L’absence de mandat nominatif

L’absence de mandat nominatif

LIENS EXPLICITES AVEC LA LIBRE ADHÉSION :

L’empowerment ou pouvoir d’agir part donc de l’idée de base que l’individu est capable, qu’il a un pouvoir réel sur sa vie et sur son environnement. Cependant, pour ce faire, il faut prendre en compte la naissance du processus, c’est-à-dire la conscientisation par l’information. Cela rejoint le concept de libre adhésion dans le sens où, il véhicule également l’idée que l’individu est capable d’exprimer ses besoins et a les compétences de les détecter et de les communiquer, là où il peut trouver du soutien. Il est apte à chercher l’accompagnement nécessaire auprès d’éducateurs de prévention lorsque cela est nécessaire pour lui. De plus, le fait de ne pas se sentir contraint lui permet d’avoir une place équivalente dans sa relation à l’autre. Il ne se retrouve pas face à un sentiment d’infériorité, n’est pas forcé à entrer dans une relation d’aide et peut, dès qu’il en a envie, décider de rompre ce lien. Il est maître de ses décisions.

Cependant, l’éducateur est aussi là pour l’encourager, le soutenir, l’accompagner et lui fournir les outils nécessaires. Il joue donc un rôle primordial dans le processus de l’empowerment, de la conscientisation. Il se doit d’investir le lien et de persister pour que le jeune ne sorte pas de la relation tant qu’il n’a pas atteint ses objectifs. On peut donc penser que l’empowerment est un des concepts sur lesquels un éducateur de prévention spécialisée peut s’appuyer pour répondre à la libre adhésion et y trouver du sens. En effet, sur le terrain, après que l’éducateur se soit fait repérer et ait fait connaître son rôle et ses services, c’est au jeune de choisir. Même si une prise de contact peut être initiée par l’éducateur, c’est au jeune de décider d’entrer en relation et d’accepter le soutien, l’accompagnement. Ce libre choix le rend donc dès lors acteur de sa vie. L’empowerment est d’une certaine façon la réponse directe à la libre adhésion.

LA PRÉVENTION SPÉCIALISÉE

Elle est centrée sur trois principes spécifiques expliqués ci-dessous : l’absence de mandat nominatif, l’anonymat et la libre adhésion étant l’élément central de mon TB. Le but de cette approche est d’aller au contact des populations en difficultés et marginalisées, habitant des zones dites « prioritaires ». Mais qu’est-ce qu’une zone prioritaire ? Appelée ZEP (Zone éducative prioritaire), c’est une zone géographique considérée comme « inégalitaire socialement », c’est-à-dire ayant un taux élevé d’échec scolaire, de chômage, de précarité, de délinquance, etc. Le but est alors d’augmenter les soutiens de différents types pour offrir des chances dites égales, aux jeunes de ces quartiers. (Réjane, 2000) La prévention spécialisée a certaines caractéristiques très spécifiques, dont les interventions dans les ZEP. L’éducateur va à la rencontre de la population directement dans ces zones et s’immerge alors dans son environnement. Il doit donc s’adapter au fonctionnement de l’espace sur lequel il travaille. On retrouve également cet aspect dans certaines interventions contraintes telles que celles des éducateurs AEMO (accompagnement en milieu ouvert).

Ce fonctionnement a pour objectif de laisser le sujet dans son environnement, son milieu de confiance et de confort et de lui permettre d’obtenir un accompagnement sans devoir pour ce faire, quitter ses repères. Les éducateurs de rue interviennent sur trois axes différents :

• La présence sociale qui consiste à déambuler dans le quartier pour observer, se faire voir, apprendre à connaître, mais aussi se faire connaître. Il y a des moments distincts qui permettent d’atteindre différentes populations. Aux sorties des cours, ce sera plutôt des étudiants alors qu’en journée, il s’agira d’avantage d’enfants en décrochage scolaire, de jeunes sans-emplois. Le soir et la nuit, ce sera encore des individus avec d’autres problématiques. Cet axe est celui qui favorise le mieux la prise de contact avec le public cible. En effet, c’est sur leur territoire qu’il est le plus facile de les trouver et d’entrer en communication avec eux. Le rôle du travailleur social est d’être un repère pour la population locale. Cependant, il doit considérer que c’est lui qui rentre sur le territoire du jeune, c’est lui qui s’impose sur une zone n’étant pas « sienne ». Il doit donc s’adapter à certains codes sociaux et fonctionnements.

• L’accompagnement éducatif individualisé est un suivi, ou accompagnement personnalisé que l’éducateur va mettre en place pour chaque jeune. C’est le but de la présence sociale. En effet, après avoir interagi avec l’individu sur son territoire il est nécessaire de créer un lien de confiance pour pouvoir aider le jeune à exprimer ses propres besoins. L’éducateur doit aider le jeune à poser des objectifs, entreprendre des projets, des démarches, en fonction des besoins identifiés. Il arrive que l’éducateur mette en place des projets collectifs. Cela arrive lorsque ces derniers répondent aux besoins de plusieurs jeunes, ce qui est le cas pour mon terrain d’enquête.

