RECOMMANDATIONS
Coopération
En tête des points forts attribués à l’association, les bibliothécaires ont placé l ‘ABF définie comme plateforme d’échanges et regroupement d’intérêts. On peut en déduire que son rôle dans la coopération entre bibliothèques membres est considéré comme primordial et plutôt satisfaisant. Il est intéressant de mettre en lien cette prédominance avec la plus grande des faiblesses octroyée à l’ABF-VFB : la diversité typologique et culturelle des membres qui concerne elle-aussi la coopération. L’ABFVFB vit le meilleur et le plus complexe en terme de coopération.
Plateformes d’échange
Les Tables rondes donnent l’occasion aux bibliothécaires de parler de leur travail, de partager du matériel, des idées d’animations, des connaissances pratiques, ce qui est très apprécié. En complément, des personnes ont émis le désir de pouvoir accéder à une plateforme virtuelle où chacun pourrait déposer sa production et consulter le fruit de la créativité et de l’expérience des autres.
Dans un entretien, une bibliothécaire me confiait sa difficulté de mettre en pratique un cours suivi en formation continue (réalisation d’un flyer avec Photoshop). Elle trouvait le sujet très intéressant, mais passer de la théorie à la mise en pratique dans son quotidien chargé n’allait pas de soi. Ce qui lui aurait vraiment servi, c’est de recevoir un canevas qu’elle aurait pu adapter à sa bibliothèque ou de bénéficier d’une forme de coaching pour cette réalisation. D’où mon idée de plateforme des compétences, sur le même modèle que la plateforme d’échanges d’animations, sorte de Pages jaunes des bibliothécaires où seraient recensés les différents savoirs que leurs détenteurs seraient d’accord de mettre à disposition des autres. Cela permettrait en particulier aux bibliothèques qui disposent de modestes moyens de recevoir de l’aide afin d’offrir à leurs usagers de meilleurs services.
Bilinguisme, promotion de la langue soeur
Nous avons vu qu’une des faiblesses plusieurs fois mentionnée dans le questionnaire réside dans la diversité typologique et culturelle des membres de l’ABF-VFB. Nous nous arrêterons ici sur les deux communautés linguistiques officielles de Fribourg (français-allemand) pour imaginer un projet.
Le bilinguisme fait partie de l’image de marque de Fribourg et en fait sa fierté. Il appartient à notre canton de le soutenir et le favoriser12. Remarquons que dans les faits, cet objectif peine à être réalisé et que les moyens mis en oeuvre par l’Etat ne sont souvent pas suffisants. Pour décrocher un job dans le canton, il faut souvent être bilingue ou tout au moins avoir de bonnes connaissances de l’autre langue.
Donner une chance supplémentaire dès la 1ère Harmos aux milliers d’élèves qui peuplent les écoles fribourgeoises13 par un soutien réel et concret de la 2e langue concrétiserait un choix constitutionnel du canton. Les bibliothèques pourraient jouer un rôle dans ce projet. Pourquoi ne pas créer un partenariat entre bibliothèques francophones et germanophones, potentiellement en lien avec le corps enseignant, afin de concevoir des animations favorisant la rencontre et l’apprentissage mutuel d’élèves des 2 communautés linguistiques ? L’ABF-VFB pourrait offrir un cadre de réflexion et un soutien à ce projet en contactant des instances concernées. Une Journée du bilinguisme a été décrétée par le Grand Conseil du canton de Fribourg.
Une des missions de cette manifestation est d’encourager les initiatives qui promeuvent le bilinguisme. Une piste à exploiter pour l’ABF-VFB?
Un tel projet pourrait également contribuer à la visibilité de l’association et des bibliothèques.
Redéfinir les priorités de l’ABF-VFB
Placer l’énergie au bon endroit
Le comité de l’ABF-VFB doit traiter un grand nombre de sujets, de dossiers qui progressent ou stagnent suivant le temps à disposition, les priorités données, la conjoncture du moment. L’énergie et la disponibilité des personnes engagées ont des limites.16 Une personne du comité nous parle de la difficulté d’être efficace en réunions. Redéfinir les priorités, investir son énergie judicieusement, tels sont des moyens d’aller loin en ménageant sa monture. L’outil suivant peut être utile pour entrer dans cette démarche.
