Les limites de la physiocratie
Quesnay est un précurseur de l’école classique car il donne une importance particulière à l’ordre social naturel, aux lois de la nature, et au libéralisme. Pour Quesnay, comme l’ordre est naturel donc elle est meilleure. L’ordre naturel existe, par conséquent, il faut libéraliser. L’instauration du libéralisme pour les physiocrates favorise l’initiative privée et accélère l’enrichissement. Le but de l’agriculture est de produire, donc la sphère productive ne doit pas être négligée. Le capital a un rôle essentiel car il est considéré comme étant le moteur de la production. Le capital explique également le progrès et il est la source du progrès. La science économique est possible dans la pensée physiocrate si le mécanisme de laisser faire et laisser aller fonctionnent normalement. La pauvreté dans la pensée des physiocrates s’explique par la perturbation de l’équilibre économique et de l’ordre naturel. Cependant, des critiques peuvent être soulevées à l’égard de la physiocratie. Elle ne fait que décrire la situation économique de la France pendant le XVIIIe siècle. L’agriculture dominait encore pendant cette période sur le plan productif. L’agriculture est la seule activité productive. Quesnay n’a pas pris en compte dans son analyse la capacité de production des entrepreneurs. Ces derniers jouent pourtant un rôle important dans le monde de l’industrie.Pour les classiques pourtant ce sont eux qui sont les plus productifs. Quesnay n’explique pas dans sa théorie l’origine des fluctuations des prix des produits agricoles. Il explique également la répartition de manière très simple. Le problème de répartition peut pourtant apparaître entre les travailleurs et les capitalistes. Pour les physiocrates, le produit net est un don de la nature et la richesse s’attache à la nature. Par contre, dans la théorie classique, la richesse provient du travail, mais pas uniquement du travail agricole, ni seulement de la nature. Enfin, les physiocrates n’ont pas pensé que la terre à ses limites. Le degré de fertilité du sol peut varier, et certaines terres peuvent même être stériles. A un moment donné, les rendements peuvent donc être décroissants. Ce sont des réalités que les physiocrates n’ont pas intégré dans leur pensée. Ces situations réelles ont pourtant permis à David Ricardo de développer sa théorie. Le produit net peut exister mais le produit différentiel risque de modifier la répartition du revenu entre les classes sociales. Le produit différentiel est d’ailleurs la base de la théorie de David Ricardo.
Les explications au développement du phénomène de dualisme
Le dualisme peut se définir comme étant l’existence dans l’économie d’un secteur moderne et d’un secteur traditionnel. Le secteur moderne ou capitaliste a une activité basée essentiellement sur l’industrie. L’objectif du secteur moderne consiste à réaliser le maximum de profit autant que possible. L’investissement dépend en premier lieu de ce profit. La diversification de l’activité dans le secteur moderne est l’explication le plus juste à son développement. L’économie du secteur moderne est constituée à titre d’exemple à des activités comme l’agriculture tournée vers le commerce et les activités manufacturières. La forte implication de l’industrie dans le secteur capitaliste lui permet dégager une production à forte valeur ajoutée. Ce secteur réalise également des économies d’échelle. On entend par économie d’échelle la diminution du coût de production lorsque la production s’accroît. Le secteur traditionnel pour sa part est constitué en majeur partie par l’agriculture traditionnelle. Ce secteur est également marqué par le développement des activités informelles. La production réalisée sert surtout à la subsistance. La production dans le milieu traditionnel est également faible et limitée à cause de la précarité des moyens de production. L’étude de se phénomène de dualisme revient à Lewis (1954). Dans son analyse, il constate que l’écart se creuse entre le secteur moderne et le secteur traditionnel. Sa théorie sur le développement concerne en particulier les pays en voie de développement. Dans les pays en développement, le secteur traditionnel présente un surplus de main d’œuvre. Pour développer ces pays selon Lewis (1954), ce surplus de main d’œuvre devrait être affecté vers le secteur moderne. Le développement du secteur capitaliste s’explique d’ailleurs par l’attraction de la main d’œuvre du secteur traditionnelle vers ce secteur. Dans le secteur capitaliste, l’offre de travail est supérieure à la demande de travail. Cette situation permet donc de maintenir les salaires à un bas niveau sur une longue période. Une hausse des salaires présente des effets moindres car le secteur traditionnel assure toujours une offre illimitée de main d’œuvre. Pendant la période de transfert de la main d’œuvre du secteur traditionnel vers le secteur moderne, les salaires resteront toujours faibles. L’offre de travail n’arrive pas à excéder la demande de travail car le secteur capitaliste ne cesse de produire. L’investissement est toujours présent car les profits sont élevés. Lorsque l’investissement s’accroît, c’est également le cas pour la production. La hausse de la production entraîne par la suite l’accroissement de l’emploi et des salaires. Le développement se fait par l’accumulation du capital et le travail. Une nouvelle phase de développement commence donc lorsque le surplus de main d’œuvre est absorbé et lorsque les salaires vont augmenter.
