L’agriculture de conservation
Définition de l’AC
l’agriculture de conservation (AC) est, un concept de production agricole existant depuis longtemps dans le monde particulièrement en Amérique latine et aux États Unis d’Amérique (Serpentié, 2009). Suite aux observations sur la dégradation des terres, les agriculteurs ont adopté de nouvelles techniques telles que le semis sous couverture végétale et le non labour pour la restauration de leurs patrimoines de production. Elle a été définie et reconnue officiellement par la FAO en 2001 lors de la conférence sur l’agriculture de conservation tenue à Madrid (Kaumbutho et Kienzle, 2007; Serpentié, 2009 ; Shetto et al., 2007).
la définition générique est donnée en ces termes: « L’agriculture de conservation est un concept pour la sauvegarde des ressources de production agricole, et vise à atteindre des bénéfices acceptables ainsi que des niveaux de production élevés et durables, tout en conservant l’environnement. L’AC est basée sur l’amélioration des processus biologiques naturels en-dessus et au-dessous du sol. Les interventions tel/es que le labour mécanique ou attelé sont réduites à un minimum absolu, et l’utilisation d’intrants externes tels que les produits agrochimiques et les éléments nutritifs d’origine minérale ou organique sont appliqués à un niveau optimal, de sorte et en quantité n’interfère pas avec, ou de perturber, les processus biologiques » (Kaumbutho et Kienzle, 2007 ; Shetto et al., 2007).
A partir de cette définition générique, différents auteurs ont donné la leur avec plus de précision sur le concept. Toutefois, ils insistent sur les trois principes que sont la (i) la réduction à un minimum absolu du travail du sol ; (ii) le maintien d’un couvert Végétal permanent sur le sol et (iii) l’association et la rotation des cultures (ACT, 2008; Chevrier et Barbier 2002; Djamen et al., 2005 FAO 2005; IIRR et ACT, 2005). la réalisation de l’AC implique la présence simultanée de ces trois principes (Figure 1). leur combinaison permet de générer des intérêts d’ordre économique, agronomique et environnemental (FAO, 2010). Une bonne application de ces principes permet d’accroître les résultats économiques de l’exploitation: économie d’opérations, de travail, d’énergie, d’engrais et de pesticides, stabilisation voire accroissement des rendements, simplification de l’équipement et des intrants utilisés, amélioration des conditions de vie (Djamen et aJ., 2005). Depuis 2008, environ 116921 000 ha sont cultivées sous des techniques d’AC à travers le monde, avec seulement 0,3% en Afrique subsaharienne (Derpsch et Friedrich, 2010).
Concept et principe de l’AC
L’agriculture de conservation génère différents bénéfices écologiques à différentes échelles (locale, régionale et mondiale) aussi bien pour l’agriculteur que la société. Elle vise une agriculture moins mécanisée et plus écologique, nécessitant une nouvelle mentalité (Oerpsch, 2005).
Travail minimal du sol
La notion de «travail du sol» est utilisée et soutenu en 1757 par Duhamel du Monceau (1700 – 1782), à qui on doit la paternité, afin de favoriser l’élongation et la ramification des racines (Morel, 1996). le travail du sol regroupe l’ensemble des pratiques agricoles agissant sur le sol avant ou après l’installation des cultures et visant leur croissance optimale. Dans la littérature, cette expression désigne le plus souvent les opérations culturales réalisées avant l’implantation de la culture. Ces opérations varient essentiellement en fonction de trois critères que sont la profondeur de travail, l’existence ou non d’un retournement de la surface et le degré de mélange des horizons (labreuche et al., 2007). Partant des critères de ces mêmes auteurs, on distingue cinq groupes d’opérations: labour, pseudo-labour, décompactage, sous-solage et travail superficiel (sarclage, binage, reprise de labour).
