L’alimentation du cheval
L’alimentation est à la base de la santé du cheval. Le pharmacien a un rôle important de conseil à jouer à ce niveau afin de prévenir la survenue de pathologies qui peuvent s’avérer graves comme les coliques. Mais aussi pour maintenir l’état général du cheval pour qu’il reste à son meilleur niveau de performance. A l’état sauvage, le cheval est un herbivore conçu pour marcher en mangeant. Il se nourrit essentiellement d’herbes fraîches ou sèches ainsi que de racines, feuilles et écorces. Il passe 12 heures par jour à manger en prenant le soin de choisir les espèces végétales dont il a besoin à un moment donné. Il a donc besoin d’énormément d’espace et il est malheureusement difficile de lui offrir cette environnement idéal. En le mettant en box, ou bien en prés ensemencés d’une seule espèce végétale, on modifie considérablement sa façon de s’alimenter. Il est donc important de lui donner une alimentation adaptée qui corrigera les troubles créés par ce mode de vie domestique et de se rapprocher au maximum des conditions naturelles d’alimentation.
De plus, les besoins ne vont pas être les mêmes entre les différentes races de chevaux. Par exemple, les poneys vivant à l’état sauvage dans des landes où l’herbe est rase et rare, ont tendance à faire des fourbures avec l’herbe très riche de nos prairies. Pour comprendre les besoins alimentaires du cheval, il est important de rappeler comment est constitué son système digestif.
Physiologie digestive
La cavité buccale
Caractéristiques anatomiques
La cavité buccale est la première partie du système digestif du cheval. Elle se compose des éléments suivants :
➤ Les lèvres, éléments indispensables pour la préhension des aliments et permettant au cheval un tri alimentaire scrupuleux.
➤ Les dents, quant à elles, vont permettre la mastication du fourrage. Elles sont adaptées au broyage des aliments grâce à leurs couronnes longues et leurs racines courtes. Pour pallier à l’usure de l’émail par les silicates contenus dans le fourrage, les molaires ont une croissance continue.
➤ La langue est un muscle puissant qui va permettre le tri des aliments, ainsi que leurs déplacements dans la bouche du cheval afin d’assurer un broyage correct par les dents.
➤ Les glandes salivaires vont permettre la sécrétion de salive, essentielle pour une bonne digestion du bol alimentaire.
Rôle dans la digestion
La cavité buccale, en tant que première ligne, joue un rôle essentiel pour le bon déroulement du processus de digestion. La sélection des aliments va permettre une meilleure digestion en fonction des besoins du cheval et ainsi éviter des plantes qui pourraient lui être toxiques.
Le broyage par les dents est nécessaire pour recueillir tous les nutriments contenus dans le fourrage. La cavité buccale est le siège de la salivation. Elle est produite en continue chez le cheval mais en quantité plus importante lors de la mastication. Elle a pour rôle d’imbiber le bol alimentaire et ainsi de faciliter son passage par l’œsophage puis dans l’estomac. Sa production journalière est de 50 à 70 litres en fonction des aliments ingérés. En effet elle va augmenter avec un foin aux brins longs et diminuer avec des aliments concentrés ou broyés.
L’estomac
Caractéristiques anatomiques
Le cheval présente un estomac de petite taille, il a une capacité fonctionnelle d’environ 10 litres. Cette faible capacité l’oblige à se vidanger plusieurs fois lors d’un même repas. Seul le dernier tiers du bol alimentaire restera dans l’estomac pour une durée de l’ordre de 6 heures. Il est divisé en plusieurs zones :
➤ La zone cardiale
➤ La zone fundique
➤ La zone pylorique.
La présence d’un sphincter, « la cravate de suisse », au niveau du cardia, entre l’œsophage et l’estomac, empêche toute possibilité de régurgitation. Le cheval est donc incapable de vomir ou d’éructer pour soulager une quelconque pression qui s’accumulerait dans l’estomac. Il se termine par le pylore.
Mode d’action
Mécanique
De par la rapidité du transit gastrique, le brassage du bol alimentaire n’a qu’une portée limitée au niveau de l’estomac. Ainsi l’ordre d’arrivée des aliments dans l’estomac conditionnera l’ordre de sortie de ceux-ci.