Ne pas agir quand on peux influencer quelque chose, c’est abandonner. Agir à tout prix quand on n’a aucun pouvoir sur les événements, c’est s’acharner. Dans les 2 cas, l’énergie est utilisée à mauvais escient. Agir quand on a de l’influence revêt du sens, de même que lâcher prise quand on est impuissant sur un élément.
Je pense que les bibliothécaires ont besoin d’un discours clair de la part de l’ABFVFB, d’entendre en quoi elle peut les aider concrètement, à quoi elle s’engage ou non, ce qui est de l’ordre de l’incertain, ce qui n’est tout simplement pas possible du moins à un moment donné, comment les tâches sont réparties au comité et qui en sont les référents. Je reprends la réflexion d’une bibliothécaire: « L’ABF-VFB a sa raison d’être mais il ne faut pas trop en attendre ». Personnellement, je comprends cette phrase en ce sens: il ne faut pas en attendre plus qu’elle peut donner, plus que ce à quoi elle s’engage aujourd’hui.
Le besoin des bibliothèques, entre assistance et autonomie
L’ABF-VFB, nous l’avons vu, offre principalement les services suivants: une représentation envers les politiques, la recherche de fonds pour la formation et les projets, la coordination et le soutien d’actions de promotion de la lecture des bibliothèques, la mise sur pied de formations, l’organisation de rencontres et de groupes de travail. Par son statut d’organisation faîtière, elle représente toutes les bibliothèques membres. Doit-elle garder une large panoplie de services ou serait-ce plus sensé de sa part d’approfondir son offre en ciblant des segments de public spécifiques auxquels elle va consacrer prioritairement son énergie et son temps pour une période donnée?
A la lecture des réponses des bibliothécaires interrogées et au vu des entretiens, il semble évident que les besoins les plus profonds du public cible pointent du côté des segments BS et BP.
De leur côté, les BSII ont bénéficié du soutien de l’ABF-VFB pour mettre sur pied un GI auquel un membre du comité assiste, elles se retrouvent également lors de Café- Pros et peuvent temporairement compter sur le soutien de l’association face aux directions d’école. Elles bénéficient de meilleures conditions contractuelles.
La BCU, elle, est prise dans d’autres préoccupations. Une personne la considère comme un appui potentiel solide pour la cause des bibliothèques fribourgeoises tout en lui reprochant de se concentrer sur son réseau de sites à Fribourg et de ne pas avoir l’esprit ouvert sur le reste du canton. A la réflexion, la BCU pourrait gagner à coopérer avec les BP et BS pour mobiliser le peuple fribourgeois aux 4 coins du canton en vue de la votation sur son extension architecturale. La BCU, de son côté, pourrait mettre des compétences et des services à disposition des BP et des BS, ce qu’elle a déjà fait.
Alors même qu’elles emploient des personnes compétentes en bien des domaines (animation, didactique, communication), les BS et BP ont cependant des besoins à combler à plusieurs niveaux : finances, formation, effectifs, évolution en accord avec la Charte, etc. Ce public a des attentes, même si toutes les bibliothécaires n’ont pas les mêmes, Il y a là des causes à défendre dans le sens des missions. Le comité en est conscient. La répondante des BP est une partenaire de choix appréciée et on peut espérer que les BS soient représentées elles aussi bientôt.
Visibilité
L’amélioration prioritaire souhaitée par une majorité des bibliothécaires questionnées touche aux rapports de l’ABF-VFB avec le monde politique et à sa visibilité, également auprès du grand public. Trouver un(e) président(e) doté/e d’un réseau influent (et motivé(e) pour la cause ABF-VFB, cela va sans dire) paraît être une piste de choix pour positionner efficacement l’ABF-VFB dans la collectivité et appuyer des causes importantes (plan directeur pour les bibliothèques du canton par ex.). N’ayant personnellement rien à proposer pour accélérer les choses, je préfère avancer pêlemêle quelques idées d’actions, certaines reprises des questionnaires, déjà réalisées ou non, visant à sensibiliser un large public aux rôles des bibliothèques et de l’ABFVFB en particulier.
Il faudrait exposer le logo en toute circonstance où l’ABF-VFB est publiquement en action. Citons également la présence des bibliothèques hors les murs 18 , par exemple, dans les espaces de loisirs (piscine, lieux réaménagé, etc.). N’oublions pas les manifestations populaires (Foire de fribourg, équipe ABF-VFB aux 12 Heures de l’Auge), la Journée des bibliothèques, la Journée du bilinguisme.
