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Les dépenses des exploitants rizicoles
La diversité des sources de revenu est une stratégie pour subvenir aux besoins des ménages. Ces besoins se traduisent par des dépenses. En fait, il y a deux sortes de dépenses : dépenses de consommation et dépenses de production. Les dépenses de consommation regroupe tous les besoins d’un ménage agricole : alimentation, habillement, logement, éducation, santé, transport,….En termes d’alimentation qui est considéré comme dépense obligatoire, les ménages producteurs se nourrissent des produits de la récolte comme le riz, les maniocs,…les habits sont qualifiés de facultatifs et occasionnels. Les dépenses dans l’éducation et la santé dépendent du surplus des produits destinés à la vente et aux autres sources de revenu. Il y a quand même des dépenses occasionnelles comme les cérémonies et traditions…Les malgaches sont fervent quand à l’observation des coutumes et traditions et cela influent sur leur quotidien. Dans des traditions comme les famadihana et bien d’autres, les malgaches dépensent une grande quantité de leur production et de liquidité pour garder son honneur et prestige. Même s’ils se sont préparés bien avant sur les dépenses, le recourt au prêt ou la vente d’un bien est inévitable et les remboursements sont parfois difficile. Les dépenses de production des ménages agricoles regroupent les achats des intrants et engrais, produits de traitements de la culture, des matériels de production ; les paiements des mains-d’oeuvre ; les dépenses d’entretien des matériels et bâtiments pour la production ainsi que les couts de stockage et d’autres dépenses relative à la production. Les besoins en liquidité comme l’achat des produits de première nécessité (bougies, sucre, sel, savon,…) ; la scolarisation des enfants ; les travaux utilisant des mains d’oeuvre salariés ; les cérémonies et traditions (famadihana,…) obligent les paysans à vendre une partie des récoltes. Parfois, les revenus ne couvrent pas les dépenses et les exploitants se doivent de faire des choix en assurant seulement les dépenses obligatoires.
Le riz qui représente la majorité des revenus agricoles sont utilisés pour la consommation à 71,82%, la vente à 19,37%, pour l’alimentation du bétail à 0,10% et pour les semences à 5,15%12. La vente est majoritairement pendant la récolte mais les restes sont stockés pour leur future utilisation (consommation, semences,…). L’insuffisance du riz oblige à utiliser les autres produits de substituts du riz : manioc, maïs, patate douce,…Les autres revenus (petits commerces, artisanats,…) sont utilisés pour les dépenses courantes tandis que les ventes de bétails sont réservés seulement pour les cas de forces majeures (achat de matériel suite à un vol, imprévus) sinon le recours au prêt chez les gens riches connus de la zone. Rare sont les producteurs qui vendent leur produits systématiquement au marché du fait de l’insuffisance des produits ou de la capacité de l’endroit de stockage ou de la défaillance du marché.
Les systèmes de production
Les variations climatiques régionales, les contrastes orographiques et pédologiques, la diversité des possibilités hydrauliques déterminent la répartition des cultures et expliquent les nuances de celle-ci. Depuis l’époque les plus ancienne, ces caractéristiques expliquent les diversités de cultures et jusqu’à nos jours mais les possibilités hydrauliques changent avec la dégradation de l’environnement et les infrastructures hydro agricoles construites.
Stratégie d’exploitation paysanne
La grande majorité des exploitants agricoles optent pour la polyculture ou la diversification des cultures (88%)13 et seules les habitants aux alentours des grands bassins tels que ceux de 13 INSTAT, Rapport principal, enquête périodique auprès des ménages 2010, Tananarive, 2011. Marovoay et d’Alaotra se concentrent sur la riziculture uniquement. Le riz est un élément du système de culture, certes un élément important. Cette stratégie de polyculture est due à beaucoup de raisons. D’abord c’est à cause des infrastructures hydro agricoles qui, soit absentes soit en état défectueux ; puis à causes des caractéristiques des terrains cultivables (les plaines ou vallées ou bassins versants ou collines,…) ; ensuite de la gestion des risques car soit il n’y a pas assez de surfaces cultivables pour le riz ou par faute de facteurs de production de riz, soit par mesure de sécurité alimentaire et enfin à cause de la défaillance de la commercialisation. C’est aussi une habitude car depuis toujours, les exploitants ont pratiqué la polyculture. La diversification de culture est synonyme de la diversification de source de revenus agricoles. Les substituts du riz (manioc, maïs, patate douce, taro,…) sont les principales autres cultures adoptées par les producteurs. Cette stratégie de polyculture vise à subvenir à l’autoconsommation alimentaire. Autant que la monoculture, la polyculture permet aux ménages producteurs d’avoir un niveau de vie plus élevé en termes de consommation. Même dans les régions où existe une production commercialisée et qui fournit des recettes relativement élevées (café, vanille,…), au lieu de consacrer le maximum d’efforts à la culture payante, le paysan tient à maintenir des cultures vivrières (riz,…par souci de sécurité) pour éviter d’entrer dans le circuit monétaire (méfiance à l’égard d’une structure non traditionnelle) et dans une certaines mesures de fluctuations de prix.