Biochimique
La partie fundique de l’estomac va sécréter de l’acide chlorhydrique. Il est nécessaire à l’action de la pepsine, une enzyme qui va préparer la digestion des protéines. Cette sécrétion chlorhydrique est lente et restreinte chez le cheval. Le pH peu acide de l’estomac, se situant entre 3 et 6 lors de la digestion, rend le cheval sensible aux contaminations microbiennes des aliments. Il est donc important de ne donner que des aliments parfaitement conservés. Ce pH peu acide est favorable au développement de la flore microbienne qui va amorcer la dégradation des glucides. Cette dégradation libère des gaz et des acides gras volatils qui peuvent renforcer les risques d’indigestions et de coliques.
Conséquence sur le rationnement
La cravate de suisse, empêchant le cheval de vomir ou d’éructer, l’expose à un risque accru de colique par gaz et d’indigestion. Il convient donc d’éviter ou de limiter l’emploi des aliments à grand pouvoir d’imbibition ou fermentescibles tels que les farines, flocons, et autres aliments expansés. Et surtout, si l’eau n’est pas accessible à volonté, ne jamais faire boire après l’ingestion de ces aliments, sous peine d’entraîner une dilation douloureuse de l’estomac, des spasmes et des torsions pouvant aller jusqu’à des coliques gastriques mortelles. Pour que les concentrés distribués soient les plus efficaces possibles, il convient de privilégier leurs rétentions stomacales. Ils doivent donc se situer dans le dernier tiers du bol alimentaire. Pour cela, les fourrages doivent être distribués avant les concentrés, pour éviter qu’ils ne les balayent de l’estomac. Une bonne pré-digestion gastrique va permettre une meilleure digestion dans le gros intestin et éviter ainsi des fermentations. En pratique, l’ordre de distribution des aliments devra être le suivant : l’eau puis le fourrage puis les aliments concentrés. Pour un abreuvement optimal, il est préférable de mettre l’eau à libre disposition. Cela contribuera au bon déroulement de la digestion et à la prévention des coliques.
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Table des matières
Introduction
1. L’alimentation du cheval
1.1. Physiologie digestive
1.1.1. La cavité buccale
1.1.1.1. Caractéristiques anatomiques
1.1.1.2. Rôle dans la digestion
1.1.2. L’estomac
1.1.2.1. Caractéristiques anatomiques
1.1.2.2. Mode d’action
1.1.2.2.1. Mécanique
1.1.2.2.2. Biochimique
1.1.2.3. Conséquence sur le rationnement
1.1.3. L’intestin grêle
1.1.3.1. Caractéristiques anatomiques
1.1.3.2. Activité enzymatique
1.1.3.3. Digestion de l’intestin grêle
1.1.3.3.1. Protéines
1.1.3.3.2. Glucides
1.1.3.3.3. Matières grasses
1.1.3.3.4. Minéraux et vitamines
1.1.4. Le gros intestin
1.1.4.1. Caractéristiques anatomiques
1.1.4.2. L’activité microbienne
1.1.4.2.1. Dégradation des glucides
1.1.4.2.2. Reconversion des matières azotées
1.1.4.2.3. Vitamines et minéraux
1.1.5. Appréciation d’une bonne digestion
1.2. Les aliments
1.2.1. Le fourrage
1.2.1.1. Le fourrage vert
1.2.1.1.1. Composition d’une prairie
1.2.1.1.2. Apports nutritionnels
1.2.1.2. Le fourrage conservé
1.2.1.2.1. Le foin
