LES RELATIONS INTERNES EN AFRIQUE
Les activités socio-économiques (agriculture, élevage, commerce, pêche)
Notre étude porte sur l’Afrique à travers les sources grecques. Ce continent décrit par Hérodote, Diodore de Sicile ou Strabon est constitué de plusieurs peuples de nature diverse. Elle a également une économie diversifiée dont l’agriculture, l’élevage, et le commerce tiennent une place importante. Ces activités socio économiques ont permis aux acteurs économiques d’entrer en contact les uns aux autres. Ainsi, les relations entre Africains deviennent constantes. Quelle était la nature de ces relations ? L’étude des secteurs économiques du continent permettra de mesurer l’intensité des relations internes en Afrique. Et pour cela, nous allons mettre l’accent sur les acteurs économiques.
Partant de l’Égypte, de l’Éthiopie, et de la Libye anciennes jusqu’aux régions de la Nubie-Soudan on peut dire que l’Afrique avait une économie dont les grands secteurs (agriculture, élevage, commerce, etc.) constituaient les principales sources de subsistances de ces populations. La pensée diffusionniste considère la révolution néolithique comme facteur générateur de la culture des végétaux et de l’élevage des animaux. Cette pensée fait du Proche-Orient le berceau de l’agriculture et de l’élevage. Mais si l’homme est né en Afrique, cette idée mérite une attention particulière. En effet, depuis son apparition, l’homme a forgé des techniques qui lui permettent de dompter la nature et d’assurer sa subsistance. Ce qui nous amène à penser une origine locale de l’élevage des animaux et de la culture des plantes.
Des spécialistes de l’agriculture ont mené des études intéressantes sur les plantes cultivées en Afrique ancienne. C’est ainsi que l’agronome VAVILOV rapporte que l’Éthiopie est un foyer autochtone de l’agriculture et l’évolution primaire d’une série de plantes . Sa position ne laisse donc aucun doute sur l’origine africaine de l’agriculture et peut être même de la domestication des animaux qui sont tous liés aux changements climatiques intervenus dans les sociétés et qui ont poussé l’homme à transformer la nature pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. D’ailleurs, le professeur Babacar SALL soutient que la tradition grecque a retenu une origine locale de l’agriculture dans l’Éthiopie lointaine, terre des dieux. Et à son avis, l’archéologie conforte cette tradition .
L’agriculture en Afrique antique est liée donc aux changements climatiques. En effet, ils ont entrainé la rareté du gibier, le retrait des forêts et des savanes, favorisant ainsi la recherche de nouveaux modes de subsistance. Ainsi, pour s’adapter aux nouvelles conditions de la nature, l’homme invente des outils matériels pour la culture de la terre. Il s’oriente vers les régions favorables comme la vallée du Nil et devient ainsi sédentaire. Mais comment les hommes faisaient-ils pour cultiver la terre, élever des animaux ? Quelle activité ont-ils mis en œuvre en premier ? Ces questions montrent que l’étude des sociétés agricoles donne une attention particulière à la domestication des animaux. C’est pourquoi dans notre analyse il ne sera pas question d’étude séparée des deux secteurs, mais une étude combinée, mettant l’accent sur les principaux acteurs.
Les acteurs qui évoluent dans ces deux secteurs représentent la frange de la population africaine la plus nombreuse. En effet, dans les sociétés africaines, l’agriculture prédomine. L’élevage était et continue d’être un secteur très important dans l’économie africaine et du monde en général. Ces secteurs étaient donc le pivot de l’économie du continent et constituaient les principales sources de richesses.
Les Grecs qui ont abordé l’Afrique ont donné des indications sur l’agriculture et l’élevage dans les sociétés africaines de l’époque. Cependant, cette approche est faite d’une manière plus ou moins différente. Déjà Homère avait émis des idées sur l’élevage en Afrique en son temps. Il s’exprimait en ces termes :
« …Les gens de Sidon, les Erembes, et dans cette Libye où les agneaux ont des cornes dès leur naissance, où, du prince au berger, tout homme à son content de fromage, de viande et de laitage frais ; les bêtes tous les jours, accourent à la traite, car trois fois dans l’année les brebis mettent bas » .
