d’Auguste comme un lieu de lutte qu’attristent les soucis de la chicane, où souvent l’amour s’y plaît et s’y combat. Le théâtre, le cirque et le forum furent une ruse destinée à captiver les âmes légères, la naumachie d’Auguste le fut en réalité. Dans la naumachie d’Auguste, Ovide compare les combats navals aux tourments de l’amour: « Et lorsque, il n’y a pas longtemps, César27 nous offrit le spectacle d’un combat naval où les vaisseaux perses et des vaisseaux des enfants de Cécrops, que d’hommes virent de l’une et l’autre mer, que de femmes de l’une et l’autre! Le monde immense et Rome ne faisaient qu’un. dans cette foule, qui n’a trouvé qu’un objet à aimer ? hélas! Combien sentirent pour une étrangère les tourments de l’amour. » A travers ces vers nous comprenons l’idée d’une conquête, selon Ovide, tout comme César était dévoué à conquérir le monde, l’amant doit se nourrir de la même ambition pour conquérir une beauté. Dans la naumachie d’Auguste, Ovide peint l’amour à l’image d’un enfant plein de vigueur et de bravoure capable de vaincre l’ennemi. Selon Ovide, cet enfant errant à jeune âge, doté des armes qui lui sont procuées par le père de la patrie, qui fut le sien, vaincra tout ennemi même celui d’âge avancé: « Celui qui t’a donné tes armes, c’est le père de la patrie, qui est aussi le tien, l’ennemi, lui, arrache le pouvoir à la résistance d’un père. Tu portes, toi, des armes sacrées, lui des flèches parjures. » Ces vers laissent entendre l’utilité de son art de séduction. Selon Ovide, tout amant qui fera recours à l’art d’aimer vaincra sans doute. En guise de reconnaissance, lui, adepte de Vénus composera un poème et chantera les louanges à l’honneur de la bonne déesse. Se prenant pour le messie des jeunes amants, Ovide affirme que sa bouche servira aux amants de belles et douces paroles: « Oui, je te présage, tu vaincras, et je fais vœu de composer en ton honneur un poème, où ma bouche devra bien trouver pour toi des accents éloquents » A près qu’il eut parlé de la naumachie d’Auguste, Ovide campe le décor sur la table.
Les moyens de plaire
Ovide, après avoir indiqué les lieux où tendre les ruses aux beautés, enseigne aux amants comment captiver les belles dames. Selon lui, c’est la partie la plus importante de son travail. Raison pour laquelle il demande à ce que son public lui prête tendrement l’oreille, afin qu’il puisse véhiculer son message: « Maintenant ce sont les moyens de captiver celle qui t’as plu que je voudrais t’indiquer : c’est le point le plus important de mon traité. Tous et partout, galants, prêtez-moi docilement votre attention et que mes promesses trouvent un auditoire recueilli. » Pour séduire une femme, Ovide dit que l’amant doit croire en ses capacités de séduction. L’amant doit être convaincu de pouvoir séduire toute femme. Que son ambition nourrisse sa confiance et lui donne l’assurance de séduire la fille de son choix. Et pour ce faire, il suffit à l’amant de tendre seulement ses pièges: « Avant tout, que ton esprit soit bien persuadé que toutes les femmes peuvent être prises: tu les tendras, tends seulement tes filets. » Certes, il n’est pas donné à tout amant de parvenir à séduire la fille de son choix dès la première tentative, sachant que la femme de nature craintive ne s’emporte pas dès la première demande, même si le désir est partagé. Elle cherche toujours le moyen de cacher son désir et de résister aux tendres caresses de l’amant. En réalité, la femme sait mieux contrôler ses sentiments, ce qui n’est pas le cas pour l’homme. L’amour furtif est agréable à l’homme tout comme il est pour la femme. De nature faible en amour, l’homme ne sait pas dissimuler ses désirs, raison pour laquelle ce sont eux qui font les premiers pas dans toute relation: « Celle même, dont tu pourras croire qu’elle ne veut pas voudra. L’amour furtif est agréable à l’homme, il l’est aussi à la femme: Mais l’homme ne sait pas dissimuler, la femme cache mieux ses désirs. » Mais s’il arrive que l’amant contrôle ses passions et s’abstient de ne pas avancer ses désirs, nous assisterons à un spectacle où la femme enflammée par Vénus, vaincue et suppliante à prendre les devants: « Si le sexe fort s’entendait pour ne pas faire les avances, la femme, vaincue, prendrait bientôt le rôle de les faire » En réalité, l’amour est un sentiment irrésistible et incontrôlable allant d’une personne à une autre et ne trouve repos que dans l’âme. Il est aussi de nature brutale et sauvage, même s’il est régi par des lois. Cependant, à Rome est notée l’existence des plaisirs coupables considérés comme un crime et ces amours sont fortement interdits par les lois établies. Cet amour est aussi appelé inceste, défini comme une relation sexuelle frappée d’un interdit entre des parents proches dont l’union est interdit. Dans l’art d’aimer, Ovide cite certains amours coupables, Il illustre ces exemples dans le but de montrer aux hommes, à