L’ALLERGIE ALIMENTAIRE CHEZ LE CHIEN

L’ALLERGIE ALIMENTAIRE CHEZ LE CHIEN

Epidémiologie

Il n’y a pas de prédisposition de race ou de sexe démontrée (Roudebush et al., 2000 ; Leistra et Willemse, 2002 ; Praquin Pelletier, 2002 ; Kennis, 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011 ; Veenhof et al., 2012). Certaines races sont cependant plus fréquemment atteintes. Il s’agit des chiens de race West Highland White Terrier (Roudebush et al., 2000 ; Praquin Pelletier, 2002 ; Verlinden et al., 2006), Colley, Cocker Spaniel, Golden Retriever, Berger Allemand 0 (Praquin Pelletier, 2002 ; Verlinden et al., 2006), Boxer, Springer Spaniel, Dalmatien, Lhassa Apso, Schnauzer Miniature, Shar Pei, Soft Coated Wheaten Terrier, Teckel (Verlinden et al., 2006). Chez les chats, les races Siamois et Birmans sont les plus touchées (Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Marin, 2011). Selon Harvey et al. (1993) cités par Verlinden et al. (2006), les chiens croisés seraient moins fréquemment atteints d’allergie alimentaire.Cela n’a cependant pas été statistiquement démontré. Il ne semble pas non plus y avoir un âge prédisposé au développement d’une allergie alimentaire (Leistra et Willemse, 2002 ; Gaschen et Merchant, 2011; Veenhof et al., 2012 ). L’âge d’apparition varie de 4 mois à 14 ans chez le chien (Roudebush et al., 2000 ; Kennis, 2006 ; Verlinden et al., 2006 ; Favrot et al., 2010b) et de 3 mois à 12 ans chez le chat (White et Sequoia, 1989 ; Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Bryan et Frank, 2010). Cependant, dans un tiers des cas, les premiers symptômes apparaissent au cours de la première année de vie (Roudebush et al., 2000 ; Marin, 2011 ; Gaschen et Merchant, 2011).

Expression clinique

Symptômes dermatologiques L’expression clinique de l’allergie alimentaire prépondérante chez les chiens et les chats est dermatologique. Il s’agit d’un prurit non saisonnier, modéré à sévère, généralisé ou localisé (Verlinden et al., 2006). Il est présent dans 100% des cas chez le chat, et il peut être le seul signe d’allergie alimentaire (Roudebush et al., 2000 ; Gaschen et Merchant, 2011). Chez le chien, les lésions cutanées primaires ou secondaires présentes sont très variables : papules, érythème, excoriation, collerettes épidermiques, pododermatite, otite externe uni- ou bilatérale, séborrhée, hyperpigmentation, alopécie extensive, kératinisation, lichénification (Saridomichelakis et al., 2007). Selon Roudeboush et al. (2000), l’allergie alimentaire peut se manifester uniquement par une pyodermite bactérienne récurrente sans prurit, et qui répond aux antibiotiques. D’autres manifestations plus rarement observées ont été décrites : vascularites, urticaire et érythème polymorphe (Roudebush et al., 2000 ; Itoh et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011).

Des complications comme la folliculite bactérienne ou la dermatite à Malassezia peuvent survenir. Les lésions peuvent être généralisées, ou localisées à la face, aux oreilles, aux extrémités des membres, à la région périnéale ou ventrale (Roudebush et al., 2000 ; Kennis, 2006 ; Verlinden et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011). Souvent, le tableau clinique est similaire à celui de la dermatite atopique, ce qui rend les deux allergies proches cliniquement (Roudebush et al., 2000 ; Favrot et al., 2010b ; Marin, 2011). Chez le chat, outre le prurit, les signes cliniques présents sont une dermatite miliaire ou exfoliative, une alopécie, des plaques éosinophiliques, des signes d’auto-mutilation, et une otite externe (Guilford et al., 1998 ; Bryan et Frank, 2010). Chez un tiers des chats, on observe également une adénomégalie périphérique (Roudebush et al., 2000). Plus rarement, les signes cliniques suivant sont observés : conjonctivite, angioedème, urticaire. Lorsque le prurit est localisé, il se répartit le plus fréquemment au niveau du tiers antérieur du corps qui comprend : le cou, la face, la région périorbitaire, le menton, et les oreilles. Plus rarement, il se localise sur les membres, en région axillaire, thoraco-dorsale, inguinale, entre les épaules, et/ou à la base de la queue (Bryan et Frank, 2010).