Selon les conditions de l’exploitation rizicole, on peut classer les producteurs de riz en trois classes
• Micro-producteurs avec stratégie rizicole de subsistance. Ils disposent de moyens et conditions de productions très limités (terrain cultivable, capital financier, matériels et équipements, travail, accès au marché à cause de l’enclavement,…). La production qui ne couvre pas les besoins en consommation les oblige à substituer le riz à d’autres aliments donc ils cultivent d’autres céréales. Les difficultés rencontrés par les producteurs de cette classe sont différentes les unes des autres. Il y en a qui ont les terres limitées mais disposant d’autres facteurs de production., il y en a qui dispose de surface cultivable moyenne mais ne disposant pas de mains d’oeuvre ou pratique le technique traditionnelle peu rentable, il y en a qui se trouvent obligé de limiter la production faute de local pour stockage ou faute de marché. Bien qu’ils représentent plus de la moitié des riziculteurs, leurs conditions de production affecte leur revenu et le niveau de la production nationale en riz.
• Producteurs de rente polyvalents avec stratégie d’autosuffisance disposant de cultures de rente et de revenu. Les autres cultures (de rente) à plus de valeur ajoutée les permettent d’assurer un revenu supérieur et ils se contentent de l’autosuffisance et à une production rizicole limitée.
• Les producteurs semi-spécialisées en riz et positionnées sur la vente de riz. Ils disposent de potentiel moyens et conditions de production (surface cultivable, mains d’oeuvre, matériels et équipements modernisés (mécaniques ou motorisés), moyens de transport, accès au marché,…. Ils peuvent se permettre d’intensifier leur production et de les commercialiser. Ils sont tributaires de leurs productions rizicoles.
Les cataclysmes naturelles
Les cataclysmes naturels comme son nom l’indique, naturel donc inévitable. Ce sont généralement les inondations, les sécheresses et aussi l’invasion acridienne. L’inondation touche la riziculture irriguée dans les bas fonds. Souvent, elle affecte les zones de passages de cyclone ou de forte pluie : nord, est et centre de l’île. La localisation des parcelles explique leurs effets sur la production. L’inondation diminue la production de 1% dans les petites exploitations et 14% dans les grandes. Mais les cyclones et dépressions tropicales ne détruisent pas seulement les cultures par l’inondation mais aussi par le vent qui les accompagne. Souvent, le riz en herbe résiste aux rafales mais le riz, déjà monté se trouve totalement couché et ne pourra plus se relever et restera dans l’eau. La sécheresse aussi touche les cultures, surtout quand celles-ci sont en attente de pluie. Les cultures sur tanety sont les plus affectées et pire, elle touche régulièrement la partie sud du pays ; c’est à cause de leur climat.
L’invasion acridienne constitue un obstacle pour la production car seulement pour la saison 2013, 650 000T 20de riz ont été détruits. Malgré les interventions du gouvernement et d’autres organismes, les criquets restent une menace pour la production car les criquets migrants dévastateurs d’aujourd’hui sont les résultats de l’insuffisance de l’épandage des dernières saisons culturales. Il y a d’autres cataclysmes tels que la grêle mais les effets sont moins graves.
La commercialisation
La commercialisation n’est pas un risque de production mais elle représente un facteur limitant la production, du fait de l’enclavement et de la défaillance de marché d’une zone bien déterminée. L’état défectueux des réseaux routiers et leur impraticabilité rend les villages ou zones isolés. Ce qui élimine toute possibilité d’évacuation de productions agricoles et n’incite pas les producteurs à réaliser des investissements productifs.
De ce fait, le paysan est contraint au portage et en raison des efforts exigés ne produira que la quantité de produits juste nécessaire qui lui permettra d’acquérir le strict minimum de biens indispensables. Quand les commerçants arrivent jusque dans les villages, ils défalquent du prix d’achat des produits aux paysans les frais de transport rendus très élevés à cause des difficultés d’accès. Le paysan n’est pas incité à produire davantage et à utiliser plus et mieux des terres.
