La violence dans une société primitive : Sa majesté des Mouches

Les armes blanches

Comme pour les armes à feu, on trouve peu d’armes blanches dans la littérature de jeunesse.
Les jeunes robinsons de Sa majesté des mouches se voient dans l’obligation de chasser pour se nourrir. L’un deux, Jack, possède un gros coutelas de scout et les autres se sont fabriqué des lances et javelots à l’aide de morceaux de bois. Au début du roman, la violence apparaît comme une nécessité, une condition vitale : les fruits ne suffisent pas, pour leur croissance, il leur faut de la viande. Ils se mettent donc à chasser le cochon. Cependant, ils ont du mal à admettre cette violence qui est pourtant nécessaire ; face à un petit cochon piégé, ils sont incapables d’attaquer et le laissent s’enfuir :
«Ils trouvèrent un petit cochon, prisonnier d’un rideau de lianes, qui se débattait dans ce filet élastique, affolé par la terreur. Sa voix insistante perçait le tympan. Les trois garçons se ruèrent en avant et Jack tira de nouveau son couteau avec son moulinet. Il leva le bras. Il y eut un moment d’arrêt, une hésitation ; le cochon continuait à crier, les lianes à remuer par saccades et la lame à briller au bout du bras maigre. La pause fut juste assez longue pour leur permettre de comprendre quelle énormité ils avaient failli commettre.
Alors le petit cochon s’arracha aux lianes et s’enfuit dans le sous-bois. Leur regard passa de l’un à l’autre et se reporta sur le lieu du drame. Jack avait blêmi sous ses taches de rousseur. Il s’aperçut qu’il brandissait encore le couteau ; il baissa le bras et le replaça dans sa gaine. Enfin, tous trois eurent un rire honteux et ils reprirent leur ascension.
— Je repérais un endroit, expliqua Jack, et je n ‘avais pas encore décidé où j’allais le poignarder.
— Un cochon, ça s’égorge, affirma Ralph farouchement. On dit toujours ‘ égorger un cochon ‘.
— On le saigne au cou pour le vider de son sang, renchérit Jack. Sans ça on ne peut pas manger la viande.
— Pourquoi tu n ‘aspas ?…
Ils savaient très bien pourquoi il n ‘avait pas terminé son geste. A cause de l’énormité de ce couteau frappant et coupant de la chair vivante ; à cause de l’insupportable idée du sang »x.
Cette scène est la seule où les personnages n’osent pas se servir de leurs armes. Après avoir hésité à tuer ce petit cochon, ils se prennent au jeu de la violence en blessant un sanglier d’un javelot dans le groin et en chassant, blessant et égorgeant une truie.
Les Gnomisnakars, minuscules petits monstres du roman d’Oliver Lancelot, sont eux aussi munis de lances. Ces lances sont bien entendu minuscules mais c’est le nombre de Gnomisnakars et de lances qui font leur force. Au début du roman, trois de leurs victimes les décrivent ainsi.

La violence par le feu

Dans Fais-moi peur le feu est également une arme ; l’assassin, Monsieur N se sert du feu pour tuer un présumé témoin oculaire du meurtre de son chien. Le meurtrier s’introduit dans la masure, et, constatant l’ivresse du vieil homme, il conclut qu’il n’a rien pu apercevoir de ce meurtre. Il le tue tout de même, par mépris :
« Monsieur N le regarda un assez long temps, pensivement. Il était évident que le vieux Remi ne savait rien de la mort du chien. Et même ? Que pouvait craindre un homme comme lui d’un déchet comme celui-là ? Monsieur N sourit avec mépris. Déchet était le mot.

