L’aliénation par la race et le langage
Dans ce chapitre il s’agira de voir comment le colonialisme va finir par dévier les attitudes et comportements existentiels du colonisé par le concept de race et la dimension du langage. Et comment à travers sa politique d’assimilation et d’assujettissement il va dépouiller l’homme noir de son authenticité culturelle. En effet, nous notons que toute idéologie de domination en tant que moyen de légitimation d’une entreprise politique d’exploitation économique et d’imposition culturelle fonctionne comme une violence épistémique, une volonté de connaissance qui souvent, sous le masque trompeur d’une objectivité scientifique ne cherche qu’à assouvir une volonté de puissance. Par ailleurs, dans cette période coloniale, nous assistons au fait que le blanc se voit supérieur et impose sa culture et son hégémonie impérialiste presque à tous les pays que l’Europe a conquis comme nouvelles terres. L’histoire du racisme connait son apogée avec la traite négrière mais va atteindre son paroxysme avec l’assujettissement colonial. Dans les relations entre les noirs et les blancs, nous constatons que le préjugé de race a presque toujours préexisté. Cela conduit nécessairement à un complexe d’infériorité plus ou moins intériorisé. A partir de là est née une hiérarchisation des groupes humains qui va permettre de justifier la colonisation européenne pour annexer de nouvelles terres. C’est ainsi que la notion de race supérieure ou inférieure a été instaurée afin de montrer que les blancs et les noirs n’ont pas la même valeur ou la même dignité humaine. L’Europe se définissait ainsi comme le centre du monde et tout était centré sur elle. Nous pouvons donc définir le colonialisme comme l’invasion violente d’un pays par un autre. Le pays qui envahit prend ensuite le pouvoir et régit l’économie et la population autochtone. Le colonialisme est la période légale de l’esclavage après son abolition, c’est-à-dire qu’au lieu de déporter et d’exploiter le noir en l’amenant en Amérique ; il va être exploité chez lui. L’exemple de la Martinique en est une parfaite illustration. Ce pays a été une colonie française à partir de l’abolition de l’esclavage de 1848 jusqu’en 1946 la France était présente en Martinique. Avant la colonisation, la présence française était justifiée par l’esclavagisme. Même s’il résidequelques différences entre ces deux formes d’assujettissement, l’une et l’autre ont le mêmefonctionnement en termes de comportement vis-à-vis du peuple colonisé. En effet, des penseurs européens ont alors développé des théories racistes et justifié les discriminations dont étaient victimes les peuples colonisés. C’est d’ailleurs ce qu’on note quand Hegel dit que Le Négre représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. Pour le comprendre, nous devons abandonner toutes nos façons de voir européens. Nous ne devons ni penser à un Dieu spirituel ni à une loi morale ; nous devons faire abstraction de tout esprit de respect et de moralité, de tout ce qui s’appelle sentiment, si nous voulons saisir sa nature. Tout cela, en effet manque à l’homme qui en est au stade de l’immédiateté : on ne peut rien trouver dans son caractère qui s’accorde à l’humain. Ici, il est question de racisme colonial et celui-ci a prévalu pendant plusieurs siècles. Nous pouvons dire qu’il est la principale cause du complexe d’infériorité de l’homme noir. Ce racisme a en effet servi de fondement aux stéréotypes et préjugés qui ont été appliqués sur les hommes de couleur et qui continuent d’exister même aujourd’hui dans certaines zones du globe. En plus de cela, en imposant sa civilisation, le colonialisme a fini par assujettir ses sujets. C’est ce qui semble expliquer dans la plupart des cas pourquoi les cultures et les traditions des indigènes étaient négligées au profit de la politique idéologique du colonialisme. Par ailleurs, après la guerre, le colonialisme avait divisé la société en classe. Ce que l’on note à partir de cette mise en œuvre et de cette justification idéologique de l’Europe à se prétendre supérieure et à imposer sa puissance est que le colonisé va se trouver confronté à ce que l’on appelle la discrimination et le complexe d’infériorité. Ce dernier peut s’expliquer en effet par un double processus selon Fanon : l’un économique et l’autre par épidermisation ou par intériorisation. C’est ce qui est en fait la cause principale