Les caractéristiques de l’économie paysanne
Une économie paysanne se caractérise par une économie agraire. L’agriculture constitue la base fondamentale de l’activité paysanne. La famille joue un rôle primordial dans cet environnement. A part l’agriculture, force est de constater que la pression démographique est très élevée dans le milieu paysan. Tchainov (1966) est l’auteur principal qui a traité le fonctionnement de l’économie paysanne. D’après Tchainov (1966), l’économie paysanne est complètement déconnectée de la réalité. L’exploitation agricole est effectuée par la famille. L’économie capitaliste est inexistante. Le salaire n’a aucune signification car cette économie n’emploi pas de main d’œuvre salarié. « La conception de l’exploitation paysanne serait donc concevable dans des systèmes économiques qui ignorent totalement les catégories du travail salarié et du salaire, sinon sur le plan historique du moins sur le plan logique » (Tchainov, 1990, p45). L’économie paysanne est une structure qui prévoit peu sur l’avenir. Elle ne tient pas compte dans son mode de production le calcul économique. La notion de salaire n’a aucune signification puisque la famille est la première source de main d’œuvre. L’intérêt ne la concerne pas car aucun emprunt n’est contracté. A part cela, la rente n’existe pas car les terres ne sont pas à louer. Enfin, l’objectif de l’activité paysanne n’est pas de réaliser un profit, ni d’investissement. La production sert à satisfaire uniquement la subsistance. Dans le raisonnement de Tchainov (1966), le processus de production dépend de l’organisation paysanne. Comme la famille n’utilise pratiquement pas de main d’œuvre, et ne paie aucun salaire, le niveau de production à atteindre est difficile à anticiper. La force de travail et la répartition des tâches sont déterminées au préalable. « La force de travail de la famille est une donnée de départ et c’est en fonction d’elle que sont fixées, sous une forme techniquement harmonieuse, les rapports des éléments productifs de l’exploitation entre eux » (Tchainov, 1990, p 99). L’activité économique de la famille paysanne consiste à satisfaire la consommation. L’objectif de base étant l’autosuffisance alimentaire. La main d’œuvre est donc le principal outil de production. Cette situation montre que la production n’existe pas sans la pratique de l’auto exploitation. Pour Tchainov, la structure de l’économie paysanne se base sur l’activité de la famille. Elle dépend également de la grandeur familiale. Ces structures démontrent les fondements de l’économie paysanne. Elles sont en liaison, et elles sont dès fois complémentaires. « On peut considérer comme statistiquement établie l’existence d’une liaison étroite entre les dimensions de la famille et le volume de son activité économique en général et même de son activité spécifiquement agricole….Il faut cependant interpréter le rapport entre les dimensions de la famille et celle de l’exploitation agricole plutôt comme une dépendance de la surface agricole par rapport aux dimensions de la famille et non l’inverse » (Tchainov, 1990, p 67 et 71). La production dans le secteur capitaliste est totalement opposée à celle du monde paysanne. Le climat conditionne la production agricole. Le temps peut jouer en défaveur des exploitants. Il permet également d’expliquer la quantité produite.