LA VIOLENCE MORALE

L’humiliation

Certains parents, enseignants ou éducateurs se refusent d’user de la violence physique pour punir les enfants mais choisissent le châtiment de l’humiliation publique. Cette punition, au même titre qu’une gifle est un acte violent. Les psychologues affirment même qu’il s’agit là d’une sanction traumatisante. Nous distinguons deux types d’humiliation :
• l’humiliation physique où l’on révèle le corps et ses défauts devant témoins.
• l’humiliation psychologique ou morale où l’on révèle un manque de jugeote, une bêtise commise.
Dans Je ne suis pas un singe, l’héroïne est à la fois violentée physiquement – elle se fait violemment retirer le slip par un garçon dans le vestiaire du gymnase de l’école – et moralement – cette scène se déroule en public, devant ses camarades de classe. L’agresseur n’est pas un adulte, mais un garçon violent qui pense s’affirmer, se montrer supérieur en ridiculisant les autres gratuitement.
Dans Pas de pitié pour les poupées b., les membres du clan Barbie, jalouses de la chambre entièrement « équipée » Barbie de leur amie Sandra portent leur rancoeur sur Djemila.
Pour se faire accepter dans ce clan, le réflexe de Djemila est d’imiter les faits et gestes de ses amies. C’est pourquoi elle cède et enfile cette chemise de nuit alors qu’elle sait qu’elle ne lui ira pas. Elle souffre donc d’être différente des autres car plus grosse et arabe, mais elle n’accepte surtout pas d’être ainsi découverte devant ses amies : elle révèle ses formes, sa couleur, sa différence. Et c’est cette différence qui l’humilie.
Le roman Les oreilles en pointe débute par la scène où le petit Raymond se fait tirer les oreilles et humilier devant toute la classe. Son instituteur, Monsieur Frousteil le harcèle pour qu’il résolve un problème de mathématiques. Devant son ignorance, il lui demande de dessiner douze rangées et de diviser chaque rangée en quatorze morceaux, ce que Raymond se hâte de faire. Une fois sa tâche terminée, Raymond se trouve incapable de compter tous les morceaux qu’il a dessinés. L’enseignant l’humilie devant ses camarades en lui révélant qu’il existe un moyen plus rapide que le dessin pour résoudre le problème : la multiplication.

LES DÉSIRS DE VENGEANCE : LA VIOLENCE INTÉRIEURE

Avant d’être effective, la violence existe en chacun de nous, elle dort, elle chauffe, elle se réveille, elle nous brûle et, parfois, elle explose. Il n’est pas toujours évident de « gérer >> cette violence intérieure. Il s’agit d’un fantasme, d’une violence fictive, qui existe cependant, et qu’il faut prendre en compte au même titre qu’une gifle, un coup de poing, un abus sexuel.
Cette violence intérieure peut parfois être beaucoup plus choquante qu’un tir de revolver, même si elle n’est pas effective. Quelle différence y a-t-il entre un crime d’enfant et le fantasme d’une enfant d’étrangler un camarade de classe avec ses lacets ? De ces deux violences, l’une est bien réelle alors que l’autre est purement imaginaire et ne prendra jamais effet. Qui n’a jamais détesté quelqu’un au point de penser à l’homicide.
Même si cette violence intérieure existe en nous, il nous arrive de ne pas la comprendre. Comment un enfant peut-il appréhender ce genre de situation ? L’auteur de jeunesse traite de plus en plus du sujet de la jalousie, de la méchanceté et du désir de vengeance ; une manière d’informer ou de rassurer le lecteur sur l’existence réelle de la violence en chacun de nous. Étant donné que cette violence intérieure ne s’exprime pas, ne se voit pas, le rôle de la littérature de jeunesse est de l’exposer, de la faire connaître aux enfants, et de leur donner des mots pour « dire », exprimer cette violence intérieure qu’ils ressentent parfois eux aussi, en eux.

