La vulnérabilité des pays bénéficiaires face aux chocs externes.

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Les défenseurs de l’aide

Dans les années 70, une première vague d’études a tenté d’observer l’impact de l’APD sur la croissance de l’épargne domestique. Ces études ont été faites par Griffin et Enos. L’aide peut combler un déficit d’épargne national et peut accroitre aussi l’épargne domestique selon eux .Par conséquent, le capital s’accumule et engendre une croissance économique .Pourtant, ces premières études n’ont pas réussi à mettre en évidence de telles relations. Autrement dit, l’APD engendre un impact négatif sur le taux d’épargne domestique.
Un peu plus tard, Papanek s’est référé sur les travaux de Griffin et Enos. Selon lui, même si l’aide semble impacter négativement le taux d’épargne, il existait bien une relation positive entre l’aide et la croissance .Mais les résultats de l’étude de Papanek mettent juste en évidence une corrélation entre l’aide et la croissance .Autrement dit, il n’existe pas une relation de cause à effet. Des analyses sur l’efficacité de l’aide sont alors diverses.
Walt Rostow (1960) recense 5 étapes du développement dans son livre « Les étapes de la croissance économique, un manifeste non communiste ».La troisième étape est donc le décollage économique. Elle est marquée par l’augmentation significative des taux d’épargne et d’investissement et le passage à une croissance cumulative. Selon Rostow, au stade du décollage, l’apport de capitaux extérieurs sous forme d’investissement ou de crédit est indispensable.
Paul Rosenstein Rodan soutient aussi l’idée de recourir à l’aide étrangère .Selon lui, les aides étrangères renforceront la formation du capital national. Autrement dit, qu’ils seront entièrement investis .Cet investissement entrainera ensuite une augmentation de production .Il recommandait une injection massive en volume de l’aide au développement dans tous les secteurs permettant le décollage économique .C’est le « Big Push ».
L’économiste Hollis Chenery(1962) et son collègue Allan Strout(1966) soutient aussi la nécessité de l’aide étrangère. Ils ont élaboré un nouveau modèle appelé : «modèle à double déficit ».D’abord, l’insuffisance d’épargne puis l’insuffisance de devise. Selon ces deux économistes : l’insuffisance d’épargne peut constituer la contrainte principale sur le taux de formation du capital domestique. L’insuffisance de devise peut être aussi une contrainte de développement du faite que cela empêche l’importation des biens d’équipements nécessaires au développement industriel .Par conséquent ,l’aide étrangère est utile pour résoudre ce double déficit grâce aux devises étrangères.
Il est à noter que, ce modèle est inspiré par le modèle de Roy Harrod et Evsey Domar (1946) .Selon ces deux auteurs, le taux de croissance économique dépend de la productivité des machines en stock et de l’investissement. L’APD peut donc combler l’écart entre l’épargne et l’investissement et remédier au manque de devises .Ils ont permis de déterminer le niveau d’aide nécessaire pour atteindre un objectif d’une croissance équilibrée. L’APD permettait donc d’accroitre l’investissement et par la suite la croissance économique. Si le l’épargne intérieur est insuffisante alors on est en mesure de déduire le montant d’épargne étrangère adéquat afin d’atteindre un taux d’investissement compatible avec le taux de croissance espéré.
Outre le double déficit (épargne et devises) présenté dans le modèle de Bruno et Chenery(1962), les études de Bacha(1990) et de Taylor(1990) ont mis en exergue le déficit budgétaire que l’APD peut financer.
Dans son livre « la fin de la pauvreté », Jeffrey Sachs(2005) a soutenu l’idée que l’aide est utile. Pour Sachs, il est difficile voire impossible de sortir dans la pauvreté sans apport d’argent extérieur suffisant .Un individu a besoin d’un revenu supérieur à un certain niveau pour que ses revenus futurs soient supérieurs à son revenu présent .D’où la sortie dans la pauvreté. Pourtant, Sachs a souligné qu’il faut donner la totalité de l’aide prévue à un pays et non juste une fraction pour que l’aide soit efficace. Il a donné à titre d’exemple la Chine qui a réussi à sauver plus de 300 millions de ses habitants pauvres au cours des deux dernières décennies grâce à l’aide étrangère.