Parmi ces groupes d’opérations, le labour est le plus rependu à travers le monde et marqué par une utilisation d’outils lourds. les buts de cette opération sont entre autres le contrôle des adventices, l’enfouissement des résidus de culture, l’amélioration de la structure du sol, la création de la porosité, le stockage de l’eau et l’amélioration de l’aération du sol, augmentant de ce fait même l’espace d’enracinement et d’exploration des racines (Triomphe et ai, 2007, N’Dayegamiye, 2007). Cependant cette opération est progressivement abandonnée suite à ses effets jugés néfastes sur l’environnement. Ils se traduisent par la baisse de la fertilité des sols, l’augmentation de l’érosion, la perturbation de la faune du sol et la production des gaz à effets de serre. Selon Konrad (2006), le travail du sol serait la principale cause de la pollution en agriculture. la décomposition de la matière organique s’accompagne d’un dégagement de gaz divers. En effet, le contact entre l’oxygène de l’air et la matière organique (essentiellement composée de carbone et d’azote) emmagasinée dans le sol donne en présence d’énergie, du dioxyde de carbone et du nitrate. le travail intense du sol augmente la surface de contact entre la matière organique et l’oxygène de l’air. De ce fait, il accélère le processus de décomposition et donc de la pollution. Cette décomposition est d’autant plus importante que le climat est chaud et humide comme le notre. l’abandon du labour modifiera profondément le fonctionnement et la gestion de l’agrosystème. C’est tout un système de culture qu’il s’agit pour les agriculteurs de réinventer, dont les impacts sur le milieu et sur les performances agronomiques vont être très variables selon les pratiques et les contextes dans lesquels elles sont mises en œuvre (Triomphe et al., 2007). la correction de ces effets vers une durabilité des exploitations agricoles passe par une réduction du travail du sol voire un abandon total du labour. Cette volonté de réduction du travail du sol s’inspire du fonctionnement des écosystèmes forestiers, ne subissant pas de perturbation au niveau du sol mais assurant une bonne production végétale.
Nombreux sont ceux se demandent comment cultiver sans labourer? Cela est pourtant bien possible sinon plus rentable au vue des différentes preuves de performance des systèmes en non-labour dans plusieurs localités (Kourouma et Bozza , 2005) .
Le travail minimal du sol comme principe de l’AC vise une protection du sol et des micro-organismes. Il s’oppose au labour et à toute autre forme de travail intense du sol (liRR et ACT, 2005). Cette réduction ou arrêt de travail du sol s’opère de plusieurs manières introduisant de ce fait, de multiples terminologies dans le concept de l’AC. Les termes couramment rencontrés sont le semis direct (SO), le non-labour (NL), le travail minimum du sol, les techniques culturales simplifiées, technique culturale sans labour (TCSL) (Labreuche et al., 2007; Triomphe et al., 2007). Ce principe présente plusieurs avantages tels que la lutte contre l’érosion, l’installation rapide des cultures, l’absence de la perturbation de la structure du sol, l’optimisation du temps de travail, la réduction de la contrainte du respect des dates optimales de semis, la levée du handicap du sous – équipement, la valorisation des ressources minérales et hydriques disponibles en début de cycle cultural (Mrabet, 2006; Soco, 2009). L’absence de labour permet une réduction des énergies (humaine, animal, thermique). Dans les grandes exploitations agricoles, il assure une réduction de la consommation de carburant de 25 à 50% et une augmentation de sa productivité de 8 à 25% (CruveHier, 2010). Sur le plan environnemental, la réduction de travail du sol apparaît comme une vertu pour le retour à l’équilibre.
Toutefois la réduction du travail du sol s’associe à d’autres techniques de conservation des eaux et des sols afin d’optimiser ses résultats. Kambou et Zougmoré (1995) affirment que le semis direct (SO) à lui seul ne permet pas d’obtenir des résultats satisfaisants.