quel point l’amour de la femme peut être intense même si elle prétend pouvoir cacher les sentiments éprouvés: « Parlerai-je de Byblis, qui brûla pour son frère d’un amour coupable, et qui, en se pendant, se punit courageusement de son crime? » Il cita aussi l’exemple de Myrrha qui aima son propre père d’un amour qui n’est pas filiale et comme sanction elle donna son nom à l’essence: « Myrrha aima son père, mais d’un amour qui n’est pas filial, maintenant une enveloppe d’écorce l’étreint et nous la cache ses larmes, que répand un arbre odoriférant, nous servent de parfum, et elle a donné son nom à l’essence. » Ovide illustre ces exemples pour montrer à l’amant les différents traits d’amour que peut ressentir la femme. Une femme qui est capable de ressentir un amour coupable ne sera pas indifférente aux désirs d’un amant passionné. Selon Ovide, la passion d’une femme est beaucoup plus intense et plus ardente que celle de l’homme. Ainsi, il conseille à l’amant de continuer sa séduction tout en espérant triompher. Si certaines résistent à leurs flammes et repoussent leurs amants, d’autres par contre finissent par céder car les femmes aiment être courtisées de nature: « Voilà, chez les femmes, tous les transports inspirés par la passion : elle est plus ardente que la notre et plus folle. Donc va, n’hésite pas à espérer triompher de toutes les femmes, sur mille, il y en aura une à peine pour te résister qu’elles cèdent où qu’elles résistent, elles aiment toujours qu’on leur fasse la cour.» S’il s’avère que les flammes de la femme sont plus ardentes que celles des hommes, alors il serait judicieux de se poser la question à savoir quel est l’intérêt de repousser leurs amants ? Ovide dit que ce refus n’est juste qu’un prétexte pour être courtisée d’avance. Que l’amant n’accorde pas de l’importance à ce refus et continue son entreprise car la femme trouve toujours du plaisir à une nouvelle expérience et ce qu’elle refuse au début elle le voudra plus tard: « Mais pourquoi serais tu repoussé, quand on trouve du plaisir à une volupté nouvelle, et que l’on est plus séduit par ce qu’ on n’a pas que par ce qu’on a? » Poursuivant son art de séduction, pour faciliter la tâche à l’amant, Ovide invoqua la présence des servantes. Selon lui, pour qu’un amant ait un accès facile à l’endroit de sa belle, il lui suffit de tisser une relation amicale avec la servante de celle-ci et de créer une certaine complicité. C’est ainsi qu’il aborde la complicité de la servante.
Les occasions de savoir l’attitude de l’amant
Dans cette partie, Ovide s’intéresse plutôt aux comportements que doive adopter l’amant à l’égard de sa belle. Lors de la promenade, s’il arrivait à l’amant de croiser sa bien-aimée, que celui-ci s’approche de façon discrète et l’aborde en toute discrétion ou par des gestes de peur d’être pris: « Cependant, si ta belle se fait transporter étendue dan sa litière, approche-toi d’elle furtivement, et pour éviter que l’oreille d’un fâcheux ne recueille tes paroles, autant que possible explique-toi habilement par des signes à double entente. » Lors de la ballade, il est aussi conseillé à l’amant d’associer son rythme de marche à celle de la dame. Que l’amant soit en mesure d’adopter tout mouvement de la dame, si elle précipite ou ralentit sa marche qu’il en fasse autant: « Arrange-toi pour marcher tantôt devant elle et tantôt derrière, tantôt pour précipiter ta marche, tantôt, pour la ralentir. » Et si leur rencontre se fait au théâtre, cependant, l’amant aura le privilège de s’assoir sur les gradins du théâtre. De là il aura le privilège de regarder, de contempler et d’admirer la silhouette de la belle et de dire de nombreuses choses par le biais de ses gestes: « Ne souffre pas que, sans toi, elle aille dans tout l’éclat de sa beauté, s’assoir sur les gradins du théâtre : un spectacle te sera offert par ses épaules. Tu pourras la regarder, tu pourras l’admirer, tu pourras lui dire mille choses par le mouvement des sourcils, mille choses par des gestes. » Durant la scène de théâtre, que l’amant cède aux caprices de celle-ci au point de perdre du temps. Qu’il aime et applaudisse l’acteur ou l’actrice de la belle, et s’il arrive de se lever ou de s’assoir, qu’il en fasse autant pour attirer son attention: « Applaudis le mime qui représente la jeune fille, applaudis tous ceux qui jouent le rôle d’amant. Se lève-t-elle, lève-toi, tant qu’elle reste assise, reste assis, suivant la volonté de ta maîtresse, sache perdre ton temps. » Après avoir enseigné l’attitude de l’amant à l’égard de la belle dame, il s’intéressa à sa tenue.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES LIEUX OÚ TROUVER LES BELLES DAMES
DEUXIEME PARTIE :COMMENT SEDUIRE LES BELLES DAMES
TROISIEMME PARTIE : COMMENT CONSERVER LES BELLES DAMES
QUTREIEME PARTIE : LES CONSEILS CONSACREES AUX BELLES DAMES
CONCLUSION
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