Je ne suis pas un singe CLOU. Virginie): la violence engendre la violence

Dans ce roman, Virginie Lou tente d’expliquer au jeune lecteur que la violence existe en chacun de nous et qu’elle peut se déclencher à tout moment, dans n’importe qu’elle situation. Ici il s’agit de Joëlle, adolescente calme, voire chétive, qui est victime d’une agression dans le vestiaire du gymnase de son lycée. En effet, « le gros Didier » fait irruption dans le vestiaire des filles et baisse la culotte de Joëlle devant tout le monde. Suite à cet incident, Joëlle va voir monter la rancune, le désir de vengeance tout le long du roman. Ce traumatisme ne s’exprimera qu’à travers un silence pesant : Joëlle se refuse de parler de façon à garder le maximum d’énergie possible en elle pour le jour où elle se vengera de ce que Didier lui a fait. En quelques sortes, le long du roman, Joëlle consacre son temps à se concentrer sur sa vengeance et à penser à une manière d’effectuer son crime.
La violence est ici traitée comme un virus. Etant elle-même victime de la violence, Joëlle sent ce nouveau sentiment naître en elle et elle va se rendre compte que cette violence existe partout, en chacun de nous et peut éclater sans que l’on s’y attende. Après avoir elle même ressenti un besoin extrême de violence, Joëlle découvre qu’elle ne lui ressemble pas, que « la vengeance c’est pour les gorilles » et non pour elle, qui n’est pas un singe. Didier est assimilé à un gorille, car toute sa méchanceté vient de sa jalousie qui le rend malheureux ; amoureux de la jeune Elise, il s’est rendu compte du dégoût qu’elle éprouvait pour lui et de l’attention qu’elle portait au professeur de sport, et il agit donc avec violence.
Virginie Lou est également directrice de la collection « Souris Noire » des Editions Syros, dans laquelle est sorti le roman. Cette collection étant accusée de véhiculer la violence avec plus ou moins de complaisance, Virginie Lou répond que l’important n’est pas une histoire bien faite mais c’est « la violence intérieure, une violence portée par les mots, par la syntaxe, le vocabulaire »4. Je ne suis pas un singe est tout à fait représentatif de cela : Joëlle détaille ses sentiments, ses fantasmes dans les moindres détails, de manière à ce que le lecteur s’en imprègne pour comprendre le processus de naissance de la violence. Elle se décrit elle même comme une enfant habituellement sage mais explique qu’en ce jour, après avoir subi cette agression, elle n’est plus la même, « quelque chose a claqué » dans sa tête. Ce roman évoque donc le cas d’une jeune fille complètement déstabilisée non seulement par la violence dont elle a été victime mais également par la violence qu’elle ressent en elle-même.

Le jour du meurtre (BEN KEMOUN. Huberf) : le sentiment amhipii de l’attraction/répulsion.

Il en va de même pour Antoine, personnage principal de ce roman. Ce jeune garçon, amoureux de Virginie qui a repoussé ses avances, décide de se venger et tente de trouver un plan pour la tuer. Comme dans Je ne suis pas un singe, le narrateur est le personnage principal qui souhaite se venger d’un camarade de classe du sexe opposé. Cependant, contrairement au roman de Virginie Lou, Le jour du meurtre est une histoire d’amour, ou plutôt d’attraction /répulsion, les sentiments de haine/vengeance et d’amour étant étroitement liés. L’image de Virginie est omniprésente dans l’esprit d’Antoine, même si cette image est celle de son assassinat :
« Les trouvailles du Grand Vladimir m’amusaient, pourtant, je ne pouvais plus détacher mon regard de la nuque de Virginie.
[…] Cette nuque qui allait être broyée atrocement, tout à l’heure »l.
Même si Antoine n’a pas été lui-même victime de violence physique, il a été humilié, et brutalement rejeté par Virginie. Il reconnaît l’existence de cette violence intérieure :
« Je sentais en moi une telle hargne, une si grande violence. Si tu avais été là, Virginie, je ne sais pas si je t’aurais impressionnée ou fait peur. Probablement les deux. Mais, je te préviens, je ne me contenterai pas de la simple peur. Pour laver ma honte, je vais te faire disparaître. Et à présent, tu le sais ».
Or, Le jour du meurtre est une histoire d’amour et la violence n’est pas le sujet principal : elle camoufle un amour passionné. Ce roman ressemble à un roman noir – son titre en est tout à fait représentatif -, cependant, il ne finit pas avec un meurtre mais avec le geste d’amour de la jeune Virginie qui sauve Antoine de justesse, et la naissance d’une histoire d’amour.

