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Les adolescents :
Les adolescents ont également été recrutés par effet boule de neige et par convenance (c’est-à-dire en fonction de la disponibilité) afin d’obtenir un échantillonnage raisonné comme explicité précédemment.
Les critères constituant le talon sociologique étaient :
– Age.
– Sexe.
– Profession des parents.
– Médecin traitant déclaré / Médecin généraliste régulier.
– Nombre/ âge des frères et soeurs.
Nous avions fixé une tranche d’âge arbitraire de 12 à 18 ans. Par ailleurs tous les adolescents résidaient en France et aucun ne souffrait de pathologie affectant le jugement.
Dans un premier temps, quatre responsables des Services Jeunesse de la Mairie de Toulon ont été sollicités et ont reçu l’investigatrice lors d’une réunion afin de déterminer quels types de structures pourraient être les plus à même de permettre les entretiens au sein de la ville. Il en a été conclu que les structures dépendantes de la municipalité n’étaient pas les plus adéquates pour le recrutement, leur fonction principale étant le divertissement des jeunes. Ainsi cette réunion n’a malheureusement pas abouti à des possibilités concrètes de recrutement.
Des structures d’accueil culturelles et sportives pour adolescents du Var et du Rhône ont été contactées dans un second temps, mais n’ont pas souhaité participer à l’étude.
Dans un troisième temps, le Zinc / Maison des Adolescents de Montpellier a été contacté. Cette association loi 1901 dépend du Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) AMT Arc-en-Ciel. Elle a des missions de formation, de prévention, de conseils en addictologie, et d’orientation auprès des jeunes, le tout sous tutelle de l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Les locaux, ouverts en semaine jusqu’à 18h, peuvent être visités par les jeunes spontanément, et sont constitués d’un espace salon, d’un bar/espace rafraichissement et d’un espace de documentation semi-ouvert où des brochures sont à disposition.
Des éducateurs sont présents en permanence dans les locaux et vont à la rencontre des jeunes. Ils peuvent également leur proposer des rendez-vous individuels gratuits, avec ou sans les parents, autour de problématiques liées à la jeunesse : mal-être, consommation de drogues, déscolarisation etc.
Grâce au soutien de la directrice de l’association, Julia GARAU, et avec la complicité de l’équipe, l’investigatrice a pu, au cours de deux demi-journées, accueillir les adolescents qui se présentaient spontanément autour d’un goûter et leur proposer de participer à l’étude.
Enfin, d’autres adolescents ont été contactés dans la région lyonnaise, après prise de contact initiale avec leurs parents. Une fiche d’information sur la thématique et le déroulement de l’étude était remise aux parents d’adolescents qui en parlaient ensuite avec leur enfant et tenaient informée l’investigatrice de leur souhait ou non de participer à l’étude. La date de l’entretien était décidée par les parents ; l’investigatrice se déplaçait alors au domicile de l’adolescent ; les parents s’étaient dans la majorité des cas absentés.
Volontairement les recrutements au cabinet de médecine générale et dans les établissements scolaires ont été exclus afin d’ôter à l’adolescent la crainte que des informations ne soient divulguées à son médecin, ou que les camarades de classe exercent un jugement sur la participation du jeune à l’étude.
Enfin, l’investigatrice s’est présentée sous le terme d’« étudiante en médecine » et a volontairement caché son activité de remplaçante en cabinet de médecine générale toujours dans le but que les déclarations des participants soient les plus fidèles à leur pensée.
Les entretiens se sont tous déroulés dans une pièce fermée pour garantir la confidentialité des échanges que ce soit dans les locaux du Zinc, ou au domicile des adolescents.
Caractéristiques de la population
Dix-neuf adolescents ont été inclus dans cette étude : douze garçons et sept filles âgés de 13 à 17 ans.
Treize d’entre eux ont été recrutés de façon spontanée lors de leur passage en structure associative éducative (Zinc de Montpellier) et les six autres par le biais de leurs parents en région lyonnaise.
Les jeunes ayant participé à l’étude présentaient des parcours scolaires différents et étaient issus de milieux sociaux également différents.
La grande majorité d’entre eux avaient un médecin traitant ou consultaient un même médecin généraliste de façon régulière. Leurs médecins exerçaient en milieu urbain pour quinze d’entre eux et en milieu semi-rural pour quatre d’entre eux.
Le nombre de consultations chez le généraliste estimé par an variait d’environ une consultation par an à une dizaine de consultations par an.
L’ensemble des caractéristiques sont présentées dans le tableau 1.
Caractéristiques des entretiens
Les trois focus-groupes et huit entretiens se sont déroulés du 26 septembre 2018 au 26 octobre 2018.
La collecte d’informations réalisée au Zinc de Montpellier s’est déroulée dans un bureau fermé mis à disposition par la structure après une première prise de contact avec les adolescents au niveau de l’espace ouvert autour d’un goûter, où étaient données les informations sur l’étude et recueillis l’accord des jeunes ainsi que les données d’échantillonnage.
