L’épuisement de la production halieutique marine est un phénomène global auquel la ressource marine sénégalaise n’échappe pas. En 1997, 426 366 tonnes de poissons ont été produites des eaux marines sénégalaises. Cette production est tombée à 382 872 tonnes en 1998 et à 378.125 tonnes en 1999. En 2002, elle était de 355 824 tonnes, soit une diminution de 16,5 % par rapport à la production de 1997. Au cours de la même période, la production de la pêche continentale a constamment chuté et de façon plus accélérée. Elle est passée de 31.000 tonnes en 1997 à près de 20 000 tonnes en 2002, soit une baisse de 35,5 %.
En même temps, la production nationale destinée à la consommation locale a sensiblement diminué. Cette réduction s’explique non seulement par la chute progressive de la production de capture, mais aussi par le besoin du pays de se procurer des devises à travers les exportations. En 1997, les exportations des produits de la pêche se chiffraient à 87 991 tonnes contre 103 004 tonnes en 2002. En d’autres termes, près de 27,4 % de la production de 2002 était exportée comparée à 19,2% en 1997. Cette diminution de la disponibilité du poisson pour la consommation nationale pourrait s’aggraver encore davantage aux yeux de la croissance démographique du pays qui est de l’ordre de 2,7 % par an(Hishamunda et Bousso 2005).
Toutefois, la pêche maritime est appelée à continuer à jouer deux rôles primordiaux dans la société sénégalaise, d’abord comme pourvoyeuse principale de poissons de consommation, ensuite comme source importante de devises. La complexité du fonctionnement de l’écosystème marin rend difficile la plupart des tentatives de gestion et de contrôle par les moyens logistiques dont dispose le pays. Quelques initiatives de gestion responsable comme la mise en « repos biologique » des stocks exploités ont été lancées mais l’idée est restée très controversée et sa mise en œuvre difficile.
Synthèse bibliographique
L’élevage de poissons en cages consiste par définition à élever un groupe de poissons, en général, depuis le stade juvénile jusqu’à la taille commerciale, dans un volume d’eau enclos de tous cotés, y compris le fond, tout en permettant la libre circulation de l’eau à travers la “cage” ainsi matérialisée (Coche, 1978). Le concept d’élever des poissons en cages est loin d’être nouveau. Cette méthode décrite pour la première fois par Lafont et Saveun en 1951 (cité dans Hickling, 1962) est traditionnellement utilisée depuis près d’un siècle au Kampuchéa (Cambodge)et pratiquée au japon depuis 1950. Coche (1978) définit trois types de cages :
– les cages reposant en faible profondeur sur le fond du milieu aquatique, immergées ou non ;
– les cages flottantes à la surface de l’eau ;
– les cages immergées en profondeur, flottantes ou posées sur le fond.
L’alimentation des poissons élevés en cages flottantes
La composition et la présentation de l’aliment distribuée aux poissons en cages influencent grandement la production piscicole réalisée ainsi que le rendement de l’aliment. En élevages traditionnels, ce sont principalement des sous-produits locaux non traités qui sont distribués dans les cages (Kampuchéa, Thaïlande et VietNam) Coche (1978). Aux philippines, les poissons élevés en cages (Oreochromis niloticus) ont été nourris avec de la farine de poissons et du son de riz (Guerrero, 1977) à 24% de protéines mais en Cote d’Ivoire ils sont nourris avec des granulés à 25% de protéines (Coche 1977). Il est recommandé que la teneur en protéines soit augmentée. Pour plusieurs espèces de poissons, une teneur d’environ 40 % de protéines brutes donne la meilleure croissance. Cependant, compte tenu du prix des sources protéiques, le pourcentage en protéines est souvent inférieur à l’optimum pour la croissance (Hastings and Dickie, 1972).
En élevage plus intensif, la ration alimentaire journalière varie, en général, de 2 à 6 % du poids vif pour Oreochromis niloticus selon Coche (1978) et elle dépend essentiellement de l’espèce piscicole, de la taille des individus, de la qualité de l’alimentation et de la température de l’eau.