Couverture permanente du sol
La couverture du sol encore appelée mulch ou paillage consiste à recouvrir la surface du sol par de la matière organique vivante ou morte. La matière utilisée pour la couverture peut être constituée par des résidus de récolte, des feuilles et branchage d’arbres, de paille de brousse ou de mauvaises herbes ou encore sous une culture déjà en place (Ereinstein, 2003; IIRR et ACT, 2005). Dans l’AC, cette couverture doit être permanemment maintenue sur la parcelle autant que possible. La pratique est motivée par ses effets bénéfiques sur le sol. Elle améliore et/ou préserve les qualités du sol à produire. La qualité d’un sol étant définie par Mando et al., (2001) sous l’angle agricole comme étant sa capacité à fonctionner dans les limites d’un écosystème aménagé ou naturel afin de soutenir la production animale ou végétale, de maintenir, voire d’améliorer, la qualité de l’eau. L’atteinte de ce but implique le concours de nombreux facteurs d’ordre physique, chimique et biologique (Capillon et Seguy, 2002; IIRR and ACT, 2005; Mando et al., 2001; Roy et al., 2005). Le développement de la faune édaphique (notamment des verres de terre et des termites) aboutit à la création des galeries facilitant la circulation de l’eau et de l’air. Ces fonctions remplaceraient celles du labour (Capillon et Séguy, 2002; FAO, 2005; Kaumbutho, et Kienzle, 2007).
Sur le plan physique, le paillage assure la protection du sol contre les radiations solaires et des effets splash des grandes pluies. Il résiste à l’érosion hydrique et éolienne et permet d’assurer la stabilité de la structure du sol. Sur le plan chimique, il permet un apport d’éléments minéraux au sol grâce à la présence de la matière organique (Roy et al., 2005). Au niveau biologique, il constitue une réserve nutritive importante pour des organismes vivant dans le sol. Il assure donc le maintien permanent de cette vie et stimule leur activité (IIRR et ACT, 2005 ; Mando et al., 2001).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. L’AGRICULTURE DE CONSERVATION
1.1.1. DEFINITION DE L’AC
1.1.2. CONCEPT ET PRINCIPE DE L’AC
1.1.2.1. TRAVAIL MINIMAL DU SOL
1.1.2.2. COUVERTURE PERMANENTE DU SOL
1.1.2.3. ASSOCIATION 1ROTATION CULTURALE
1.1.3. POTENTIALITE ET LIMITES DE L’AC
1.1.3.1. POTENTIALITES DE L’AC
1.1.3.2. LIMITES DE L’AC
1.1.4. AGRICULTURE DE CONSERVATION AU BURKINA
1.2. EXPLOITATION AGRICOLE
1.2.1. NOTION D’EXPLOITATION AGRiCOLE
1.2.2. NOTION DE PERFORMANCE D’UNE EXPLOITATION
1.2.3. PERFORMANCE TECHNICO-ECONOMIQUE
1.2.4. STRATEGIE D’INNOVATION DANS UNE EXPLOITATION AGRICOLE
CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE
2.1. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
2.1.1. MILIEU PHYSIQUE
2.1.2. CLIMAT ET VEGETATION
2.1.3. SOL
2.1.4. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
2.2. MATERIEL VEGETAUX
2.3. DISPOSITIF EXPERIMENTAL
2.4. COLLECTE DES DONNEES
2.5. ANALYSE DES DONNEES
2.5.1. DEFINITION ET FORMULES DES INDICATEURS DE PERFORMANCE
TECHNICO-ECONOMIQUE
2.5.2. MESURE DE PERFORMANCES TECHNICO-ECONOMIQUES
2.5.3. CALCUL DES EFFETS SPECIFIQUES ET COMBINES
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. RESULTATS
3.1.1. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS
3.1.1.1. STRUCTURE DES EXPLOITATIONS
3.1.1.2. CONDUITE DES CULTURES
3.1.1.2.1. TRAVAIL DU SOL
3.1.1.2.2. ASSOCIATION CULTURALE
3.1.1.2.3. ROTATION CULTURALE
3.1.1.3. GESTION DE LA FERTILITE DES CHAMPS
3.1.1.3.1. AMENAGEMENTS DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS
(CES)
3.1.1.3.2. UTILISATION DE LA FUMURE MINERALE ET ORGANIQUE
3.1.1.3.3. PAILLAGE
3.1.1.3.4. GESTION DES RESIDUS DE CULTURE
3.1.1.4. PRODUCTION VEGETALE
3.1.1.5. FONCIER
3.1.1.6. PRATIQUE DE L’ELEVAGE
3.1.2. ANALYSE DE PERFORMANCE DES SYSTEMES ET DES PRINCiPES
3.1.2.1. PRODUCTION DES SYSTEMES
3.1.2.1.1. RENDEMENTS GRAINS
3.1.2.1.2. RENDEMENT PAILLE
3.1.2.2. TEMPS DE TRAVAUX
3.1.2.3. PERFORMANCES ECONOMIQUES
3.1.2.3.1. PRODUIT BRUT (PB) ET VALEUR AJOUTEE (VA)
3.1.2.3.2. RATIO VENTE SUR COUT (RVC) ET RETOUR SUR INVESTISSEMENT
(RI)