Trois focus-groupes d’adolescents ont été constitués de cette manière : ces adolescents se connaissaient déjà au préalable et participaient donc avec le reste de leur groupe d’amis. Un groupe mixte a été séparé en deux groupes selon le sexe afin de ne pas perturber l’abord de certaines problématiques. Le nombre de jeunes par focus-groupe variait de trois à quatre jeunes. Les animatrices des focus-groupes étaient une étudiante en psychologie pour les deux premiers et une doctorante en addictologie pour le dernier.
Deux entretiens semi-dirigés en tête-à-tête se sont également déroulés grâce à la même approche.
En région lyonnaise, six entretiens semi-dirigés ont eu lieu au domicile des adolescents, préalablement contactés via leurs parents avec une documentation écrite et recueil de leur accord. Pour trois d’entre eux, les parents s’étaient absentés d’euxmêmes du domicile.
Les entretiens se déroulaient quoi qu’il en soit dans une pièce fermée et bien isolée, le plus souvent la cuisine ou la chambre de l’adolescent lorsqu’il le proposait.
La durée moyenne des entretiens et focus-groupes était de 46 minutes, allant de 11 minutes à 1h35 minutes.
Au cours des focus-groupes, deux adolescents se sont très peu exprimés malgré les relances des animateurs (A1 et A5). Un entretien semi-dirigé a été volontairement accéléré et écourté par l’investigatrice devant le malaise manifeste de l’adolescente (A14). Les autres adolescents se sont montrés dans leur ensemble ouverts, enthousiastes et engagés dans leurs réponses.
L’adolescence, période de trouble et de construction de soi
Les jeunes n’ont pas été interrogés de façon directe sur leur perception de l’adolescence. Cependant, trois grands axes se dégagent de leur discours lorsqu’ils évoquent cette période de la vie : tout d’abord, ils décrivent une période de changements autour de la puberté et également une période de tourments et de risques. Le troisième point est l’importance du rôle à jouer dans la société. Cet aspect est particulièrement observable dans leur manière de structurer leurs réponses : cesdernières partent très souvent d’un point de vue personnel auquel est associé une prise de recul afin d’évaluer si les propositions sont applicables à grande échelle, cohérentes avec les contraintes du médecin, intéressantes pour d’autres jeunes. De l’enthousiasme à répondre et de cette prise de recul ressort leur volonté forte que soient reconnus leurs capacités de réflexion et leur libre arbitre.
Le médecin généraliste et l’adolescent, une relation améliorable
Le médecin généraliste, recours controversé
Les adolescents interrogés dans cette étude décrivent une proximité très variable avec leur médecin. En effet, si dix-huit d’entre eux consultent systématiquement le même médecin, on observe la description de tout un éventail de relations allant de la confiance totale, rare, à l’antipathie, rare également. La majorité des adolescents décrit une forme de respect indifférent vis à-vis d’un professionnel auquel il ne se sentent pas particulièrement liés.
D’autres recours privilégiés
Lorsqu’ils doivent résoudre un problème touchant à la santé ou au dépistage, les adolescents décrivent plusieurs types de recours. En tête de ceux-ci figurent lesparents. En effet, bien que le fait de s’adresser à sa famille sur des questions intimes puisse être une démarche gênante pour une majorité d’entre eux, ils attribuent néanmoins à leurs parents le premier rôle dans la réponse à leurs questions et sont prêts à outrepasser cette gêne.
En second lieu viennent la fratrie et les amis.
Enfin, Internet est sans surprise une source d’information majeure pour les jeunes, qui disent utiliser régulièrement les sites de vulgarisation médicale et les forums pour rechercher des réponses. En revanche, aucun des adolescents interrogés n’a connaissance des sites internet d’information officiels dédiés aux jeunes.
Certains adolescents déclarent s’adresser à des professionnels dans certains cas (infirmière scolaire, éducateurs spécialisés). Le choix du professionnel est justifié par la représentation qu’ils ont de sa formation et de sa compétence à travailler avec les jeunes.
L’utilité des cours de prévention réalisés au collège est controversée dans le groupe. En effet, si pour une moitié d’adolescents, ces cours contribuent à leur apporter des connaissances et à leur permettre d’anticiper certaines situations, pour
A2 : « Dès qu’y a un truc bizarre, j’fais « Mamaaan ! » ».
A6 : « Moi ma mère elle sait que j’fume hein […] elle préfère que j’lui dise. ».
A 17 : « Bah… l’infirmière scolaire elle est spécialiste des collégiens donc elle… elle connait bien les problèmes qu’ont les collégiens et normalement elle peut y remédier. » d’autres, ils sont limités par leur aspect trop général et pas assez interactif. Le milieu scolaire est parfois décrit comme trop impersonnel pour que puissent être apportées des réponses précises et satisfaisantes.
Le planning familial et les permanences téléphoniques d’écoute ont été citées de façon anecdotique mais aucun des adolescents de l’étude n’y a déjà eu recours.
On note par ailleurs dans les réponses une notion de hiérarchisation des recours envisageables selon l’ampleur du problème, un « gros problème » nécessitant obligatoirement pour une très large majorité des adolescents d’impliquer leurs parents.
Des campagnes d’information plébiscitées
Pour finir, au cours des entretiens, les jeunes ont pris conscience qu’ils ignoraient certains recours qui leur étaient dédiés dans le domaine de la santé, comme les sites internet pour la jeunesse ou la consultation contraception des jeunes filles. Pour certains, au cours de la tribune libre avec l’investigatrice en fin d’entretien, ils ont également découvert leur méconnaissance de certains rôles du médecin généraliste. Dans l’optique d’être mieux informés, ils souhaiteraient pour plusieurs d’entre eux voir apparaître de nouvelles campagnes publiques destinées à leur tranche d’âge sur internet (réseaux sociaux principalement), à la télévision ou dans la presse écrite.
A 11 : « Ce s’rait bien de créer une pub en fait euh… pour les gens qui viennent pas, en fait, parler de leurs problèmes, une pub qui va faire marcher les gens à venir… »
A 10 : « Moi chuis au courant que le SIDA ça existe parce que ya eu la journée du SIDA à la télé et tout. P’têtre, c’est un peu faux, mais faire comme une journée ou justement, chais pas, à la télé où y’ait un grand débat sur ça. »
Résultats des entretiens avec les médecins généralistes :
Caractéristiques de la population
Trente-huit médecins généralistes ont été contactés ; dix-sept ont finalement participé à l’étude ; trois étaient intéressés mais il n’a pas été possible de trouver une date pour un entretien ; deux étaient initialement intéressés puis ont finalement cessé de répondre lorsqu’il a fallu convenir d’une date ; huit ont été contactés par email (obtenus grâce à notre directrice de thèse) restés sans réponse, cinq ont été contactés par téléphone mais n’ont pas répondu, ou bien l’investigatrice a été stoppée par les secrétaires sans qu’il n’ait été possible de discuter directement avec le médecin. Notre population était composée de sept hommes et dix femmes, exerçant en médecine libérale depuis en moyenne 16,9 années (de 1 an à 38 ans) et une était retraitée depuis un an. Ils avaient en moyenne 2,1 enfants (de 0 à 4 enfants), dont l’âge moyen était de 19,7 ans (de 10 mois à 46 ans).
Onze exerçaient en milieu urbain dont quatre dans des quartiers sensibles ou précaires et quatre dans des quartiers aisés, les six autres exerçaient en milieu semirural. Les médecins étaient issus de trois départements, huit du département des Bouches-du-Rhône, six du Var, et trois du Vaucluse. Ils avaient tous un secrétariat sur place ou via une plateforme téléphonique sauf un ; quinze d’entre eux fonctionnaient sur rendez-vous, (parmi eux, deux avaient changé de fonctionnement dans les 6 mois précédents), un fonctionnait sans rendez-vous et un autre alternait les plages sans et avec rendez-vous.
L’ensemble des caractéristiques est présenté dans le tableau 2.
Caractéristiques des entretiens
Les entretiens se sont déroulés du 12 juin 2018 au 28 novembre 2018. Ils ontété interrompus pendant les mois de juillet et août devant le peu de médecins disponibles à cette période.
Les entretiens ont majoritairement été effectués aux cabinets des médecins généralistes en dehors du focus groupe réalisé au domicile d’un des médecins et de trois entretiens réalisés dans un café, à la faculté de la Timone et à la maison médicale de garde.
La durée moyenne des entretiens était de 32 minutes 49 secondes, allant de 13 minutes 04 à 78 minutes pour le focus groupe.
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Table des matières
1- Introduction
2- Matériel et Méthode
A- Choix de la recherche qualitative
B- Recueil des données
a. Focus-Groupe
b. Entretiens semi-dirigés
C- Population
a. Les médecins généralistes :
b. Les adolescents :
D- Guide d’entretien
E- Analyse
3- Résultats des entretiens avec les adolescents :
A- Population d’étude
a. Caractéristiques de la population
b. Caractéristiques des entretiens
B- Résultats Principaux
a. La perception du rôle du médecin généraliste : la pathologie au premier plan
b. L’adolescence, période de trouble et de construction de soi
c. Le médecin généraliste et l’adolescent, une relation améliorable
1. Le médecin généraliste, recours controversé
2. L’abord des sujets sensibles : une ouverture peu pratiquée
3. Les limites à la relation médecin généraliste-adolescent
4. Les attentes des adolescents
d. D’autres recours privilégiés
e. Objectif communication : ouvrir un nouvel espace
1. Cahier des charges
2. Internet et autres médias
3. Un nouveau type de consultation – le face-à-face revisité
4. Des campagnes d’information plébiscitées
4- Résultats des entretiens avec les médecins généralistes :
A- Population d’étude
a. Caractéristiques de la population
b. Caractéristiques des entretiens
B- Résultats Principaux
a. La perception de la médecine générale aujourd’hui
b. La perception des Adolescents par les Médecins Généralistes
c. Le rôle du médecin généraliste auprès des adolescents
d. La consultation
e. La communication au coeur de la relation
f. Les facteurs limitants la relation
g. Les moyens envisagés pour y remédier
5- Discussion
A- La validité de l’étude
B- Le cadre existant
C- Les améliorations possible de la consultation
D- Ouvrir le champ des possibles
6- Conclusion
7- Bibliographie
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