de l’aliénation. Cette dernière a un statut conceptuel qui a été très discuté par les marxistes. Mise en vogue d’abord par les juristes au sens de vente, puis par les économistes notamment avec Adam Smith et la philosophie politique de Rousseau dans sa théorie Du Contrat Social. Elle va être utilisée dans la tradition philosophique allemande avec notamment Fichte puis Hegel. Chez ce dernier qui fait aussi référence à la tradition juridico-économique, elle finira par être porteuse d’une signification négative tentant de rendre compte de la situation de l’esprit qui ne reconnaît plus sa propre création qui est le monde et ne se reconnaît donc plus lui-même. Si on se réfère à Marx, on verra bien qu’il avait utilisé le concept d’aliénation dans ses écrits de jeunesse d’où son statut assez discuté et parfois contesté dans le marxisme. On note aussi que Marx avait tenté d’insérer son usage pour expliciter l’organisation capitaliste du travail au sein de laquelle, l’ouvrier n’est plus maître des résultats de son travail c’est à dire de la conception du projet fini. Fanon tout en admettant cette origine socio-économique de l’aliénation, va faire de même en essayant d’étudier et d’analyser par une approche psychiatrique les conditions de vie du colonisé pour y déceler l’impact de la domination culturelle. En effet, cette question d’aliénation fut abordée par Fanon dans son ouvrage Peau noire, masques blancs. Dans cette œuvre, il expose l’aliénation du noir à travers la langue et la race en s’appuyant sur ses observations cliniques. Pour lui, cette attitude du colonisé à vouloir blanchir sa race et sa culture est due à une absence de discernement et d’incompréhension. Pour Fanon donc, la société coloniale est raciste car elle exclut tout principe d’altérité, de reconnaissance et de respect. Cette Europe-là qui, comme le montre Fanon, « N’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.» Le résultat d’une telle politique sera conséquent. D’une part, nous assistons au fait que le blanc s’enferme dans sa blancheur, éprouve du mépris vis-à-vis du noir. D’autre part, le fait que le colonisé voulant donner un sens à sa vie, à son existence, veut ressembler au blanc ou même éprouver un sentiment d’égalité. Fanon tente de déconstruire et de mettre à nu ce mythe de race qui est aussi source d’aliénation. Fanon dit à ce sujet : « Le Noir veut être blanc. Le blanc s’acharne à réaliser une condition d’homme ».Dans une telle situation il est né une impossible communauté entre eux. Il y a que la colonie est le lieu de déroulement de deux logiques contradictoires qui, réunies ne peuvent que supprimer toute possibilité d’avènement d’un sujet libre et autonome : le refus du colon de la différence qui la sépare du colonisé et le fait de ne pas accepter les similitudes avec celui-ci. C’est ce paradoxe qui est à l’origine de l’impossible communauté entre colons et colonisés. En ce sens Mbembe note, « le potentat colonial est un potentat narcissique. En souhaitant que le colonisé lui ressemble tout en l’interdisant, le potentat fait donc de la colonie la figure de l’ « anti-communauté » ». C’est pourquoi Achille Mbembe qualifie la société coloniale de société marquée par l’ensauvagement réciproque. Fanon analyse les comportements des noirs par rapport à leurs congénères et par rapport au blanc. Il constate également que le noir a deux attitudes, une par rapport à son semblable et une autre par rapport au blanc. L’une est de se comporter comme un étranger par rapport à ses semblables ; l’autre qui exprime le sentiment d’infériorité au colon. Ce qui explique en réalité cette aliénation est que le noir ne se comprend plus ou ne comprend plus sa race. Pour Fanon donc, « la civilisation blanche, la culture européenne ont imposé au Noir une déviation existentielle. » Ainsi, adopter des attitudes européennes pour le colonisé devient donc pour lui un supplément d’âme. Le complexe d’infériorité qu’éprouve le sujet colonisé vis-à-vis de la civilisation occidentale peut s’expliquer comme nous l’avons dit précédemment par la dimension « économique et l’intériorisation ou même par épidermisation ». Par épidermisation, Fanon fait allusion à la peau noire et à la race noire. Ici, la race est ce en quoi le sujet colonisé se trouve enfermé dans un monde imaginaire. C’est également une image, un miroir énigmatique qui suscite effroi et terreur : «je rencontre deux