Effet de facteurs environnementaux sur la croissance des poissons élevés en cages flottantes
La croissance moyenne individuelle des poissons élevés en cage diminue lorsque les conditions physico-chimiques deviennent défavorables. À Kossou, une diminution de la croissance de T. nilotica a été observée lorsque la teneur en oxygène dissous dans les cages a atteint des valeurs critiques suite au retournement total de la masse d’eau lacustre (Coche, 1977). Il a été observé que le T. nilotica cesse de digérer au dessous de 3mg/l; l’aliment reste dans l’estomac et peut être une cause de mortalité. (Kassoum et Campbell, 1976).
Croissance et densité d’élevage en cages flottantes
Le taux de croissance varie avec la densité de stockage qui est égale à la quantité de poissons élevés par unité de volume, facteur clé dans l’économie des élevages de poissons. C’est pourquoi la recherche de la densité optimale de croissance reste impérative. Celle –ci dépendrait de la méthode d’élevage, de l’espèce, de la taille et de l’âge du poisson. Les densités d’élevage en dessous de celles optimales entrainent de grandes différences de taille ce qui conduirait à des interactions sociales susceptibles de baisser la production (Notes de cours, DAFFE 2007). A l’opposée, le taux de croissance diminue également lorsque la biomasse des poissons augmente. Ce phénomène a été observé en cages pratiquement pour toutes les espèces piscicoles : I. punctatus (Collins, 1972), C. carpio (Gribanov et al., 1968), S. gairdneri (Boydstun et Hopelain, 1977), T. aurea (Pagan, 1970), T. nilotica (Coche, 1977).
En Côte-d’Ivoire, en élevage standard, le poids moyen a augmenté en trois mois de 120 à 200 g suivant que la biomasse initiale a été élevée (20 kg /m3) ou moyenne (l0-14 kg /m3). En quatre mois, la croissance y a atteint généralement 150 -180 g en charge moyenne (Coche, 1977). Pour une densité de stockage de 14 kg et un poids moyen des individus de 29 g (Tilapia nilotica) il récolte en 121jours d’élevage des poissons de 67,6 g de poids moyen avec une mortalité de 5,9 % et un taux de conversion alimentaire de 2,8.
Place du Tilapia dans l’aquaculture et ses caractéristiques
Le tilapia fait partie des espèces les plus utilisées en élevage aquacole. En effet le Tilapia se classe au deuxième rang mondial, après la carpe, pour l’importance des activités d’aquaculture. L’élevage commercial à grande échelle du Tilapia est limité presque exclusivement à trois espèces : Oreochromis niloticus, O. mossambicus et O. aureus. Parmi ces trois espèces au potentiel d’aquaculture reconnu, le Tilapia du Nil, O. niloticus, est de loin la plus utilisée en aquaculture à l’échelle mondiale (Fitzsimmons, 2006).
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
2.1. L’alimentation des poissons élevés en cages
2.2. Effets des facteurs environnementaux sur la croissance des poissons élevés
2.3. Croissance et densité d’élevage en cages flottantes
2.4. Place du Tilapia dans l’aquaculture
2.5. La répartition géographique originelle et actuelle
2.6. Les exigences écologiques
2.7. La croissance
2.8. Le régime alimentaire
2.9. La biologie de reproduction
2.10.Techniques de masculinisation des individus
III. MATERIELS ET METHODES
3.1. Matériels
3.1.1. Matériel biologique
3.1.2. Matériel expérimental
3.2. Méthodes
3.2.1. Provenance des poissons
3.2.2. Les densités utilisées
3.2.3. Contrôle de la croissance et suivi de l’expérience
3.2.4. Mesure des paramètres physiques et chimiques
3.3. Expression des résultats et analyse statistique
IV. RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1. Résultats
4.1.1. Évolution des paramètres physiques et chimiques
4.1. 2. Croissance et hétérogénéité des tailles
4.1.3. La survie et la production
4.2. Discussions
4.2.1. Croissance et hétérogénéité des tailles
4.2.2. Influences des facteurs environnementaux
V. CONCLUSION
IV. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES