L’agriculture en Martinique
La filière petit ruminant en Martinique
Historique de la filière petit ruminant dans la Caraïbe
L’introduction des premiers ruminants dans la Caraïbe remonte au XVème siècle avec des animaux d’origine ibérique.Entre le XVIIème et le XIXème siècle c’est l’âge d’or du colonialisme avec son lot de blocus spécifiques et/ou d’échanges commerciaux privilégiés.Au fil des siècles se sont alors opérés des croisements entre des populations d’origines variées et soumises à la sélection naturelle de leur région d’adoption (Naves et al, 2001).Chez les caprins, la chèvre Créole, est issue du métissage des différentes populations introduites lors du colonialisme. On la retrouve dans tous les pays tropicaux d’Amérique. Les populations ovines de Martinique sont quand à elles issues de races à poils présentes dans toute la Caraïbe et originaire des régions côtières de l’Afrique noire (Mahieu et al, 1997 ; Naves et al, 2001).C’est à partir de la fin du XIXème siècle, que l’utilisation de races importées se démocratise pour améliorer le niveau de la production locale (Naves et al, 2001). Notamment chez les caprins avec l’introduction de races à viande d’origine africaine telles que le Boer et l’Anglo-Nubien ou encore de races laitières comme la Saanen et l’Alpine.
Généralités
En Martinique, l’élevage caprin et ovin respectivement de 8123 têtes et 14883 têtes (Agreste, 2007) est essentiellement tourné vers la production de viande (Alexandre R, 2005).
Mais outre ce rôle purement productif, l’élevage de petits ruminants revêt plusieurs aspects :
• Un rôle d’accumulation des revenus et d’épargne
• Un rôle social et culturel, avec par exemple les abattages rituels de caprin dans la
communauté indienne ou encore avec la préparation du traditionnel pâté-en-pot, potage à base d’abats de mouton servi lors de pratiquement tous les grands évènements familiaux et religieux (anniversaire, baptême, mariage, veillée mortuaire, etc.)
Cette production ovine et caprine participe aussi à la diversification agricole et occupe une place dans la gestion de l’environnement. En effet, elle est souvent associée à d’autres productions animales et agricoles.
C’est dans le Sud de l’île et plus précisément sur le Périmètre Irrigué du Sud-Est que se concentre l’essentiel de la production (Mahieu et al, 1997).
Traditionnellement, l’élevage des petits ruminants est pratiqué en système allaitant sur des exploitations familiales, de petite taille et non spécialisées. Le mode de production le plus répandu
est l’élevage sur pâturage avec utilisation de fourrages naturels (Alexandre et al, 1997).
Les systèmes d’élevage sont variés, allant du pâturage à l’attache que l’on peut qualifier de semiintensif, au système extensif d’un troupeau sur pâturage continu ou avec rotation (Alexandre et al, 2009).
Chez les petits ruminants autochtones de la Martinique il n’y pas de saisonnalité de l’activité reproductrice. Les ovulations et les chaleurs ont lieu toute l’année. De plus la durée de l’anoestrus post-partum est relativement courte et permet d’assurer un rythme de reproduction de trois misesbas sur deux ans (Mahieu et al, 1997). La productivité numérique des caprins est supérieure à celle des ovins. On compte en moyenne de 1,5 à 2,2 chevreaux par mise-bas contre 1,4 à 2 agneaux, mais leur productivité pondérale est inférieure.
Organisation de la filière viande
La consommation totale de viande en Martinique pour l’année 2008 a été de 59,5kg par habitant (contre 90kg pour la France métropolitaine) ce qui représente environ 24000 tonnes de viandes dont 7,3% reviennent à la consommation de viande caprine et ovine soit environ 1750 tonnes (Maudet, 2010).Pour l’année 2009, on assiste à une baisse d’un peu plus de 600 tonnes de la consommation totale de viande : avec – 550 tonnes pour la viande bovine, -200 tonnes pour la viande porcine et avec -150 tonnes pour les petits ruminants. C’est la hausse de la consommation de poulet (+ 289 tonnes) qui permet un report partiel sur les volumes totaux de viande consommée (Agreste Martinique, 2010).
Pour autant la Martinique dispose de nombreuses structures adaptées à la promotion de la production caprine et ovine :
• L’AMIV, Association Martiniquaise de l’Interprofession Viande. Créée en 1992 sur la base de coopératives spécialisées, l’AMIV est l’organe fédérateur des différents acteurs de la filière, les producteurs, les provendiers, les industries d’abattage et de transformation, les distributeurs et les consommateurs. Cet organisme s’attache donc à mutualiser les moyens de l’ensemble de la filière dans l’objectif de développer cette dernière.
• La SCACOM, Société Coopérative Agricole Caprins Ovins de la Martinique est présente sur l’île depuis 1978. Sa production commercialisée est à l’origine de 51% des abattages contrôlés (ODEADOM, 2006).
• L’USOM, Unité de Sélection de l’Ovin Martinik, mise en place en 1992, travaille essentiellement à la sélection et à la promotion auprès des éleveurs de la race ovine Martinik.