Le pavillon des enfants fous CVALÈRE. Valérie!4 ; le désir de vengeance contre tout un système

Cette adolescente anorexique fait le récit de son internement dans un hôpital psychiatrique et dénonce les méthodes employées par les médecins pour tenter de la sauver.
Après avoir subi les agressions de la société qu’elle rejette de la même manière qu’elle rejette les aliments, cette enfant subit la violence du personnel médical qui l’enferme et la force à manger. Valérie ne comprend pas cet intérêt que les médecins ont pour elle, et le perçoit comme une violence ; n’ayant jamais réussi à attirer sur elle ne serait ce qu’un regard de sa propre mère, elle n’admet pas que l’on tente de lui sauver la vie.
Valérie se rend rapidement compte que cette violence qu’elle pourrait extérioriser ne la mènerait à rien, et confirmerait les doutes des médecins sur son état mental. Sa lutte quotidienne est de tenter de prouver au personnel médical qu’elle n’est pas folle, que son anorexie n’est qu’un choix personnel et qu’elle n’a donc rien à faire dans cet asile. Cette violence intérieure décrite dans ces trois romans est peut-être la plus courante dans la réalité. C’est la violence qui touche le plus les enfants, qui ont une notion très présente des interdits en ce qui concerne la violence : on leur recommande de ne pas se battre, de discuter sans céder à la violence… Les enfants sont très réceptifs à ces conseils, à ces interdits. Ils ont donc tendance à céder à la violence intérieure pour remplacer la violence physique.
Or, cette violence qui ne s’exprime pas est d’autant plus difficile à vivre pour eux. La littérature de jeunesse intervient donc comme médiateur en permettant à l’enfant de parler de ce qu’il ressent.
Cette analyse fait donc ressortir une diversité étonnante d’actes violents : on dévoile toutes sortes de violences dans la littérature de jeunesse. Il est toutefois important de préciser que certaines violences telles que les violences par les armes et les gifles, par exemple concernent presque exclusivement les adultes.

LES PERSONNAGES AGRESSEURS

La méchanceté et la violence sont-elles toujours intimement liées dans les romans pour la jeunesse ? Qui sont ces personnages agresseurs et comment un écrivain peut-il faire d’un personnage violent un héros? Ces deux notions ne sont-elles pas contradictoires ? Il faut distinguer héros et personnage ennemi du héros. En règle générale, la violence est caractérisée par le mal, la méchanceté. Cependant il arrive que certains héros agresseurs soient naturellement bons mais temporairement « possédés » par le mal qui les fait agir violemment.

Le héros est la victime

En règle générale, cet ennemi du héros-victime est dépeint comme un individu cruel.
Cependant, il arrive que l’auteur choisisse de le décrire comme une personne mal dans sa peau, déprimée, en quête d’un idéal qu’elle ne trouvera jamais, victime de cette agressivité.

Le personnage crue!

Dans les premiers contes pour enfants, les auteurs introduisaient systématiquement un personnage cruel à un moment donné du récit: une sorcière, un ogre, un grand méchant loup. Les contes d’aujourd’hui ont bien changé : l’ogre d’antan s’est transformé en petite soeur hystérique, en baby-sitter catastrophe ou en voisin sadique. Même si la forme change, le conte demeure un savoureux mélange de héros et de personnages méchants et cruels nourrissante de noirs desseins.
Dans Les oreilles en pointe, le petit Raymond est terrorisé par ses parents et plus particulièrement par son père qui use de méthodes assez violentes pour punir son fils. Le tenant responsable du handicap de sa fille, le père de Raymond le frappe pour un oui, pour un non. Raymond est sans arrêt aux aguets : il tente d’appréhender cette violence imprévisible.
Son père ne se gène pas pour le qualifier de « gosse à la con », et pour dire « qu’il aurait mieux fait de se la couper ou d’aller se pendre ce jour-là »\ Non content d’être bourru et vulgaire, ce personnage est terriblement dangereux et représente une menace constante pour le héros.