Les détracteurs de l’aide

Plusieurs études sont aussi faites par d’autres économistes qui critiquent l’octroi de l’aide étrangère. Le chef de fil de l’Ecole de Chicago, Milton Friedman(1958), a exprimé son pessimisme et ses doutes sur l’efficacité de l’aide. Selon Friedman et Peter Bauer, l’APD est « Un excellent moyen de transférer l’argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres ». De plus l’APD a conduit à une expansion de la bureaucratie étatique, pérennise les mauvais gouvernements et enrichit l’élite des pays pauvre.
Peter Bauer(1971) affirmait de plus que l’aide au développement réduisait les incitations qui devraient amener les dirigeants de pays en développement à adopter de « bonne politique ».Ce même auteur disait aussi que la politique de prêter au pays développés afin qu’ils puissent payer les intérêts de leurs emprunts antérieurs a été sans effet.
Quant à William Easterly (1990), il considère l’aide au développement comme un phénomène de mode. Il donne sa vision dans son livre. « Le fardeau de l’homme blanc l’échec des politiques occidentales d’aide aux pays pauvres ». Il s’oppose à l’idée de Sachs selon laquelle l’aide extérieure permet de sortir à la pauvreté. Selon Easterly, certains pays émergents ont réussi à atteindre leur statut de pays développés sans apport massif d’argent de l’extérieur. Il affirmait aussi que la majeure partie de l’aide est gérée par les donateurs qu’il appelle « planificateurs ». Les OMD de Sachs ne sont autre qu’un moyen de proclamer le doublement de l’aide pour les atteindre. Donc, selon Friedman, Easterly, et Bauer, l’aide et les programmes d’aide devraient être profondément remaniés, sensiblement réduits ou tout simplement abolis.
D’autres auteurs comme Boone ou Paldam réfutent aussi totalement l’idée d’amélioration de la croissance des pays éligibles à l’aide publique au développement.
De plus, Martin Paldam et Hristos Doucouliagos affirment que l’aide n’a aucune efficacité à l’échelle macro-économique pour améliorer la croissance .Les arguments sur l’impact positif de l’aide ne sont pas fiables selon eux.
Pour la Zambienne, Dambissa Moyo, dans son livre « l’Aide Fatale », « l’aide a rendu plus pauvres les pays Africains et a ralenti la croissance ». L’aide est aussi pour elle la source même du sous –développement, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de la corruption et maintenir au pouvoir des dirigeants corrompus en Afrique et doit être stoppée rapidement et totalement si le continent veut progresser.
Selon Clemens Radelet et Bhavnani, les effets de l’aide publique au développement sont très mal pris en compte par les études réalisées sur leur efficacité en matière d’amélioration de la croissance des pays en voie de développement.
Pour Raghuram G. Rajan et Arvind Subramanian vont encore plus loin dans la négation d’un effet positif de l’aide publique au développement sur la croissance des pays en développement .Ils concluent l’inefficacité de l’aide dans ce domaine quel que soit l’horizon considéré.

Aide et pauvreté 

Plusieurs études ont montrés, dont celle de Michael Clemens et Todd Moss, que les OMD ne pourront être atteints en 2015.Le montant nécessaire pour atteindre les OMD est donc de 50 milliards de dollars par an. Or, c’est un rôle important à l’aide et peut empêcher la poursuite des OMD.
L’aide peut aussi influencer d’autres variables de l’OMD (l’accès à l’eau potable, l’éducation…) d’après l’étude de Dalgaard et Al(2004) et Fielding et Al(2006).
Gomanee et al ont quant à eux, ont mis en évidence une influence directe et positive de l’aide sur l’Indice de Développement Humain et sur la baisse de mortalité infantile. Cet effet passe donc par le financement de de politiques publiques favorables aux plus pauvres.
Aussi, Collier et Dollar font dans leur étude l’hypothèse que l’aide n’a pas d’impact direct sur la réduction de la pauvreté qu’à travers la croissance.
Fielding trouve quant à lui un impact positif de l’aide de manière directe sur les biens détenus par les plus pauvres et les conditions sanitaires .Par contre, il trouve un impact négatif de l’aide sur le taux de mortalité infantile et sur le taux de scolarisation.
Selon Guillaumont et al, l’aide accordée aux secteurs sociaux doit être maintenue puisque les effets de l’aide sur la santé et l’éducation sont également très importants .Pourtant ces effets n’apparaissent que sur le long terme.

Aide et pauvreté 

Coller et Dollar ont soutenu l’idée que l’aide est efficace dans les pays ayant un taux élevé de pauvreté et de bonnes institutions. Leur but est de maximiser la réduction de la pauvreté. Autrement dit il faut maximiser le nombre d’individu échappant à la pauvreté.
Sur un échantillon de 59 pays en développement dont les informations nécessaires étaient disponibles et de bonne qualité, Ravaillon et Chen affirmait que l’aide devrait être allouée en priorité aux pays présentant des niveaux de pauvreté très importants. Mais ces pays devraient adopter de bonnes politiques économiques.
Ces mêmes auteurs ont repensé leur analyse dans la perspective des OMD en 2001.Ils ont montrés que ces objectifs, ne sont pas atteignables en l’état actuel du système d’allocation d’aide. Par contre, il pourrait l’être, au moins dans certaines régions, avec des reformes des politiques économiques et une réallocation de l’aide.
Pour Collier et Dollar, il faut adopter une règle qui permet aux pays donateurs de s’engager durablement et de manière plus crédible dans la réalisation d’un objectif. Les pays donateurs devraient aussi rendre plus prévisible les montants d’aide alloués.
Cogneau et Naudet expliquent aussi que certains pays sont victimes d’handicaps structurels. Donc, dans l’optique d’une égalité des chances entre les pays en développement, l’allocation de l’aide devrait prendre également en compte ces désavantages et pas seulement la qualité des politiques économiques. Autrement dit, les chances d’échapper à la pauvreté devraient être les même quel que soit le continent considéré.