hommes noirs. Ah ! dis-je, je suis perdu ! Je vais (veux) m’enfuir, mais c’est impossible (…), j’ai tellement peur ! ». Dans ce sens la race peut être comprise comme un principe de classification des groupes d’êtres vivants fondés sur des critères biologiques, génétiques ou plus généralement physiques. Le terme race est utilisé dans le langage courant pour désigner des groupes ethniques, géographiques ou culturels. Nous pouvons dire dès lors qu’une race est une subdivision de l’espèce car elle désigne un ensemble d’individus ayant des caractères génotypiques et phénotypiques communs qui les distinguent des autres races. Généralement, nous faisons une distinction des races à travers la couleur de la peau, par exemple nous pouvons dire que telle personne est de race noire ou de race blanche etc. Si la notion de race pose problème, c’est parce qu’elle a été utilisée pour justifier et légitimer une idéologie qu’est le racisme. Ce dernier est en fait une théorie qui prône une hiérarchie des races. C’est ce qui fait que le colonisé va perdre ses repères et de même sa personnalité ainsi que sa culture seront défigurées. D’où la critique de Fanon de la politique d’assimilation et le fait de la considérer comme source d’aliénation. En effet, il soutient l’idée selon laquelle tout pays qui pratique le colonialisme est un pays raciste et qu’il est impossible de coloniser des hommes sans pour autant les inférioriser.
La dépersonnalisation de l’homme
Avant que nous nous plongions davantage dans autre d’analyse philosophique et psychologique que Fanon fait de la violence, nous allons dans le deuxième chapitre de cette première partie nous efforcer de voir comment cette violence perpétrée finit par déshumaniser l’indigène. Donc, l’objectif est de démontrer d’abord comment Fanon qualifie le colonialisme comme régime de violence ensuite comment il considère l’assimilation comme source d’aliénation et de déshumanisation. Ce qui nous donnera l’occasion de nous intéresser à ce que Michel Renault appelle la « dépersonalisation de l’être ». Nous tenterons d’examiner les rapports de la violence et l’indigène. Nous étudierons aussi l’impact que violence exerce dans la colonie. En même temps, nous allons montrer que cette violence est une composante du colonialisme. Ainsi, dans notre analyse, nous allons voir en même temps la violence coloniale dans ses différentes formes. Au moment où l’Occident exerce son impérialisme sur les Africains, le discours colonial justifiait son entreprise par des aspects culturels et humanitaires par l’intermédiaire des missionnaires qui prétendaient apporter la religion et la civilisation aux Africains. En même temps, des penseurs Occidentaux avaient pour ambition de refuser à l’Afrique toute civilisation, toute culture, toute pensée et donc toute raison. Ceci va conduire les blancs à dépouiller les Africains de toutes valeurs humaines. C’est ainsi qu’en analysant le rapport entre colonisation et civilisation, Césaire déclare à ce titre que la colonisation n’est ni « évangélisation » ni « entreprise philanthropique », mais qu’elle serait une entreprise de chosification et d’exploitation qui repose sur l’usage de la force. Césaire nous dit dans ce sens : « Le geste décisif est, ici, de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes. » Césaire défendait l’idée selon laquelle la colonisation n’avait rien d’humain, son objectif était de déshumaniser le Noir et de le rendre faible pour mieux l’exploiter. Ce n’était pas donc une mission civilisatrice mais d’exploitation et de rabaissement. Césaire ajoute dans cette même logique: « Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.» Il en découle par-là que c’est strictement pour des raisons économiques que la colonisation cherche à se mettre en œuvre plutôt que de se mettre au service de l’humanité. Dans ce même sillage, Hegel soutient l’idée d’un européocentrisme radical qui a pour ambition de montrer que l’Europe et sa civilisation sont au-dessus de tout le reste du monde. Il attribue la raison et la pensée à l’Occident et défend l’idée selon laquelle la pensée et la civilisation n’ont pas encore émergé en Afrique et c’est donc un continent sans histoire dépourvu de civilisation. Dans son œuvre intitulée La raison dans l’histoire, Hegel nous montre mieux cette idée d’européocentrisme radical à travers le passage qui suit : « Ce qui détermine le caractère des