Le héros est acteur

Héros et méchant, deux termes qui paraissent antinomiques. Dans la littérature de jeunesse, le héros se trouve en règle générale dans le camp des gentils lorsqu’il n’est pas le seul et unique « Gentil » qui combat et vainc les méchants. Or il arrive que pour diverses raisons l’auteur décide de faire de son héros un méchant. L’enfant lecteur va donc vivre une aventure à travers le regard et la vie de ce héros méchant. Il va découvrir la violence par l’intérieur pour en comprendre les origines en se mettant dans la peau du personnage violent.

Le besoin de justifier sa propre violence ; Je suis méchant

Ce roman (comme son titre le désigne), est le récit d’un jeune garçon – dont nous ignorons le prénom – qui, enfermé dans son insociabilité, ne s’exprime que par la violence et la méchanceté. Cette absence de prénom est peut-être aussi révélatrice d’une absence d’identité ; c’est un garçon qui se cherche et tente d’exister, d’attirer l’attention par ces agissements brutaux. De par sa réputation de « bagarreur », il vit en marge de la société en général, et de ses camarades de classe en particulier. Rejeté de tous, repoussant tous ceux qui souhaitent l’aider, il s’enferme dans un silence qui pèse lourd mais dont il est difficile de se débarrasser.
Ce récit est un peu présenté sous forme d’un journal où le héros révèle ses angoisses, ses relations difficiles avec enfants et adultes, et ses violences. Il a une conception très particulière de la société :

Le jeu d’un enfant : Comment se débarrasser de son petit frère

Dans cette histoire racontée à l’aide d’images dans un livre de petit format pour les 5- 7 ans, la petite Julie, six ans cherche le subterfuge le plus efficace et le plus rapide pour tuer son petit frère. On ignore les motivations qui l’animent, mais on peut supposer qu’elle est jalouse de ce petit Martin qui, encore bébé, doit attendrir plus d’un adulte, et détourner leur attention de sa grande soeur.
Bien que drôle, ce livre est très pessimiste, car il n’y a aucun espoir pour la petite Julie qui n’arrive pas à éliminer son petit frère mais persiste à chercher un autre moyen de le faire.
La situation de Julie n’évolue pas du tout ; elle est et reste jalouse et malheureuse. Il s’agit d’un jeu d’enfant qui ne débouche jamais sur un acte réel de violence.

Le méchant malgré lui

Le héros agresseur se repentit : Le jour du meurtre

Dans ce roman, le héros agit avec violence, puis, après coup, se rend compte de lagravité de ses actes et regrette d’avoir agi sous l’effet d’une pulsion ridicule. Après avoir terrorisé et menacé Virginie, Antoine est sur le point de commettre son meurtre lorsqu’il découvre la lettre que Virginie a écrite à ses parents : elle leur dévoile sa souffrance, sa difficulté à supporter cette violence quotidienne dont elle est victime, leur indifférence en son égard et révèle son intention de mettre fin à ses jours. C’est alors qu’Antoine comprend qu’elle n’est pas aussi cruelle qu’elle veut bien paraître, et que, bien au contraire, elle est victime et donc vulnérable.

LE STATUT DE LA VICTIME

Nous distinguons deux catégories de personnages victimes d’agression :
• les victimes qui se sentent incapables de réagir, de se défendre, qui se sentent inférieures à leur agresseur. Ces personnages restent donc soumis et subissent, résignés.
• les autres victimes refusent la violence, ou résistent. Certains d’entre eux pensent à se venger ou à s’enfuir.
Voyons donc en détail comment se comportent les uns et les autres face à une violence plus ou moins choquante.

La victime résignée

Lao, l’héroïne du premier récit <XEnfants prostitués en Asie est le type même de la victime résignée, manipulée, qui n’a aucune idée de la manière dont elle pourrait se défendre.
Cette petite d’onze ans n’a jamais été maître d’elle-même : avant d’être prostituée, elle vivait dans un village situé dans les montagnes du Nord de la Thaïlande avec sa famille, qui, ayant sombré dans une misère noire a décidé de l’envoyer « en ville », pour travailler. En vérité, ses parents l’ont vendu à un proxénète pour 8 000 bahts. À son arrivée en ville, elle est enfermée dans une pièce surveillée par un gardien, qui, la voyant effarouchée, décide d’abuser d’elle :