3.1.2.3.3. VALORISATION DU TEMPS DE TRAVAIL.
3.1.2.4. ANALYSE DE LA PERFORMANCE RELATIVE DES SySTEMES
3.1.2.5. ANALYSE DES EFFETS SPECIFIQUES ET COMBINES DES PRINCIPES
DE L’AC
3.1.2.5.1. EFFETS SPECIFIQUES DE L’ASSOCIATION CULTURALE.
3.1.2.5.2. EFFETS SPECIFIQUES DU SEMIS DIRECT
3.1.2.5.3. EFFETS SPECIFIQUES DU PAILLAGE
3.1.2.5.4. EFFETS COMBINES DE L’ASSOCIATION CULTURALE ET DU SEMIS
DIRECT
3.1.2.5.5. EFFETS COMBINES DU PAILLAGE ET DU SEMIS DIRECT
3.1.2.5.6. EFFETS COMBINES DE L’ASSOCIATION CULTURALE ET DU
PAILLAGE
3.1.2.5.7. EFFETS COMBINES DE L’ASSOCIATION CULTURALE, DU SEMIS
DIRECT ET DU PAILLAGE
3.1.3. APPRECIATIONS PAYSANNES DES SYSTEMES ET DES PRINCIPES DE
L’AC
3.1.3.1. TRAVAIL DU SOL
3.1.3.1.1. LABOUR
3.1.3.1.2. SEMIS DIRECT
3.1.3.2. ASSOCIATIONS CULTURALES
3.1.3.2.1. ASSOCIATION CULTURALE
3.1.3.2.2. CULTURE PURE
3.1.3.3. COUVERTURE DU SOL
3.1.3.3.1. PAILLAGE
3.1.3.3.2. SANS PAlLLAGE
3.1.4. NOTATION DES CRITERES D’APPRECIATION DES SySTEMES
3.1.5. CLASSIFICATION PAYSANNE DES TRAITEMENTS
3.1.6. PERSPECTIVES D’ADOPTION DES SYSTEMES PAR LES PRODUCTEURS
3.1.7. STRATEGIES PAYSANNES POUR L’ADOPTION ET LA DIFFUSION DE
L’AC
3.1.7.1. PROPOSITION SUR LA CONDUITE DU PROJET.
3.1.7.2. PROPOSITION AU NIVEAU DES EXPLOITATIONS
3.2. DiSCUSSiON
3.2.1. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITANTS
3.2.2. PRATIQUES AGRICOLES DES PRODUCTEURS ET L’AC
3.2.3. VALORISATION DU TEMPS DE TRAVAIL
3.2.4. PERFORMANCE DES TRAITEMENTS
3.2.5. PERFORMANCE TECHNICO-ECONOMIQUES
3.2.6. ANALYSE DES APPRECIATIONS PAYSANNES SUR L’ADOPTION DES
SYSTEMES
3.2.7. ANALYSE DES STRATEGIES PAYSANNES D’ADAPTATION DES
PRINCIPES DE L’AC
3.2.8. LIMITES DE L’ETUDE
CONCLUSION GENERALE
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