La ville méditerranéenne

Les villes méditerranéennes traversent une période de profondes mutations liées aux redéploiements de fonctions métropolitaines au sein de leurs territoires. L’élargissement de l’Union européenne vers le sud : la Grèce en 1981, l’Espagne et le Portugal en 1986, consacre un déplacement d’une partie des activités économiques vers les métropoles émergentes de la rive nord de la Méditerranée : Valence, Barcelone, Athènes, Thessalonique, interfaces avec le bassin méditerranéen. Les investissements de fonds structurels de l’Union européenne, permettent aux réseaux d’infrastructures de ces pays de se rapprocher des standards européens. L’insertion de ces villes dans la mondialisation modifie substantiellement les hiérarchies urbaines nationales et facilite leur intégration selon leur rang dans le réseau des métropoles européennes. L’ampleur et les enjeux stratégiques de ces transformations s’inscrivent dans un contexte de mise en concurrence des métropoles riveraines de la Méditerranée. Dans le même temps l’Union européenne encourage et initie de nombreux programmes régionaux de coopération selon les principes de subsidiarité et de transversalité. Les décideurs économiques et politiques attendent et espèrent beaucoup de ces lourds investissements en terme d’efficacité et d’attractivité des territoires. D’ambitieux projets de renouvellement urbain rénovent les espaces centraux de ces villes notamment les centres anciens. Pour les accompagner l’Union européenne initie le Programme d’Initiative Communautaire Urban . Cette thèse se veut une étude sur la reconquête de la centralité des centres anciens des métropoles méditerranéennes, dans un contexte de gouvernance. En effet, la position de ces espaces centraux les conduit à participer au premier rang à la redéfinition d’une nouvelle centralité. Il s’avère que de nombreuses similitudes existent entre les différentes métropoles, ce qui rend accessible une approche comparée de leurs évolutions récentes. Un développement urbain durable qui incarnerait les principes de transparence et d’équité, pourrait mobiliser la valeur symbolique que renferment ces espaces signifiants. La place et le rôle des habitants dans ces processus de recomposition territoriale nous conduisent à les intégrer à l’approche des modes de gouvernance des territoires. De sorte que, le principe de mise en concurrence des territoires à tous les niveaux, ne se réalise pas au détriment des habitants traditionnels.

L’espace méditerranéen lieu de passages et d’échanges, structuré en plusieurs ensembles : la Méditerranée orientale, la Méditerranée occidentale, la rive nord, la rive sud, constitue un espace ouvert en même temps sur l’Asie et le Proche-Orient, sur l’Afrique et l’Atlantique, sur l’Europe occidentale, sur l’Europe orientale, sur le Maghreb et le Machrek.

LE RENOUVELLEMENT URBAIN DURABLE 

L’espace mémoire 

Les métropoles méditerranéennes, pour répondre à une concurrence entre leurs territoires, entreprennent de se positionner pour bénéficier de la centralité au niveau de l’espace méditerranéen. Elles initient pour ce faire des opérations de renouvellement urbain, notamment pour les centres anciens, dont il s’agit de mobiliser la ressource patrimoniale pour favoriser, à travers le processus de patrimonialisation, la relocalisation de fonctions prestigieuses au centre géographique de la ville, faisant coïncider centralité et position centrale.

Nous exposerons les différentes étapes de la constitution de la ressource patrimoniale, ainsi que le corpus visible et invisible qu’elle recèle. Nous analyserons le processus de renouvellement urbain, de ses aspects théoriques à ses aspects pratiques . Nous étudierons ensuite, ce qu’est le patrimoine et la patrimonialisation du centre ancien qui repose sur un nombre limité d’objets patrimoniaux prestigieux, qui lui confèrent une identité singulière et une fonction iconique à l’échelle de la métropole . Nous détaillerons enfin, les processus de différenciation spatiale qui, dans les centres anciens en position de centralité potentielle, provoquent la gentrification de micro-territoires .