• Le développement social local est le fait d’aider les partenaires locaux et le quartier à exister et à se développer.

Sur cet aspect, les éducateurs de prévention spécialisée soutiennent, aident, les partenaires locaux. Ils participent aux projets des associations locales, les mettent en avant. Ils mettent aussi en oeuvre des projets d’embellissement du quartier, pour que les habitants soient satisfaits. Ils créent des animations de place sur leur territoire, toujours en collaboration avec les partenaires locaux. (Duc, 2014) (Le Rest, Méthodologie et pratiques éducatives prévention spécialisée , 2004) On constate donc que le quotidien de l’éducateur de prévention se répartit sur différentes actions. Lors de ma formation pratique au groupe ADDAP 13, l’éducateur devait répartir au mieux ses horaires pour que chacun de ces axes remplisse un tiers de son temps de travail.

L’ANONYMAT

L’anonymat est l’un des trois axes fondamentaux de la prévention spécialisée. Il complète donc la libre adhésion et l’absence de mandat nominatif. Tout d’abord, voici la définition du terme ANONYME, d’après le dictionnaire : « se dit de quelqu’un dont on ignore le nom. » (Larousse, 2018) Pour expliquer ce concept dans la prévention spécialisée, je vais me baser sur différents écrits. Ce sont des documents concernant la loi de prévention de la délinquance et la nouvelle stratégie nationale de prévention de la délinquance, appliquées en France respectivement en 2007 et 2013. Si je me base sur ces documents, c’est parce que ces derniers ont un impact direct sur l’anonymat dans le cadre de la prévention spécialisée. Dans le guide pratique sur la participation des équipes de prévention spécialisée à la mise en oeuvre de la stratégie nationale de prévention de la délinquance, j’ai trouvé le développement des limites de l’anonymat. Il est écrit, je cite : «

L’anonymat doit être totalement respecté dans les premiers temps de la rencontre tant que le jeune ne désire pas le lever. Mais toute démarche d’insertion et de reconnaissance sociale nécessite un travail de réseau, donc de l’évolution du respect de l’anonymat vers une pratique éthique de la confidentialité » (secrétariat général du comité interministeriel de prévention de la délinquance, 2014, p. 8) On constate dans cet extrait que malgré le principe de l’anonymat, l’éducateur se doit de travailler avec les partenaires locaux. C’est pourquoi il arrive souvent que, dans l’accompagnement du jeune, le professionnel se permette de lever cette absence nominative, pour aider le jeune à avancer dans ses démarches. Il est cependant important de préciser que cette démarche peut avoir lieu uniquement si elle profite au jeune. De plus, le professionnel attend son accord pour le faire. Il ne fait rien sans en discuter avec lui auparavant.

Autre aspect lié à la loi relative à la prévention de la délinquance entrée en vigueur en 2007, certaines situations sont à signaler obligatoirement : lors de personnes en danger, de familles nocives, etc. Par exemple : « Lorsqu’il apparaît qu’un mineur est susceptible d’être en danger au sens de l’article 375 du Code civil, le coordonnateur ou le professionnel intervenant seul dans les conditions prévues au premier alinéa du présent article en informe sans délai le président du conseil général ; le maire est informé de cette transmission.» (République Française, 2007, p. article 8) Cette citation nous confronte aux limites du secret professionnel. Malgré l’importance de le respecter, il peut parfois s’avérer que pour la sécurité du bénéficiaire voire de la société, il soit indispensable de le lever. L’éducateur de prévention spécialisée a donc parfois pour rôle d’assumer la nécessité de lever le secret professionnel. Mais comment cette évaluation fonctionne-t-elle ? L’éducateur va dans tous les cas se concerter avec son équipe pour avoir plusieurs avis, positionnements. Cela sert parfois à le conforter ou à trancher. Il va même, selon la situation, se tourner vers ses chefs de secteurs ou toute autre hiérarchie. Il faut savoir qu’avant de faire un signalement, qui est l’étape la plus « dénonciatrice », l’éducateur peut faire remonter une information sous forme de « situation préoccupante ». Cette étape a pour fonction d’alerter les autorités du danger potentiel et leur laisser le temps d’investiguer.

Certaines situations types poussent tout éducateur au signalement, telles que : violences familiales, conjugales, agressions sexuelles, viols, danger de mort, mais aussi lorsque le jeune a porté atteinte à la vie d’un tiers, etc. De plus, lors de la transmission de la situation, il est nécessaire d’informer le jeune concerné. Il serait d’ailleurs plus approprié de faire le signalement avec lui et de l’aider à y voir un sens. Si ces situations sont très délicates à gérer, c’est parce que le lever du secret professionnel risque d’endommager le lien de confiance entre le bénéficiaire et le professionnel. Le jeune se sentant libre de se livrer sur les différents aspects de sa vie, et ce, en sachant que l’éducateur doit garder les informations pour lui. Il peut se livrer totalement sans crainte de représailles. S’il s’avère que l’éducateur se retrouve en situation de devoir « transgresser » ce principe, il met en péril la relation avec le jeune et il ne sera peut-être plus possible de poursuivre le suivi.