La bonne gouvernance

La plupart des pays de l’Afrique Subsaharienne sont des pays victimes d’une crise politique, de guerre civile et de rébellion. Ces troubles font donc naître la mauvaise gouvernance dans ces pays. Ce qui freine la croissance économique .De plus, les OMD sont difficiles à atteindre dans ces pays.
Selon l’ancien dirigent de l’ONU, Kofi Annan : « La bonne gouvernance est probablement le facteur unique le plus important dans la lutte à la pauvreté et la promotion du développement ».Donc, les Etats incapables de se donner une bonne gouvernance stagnent. La pauvreté de la population dans ces Etats s’accroît. Par conséquent, cela engendre un climat de violence.
D’abord, une bonne gouvernance exige un gouvernement responsable, élu démocratiquement et doté d’une administration publique efficace et transparente. Puis, la corruption n’est pas tolérée et la règle de droit est respectée. Ensuite, La liberté d’expression a cours et la société civile peut faire entendre sa voix. De plus, les élites politiques sont capables de compromis et de collaboration. En addition, l’ordre public est assuré. Ces gouvernements disposent des revenus adéquats, payent adéquatent leurs fonctionnaires et s’assurent de leur honnêteté. Et enfin, leurs politiques sociales, économiques et environnementales sont saines.
En voici quelques pays élites en matière de gouvernance en Afrique Subsaharienne : L’Ile Maurice avec un taux de 81,7%, le Botswana 76,2%, l’Afrique du Sud 73,3% et enfin les Seychelles 73,2% .
Le Graphique suivant montre l’impact de l’aide sur la croissance et sur l’IDH dans ces pays en 2015.

La capacité d’absorption

L’hypothèse des rendements décroissants de l’aide qui a été formulée dans plusieurs travaux aurait pour fondement théorique une capacité d’absorption de l’aide limitée par les pays bénéficiaires .A partir d’un certain seuil, un montant supplémentaire d’aide est relativement moins productif. Donc, la capacité d’absorption des pays bénéficiaires est un facteur important de l’efficacité de l’APD. La capacité d’absorption de l’APD peut être limitée par des contraintes de plusieurs natures : macroéconomiques, institutionnelles et politiques.
D’abord, un fort accroissement de l’aide pourrait entrainer une appréciation du taux de change réel des pays bénéficiaires. Cela provoque un déclin du secteur exportateur .Or ce secteur est important pour la croissance à long terme d’une économie. Ce phénomène est appelé : « le syndrome Hollandais ».
Des contraintes institutionnelles pèsent également sur la capacité d’absorption de l’APD .Pour que l’aide soit efficace, le pays bénéficiaires doit adopter un système budgétaire transparent et efficace .Il faut aussi définir de priorités en matière de politique économiques et de dépenses publiques. Pourtant, beaucoup de pays en développement n’ont pas les capacités institutionnelles pour absorber de grandes quantités d’APD. Une augmentation des flux d’aide peut alors générer davantage de corruption que de développement .La qualité des politiques de dépenses publiques est essentielle à l’absorption de montant élevés .Ainsi, les différents bailleurs de fonds cherchent à surveiller les finances publiques des pays auxquels ils allouent de l’aide.
En ce qui concerne la politique, la multiplication des projets mis en place et des bailleurs de fonds est une contrainte sur la capacité d’absorption de l’APD. La raison est qu’il est difficile pour l’administration des pays bénéficiaires de les gérer. Etant donné que ces pays ont des capacités financières et humaines limités .Il y donc une augmentation du travail des fonctionnaires des pays bénéficiaires en raison de ces multitudes de projets et de bailleurs de fonds à gérer. Par conséquent, la fonction régalienne de l’Etat est négligée. Dans ce cas, l’allocation de l’aide est contre-productive. De plus le coût de la multiplication des bailleurs et des projets, notamment en matière de gestion est supporté par le pays bénéficiaire.

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Table des matières

CHAPITRE I : LITTERATURE THEORIQUE
1. Définition et Historique
2. Formes de l’aide
3. Revue de la littérature
A. Aide et croissance
B. Aide et pauvreté :
C. Conditions d’efficacité de l’aide :
CHAPITRE II: ANALYSE DESCRIPTIVE
1- Définitions du concept « pauvreté »
2- Les Objectifs du Millénaire pour le Développement
CHAPITRE III : LES CONDITIONS D’EFFICACITE DE L’AIDE
1- La bonne gouvernance
2- La capacité d’absorption
3- La vulnérabilité des pays bénéficiaires face aux chocs externes.
4- La volatilité de l’aide.
5- Instabilité socio-politique et situation post-conflit.
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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