Etablissement du diagnostic : phase de provocation généralisée

Si l’état clinique de l’animal s’est amélioré durant la période de consommation du régime d’éviction, une phase de provocation est effectuée afin de s’assurer que l’amélioration n’est pas due à autre chose que le régime d’éviction. Celui-ci est arrêté et l’animal consomme de nouveau une petite quantité de son alimentation habituelle, ainsi que les friandises, jouets à mâcher, dentifrice, etc. qui étaient consommés avant la mise en place du régime d’éviction (Rosser, 1993 ; Roudebush et al., 2000 ; Biourge et al., 2004 ; Bryan et Frank, 2010 ; Gaschen et Merchant, 2011 ; Zimmer et al., 2011). Afin d’éviter les troubles digestifs liés au changement brutal d’alimentation, seuls 10 à 20% de l’aliment originel peuvent être ajoutés au régime d’éviction ; cette quantité suffit à provoquer une réaction en cas d’allergie alimentaire (Jackson, 2001). La provocation peut durer de quelques heures à deux semaines, jusqu’à réapparition du prurit (Hirt et Iben, 1998 ; Roudebush et al., 2000; Jackson, 2001 ; Kennis, 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011). L’animal est ensuite nourrit avec le régime d’éviction seul. Le diagnostic d’allergie alimentaire est porté si le prurit réapparaît lors de la provocation et s’atténue avec sa suspension. Le régime d’éviction poursuivi précédemment est instauré de nouveau (Guilford et al., 1998 ; Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Bryan et Frank, 2010 ; Kawarai et al., 2010 ; Gaschen et Merchant, 2011 ). Cependant, cette méthode ne permet pas de déterminer le phénomène immunologique mis en jeu (Verlinden et al., 2006). Certains animaux répondent au régime d’éviction mais ne se dégradent pas à la provocation ; dans ce cas l’allergie alimentaire est exclue. De nombreux propriétaires refusent de procéder à cette étape qui est pourtant indispensable pour confirmer le diagnostic d’allergie alimentaire (Verlinden et al., 2006). D’après Verlinden et al. (2006), dans 20 % des cas, l’amélioration des signes cliniques sous régime d’éviction seul est due à un effet placebo.

Le régime d’éviction ménager

Le régime ménager est constitué d’aliments frais, ou congelés à l’état frais, que le propriétaire achète et prépare pour son animal. Il contient une source de protéine et une source de glucide en quantité égale (Kennis, 2006), ou moins de protéines que de glucides, ce qui pourrait limiter la formation de complexes immuns lors d’hypersensibilité de type III en limitant l’apport en protéines (Verlinden et al., 2006). Les glucides sont préparés pour avoir une digestibilité élevée ; leur cuisson doit être longue (Roudebush et al., 2000). Il est recommandé de le complémenter en acides gras essentiels (Kennis, 2006) avec une huile végétale (Roudebush et al., 2000) ; ceci est d’autant plus intéressant que les acides gras polyinsaturés de la famille des oméga 3 ont des effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs. Leur utilisation est recommandée lors de maladies inflammatoires cutanées, aussi bien chez le chien que chez le chat (Roudebush et al., 2000 ; Park et al., 2011). Cependant le régime d’éviction ne doit pas contenir d’additifs, qui sont souvent constitués d’arômes à base de viande, ce qui pourrait fausser le diagnostic (Verlinden et al., 2006). C’est le régime à privilégier pour le diagnostic d’une allergie alimentaire car sa composition est connue et choisie (Kennis, 2006). Les aliments sont à choisir en fonction de l’historique de l’animal. Il faut sélectionner des aliments qui n’ont jamais été consommés. Le propriétaire doit également être impliqué dans le choix des aliments car c’est lui qui les donnera à son animal.