La défaillance des marchés et l’existence des monopsones qui profitent de la difficulté d’évacuation des produits influent sur les prix de riz et décourage les producteurs à produire davantage.
L’importation du riz constitue également un facteur limitant la production. Le prix au marché du riz importé est moins cher que le riz local et s’écoule plus rapidement car les consommateurs préfèrent le riz bon marché à cause du pouvoir d’achat faible. Cela risque de mettre en difficulté l’évacuation des produits locaux et entraine une baisse de prix aux producteurs. Cela n’incite pas les producteurs à produire davantage mais à se limiter à l’autosubsistance ou à recourir vers d’autres activités.
Bref, les conditions de commercialisation ne sont pas favorables pour le développement du marché du riz local.
Facteur économique : financement du monde rural
Le financement du monde rural malgache a toujours été dépendant des bailleurs et cette dépendance a des impacts positifs et négatifs.
La dépendance aux bailleurs de certaines institutions de recherche (FOFIFA, FIFAMANOR, TAFA, BVPI,…) limite les recherches. Les coûts des recherches sont chers que les institutions ne peuvent se permettre de s’autofinancer. Les projets de recherche sont, soient à l’initiative des institutions elles mêmes et attendent les financements pour les mettre en oeuvre, soient à l’initiative des bailleurs et c’est eux qui proposent les recherches à faire22. Les impacts des appuis aux producteurs Comme il existe quatre types de source de financement du monde rural : l’informel, les services publics, les banques et les institutions de micro finance. Le financement du monde rural comme on a vu ci haut est dominé par le secteur informel. Malgré l’existence des institutions de micro finances ou les services des banques, les producteurs sont moins enthousiastes à leur services.
La domination de l’informel explique que les besoins des producteurs sont à court terme ou besoin de consommation et le motif concerne rarement l’exploitation. Les usuriers ne prêtent que des sommes modestes qui ne concernent pas les investissements car ces derniers nécessitent des sommes importantes. Ainsi, l’informel est peu adapté aux longs termes mais seulement les besoins à courts et moyens termes.
Les banques, vues par les producteurs représentent des formalités et leurs services ne concernent pas les petits exploitants qui ont peu ou pas de garanties sur leur prêt. De plus, les risques sur l’utilisation des fonds ne convainquent pas les prêteurs. L’investissement sur l’agriculture est risqué à cause des ravageurs de productions : cyclones, inondations, sécheresse, invasions acridiennes, vol des produits,…risqué pour les deux cotés : les banques d’un côté sur l’assurance du remboursement ce qui n’est pas rentable pour eux, et les exploitants de l’autre côté sur les moyens de remboursements. Les garanties restent les problèmes des banques : hypothèques sur une maison (adapté seulement pour les paysans car toit en bozaka, murs en terre et en plus dans un lieu isolé, en pleine brousse), ou hypothèques sur des terres (dont le propriétaire ne dispose même pas de titre foncier), ou nantissement sur des zébus de trait (moyen de production et qui pourront se perdre, ou mourir). Même si les projets d’investissement des paysans semblent rentables, les garanties sont des obstacles à soulever.
Pourtant, la BOA (Bank of Africa) a octroyé des financements dans la production d’une valeur de 3 281 602 000 Ariary l’année 201023 mais les données sur l’utilisation ou les bénéficiaires ne sont pas disponibles. De leur coté pour substituer aux banques qui agissent dans les grandes villes, les institutions de micro finances tentent d’approcher les populations vulnérables dont la majorité est dans les campagnes. Les procédures concernant les garanties et les taux d’intérêts, les services qui ne sont pas rapprochés des exploitants sont des obstacles pour les clients (producteurs) à accéder à leurs services. Malgré les besoins de financement des exploitants, les offres ne répondent pas à leur besoins et ne sont pas favorables à eux ce qui limite toute forme d’investissement des petits et moyens producteurs. La faible productivité et la viabilité des exploitations n’incitent pas les services financiers formels.
La disponibilité des surfaces encore exploitable à Madagascar
Si on sort seulement à une dizaine de kilomètre de la ville d’Antananarivo, on voit des terrains presque inexploitable, il n’y a aucune culture la dessus. Cela pour dire que Madagascar dispose encore de beaucoup de surface et terrains cultivable ce qui représente une possibilité d’extensification de la riziculture (pluviale surtout). Comparée à la superficie totale de Madagascar qui est de 587 041 km2, les surfaces exploitées pour la culture du riz en 2010 étant de 1 307 043ha, soit 13 070 km2.34 Malgré la dégradation de nombreux sols dont la couverture végétale productive est détruite périodiquement par l’homme, les potentialités encore inexploitées permettent de penser qu’avant plusieurs décennies, le problème des terres cultivables ne se posera pas avec acuité sur l’ensemble de l’Ile. Dans quelques régions seulement, on peut observer une diminution des surfaces rizicoles par habitant. La demande en riz toujours accrue.