1.2.1.2.1.1. Fabrication et appréciation de la qualité d’un foin
1.2.1.2.1.2. Apports nutritionnels
1.2.1.2.2. La paille
1.2.2. Les aliments concentrés
1.2.2.1. Les céréales : source d’amidon
1.2.2.1.1. L’avoine
1.2.2.1.2. Le maïs
1.2.2.1.3. L’orge
1.2.2.1.4. Le son de blé
1.2.2.2. Les sources de protéines
1.2.2.3. Les aliments industriels
1.2.3. L’eau
1.2.4. Les friandises
1.3. Conséquence sur le rationnement
1.3.1. Les besoins alimentaires
1.3.1.1. Appréciation de l’état corporel du cheval
1.3.1.2. Les vitamines et minéraux
1.3.1.2.1. Les minéraux
1.3.1.2.2. Les vitamines
1.3.1.3. Les besoins en protéines et énergie
1.3.2. Le comportement alimentaire du cheval
1.3.2.1. La régulation de la consommation volontaire
1.3.2.2. Comportement au pâturage
1.3.2.3. Comportement au box
1.3.2.4. Particularités de l’athlète
1.3.2.5. Particularités du cheval âgé
1.3.3. Elaborer la ration
2. Les pathologies digestives
2.1. Les parasites intestinaux
2.1.1. Classification
2.1.1.1. Les vers ronds
2.1.1.1.1. Les grands strongles
2.1.1.1.1.1. Epidémiologie
2.1.1.1.1.2. Pouvoir pathogène
2.1.1.1.2. Les petits strongles
2.1.1.1.2.1. Epidémiologie
2.1.1.1.2.2. Pouvoir pathogène
2.1.1.1.3. Les oxyures
2.1.1.1.3.1. Epidémiologie
2.1.1.1.3.2. Pouvoir pathogène
2.1.1.1.4. Ascaris
2.1.1.1.4.1. Epidémiologie
2.1.1.1.4.2. Pouvoir pathogène
2.1.1.2. Les vers plats : les cestodes ou Ténia
2.1.1.2.1. Epidémiologie
2.1.1.2.2. Pouvoir pathogène
2.1.1.3. Les gastérophiles
2.1.1.3.1. Epidémiologie
2.1.1.3.2. Pouvoir pathogène
2.1.2. Contrôle du parasitisme
2.1.2.1. Le contrôle de l’environnement
2.1.2.2. La vermifugation
2.2. Les pathologies dentaires
2.2.1. Physiologie dentaire
2.2.2. Principales affections
2.2.2.1. Les surdents
2.2.2.2. Les dents de loup
2.2.2.3. Le bec de perroquet
2.2.3. Impact sur la santé du cheval
2.2.4. Les traitements possibles
2.2.5. Prévention
2.3. Engouement de l’œsophage
2.3.1. Structure de l’œsophage
2.3.2. Définition
2.3.3. Symptômes
2.3.4. Traitement
2.3.5. Facteurs de risque et prévention
2.4. L’ulcère de l’estomac
2.4.1. Définition
2.4.2. Symptômes
2.4.3. Traitement
2.4.4. Facteurs de risque et prévention
2.5. Troubles de la digestion
2.5.1. Les coliques
2.5.1.1. Définition
2.5.1.2. Les différents types de coliques
2.5.1.3. Prise en charge et traitement
2.5.1.4. Facteurs de risque et prévention
2.5.2. Les diarrhées
2.5.2.1. Les diarrhées aiguës
2.5.2.1.1. Origine infectieuse
2.5.2.1.1.1. Salmonellose
2.5.2.1.1.2. Clostridiose intestinale
2.5.2.1.2. Origine non infectieuse
2.5.2.1.3. Traitement et prévention
2.5.2.2. Les diarrhées chroniques
2.5.2.2.1. Etiologie et symptomatologie
2.5.2.2.2. Traitement et prévention
2.6. Les intoxications
2.6.1. La datura
2.6.1.1. Caractéristiques botaniques
2.6.1.2. Symptomatologie
2.6.1.3. Traitement
2.6.2. Le laurier rose
2.6.2.1. Caractéristiques botaniques
2.6.2.2. Symptomatologie
2.6.2.3. Traitement
2.6.3. L’if à baies
2.6.3.1. Caractéristiques botaniques
2.6.3.2. Symptomatologie
2.6.3.3. Traitement
2.6.4. Le séneçon
2.6.4.1. Caractéristiques botaniques
2.6.4.2. Symptomatologie
2.6.4.3. Traitement
2.6.5. Les autres plantes nuisibles
Conclusion
Bibliographie