LA VIOLENCE COMME ÉLÉMENT DE RÉCIT

Certains auteurs font de la violence le sujet de leur livre : sans violence, haine, révolte, pas d’intrigue, pas d’histoire, pas de roman.
A la lecture de Je suis méchant une question se pose : pour quels lecteurs et dans quel but Jean-Claude Baudroux a-t-il écrit ce roman ? Il est clair que le public visé est un public de garçons ; le héros est lui-même de sexe masculin, de nature bagarreuse et passe son temps à bricoler et à acheter des outils. Il est possible que l’auteur ait souhaité écrire un texte pédagogique. La violence ainsi décrite forme le lecteur à devenir un individu responsable, sociable et respectueux : le comportement du protagoniste semble absurde et fait son malheur. La violence est également la locomotive du roman : sans elle, pas d’intrigue, pas de récit..
Ainsi, même si ce roman a un caractère pédagogique, il en reste que l’auteur n’offre pas de solution pour la réinsertion de ce genre de personnage, et même si le roman finit assez bien, le héros semble continuer sa petite vie monotone et ennuyante -c’est à dire qu’il continue d’aller à l’école, sans faire de prouesses, alors que Marlène est dans les bonnes classes, et elle est « toujours trop belle et trop riche pour faire attention » à lui1.
Le palais des claques est également un ouvrage dont l’élément moteur est la violence. Trouvant des abus dans les sanctions que prennent certains parents, un président de la République décide un jour de faire construire un palais où des châtiments seront distribués à tous les enfants et animaux, ceci de manière à contrôler la violence familiale. Les adultes, moyennant finance pourront eux-mêmes venir cogner leurs enfants ou ceux des autres en toute légalité, mais sous le contrôle d’un laquais. Il est inutile de préciser que cette réforme que le Président croit géniale se révélera être une monumentale erreur. Loin de contrôler la violence, elle fera naître la ruine, la révolte et l’anarchie.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIER CHAPITRE : TYPOLOGIE DE LA VIOLENCE 
I / La violence physique
1. Par les mains
a / Coups
b / Gifles
c / À l’école, on tire les oreilles
2. Par les armes
a / Armes à feu
b /Armes blanches
3. Par le feu
II / La violence morale
1. L’humiliation
2. Les menaces
3. La prise d’otage
4. L’agresseur s’en prend à un symbole
III / Les désirs de vengeance : la violence intérieure
1. La violence engendre la violence
2. Le sentiment ambigu de l’attraction/répulsion
3. Le désir de vengeance contre tout un système
DEUXIÈME CHAPITRE : AGRESSEURS ET VICTIMES 
1/ Les personnages agresseurs
1. L’ennemi du héros
a / Le personnage cruel
b / Le déséquilibré
2. Le héros méchant
a / Le besoin de justifier sa propre violence
b / Le jeu d’un enfant
c / Le méchant malgré lui
II / Le statut de la victime
1. La victime résignée
2. La victime qui tente de s’en sortir
TROISIÈME CHAPITRE : LES RESSORTS DE LA VIOLENCE
I / La violence comme élément de récit
II / Les explications psychologiques
1. La vengeance
a / Les Gnomisnakars. (Lancelot, Oliver)
b / Pas de pitié pour les poupées b. (Lenain, Thierry)
2. La jalousie
3. La pulsion
a / La pulsion de violence
b / La pulsion sexuelle
III / Les explications sociales
1. La violence dans une société évoluée : Deux ânes et un pont
2. La violence dans une société primitive : Sa majesté des Mouches
QUATRIÈME CHAPITRE : LES LEÇONS DE LA VIOLENCE
I / Les dénouements dans la littérature de jeunesse
II / Les dénouements dans le corpus de lecture présenté
CINQUIÈME CHAPITRE : POURQUOI LA VIOLENCE DANS LA LITTÉRATURE DE JEUNESSE ? 
I / La moralisation de la violence
II / Pourquoi la violence ?
1. Pour défier la censure
2. Pour expliquer l’Histoire
3. Pour se révolter contre la violence du système
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE

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