La demande en riz est loin d’être satisfaite dans les campagnes. Plus la condition économique des ménages est élevé, plus ceux-ci consomment de riz. La préférence des malgaches est le riz mais à défaut de petite quantité de production, il est substitué par d’autres aliments35 comme les tubercules, le manioc, le maïs, le taro,… Il y a aussi la croissance démographique qui s’évolue rapidement et augmente avec le niveau de la demande nationale en riz tant qu’il soit l’aliment de base de la majorité de la population malgache. Ce niveau élevé de la demande nationale qui s’accroit d’année en année en riz offre une opportunité ou garantie pour les producteurs à l’évacuation de leur produit. Même dans le marché international, c’est aussi valable que dans le marché interne.
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Table des matières
PARTIE I: LA CHAINE DE VALEUR RIZICOLE
I-1-L’environnement de la chaine de valeur rizicole
I-1-1-L’exploitation
I-1-2-Les cadres institutionnels et les services publics agricoles
I-1-3-La commercialisation
a) Circuit de commercialisation
b) Le marché
I-2-Les acteurs de la chaine de valeur et leurs rôles
I-2-1-L’exploitant
I-2-2-L’état
I-2-3-Les organismes d’appui
I-2-4-Les organisations paysannes
I-2-5-Les opérateurs privés :
I-2-5-1-Les fournisseurs d’intrant et matériels de production
I-2-5-2-Les transformateurs et/ou collecteurs
I-2-5-3-Les commerçants
I-2-5-4-Les institutions de microfinance
I-3-La situation actuelle des ménages producteurs de riz
I-3-1-La situation socioéconomique des ménages producteurs
I-3-1-1-Les sources de revenu ou activités productives
I-3-1-2-Les dépenses : de consommation et de production
I-3-2-Analyse de la production
I-3-2-1-Les systèmes de production :
a)stratégie d’exploitation paysanne :
b) systèmes de culture :
I-3-2-2- Les techniques de production :
I-3-3-Les facteurs limitant la production et dépendants de l’exploitant
I-3-3-1-La terre :
I-3-3-2-Le capital d’exploitation :
I-3-3-3-Le travail :
I-3-4-Les autres facteurs limitant la production ou facteurs indirects
I-3-4-1-Les cataclysmes naturelles
I-3-4-2-L’insécurité
I-3-4-3-La commercialisation
I-3-4-4- Conclusion
PARTIE II : ANALYSE DE LA CHAINE DE VALEUR RIZICOLE
II- 1-Les caractéristiques de la CVR malgache
II-1-1-Facteur politique : paix sociale et stabilité
II-1-2-Facteur économique : financement du monde rural
II-1-3-Facteur sociale
II-1-3-Facteur humain
II-2-Diagnostic de la chaine de valeur rizicole
II-2-1-Forces :
II-2-2-Faiblesses :
II-2-3-Opportunités :
II-2-4-Menaces :
II-3- Tableau récapitulatif
PARTIE III : DISCUSSIONS ET PROPOSITIONS D’AMELIORATION
III-1-Spécificités des taches par acteurs de la CVR
III-1-1-L’exploitant
III-1-2-L’état
III-1-3-Les opérateurs privés
III-1-4-Les organisations paysannes
III-2-Les actions de développement
III-2-1-Les actions de développement communes
III-2-1-1-L’amélioration des infrastructures routières et hydro agricoles
III-2-1-2-L’amélioration des systèmes de communication et d’information
III-2-1-3-La diffusion de la technologie
III-2-1-4-La vulgarisation et la formation
III-2-1-5- La maîtrise de la sociologie rurale
III-2-1-6- Les mesures incitatives
III-2-2-Les actions d’appui aux petits exploitants
III-2-2-1-La dotation en moyen de production
III-2-2-2-L’adoption des activités agricoles à plus forte valeur
III-2-2-3-Les systèmes de financement
III-2-2-4-L’éducation des paysans
III-2-2-5-La mobilisation des capitaux
III-2-2-6-La politique de migration
III-2-2-7-Les OP
CONCLUSION
Références bibliographiques
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