Les principaux aliments recommandés utilisés sont chez le chien : l’agneau, le canard, le poisson, le lapin, le gibier, le calmar, l’autruche, le riz, les pommes de terre, les haricots blancs, les patates douces et le tofu (Roudebush et al., 2000 ; Kennis, 2006 ; Verlinden et al., 2006). L’utilisation du poulet était recommandé avant l’épisode de « la vache folle », mais depuis, il est fréquemment utilisé à la place du boeuf, dans les aliments industriels. C’est pourquoi à l’heure actuelle, il est à proscrire lors de la prescription d’un régime d’éviction. Chez le chat, ce sont : l’agneau, le lapin, le poisson et les petits pois (Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011). Les sources de protéines choisies ne doivent pas être riches en amines vaso actives (par exemple certains poissons, le gibier), car ils favoriseraient les réactions allergiques de type I (Roudebush et al., 2000). Afin d’éviter les réactions croisées entre aliments, il est judicieux de choisir des sources de protéines et de glucides d’une famille différente de celles qui ont déjà été consommées. Par exemple il faut éviter de prescrire un régime d’éviction avec du canard si le chien a déjà mangé du poulet (Gaschen et Merchant, 2011).

Depuis quelques années, les aliments industriels incluent le riz et l’agneau dans leurs ingrédients, ce qui rend leur utilisation difficile dans les régimes d’éviction (Kennis, 2006 ; Verlinden et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011). D’autre part, l’allergie vis à vis du poisson est en train de se développer chez le chien, ce qui rend son utilisation dans le régime inefficace quatre fois sur huit (Kennis, 2006). Le régime d’éviction ménager doit convenir aux besoins nutritionnels de l’animal. Il est cependant carencé en calcium et en vitamines (Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Jackson, 2001). Il ne convient donc pas aux animaux en croissance, car il entraine des maladies nutritionnelles au bout de trois semaines de consommation (Roudebush et al., 2000 ; Loeffler et al., 2006 ; Verlinden et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011), ni aux animaux atteints de maladie métabolique (Kennis, 2006). Il ne doit pas non plus être poursuivi pendant une longue période (Roudebush et al., 2000 ; Verlinden et al., 2006 ; Gaschen et Merchant, 2011), il est consommé uniquement durant la durée du diagnostic.