nègres est l’absence de frein. Leur condition n’est susceptible d’aucun développement, d’aucune éducation (…). Celui qui veut connaitre les manifestations épouvantables de la nature humaine peut les trouver en Afrique. Les plus anciens renseignements que nous ayons sur cette partie du monde disent la même chose. Elle n’a donc pas, à proprement parler, une histoire. » . Pour lui donc, l’Africain est à l’état de nature correspondant à l’enfance de l’humanité, car la conscience de l’Africain est en état d’inconscience. De ce fait, l’infériorité des Noirs est due à un certain nombre de facteurs. Parmi ces facteurs Hegel donne l’environnement et la situation géographique. Comme il l’affirmait : « C’est le pays de l’or, replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui, au-delà du jour de l’histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit. S’il en est ainsi fermé, cela tient non seulement à sa nature tropicale, mais essentiellement à sa constitution géographique. ». Dans ce sens, nous comprenons qu’il veut dire que se sont des facteurs liés à l’environnement et la position géographique de l’Afrique qui ne sont pas propices à la pensée. Ainsi, donc cet environnement est fait de telle sorte que l’Africain se préoccupera de bien d’autres choses comme par exemple il privilégie le fait de manger que le fait de s’adonner à la pensée ou à la réflexion. Cela est dû aussi au fait que l’Afrique est constituée de savanes, de montagnes et de faunes sauvages. Et c’est la raison pour laquelle aucun lien ne lui permet d’échanger avec l’extérieur. Cependant toutes ces considérations particulières faites aux noirs reposaient sur des principes sans fondement.
Violence et montée en humanité
Pour venir à bout de ce programme de libération, nous allons dans cette partie essayer d’analyser la solution apportée par Fanon pour le surgissement d’un sujet africain authentiquement humain. En partant d’une prise de conscience du colonisé dans la phase de décolonisation, la violence aura un impact assez significatif dans le processus de libération. C’est pourquoi nous allons essayer d’analyser le rôle qu’elle va jouer dans la construction de la Nation. En effet, contre l’oppression coloniale, Fanon expose et dénonce dans Peau noire, masques blancs, l’aliénation du noir sur le plan de la culture et montre également l’altération de sa personnalité. L’examen du colonialisme consiste à faire prendre conscience de l’aliénation et libérer l’homme administré et dominé. Le combat pour la liberté implique la prise de conscience, car, « la civilisation blanche, la culture européenne ont imposé au Noir une déviation existentielle. » Pour Fanon, si les derniers doivent être les premiers, c’est seulement par la lutte qu’ils pourront s’affirmer. Tous les moyens qui s’offrent à eux, y compris celui de la violence, sont bons, car c’est à travers elle que « le colonisé devient « homme » et que se créent des hommes nouveaux, un nouveau langage, une nouvelle humanité.» Pour Fanon, la décolonisation est la vérification de la mise sur pied d’un homme nouveau. Et à ce titre, nous pensons qu’une réflexion sur la reconstruction du sujet africain s’avère être nécessaire. Ainsi fallait-il recourir aux valeurs authentiques ou fallait-il dans une telle situation en réinventer d’autres ? C’est ainsi que le premier chapitre de l’ouvrage, De la violence, s’ouvre sur la nécessité pour le colonisé d’opposer une contre-violence légitime qui puisse venir à bout de la violence dépersonnalisante du potentat. Car, pour Fanon, « La décolonisation est très simplement le remplacement d’une « espèce » d’hommes par une autre « espèce » d’hommes. Sans transition, il y a substitution totale, complète, absolue. Certes, on pourrait également montrer le surgissement d’une nouvelle nation, l’installation d’un État nouveau, ses relations diplomatiques, son orientation politique, économique. Mais nous avons précisément choisi de parler de cette sorte de table rase qui définit au départ toute décolonisation. » Nous retenons dans ce passage que Fanon montre cette inéluctable transformation de la société qui provient de la violence. En effet, selon lui à travers la décolonisation, la violence exercée consiste pour l’homme dominé à prendre la place du colon. Pour le colonisé, les ressources et l’autorité sont sous le diktat de la bourgeoisie coloniale qui en tire profit. Il est donc nécessaire