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Table des matières

Table des illustrations
1. Introduction
1.1 Choix de la thématique
1.2 Question de départ
1.2.1 Motivations
1.2.2 Formulation de mes questions :
1.3 Objectifs
1.3.1 Objectifs professionnels
1.3.2 Objectifs théoriques
1.4 Les hypothèses
1.4.1 Tiré de la pratique
1.4.2 Prévention spécialisée et libre adhésion
1.4.3 La libre adhésion est conceptualisable
2. Cadre conceptuel
2.1 Quels concepts développés ?
2.2 L’empowerment
2.2.1 Le concept :
2.2.2 En résumé :
2.2.3 De l’empowerment au pouvoir d’agir
2.2.4 En résumé
2.2.5 Liens explicites avec la libre adhésion
2.3 La prévention spécialisée
2.3.1 Le concept
2.3.2 En résumé
2.3.3 Lien explicite avec la libre adhésion
2.4 L’absence de mandat nominatif
2.4.1 Le concept :
2.4.2 En résumé :
2.4.3 Liens explicites avec la libre adhésion :
2.5 L’anonymat
2.5.1 Le concept :
2.5.2 En résumé :
2.5.3 Liens explicites avec la libre adhésion :
2.6 Les postures : normative et affective
2.6.1 Le concept
2.6.2 En résumé
2.6.3 Liens explicites avec la libre adhésion
3. Démarche méthodologique
3.1 Terrain d’enquête
3.1.1 Marseille
3.1.2 Troisième arrondissement / Felix Pyat
3.2 L’échantillon
3.2.1 Membre des cadres
3.2.2 Professionnels
3.2.3 Jeunes
3.3 Outils de recueil des données
3.3.1 Analyse de l’activité
3.3.2 Entretiens
3.3.3 Deux outils
3.4 Aspects éthiques
3.4.1 Envers l’échantillon de professionnels
3.4.2 Envers l’échantillon de jeunes
4. Contexte de la recherche
4.1 Contexte « module libre »
4.2 Descriptif du projet
4.2.1 D’une réalité à l’autre une histoire de partage
4.2.2 Donnons-leur la parole
4.3 But du projet
4.4 Explication du choix de terrain
5. Analyse
5.1 Méthodologie de mon analyse
5.1.1 Déroulement et composition
5.1.2 En résumé
5.2 Présentations des Échantillons de personnes interviewées
5.2.1 La Membre des cadres
5.2.2 Les éducateurs
5.2.3 Les jeunes
5.2.4 En résumé
5.3 Face à l’extrait
5.3.1 L’extrait
5.3.2 Réactions des professionnels
5.3.3 Réactions des jeunes
5.3.4 À retenir
5.4 Travail prescrit pour l’analyse de l’activité
5.5 1ère rencontre
5.5.1 En récit
5.5.2 Si l’on théorise
5.5.3 En résumé
5.6 2ème Rencontre
5.6.1 En récit
5.6.2 Si l’on théorise
5.6.3 En résumé
5.7 3ème Rencontre
5.7.1 En récit
5.7.2 Si l’on théorise
5.7.3 En résumé
5.8 Rebondissements
5.8.1 En récit
5.8.2 Si l’on théorise
5.8.3 En résumé
5.9 La semaine internationale
5.9.1 En récit
5.9.2 Si l’on théorise
5.9.3 En résumé
5.10 Le retour à Marseille
5.11 Éléments supplémentaires ressortis
5.11.1 En théorisation
5.11.2 En résumé
5.12 Synthèse de mon analyse
6. Vérification des hypothèses :
7. Pistes de réflexion et d’action
7.1 Et si l’on parlait de proximité
7.2 Une place dans la formation théorique
8. Bilan des questions de recherche et des objectifs
8.1 Bilan des questions de recherche :
8.2 Bilan sur les objectifs de la recherche
8.2.1 Objectifs professionnels
8.2.2 Objectifs théoriques
9. Bilan du processus d’apprentissage
9.1 Limites de la recherche et réajustements
9.1.1 Les échantillons
9.1.2 Faire avec la libre adhésion et la distance
9.1.3 La difficulté de l’exercice
9.2 Bilan personnel
9.2.1 L’organisation
9.2.2 La Confiance en soi
9.2.3 L’orthographe et la syntaxe
9.2.4 Acquisition
9.3 Positionnement professionnel
10. Conclusion
10.1 Résumé des résultats
10.2 Et son avenir
10.3 Emergence de nouveaux questionnements
11. Références
11.1 Bibliographie
11.2 Sitographie
11.3 Images
12. Annexes
12.1 Questions des entretiens
12.2 Accord du groupe ADDAP 13
12.3 Accord des créatrices du module libre

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