Les caractéristiques de l’agriculture malgache
L’agriculture malgache se caractérise par la prédominance de l’agriculture paysanne de subsistance. La politique de développement à Madagascar se base sur l’agriculture, c’est un fait réel. La politique agricole de ce pays se distingue encore par l’utilisation des méthodes ancestrales. En dépit de l’accroissement de l’exode rural, les ménages agricoles possèdent encore une proportion assez significative car à peu près 80% (INSTAT, 2009) de la population malgache vivent en milieu rural. Leur revenu provient essentiellement de l’agriculture. La politique de production agricole à Madagascar est généralement une politique régionale axée sur la promotion des pôles intégrés de croissance. La régionalisation permet d’assurer une meilleure allocation des ressources rares comme les ressources humaines ou financières. Le riz est la première activité agricole à Madagascar. Les zones regorgeant des potentialités agricoles sont multiples. Le cas de l’Alaotra constitue un exemple concret.Cette région est le premier grenier à riz de Madagascar. Elle mérite une attention particulière vue ses potentialités. L’Alaotra se différencie par son grand besoin d’investissement en matière socio-économique. Avant la crise politique de 2009, cette zone a connu l’émergence des opérateurs ayant une vision de développement à moyen et long terme. L’objectif de ces opérateurs étaient de moderniser l’agriculture afin d’accroître la productivité. L’intégration de l’agriculture dans le secteur capitaliste figurait parmi les défis. La production dégagée par cette région est beaucoup plus qu’ailleurs d’où l’importance qu’elle joue sur le marché.La région de l’Alaotra est plus réceptive à l’innovation. 6,2% (INSTAT, 2008) des exploitants sont des grands exploitants. Par rapport aux autres régions, ce taux est élevé. Les exploitants moyens sont à 30,1%, et le reste sont des petits exploitants. L’objectif est de transformer les exploitants moyens en des grands exploitants. Cette région produit 418755 tonnes de riz par an, avec un rendement de 2,86 tonnes par hectare. 14% de la production totale de riz est dégagée par cette région (INSTAT, 2008). Cette proportion reste le plus élevé dans tout Madagascar. En matière agricole, seul le riz fait la renommer d’Alaotra.Les stratégies d’appui offertes à cette région en matière de développement agricole doivent faciliter le développement durable. La politique agricole de l’Alaotra se base sur la promotion des systèmes de production. Ces systèmes devront être performants et durables. Cette zone applique la culture de nouvelles variétés de riz. Une politique d’irrigation est aussi envisagée. A part cela, l’octroi de crédit agricole commence à se développer petit à petit. D’une part, on constate le développement de la petite mécanisation et d’autre part l’utilisation des systèmes comme le SRI. Enfin, les organisations paysannes bénéficient d’un appui au renforcement.
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Table des matières
INTRODUCTION CENERALE
CHAPITRE I.L’AGRICULTURE DANS LA PENSEE ECONOMIQUE : DE LA CONCEPTION PHYSIOCRATIQUE A L’ECONOMIE PAYSANNE
Section 1. Place de l’agriculture dans la pensée économique
1.1. Concept physiocratique
1.2. La théorie de David Ricardo
Section 2. Agriculture et économie de développement
2.1. Le dualisme économique
2.2. Le rôle de l’économie paysanne
CHAPITRE II.ETUDE DU CAS DE MADAGASCAR
Section 1. Les réalités déterminantes du secteur agricole
1.1. La politique agricole à Madagascar
1.2. Bilan de la politique agricole malgache
Section 2. Les liens entre l’agriculture et le développement
2.1. La situation de l’agriculture par rapport au développement
2.2. Les contraintes au développement futur de l’agriculture
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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