Les rapports entre groupes sociaux en Afrique
L’étude des rapports entre groupes sociaux en Afrique est une entreprise qui n’est pas facile. Certaines sociétés sont structurées suivant la richesse et pauvreté. Alors que dans d’autres sociétés la structure est faite suivant les métiers. Ce double aspect rend complexe l’étude des contacts entre groupes sociaux en Afrique dans l’antiquité. Faut-il étudier ici les rapports entre les riches et les pauvres ? Ou faut-il voir les relations entre les acteurs des secteurs économiques déjà étudiés ? Dans tous les cas, l’étude des deux aspects semble être une nécessité pour une bonne compréhension des types de relations qui existaient entre les sociétés, les individus en Afrique au temps des Grecs. Il est donc nécessaire d’étudier ces deux questions.
Dans notre étude sur les catégories socioprofessionnelles en Afrique, nous avons vu la structure de la société égyptienne chez Diodore de Sicile. Ce dernier qui distinguait deux classes sociales, les gouvernants et les gouvernés nous amène à penser aux rapports que ces deux classes entretenaient. La classe des gouvernants composée de prêtres, de rois de guerriers semble être la classe des riches. Elle s’oppose à celle des gouvernés, la classe constituée d’agriculteurs d’éleveurs, d’artisans, de commerçants, de pécheurs, de chasseurs, des cordonniers, etc. Suivant les indications de l’historien grec, on ne peut penser que la structuration de la société égyptienne s’est faite en fonction des métiers, mais aussi en fonction de la fortune. On se demande alors si la richesse et pauvreté ne va pas régir les rapports entre classes ou entre groupes sociaux.
Dans cette partie nous allons étudier les rapports entre les acteurs d’une même classe et de classes différentes. L’étude de ces rapports va suivre deux aspects. D’abord, nous allons voir l’aspect économique ensuite nous étudierons les autres formes de relations, car dans beaucoup de sociétés africaines les relations entre classes, entre individus de même secteur ou de secteur différent peuvent revêtir plusieurs formes.
Décrivant les agriculteurs en Égypte, Diodore de Sicile estime que « les agriculteurs passent leur vie à cultiver la terre qui leur sont à un prix modéré, affermée, par les rois, par les prêtres, et les guerriers …» . Cette description de l’historien grec montre ainsi les liens qui sont tissés entre acteurs de deux classes différentes. En effet, les agriculteurs ont entretenu des relations économiques avec les gouvernants de la société. Au cours de ces rapports, chacun tire profit des avantages de la terre. Les paysans cultivent une terre louée des rois ou des prêtres. Ces derniers obtiennent pendant les récoltes leurs redevances qui sont payées par les paysans. A cela s’ajoutent les impôts versés aux rois ou aux prêtres. Suivant ce type de rapport, on ne peut donc dire que ces relations entre classes opposées suivent d’abord l’aspect économique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : L’AFRIQUE DANS L’ANTIQUITE : SOCIETE ET ECONOMIE
CHAPITRE I : LES RELATIONS INTERNES EN AFRIQUE
I. Les activités socio-économiques (agriculture, élevage, commerce, pêche)
II. Les rapports entre groupes sociaux en Afrique
CHAPITRE II : LA RICHESSE ET PAUVRETE EN AFRIQUE
I. Les manifestations économiques
II. Les manifestations culturelles
DEUXIEME PARTIE : L’AFRIQUE ET LE RESTE DU MONDE DANS L’ANTIQUITE
CHAPITRE III : LES RELATIONS INTERNATIONALES
I. Les voies et les moyens de déplacement
II. Les rapports autour de la Méditerranée, de la Mer Rouge, du Sahara et de l’Atlantique
CHAPITRE IV: LA PLACE DE L’ECONOMIE DANS CES RELATIONS
I. Le rôle des groupes sociaux dans le commerce
II. L’appréciation sur les vertus ou vices liés aux commerce
CONCLUSION
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES