L’accompagnement en psychomotricité de personnes trisomiques vieillissantes 

Les manifestations du vieillissement et l’intérêt de la psychomotricité

Malgré la grande hétérogénéité des performances psychomotrices des personnes âgées, il semble possible de déterminer des grands axes de modifications naturelles dûes au temps qui passe. Nous verrons notamment ici les répercussions des changements psycho-perceptivomoteurs liés au vieillissement, dans le domaine de la psychomotricité.

Les manifestations physiques du vieillissement

Quand on évoque le vieillissement physique, on pense en premier lieu aux manifestations corporelles visibles. On observe avec l’avancée en âge une perte graduelle des cheveux et un blanchiment de la chevelure. La peau se ride et sa texture se modifie : elle est plus mince et élastique et des taches brunes apparaissent. Il y a aussi une modification de la posture : « Le corps s’affaisse peu à peu, le centre de gravité se délocalise et la verticalité devient moins fière ». François DAGONET , philosophe français, définit trois dimensions du corps qui, selon lui, seraient confondues pour une personne en bonne santé. La première, « le corps en soi », est biologique. La seconde, « le corps pour soi », correspond au corps perçu et sous-tend notre identité personnelle. Enfin la dernière, « le corps pour les autres », correspond à notre identité sociale.
D’après Raymonde FEILLET, docteur en sciences de l’éducation, au cours du vieillissement « la prise de conscience des transformations du corps modifie le poids de chaque dimension et nécessite que se reconstruise un autre équilibre identitaire » . Avec l’apparition des signes physiques du vieillissement, le corps biologique prendrait de plus en plus de poids au détriment du corps perçu. L’image du corps de la personne âgée, concept défini par Françoise DOLTO, serait alors mise à mal. Pour préserver un équilibre et réduire ses tensions, la personne âgée doit mettre des stratégies en place. Un suivi en psychomotricité peut l’accompagner dans ce cheminement. Pour l’aider à garder confiance en elle, le psychomotricien travaillera notamment sur la représentation que la personne âgée a d’elle-même.

Les répercussions du vieillissement sur les systèmes sensoriels

C’est grâce aux sens que nous sommes en relation avec notre environnement. Ils nous permettent de communiquer, d’être informés et d’agir sur le monde qui nous entoure. D’une manière générale, les déficits sensoriels sont dûs à la fragilisation des organes sensoriels et à la dégradation de la transmission de l’information aux voies centrales.

Tact

On note une perte de la sensibilité cutanée et une diminution de la perception aux vibrations. La qualité et la quantité d’informations reçues dans l’espace de manipulation du sujet âgé se modifient. Les stimuli n’étant pas perçus assez rapidement, il y a par exemple un risque de blessures et de brûlures accru. La sensibilité au niveau des pieds est aussi altérée. Cela entraîne une « mauvaise perception des reliefs et de la consistance du sol »16. L’équilibre en est donc affecté.

Proprioception

La proprioception (les mouvements, les contacts, les pressions que nous ressentons) est intimement liée à la notion de schéma corporel. Cette sensibilité est à l’origine du sens de la position relative des segments du corps, de l’appréciation de leurs déplacements, de la régulation du tonus musculaire, de la statique et de l’équilibre.
Le psychomotricien Christian BALLOUARD, définit le schéma corporel comme un « référentiel postural auquel sont rapportées les perceptions, garant de l’efficacité des intentions motrices » et qui « ne cesse d’être réactualisé à chaque fois que l’on bouge, grâce aux afférences proprioceptives, vestibulaires et visuelles. »
Or avec l’avancée en âge, la raréfaction du nombre de récepteurs (ligamentaires, capsulaires, neuro tendineux de golgi et des fuseaux musculaires) entraîne une diminution de la quantité et de la qualité des messages envoyés au cerveau. Il y a de plus un ralentissement de la vitesse de transmission des informations. La discrimination proprioceptive manque alors de pertinence. Le schéma corporel va donc en être affecté. Cela associé au vieillissement de l’appareil locomoteur peut expliquer les fréquentsproblèmes de chutes chez les personnes âgées.

Les répercussions du vieillissement sur la motricité globale

L’appareil locomoteur

La motricité globale s’appuie sur l’appareil locomoteur. L’appareil locomoteur désigne l’ensemble des organes permettant à l’homme de se déplacer et de maintenir une posture en absence de mouvement. Il se compose du système musculaire, du squelette osseux et cartilagineux et des éléments qui y sont rattachés (ligaments, tendons…).
La diminution de la densité des fibres musculaires entraîne une baisse de la force musculaire. La contraction et le relâchement sont donc plus lents. Cette fonte musculaire joue aussi un rôle dans l’altération des processus digestifs et dans les problèmes d’incontinence.
Au niveau du squelette et du cartilage, il y a une calcification entraînant des raideurs. Le système articulaire, comme toutes les autres fonctions, s’auto-entretient et la conservation d’une fonction dépend de son utilisation. C’est donc l’utilisation insuffisante des amplitudes articulaires possibles de certains mouvements qui les rendent non fonctionnels. L’intervention psychomotrice pourra aider à entretenir la mobilité des articulations par des exercices de motricité globale dynamiques.
S’il y a une déformation de la colonne vertébrale, le corps perd plus ou moins son axe corporel. Lors de déplacements, la personne aura alors tendance à déplacer son centre de gravité en dehors de la surface d’appui de pied. Cet élargissement du polygone de sustentation peut entraîner un certain déséquilibre. À travers des exercices mettant en jeu le contrôle tonique, un travail en psychomotricité permettra d’aider à maintenir une bonne posture et stabiliser ainsi les déviations de la colonne vertébrale.
Malgré la diminution de la force musculaire et l’altération ostéo-articulaire, l’homme a la capacité de se tenir debout et de marcher jusqu’à la fin de sa vie. Les possibilités de déplacements sont cependant plus limitées avec l’avancée en âge. Il y a une réduction de moitié de la vitesse de la marche. Les pas se font glissants voir traînants sur la surface du sol. Cela augmente le risque de chute par accrochage du pied. Il y a aussi une diminution de la durée de la phase d’appuie uni-podal (piétinements). Tout cela entraîne une augmentation du coût énergétique lors de déplacements. La personne âgée réduit donc souvent ses activités. De ce fait, il y a une réduction de son espace personnel et l’espace commun est moins investi. Il y aun appauvrissement du schéma corporel en conséquence de l’immobilité.

L’équilibre

« L’équilibre désigne l’ensemble des phénomènes destinés à lutter contre l’apesanteur, aussi bien dans la position debout qu’assise ». Ces phénomènes sont de nature réflexes et presque imperceptibles à la conscience.

Attention

La capacité d’attention sélective s’amenuise avec l’avancée en âge en raison d’une moins bonne discrimination sensorielle. La concentration pour accomplir deux tâches simultanément devient plus difficile. Ces troubles se développent souvent consécutivement au peu d’intérêt que la personne âgée porte à elle-même et à son quotidien. Elle oublie parfois de vivre l’instant présent, occupée à la mise en ordre de ses souvenirs.

Fonctions exécutives

Les fonctions exécutives sont les habilités permettant l’adaptation à des situations nouvelles, « non-routinières ». Elles regroupent notamment les capacités liées à l’anticipation, la planification, l’organisation, la résolution de problèmes, la pensée abstraite, l’initiative, etc.
Les fonctions exécutives sont principalement sous le contrôle des lobes frontaux du cerveau.
Le cerveau est capable de modifier ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues par l’organisme. Il y a de ce fait une augmentation des connexions synaptiques tout au long de la vie. Cette capacité de remaniement perpétuel de l’appareil psychique est appelé plasticité cérébrale. Une personne, même âgée, est donc toujours capable d’apprentissages et présente de réelles facultés d’adaptation et de compensation. C’est parce qu’il y a cette plasticité cérébrale que l’éducation et la rééducation psychomotrice sont possible en gériatrie.

Les répercutions psycho-affectives du vieillissement

Les personnes âgées se perçoivent comme étant sans âge. Chez les plus sensibles au normatif et au regard social, cette identité sans âge se trouve confrontée au problème du corps qui, lui, est affecté visiblement par le processus du vieillissement. D’après Régine DETAMBEL « ce décalage entre le sentiment de jeunesse intérieurement perçu et un corps visiblement vieillissant serait à l’origine d’une cassure de l’être » . Cela rejoint la pensée du compositeur français Charles GOUNOD, selon qui « le dramatique de la vieillesse, ce n’est pas qu’on se fait vieux, c’est qu’on reste jeune ». En effet, nous pouvons être vieux, nous voir vieux, mais ne jamais nous sentir vieux.
D’après Jacques MESSY, si chez le jeune enfant le stade du miroir permet une première intégration psychique et ouvre sur une apparente unité selon LACAN… chez le sujet âgé, au contraire il met à mal cette unification. Il parle alors de « miroir brisé » qui fait que « lorsque l’idéal choit, la hideur se dévoile » . Il oppose alors au moi idéal un moi « hideur ». Traumatisme enclenchant un processus mortifère. La psychanalyste Charlotte HERFRAY en parle, elle, comme du « Stade du miroir inversé ».
On observe souvent avec l’avancée en âge un refoulement des problématiques antérieures et une focalisation sur le vieillissement. Sans doute la première difficulté tient au fait que ces signes du vieillissement sont visibles par les autres. Chacun cherche dans le regard de l’autre la confirmation de sa valeur esthétique. Des enjeux narcissiques sont donc constamment mobilisés et au regard des critères de beauté le corps vieillissant est moins séduisant. Cependant n’oublions pas que cette relation à son corps a pu être décevante bien avant la vieillesse ! « Le désir ne vieillit pas, l’inconscient ignorant le temps » . En effet, l’inconscient, la partie la plus profonde en nous, l’inconnu qui nous gouverne, n’a pas d’âge. Cela rejoint une fois de plus la pensée de Charles GOUNOD qui déclara un jour : « ce qui vieillit en nous, c’est le logement. Le locataire ne vieillit pas. » Nous travaillons toute notre vie à reprendre, retisser, rejouer, tout notre passé. Ce passé est propre à chacun. C’est pourquoi selon Jacques MESSY, il est cliniquement impossible de parler de « la personne âgée » en général. Chaque manière devieillir étant très personnelle.
Nous nous faisons souvent des illusions sur la capacité des personnes âgées à intégrer la mort comme si elle était normale à leur âge. La mort quel que soit l’âge est toujours prématurée.
Les expériences de pertes, disparitions d’objets investis, augmentent avec l’âge, les renoncements s’accumulent. De ce fait, selon Boris CYRULNIQUE, la vieillesse met en jeu des processus de résilience. D’après lui, « le sujet âgé ne peut plus tout faire et y renonce, cependant,il sait plus que jamais qui il est, ce qu’il aime et ce dont il est capable ».

LA PERSONNE HANDICAPEE VIEILLISSANTE: LE CAS DE LA TRISOMIE 21

Ces dix dernières années, avec les progrès en matière d’accompagnement, toute une génération de personnes handicapées mentales a atteint « le troisième âge ». Si vieillir reste aujourd’hui une inquiétude pour beaucoup d’entre nous, nous verrons à travers cette partie pourquoi cela est encore plus vrai pour les personnes handicapées.
Toutefois la notion de vieillissement, nous l’avons vu, est assez floue et la population des personnes handicapées est très hétérogène ! Étudier le vieillissement des personnes handicapées en général parait donc difficile. C’est pourquoi je porterai particulièrement mon intérêt aux personnes handicapées mentales. Tout d’abord, j’exposerai les caractéristiques de cette population, puis je m’arrêterai quelque peu sur la question du vieillissement. Nous verrons ensuite plus spécifiquement les répercussions psychomotrices de l’avancée en âge pour des personnes porteuses d’un syndrome de Down.

Le handicap mental

Données épidémiologiques

Les chiffres sont conséquents. Aujourd’hui, la France compte 3,5 millions de personnes handicapées. Parmi elles, 700 000 se trouvent en situation de handicap mental, ce qui représente 20 % des personnes handicapées.
En 1930, l’espérance de vie des personnes handicapées mentales était d’une vingtaine d’années. Aujourd’hui on estime à 180 000 le nombre de personnes handicapées qui atteindront l’âge de 60 ans au cours des dix prochaines années.
Cela est le résultat de l’amélioration constante de la qualité des accompagnements proposés ces dernières années.
Actuellement, d’après l’enquête ES-Handicap menée par Yara MAKDESSI et Bénédicte MORDIER , plus de 12 % des adultes en établissements médico-sociaux ont au moins 55 ans, soit près de 27 000 personnes. En foyer occupationnel, la part des 50 ans ou plus est passée de 26 % en 2006 à 31 % en 2010. « Le vieillissement des handicapés mentaux constitue une donnée démographique nouvelle » constate Janine CAYET, membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). Le vieillissement entraîne de nouveaux facteurs de vulnérabilité pour les personnes handicapées. De ce fait, il apparaît nécessaire de pouvoir l’anticiper. Les psychomotriciens, en tant que professionnels de santé, sont à ce niveau particulièrement concernés. Ils s’attachent donc à repérer l’apparition du vieillissement et à prévenir ses effets.

Proposition de définition

La distinction entre handicap mental (aussi appelé déficience intellectuelle) et maladie mentale n’est pas toujours évidente. D’autant qu’il arrive qu’une personne ayant une déficience intellectuelle soit aussi mentalement malade.
La maladie mentale affecte le comportement des gens. Quand une personne souffre d’une maladie mentale, son comportement diffère alors de sa manière d’agir d’avant la maladie.
La déficience intellectuelle est un état qui handicape une personne depuis toujours. Ce n’est donc pas une maladie.
D’après PIAGET, l’intelligence est la faculté qui permet à l’être humain d’apprendre, de connaître, d’utiliser son savoir, de créer, de s’adapter au monde et à son environnement. Plus une personne est intelligente, plus elle sera flexible. La personne présentant une déficience intellectuelle, selon l’American Association on Mental Retardation (AAMR), « se caractérise par des limitations significatives du fonctionnement intellectuel et du comportement adaptatif.
Cette incapacité se manifeste avant l’âge de 18 ans dans les habiletés sociales, conceptuelles, et pratiques ». Cela va dans le sens de PIAGET.

La psychomotricité au service de la personne trisomique vieillissante

La qualité de vie des personnes trisomiques influence grandement leur rythme de vieillissement. Notre travail va consister à entretenir cette qualité de vie. Tout comme pour les personnes ne présentant pas de handicap, on pourra également prévenir dans une certaine mesure l’apparition de problèmes pathologiques liés au vieillissement.
Le philosophe Bertrand QUENTIN prône « un accompagnement qui prenne en compte l’émotion du présent et qui, s’extrayant d’une comptabilité du temps qui passe, prenne le parti d’un chemin stoïcien et cesse de se focaliser sur le vieillissement pour goûter le plaisir de chaque instant ». Tel est l’enjeu de la psychomotricité. Aider les personnes trisomiques âgées à tirer profit à maxima de leurs sens. Les aider à voir ce qui les entoure, à entendre les sons de leur monde, à toucher, à goûter et à sentir. Qu’elles puissent élargir constamment leur champ d’expériences et d’apprentissages. Toutefois, stimuler trop de sens à la fois risque de submerger la personne trisomique, tout deviendrait alors confus. C’est pourquoi en psychomotricité, pour favoriser cette prise de conscience, nous procédons avec ordre, calme et simplicité.
La perception que nous avons de notre corps est nourrie sans arrêt par les informations sensorielles et proprioceptives. Ces informations sont envoyées au cerveau via les systèmes nerveux afférents. Si une personne a un déficit sensoriel, le cerveau ne reçoit plus certaines informations.
Cette désafférentation affecte la représentation mentale du corps et peut mimer une fausse démence.
Nous l’avons vu, les problèmes de désorientation spatiale sont fréquents avec l’avancée en âge des personnes trisomiques. On ne peut dissocier l’organisation spatiale du schéma corporel. Or pour les personnes trisomiques, il est difficile d’avoir une représentation mentale de l’image de leur corps du fait de leur syndrome. Le vieillissement venant se surajouter au handicap, il devient alors très compliqué pour eux de faire des liens entre cette image et ce qu’ils ressentent. Ces dégradations du schéma corporel peuvent expliquer des problèmes de perception et d’orientation. Les difficultés motrices qui en résultent (maladresse, incoordination, lenteur) peuvent être à l’origine de problèmes comportementaux.
L’intervention psychomotrice a donc pour fonction, tout d’abord, d’aider les personnes trisomiques vieillissantes à reconnaître et intégrer toutes les parties de leur corps.
Ensuite à mieux les utiliser, de manière à avoir une plus grande liberté de mouvement, un meilleur équilibre et pouvoir organiser leurs déplacements dans l’espace de manière plus ajustée. Des exercices de motricité globale et d’expression corporelle, par exemple, contribueront à enrichir le schéma corporel de la personne trisomique âgée. L’expérimentation des appuis et des repoussés devrait induire chez elle un sentiment de solidité et de sécurité interne. Cela l’aidera progressivement à regagner en confiance et se réapproprier son schéma corporel.
La mémoire des personnes trisomique est déjà significativement plus déficitaire du fait d’un dysfonctionnement de l’hippocampe. Avec le vieillissement, elle est donc très rapidement affectée. Or la capacité d’organisation temporelle va de pair avec les facultés cognitives comme la mémoire et l’attention. L’intervention psychomotrice a donc également pour but d’entretenir ces différentes capacités. L’utilisation de la musique par exemple, permet d’appréhender les notions de rythme et de temporalité mais aussi de développer les capacités d’attention.
L’intervention psychomotrice visera aussi à aider les personnes trisomiques vieillissantes à maîtriser leur état de tension musculaire en situation de repos comme lors de mouvements.
Cela les aidera à davantage maîtriser leur équilibre et contribuera également à un meilleur contrôle des tensions affectives, car il existe un lien étroit entre le vécu tonique et le vécu émotionnel. A travers la pratique de la relaxation par exemple, les personnes trisomiques âgées pourront expérimenter en psychomotricité une détente musculaire, travailler leur respiration et ainsi apprendre à mieux réguler leur tonus.

PRESENTATION DU FOYER OCCUPATIONNEL

Les FO sont des établissements médico-sociaux qui ont la particularité d’accueillir des personnes adultes dont le handicap ne permet pas ou plus d’exercer une activité professionnelle, y compris en milieu protégé (structures spécialisées). Ces personnes sont administrativement reconnues « inaptes au travail », mais ne requièrent pas de soins constants.
Elles doivent avoir une autonomie physique ou intellectuelle suffisante pour se livrer à des activités quotidiennes ludiques et éducatives. Elles se voient proposer des activités conformes à leurs capacités en relation avec leur projet personnalisé.
Les foyers occupationnels apparaissent comme des structures intermédiaires entre les foyers d’hébergements et les foyers d’accueil médicalisés ainsi que les maisons d’accueil spécialisées. En pratique, certains accueillent des travailleurs handicapés d’ESAT dont l’avancée en âge et les problèmes physiques qui en découlent ne leur permettent plus d’y être maintenus.
Parmi les résidents du foyer où je suis actuellement en stage, 24 % travaillaient jusqu’alors en ESAT.
L’établissement a accueilli ses premiers résidents à son ouverture en 2006. La majorité des personnes entrées cette année-là sont toujours présentes. Les grands objectifs du foyer sont l’autonomisation, la réadaptation et l’adaptation du résident. L’établissement propose d’accueillir, d’accompagner, de restaurer la personne handicapée dans ses droits et de lui assurer la sécurité durant le temps de son séjour.
L’équipe de santé est composée d’un psychiatre (0,2 ETP), d’une psychologue (0,3 ETP), d’une infirmière à temps plein et d’un psychomotricien à mi-temps. Le taux d’encadrement paramédical est nettement au-dessous de celui d’un foyer occupationnel moyen girondin.
L’équipe socio-éducative quant à elle comprend quatre éducateurs spécialisés (ES), quatre ME, seize AMP (plus 2 de nuits) et deux animateurs.
La résidence a été construite sur un terrain de 3 hectares. Elle est composée d’un rezde-jardin, constitué notamment de pièces d’activités et de la salle de psychomotricité, d’un rez-de-chaussée offrant les locaux nécessaires à l’accueil, l’administration, la restauration et une partie de l’hébergement, enfin d’un premier étage réservé à l’hébergement. Un ascenseur et des escaliers desservent ces trois niveaux.
La résidence se compose de quatre ailes : il s’agit de quatre unités d’hébergement comprenant chacune quatorze chambres, soit 56 places au total. Des chambres ont été associées pour accueillir des couples. Elle dispose également de 6 places en externat ; sa capacité d’accueil est donc de 62 places.
Le foyer occupationnel peut accueillir des personnes adultes à partir de 20 ans, présentant une déficience intellectuelle moyenne dans la plupart des cas. Elles peuvent être avec ou sans trouble associé mais ne relevant pas de soins psychiatriques aigüs. L’institut compte presque autant d’hommes que de femmes (51 % contre 49 %).
Parmi eux 22 % sont atteints de trisomie 21 ou d’une autre anomalie chromosomique et 56 % ont des troubles psychiatriques (le plus souvent de type autisme). Les chiffres donnent une idée du profil moyen des résidents : 43 % peuvent se déplacer à l’extérieur de l’établissement, 58 % ont besoin d’aide ou de stimulation pour la toilette, 45 % du fait de leur handicap sont en situation de « risque vital » en l’absence d’aides techniques et/ou humaines.
La moyenne d’âge s’établit autour de 41 ans. Les résidents ont entre 26 et 67 ans. Deux unités voient 30 % de ses résidents dépasser les 55 ans. Le foyer occupationnel se distingue des FO et FAM aquitains notamment du fait d’une proportion légèrement supérieure du nombre de résidents accueillis ayant dépassé les 50 ans.
D’après une enquête interne à l’association réactualisée en 2012, pour environ un tiers du public accueilli au foyer, il faudrait trouver d’ici fin 2015 une solution de réorientation en FAM, en MAS ou encore en EHPAD. Dans une majorité des cas, il s’agira de pouvoir répondre à l’évolution de leurs besoins liés à leur avancée en âge.
Le foyer est donc confronté au quotidien au vieillissement de ses résidents. Les professionnels essaient de trouver des solutions de réorientation pour plusieurs résidents. Il y a eu, l’année écoulée, quatre réorientations en EHPAD. Les personnes concernées sont cependant souvent considérées comme trop jeunes pour entrer en maison de retraite mais trop âgées pour entrer en FAM.

L’ACCOMPAGNEMENT

Maïté

D’octobre à décembre, j’ai accompagné Maïté du lever à la toilette, en passant parfois par le petit-déjeuner. Ainsi, j’ai pu faire des observations cliniques de Maïté dans son environnement familier en vue d’une prise en charge future.

Présentation

Maïté à 65 ans, elle est née en 1949. Elle est porteuse d’une trisomie 21 et présente une déficience intellectuelle moyenne. Maïté est une femme ronde de très petite taille. Ses cheveux sont teints en brun foncé. Elle a de petits yeux noirs en amande très expressifs. Son visage s’illumine de temps à autres d’un sourire espiègle. Maïté peut se montrer tendre et affectueuse, mais aussi têtue et colérique. Ses cris rauques et profonds résonnent fréquemment dans l’enceinte de la résidence.
Maïté est entrée au foyer à son ouverture en février 2006. Ses parents sont aujourd’hui décédés. C’est l’une de ses sœurs qui fait le relais au quotidien. L’un de ses frères est son tuteur depuis 2007. Elle appartient à une fratrie de 7 enfants.
Il est très difficile d’examiner Maïté, car elle peut se montrer très opposante. Il est avéré toutefois, que sa vision et son audition sont très mauvaises. Ces dix dernières années, Maïté a subi de nombreuses opérations à cause de cela.
Maïté a un régime mixé car il lui reste peu de dents. Elle est sujette à des constipations et des diarrhées fonctionnelles fréquentes qui sont à l’origine de nombreuses plaintes somatiques.
Maïté a des pieds plats et arthrosiques, qui sont très douloureux. Elle a besoin d’un renforcement latéral sur chaque pied. Depuis dix ans, elle a une prothèse de hanche à droite.
Dernièrement, elle a souffert d’une phlébite au membre inférieur droit. Elle a donc une faiblesse de ce côté là. De plus, Maïté a une cardiopathie (un souffle cardiaque), ce qui explique ses difficultés à soutenir l’effort.

La rencontre

De prime abord, le regard noir de Maïté, son hygiène corporelle et sa voix voilée n’étaient pas engageants et m’inspiraient une volonté de mise à distance de l’autre. Toutefois, Maïté offrait un tout autre visage en présence de ses pairs. J’ai été frappée par l’attention que lui portaient les autres résidents. Elle était l’objet de leurs soins et de leurs cajoleries. Maïté avait manifestement une place à part entière dans l’unité en dépit de ses difficultés. Elle était aussi grandement appréciée des professionnels. Malgré la « crainte » qu’elle pouvait parfois leur inspirer, ils la décrivaient comme sympathique et ayant souvent le mot pour rire. Cela a adouci le portrait que je m’étais fait d’elle à première vue.

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Table des matières
Introduction 
PREMIERE PARTIE THEORIQUE : Le vieillissement des personnes trisomiques 
I. Le vieillissement
II. La personne handicapée vieillissante : la trisomie 2
A. Le handicap mental
B. Le syndrome de Down
DEUXIEME PARTIE CLINIQUE : L’accompagnement en psychomotricité de personnes trisomiques vieillissantes 
I. Présentation du foyer occupationnel
II. Le projet
III. L’accompagnement en psychomotricité
IV. L’atelier de prévention
TROISIEME PARTIE : Discussion 
I. Bilan et Analyse de ma pratique
II. Quelques réflexions
Conclusion 

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