• L’AMPMM, Association Martiniquaise des Producteurs de Mouton Marqué. Depuis 2007, elle œuvre à la valorisation de la viande d’agneaux issus d’élevages privilégiant les pratiques traditionnelles respectueuses du bien-être animal et de l’environnement.
• La Chambre d’Agriculture de Martinique
La filière dispose depuis 1990 d’un abattoir départementales dont la gestion et l’exploitation sont assurées par la Société d’Économie Mixte des Abattoirs de la Martinique (SEMAM).
En sus de la promotion, tous ces organismes mutualisent leurs efforts et travaillent à l’organisation des rapports entre les différents acteurs de la filière malgré la persistance d’un volet informel.
L’agriculture en Martinique
Le secteur agricole martiniquais est dominé par la production de la banane suivie des productions maraîchères et vivrières (figure 3). La production de la banane est essentiellement destinée à l’exportation. Ces dernières années on assiste à un déclin de ce produit d’où une volonté de redynamiser le secteur agricole en jouant sur une diversification des productions avec entre autres la filière élevage (Alexandre et al, 2009 ; Mahieu et al, 1997). Ces productions de diversification contrairement à la banane sont destinées avant tout à satisfaire aux besoins du marché local. Le développement des filières élevage et plus spécifiquement celle de l’élevage ovin-caprin peut participer au rééquilibrage de la balance commerciale et à la création de nouveaux emplois (Maudet, 2010). Le développement des filières élevage et plus spécifiquement celle de l’élevage ovin-caprin
ARECA et le projet ECAP
L’association de réflexion et d’action sur les agricultures caribéennes (ARECA) est une ONG (Organisation Non Gouvernementale) intervenant sur l’ensemble du territoire Caribéen (insulaire et continental), et contribuant à des projets de développement agricole ou rural de la région.
Le projet ECAP – Échanges Caribéens pour une Alternative de Production agricole alimentaire endogène – est un projet qui concerne l’ensemble de la Caraïbe agricole. Il sera financé pour une partie par les différents partenaires communautaires et extra-communautaires, et pour l’autre par les fonds européens (INTERREG Caraïbe IV), le chef de file étant l’association ARECA.
Les activités de terrain, les échanges et autres coopérations ont été limités à trois territoires Cuba, la Guadeloupe et la Martinique.ECAP est constitué de trois volets : un volet gestion des exploitations, un volet protection phytosanitaire durable et un volet relatif à l’élevage des petits ruminants.Ce dernier volet a pour objectif un croisement d’expériences et d’expertises pour le développement d’alternatives technologiques adaptées aux contraintes respectives des élevages de petits ruminants dans la Caraïbe.Les travaux réalisés au cours de ce stage s’intègrent dans la première phase du volet 3 portant sur les pratiques d’élevage au sein des ateliers de petits ruminants.
Objectifs
Le travail mené doit permettre l’identification des pratiques mises en œuvre en élevage caprin et ovin en Martinique, mais également la mise en évidence d’un certain nombre de contraintes fonctionnelles ou environnementales empêchant les éleveurs d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.
Il s’agit donc dans cette première étape de faire un état des lieux, afin de pouvoir présenter aux partenaires du projet ECAP des éléments tangibles, mesurés, évalués. Ce sont ces premiers éléments qui permettront de décider des actions à mener par la suite et d’orienter la réflexion sur les points qui seront abordés entre les éleveurs cubains, guadeloupéens et martiniquais.Pour ce faire notre réflexion sera guidée par le concept du système d’élevage décrit en 1984 par Lhoste comme étant : « l’ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvre par une communauté pour exploiter dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux ». Au sein de ce système d’élevage, trois pôles en interaction entre eux (Lhoste, 1987) :
• Le pôle humain, avec l’éleveur qui pilote le système
• Le pôle territoire, correspondant aux ressources utilisées par les animaux
• Le pôle animal, c’est à dire les troupeaux, les cheptels
Au sein de ce triptyque, les éleveurs et leurs pratiques occupent une place centrale, puisque à l’origine des stratégies de production et de prise de décision. Derrière chaque exploitation se trouve
un producteur et son savoir-faire. Il est donc important de pouvoir appréhender cette diversité en passant par la réalisation d’une typologie.
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Table des matières
Contexte de l’étude
1. La Martinique : cadre environnementale
1.1. Situation géographique
1.2. Reliefs et conditions climatiques
1.3. Contexte démographique
1.4. Économie générale
2. La filière petit ruminant en Martinique
2.1. Historique de la filière petit ruminant dans la Caraïbe
2.2. Généralités
2.3. Organisation de la filière viande
3. L’agriculture en Martinique : contexte général
4. ARECA et le projet ECAP
4.1. Présentation générale
4.2. Objectifs
Matériels et méthodes
1. Organisation des enquêtes et observation des pratiques d’élevage
1.1.Élaboration de l’enquête.
1.2.Organisation et méthode de travail
2. Traitement des données
2.1.Éléments retenus pour la typologie
Résultats et Discussion
Discussion générale
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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