D’expérience, je sais qu’une demande provenant d’un client, usager, patient ou lecteur a souvent plus de poids auprès de l’autorité que celle qui vient d’un membre du personnel. Pourquoi ne pas solliciter les lecteurs pour soutenir leur bibliothèque ?
Sous forme de concours : trouver un slogan en français ou en allemand pour valoriser sa bibliothèque, les phrases gagnantes seront imprimées sur des signets, inviter les lecteurs à compléter : « J’aime ma bibliothèque parce que…. ». La liste peut-être longue et variée en fonction de l’imagination et des supports utilisés. Et bien sûr, ne pas oublier de recourir aux médias! « La meilleure des publicités est un client satisfait », Bill Gates.
CONCLUSION
Qualifier mon lien avec l’ABF-VFB de vocation tardive me paraît adéquat. Simple description sur un site web il y a quelques mois encore, l’association m’a été rendue proche par des rencontres et des échanges écrits avec les bibliothécaires. Ma position de néophyte a pu occasionner un manque d’à-propos dans mon approche mais en même temps permettre un regard neuf sur une institution de 20 ans d’âge. Je me suis efforcée de limer le premier pour mieux affuter le deuxième afin de réaliser un travail cohérent. Je relève le soin apporté aux réponses et l’engagement des personnes sur des sujets considérés plusieurs fois comme délicats. De mon côté, je souhaite avoir traité leurs propos avec fidélité et respect.
Ce travail écrit s’était fixé de faire le point sur le fonctionnement de l’ABF-VFB en période de transition et d’innovation en regard de ses missions. Voyons ce qu’il en est advenu.
Formation
La position de l’ABF-VFB a évolué au cours des années et des expériences vécues, elle a revu ses priorités. D’un rythme binaire, elle s’est ouverte petit à petit à une impulsion ternaire ; à la polka, elle préfère maintenant la valse. Le premier temps mène forcément au 2e mais cette fois en passant par un 3e. Il y a d’une part la réalité des bibliothèques et de leur personnel, d’autre part les normes de la DICS comme idéal à atteindre, puis un 3e temps reconnu comme une valeur à part entière: les compétences que les bibliothécaires possèdent en animation, communication, didactique, toutes ces formations formelles ou informelles qui enrichissent le service aux usagers. Parallèlement, la formation continue est soutenue et la professionnalisation des bibliothèques fait son chemin.
Soutien face aux politiques
Pour trouver un partenaire expérimenté avec qui créer une chorégraphie harmonieuse, le danseur doit, un tant soit peu, séduire son entourage, donner envie de se rapprocher pour partager quelques pas de danse. Il essaiera de parfaire son art pour avoir plus de chance d’amadouer les candidats et comme les sentiments humains sont imprévisibles, il peut être parfois l’objet d’un coup de coeur immédiat. L’ABF/VFB est en mal de partenaires politiques influents pour donner une chance égale à toutes les bibliothèques et consolider leur rôle dans la société.
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Table des matières
Introduction
1. Contextualisation
1.1. Histoire de l’ABF-VFB
1.2. Public cible
1.3. Répondante des bibliothèques de lecture publique
2. Synthèse des informations récoltées
2.1. L’avis des bibliothécaires (questionnaires)
2.1.1. Missions et supports de communication (qu. 1-4 et 7)
2.1.2. Points forts et points faibles (qu. 9)
2.1.3. Améliorations (qu. 10)
2.2. Points de vue du comité (entretiens)
3. Diagnostic : analyse interne et externe des réponses
3.1. Points forts et points faibles de l’ABF-VFB
3.2. Analyse avec la méthode SWOT
3.2.1. L’ABF-VFB, ferment de coopération
3.2.2. L’ABF-VFB, intermédiaire et soutien
3.2.3. L’ABF-VFB, actrice de sensibilisation
3.2.4. L’ABF-VFB, promotrice de formation
4. Recommandations
4.1. Coopération
4.1.1. Plateformes d’échange
4.1.2. Bilinguisme, promotion de la langue soeur
4.2. Redéfinir les priorités de l’ABF-VFB
4.2.1. Placer l’énergie au bon endroit
4.2.2. Les bibliothèques, entre assistance et autonomie
4.3. Visibilité
Conclusion
Bibliographie
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