de remettre en cause donc cette politique coloniale. Mais il faut souligner aussi que la décolonisation n’est pas seulement une lutte de conquête du pouvoir. Elle est aussi une modification et une transformation de l’être. Par ailleurs, cette remise en question aura pour conséquence de créer un désordre au sein de la scène coloniale. Donc, à partir de là, la violence va donner aux colonisés la possibilité de créer du neuf. Nous pouvons dire de ce fait que la décolonisation ne renvoie pas à une simple passation du pouvoir politique, à une souveraineté octroyée, mais à une révolution qui est à comprendre ici, comme un changement radical qui porte le drapeau de la lutte. L’enjeu de la décolonisation est donc la reconquête de l’humanité du colonisé niée par le colon et la libération totale. Et Fanon insiste beaucoup sur cet aspect fondamental de ce phénomène historique. Pour Fanon, la décolonisation comme processus de libération doit porter sur l’humanité de l’homme noir, sur l’etre. Ce processus de libération doit passer par une violence collective qui doit permettre cette transformation de l’être. Pour Fanon donc c’est avec la violence que le colonisé peut se désintoxiquer. Fanon nous dit dans ce sillage : « La décolonisation ne passe jamais inaperçue car elle porte sur l’être, elle modifie fondamentalement l’être, elle transforme des spectateurs écrasés d’inessentialité en acteurs privilégiés, saisis de façon quasi grandiose par le faisceau de l’Histoire. Elle introduit dans l’être un rythme propre, apporté par les nouveaux hommes, un nouveau langage, une nouvelle humanité. La décolonisation est véritablement création d’hommes nouveaux. Mais cette création ne reçoit sa légitimité d’aucune puissance surnaturelle : la « chose » colonisée devient homme dans le processus même par lequel elle se libère. » Ce que l’on note dans ce passage est que la décolonisation va être pour l’homme colonisé une possibilité de changer l’ordre des choses et prendre en charge son destin. Ce que l’on note dans ce passage est que la décolonisation va être pour le l’homme colonisé une possibilité de changer l’ordre des choses et prendre en charge son destin. En effet, ce processus historique qui est la décolonisation est chez Fanon un processus sans fin. Cette transformation de l’être, ce combat pour l’autonomie implique un double mouvement : une libération individuelle et psychique, et une libération qui sera fera de manière collective. C’est pourquoi la reconquête de cette humanité confisquée va pousser l’indigène à la violence. Par là ce programme de libération de Fanon suppose donc une contre-violence. Pour lui, c’est par la violence perpétrée par le colon que l’indigène s’est aliéné. C’est dans ce sens que l’on comprend bien chez lui pourquoi la montée en humanité doit passer par l’affrontement entre colon et colonisé. Fanon voit dans la violence une praxis qui est la seule voie vers le surgissement. Elle devient alors une activité matérielle et sociale de transformation à partir de la décolonisation. Dès lors, la lutte était donc inévitable dans la mesure où l’un veut maintenir la domination tandis que l’autre tente et veut se libérer de cette domination elle-même. Il apparait donc pour le colonisé que cette violence est la praxis absolue pour atteindre cet objectif. Elle va permettre de mobiliser le peuple colonisé vers une seule et même cause, celle de la libération. C’est pourquoi la violence parait nécessaire dans cette situation pour l’accès à la liberté, car, « l’apparition du colon a signifié syncrétiquement la mort de la société autochtone, léthargie culturelle, pétrification des individus. Pour le colonisé, la vie ne peut surgir que cadavre en décomposition du colon. Telle est donc cette correspondance terme à terme des deux raisonnements »
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Table des matières
Introduction Générale
Première Partie : Le colonialisme comme régime de violence : mécanismes et impacts
Chapitre I : L’aliénation par la race et le langage
Chapitre II : La dépersonnalisation de l’homme
DEUXIEME PARTIE : La contre-violence
Chapitre I : Violence et montée en humanité
Chapitre II : La violence et la construction de la Nation
TROISIEME PARTIE : FANON AUJOURD’HUI
Chapitre I : violence et mondialisation
Chapitre II : Violence et revendication identitaire
CONCLUSION
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