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Table des matières

LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX
LISTE DES ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
L’ALLERGIE ALIMENTAIRE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT ET SON DIAGNOSTIC
I- Introduction
II- L’allergie alimentaire : caractéristiques épidémiologiques et cliniques Incidence et prévalence
Etio-pathogénie
Epidémiologie
Expression clinique
a) Symptômes dermatologiques
b) Symptômes digestifs
c) Autres symptômes
III- Diagnostic de l’allergie alimentaire
Les données de la clinique
Démarche diagnostique lors de prurit
La méthode de référence : le régime d’éviction
a) Les étapes préliminaires
b) Principe et déroulement du régime d’éviction
c) Etablissement du diagnostic : phase de provocation généralisée
d) Identification de l’allergène alimentaire : phase de provocation individuelle
Les différents types de régimes
a) Le régime ménager
b) Le régime industriel contenant des ingrédients non conventionnels
c) Le régime industriel hydrolysé
d) Le régime mixte
Résultats attendus et interprétation
Les autres méthodes diagnostiques testées
VI- Difficultés engendrées par la prescription d’un régime d’éviction
Les difficultés pour le propriétaire
Les difficultés concernant l’animal lui-même
V- Traitement et pronostic
1) Traitement
2) Pronostic
VI- Conclusion
QUALITÉ DE VIE ET MALADIE CHRONIQUE CHEZ L’ENFANT ET L’ANIMAL
I- Introduction
II- Impacts de l’allergie alimentaire sur la qualité de vie de l’enfantallergique
Définitions
Les index de mesure en médecine humaine
Quels impacts sur la qualité de vie ?
Les limites
III- Comment définir la qualité de vie chez l’animal ?
Définition et caractérisation du bien-être animal en éthologie
Les facteurs influençant le bien-être animal
Les indicateurs de bien-être et de mal-être chez le chien et le chat
IV- Outils de mesure de la qualité de vie chez les animaux sains et malades
Principes de mesure du bien-être animal
Les outils existants en médecine vétérinaire
Mesure de la qualité de vie chez les animaux atteints de dermatose
Impact des dermatoses sur la qualité de vie du chien et du chat
Les limites
V- Impact de la maladie et de son traitement sur la qualité de vie du propriétaire
VI- Conclusion
ÉTUDE PROSPECTIVE RÉALISÉE À L’ENVA DE SEPTEMBRE 2013 À JUILLET 2014
I- Introduction
II- Propositions d’amélioration de l’observance du régime d’éviction
Education des propriétaires
Des outils standardisés pour mesurer l’amélioration de l’état clinique de l’animal
Favoriser l’implication du propriétaire dans la mise en place du diagnostic
III- Matériel et méthode
Présentation du service de dermatologie de l’ENVA
Critères d’inclusion et d’exclusion
a) Critères d’inclusion
b) Critères de non inclusion
c) Critères d’exclusion
Standardisation de la démarche diagnostique
Choix du régime
Durée de l’étude pour les animaux inclus
Elaboration des questionnaires
a) Consentement éclairé
b) Questionnaire de qualité de vie
c) Questionnaire d’évaluation des difficultés liées au régime d’éviction
Evaluation du prurit et des lésions
Education du propriétaire et recommandations
Recueil des données
Mise en place d’un contact
Praticité et validité des dossiers à remplir
Etude statistique
IV- Résultats
Population étudiée
Suivi des cas inclus
Signes cliniques et scores lésionnels
a) Âge d’apparition et durée d’évolution des signes cliniques
b) Symptômes et lésions dermatologiques
c) Signes cliniques non dermatologiques
d) Atteinte lésionnelle du chien ou du chat
e) Score de prurit
f) Corrélation entre score de prurit lors de la visite d’inclusion et le score lésionnel
Type de régime d’éviction prescrit
Respect de la démarche diagnostique et traitements concomitants
Evaluation de la qualité de vie du propriétaire et de son animal
a) Relations propriétaire-animal et cadre de vie
b) Qualité de vie du propriétaireSources de contrariété
Scores de qualité de vie
iii. Comparaison des scores de qualité de vie à V0 et V1Corrélation du score de qualité de vie du propriétaire avec l’atteinte lésionnelle et le score de prurit de l’animal
Corrélation du score de qualité de vie du propriétaire avec les relations entre le propriétaire et son animal
c) Qualité de vie de l’animal
Scores de qualité de vie
Comparaison des scores de qualité de vie à V0 et V1
iii. Corrélation du score de qualité de vie de l’animal avec l’atteinte lésionnelle et le score de prurit de l’animal
Corrélation du score de qualité de vie de l’animal avec la relation entre le propriétaire et son animal
Difficultés rencontrées par les propriétaires
a) Questionnaire des difficultés rencontrées
Ressenti des propriétaires
Suivi du régime
iii. Ressenti de l’animal
b) Contact par mail
V- Discussion
Epidémiologie des animaux mis sous régime d’éviction
Signes cliniques et étendue des lésions
Utilité des scores lésionnels et de prurit
Type de régime d’éviction prescrit et traitements concomitants
Evaluation de la qualité de vie du propriétaire
Evaluation de la qualité de vie de l’animal
Difficultés rencontrées par les propriétaires
VI- Conclusion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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