Le renouvellement urbain des centres anciens : de la doxa à la praxis

Le renouvellement urbain de la ville méditerranéenne se déroule dans un contexte de mise en concurrence des territoires. « Le concept de renouvellement urbain implique un réinvestissement sur des sites ayant un potentiel économique sous utilisé, un remodelage des quartiers avec une part de démolition-reconstruction qui complète la réhabilitation de l’habitat existant. Il implique aussi une nouvelle articulation des quartiers avec le reste de la ville. » Le concept de renouvellement urbain, peut également se voir « appelé à désigner, non pas un type particulier d’opération mais un projet politique visant, par une série d’opérations coordonnées, à revaloriser un site urbain dégradé, désaffecté ou paupérisé et y mettant en œuvre les principes de mixité sociale et de diversité urbaine.»  Il se présente comme un vaste ensemble de démarches et de projets qui se propose de redessiner la ville de demain. A l’échelle de la métropole, les enjeux reposent sur la diversification des fonctions, la promotion de projets immobiliers, le renforcement de l’attractivité économique, culturelle et touristique. Au niveau du quartier, le renouvellement urbain se réalise à travers une succession, de programmes de rénovation urbaine, procédure radicale qui modifie en profondeur la morphologie du territoire. Il s’agit d’une « démolition, en vue d’une construction nouvelle, d’un secteur urbain occupé par des logements, des activités ou de façon mixte.(…) La rénovation urbaine est une opération lourde qui nécessite une intervention massive des pouvoirs publics. » .

Marseille : le quartier du Panier 

Le quartier du Panier, qui appartient au centre ville représente le plus vieux village de la ville de Marseille. L’identité méditerranéenne qui provient de sa localisation à proximité immédiate du Vieux-Port et à portée des bassins de la Joliette, confère à ce quartier populaire une mémoire qui incarne celle de la métropole. L’état de dégradation du bâti et des espaces publics va renforcer le caractère répulsif du Panier. A cet égard, sa stigmatisation va durablement imprégner les opérations successives de renouvellement urbain qui reposent pourtant sur un changement d’image susceptible d’attirer de nouveaux habitants et de nouvelles fonctions emblématiques de marseille.

L’urbanisation de la cité phocéenne provient de l’essor de ses activités portuaires lié à la phase centrifuge du développement et de l’exploitation du second Empire colonial français. De ce fait, le Vieux-Port, berceau de la ville, n’a pas pu rapidement absorber le trafic maritime au long cours. Ainsi depuis la mise en eau des premiers bassins de la Joliette en 1853, en passant par leur extension (60 ha de plan d’eau en 1880), le port n’a cessé de s’étendre vers le nord. La ville du XIXe associe à une fonction portuaire d’envergure mondiale, un prospère secteur de négoce international, une activité de transformation de produits alimentaires et industriels diversifiée. Au cours des années 1860-1870, la modernisation de la trame viaire devient une priorité pour la ville, désormais écartelée entre son cœur antique et la récente extension de son appendice portuaire. Entre 1862 et 1866, la destruction de la ville médiévale, le long d’une percée rectiligne orientée sud-est/nord-ouest ouvre la Rue Impériale, devenue Rue de la République, pour relier le Vieux Port au nouveau port de la Joliette. Le XXe siècle amplifie la tendance : il renforce la primauté de Marseille comme porte de l’Empire ; l’emprise portuaire sur le littoral se renforce. Les réseaux maritimes transcontinentaux drainent et irriguent les ports lointains de produits et de services de plus en plus variés et nombreux. Les populations originaires des pays colonisés, entrent et sortent par Marseille : certains restent, d’autres repartent dans un va-et-vient ininterrompu, qui donne à la ville son profil cosmopolite. Les quartiers centraux, liés par leur vocation et leur population à l’activité portuaire, bénéficient de cette phase d’expansion coloniale. Le Panier remplit une fonction de lieu d’accueil des gens de mer et de sas pour les migrants qui convergent vers Marseille et se préparent à poursuivre leurs parcours. Une première césure s’opère en 1943, par la destruction de la partie sud du Panier ; celle-ci va bénéficier d’une reconstruction par l’architecte Pouillon dans les années 1950, qui laisse cependant intacts les immeubles anciens de l’intérieur du quartier. Pourtant, brutalement, au cours des années 1960, le retournement s’opère, la monofonctionnalité qui constituait l’atout de la ville organisée autour de ses bassins, se mue rapidement en faiblesse structurelle de par l’étroite imbrication entre le tissu économique et l’activité portuaire. La modernisation du Range de l’Europe du Nord et les indépendances asiatiques puis africaines, déstructurent les réseaux maritimes transcontinentaux, désarticulent le territoire urbain et le plongent dans une phase centripète de récession. La ville de Marseille et ses espaces centraux, dont le quartier du Panier ne bénéficient plus d’une centralité active. Un cycle régressif s’est progressivement constitué, qui cumule les effets indésirables de l’abandon du quartier du Panier par la Ville. La structure de l’offre locative aux loyers modiques ainsi que la demande sociale d’une population vulnérable qui y prétend, constituent progressivement aux cours des années 1960, dans le centre ancien un parc social de fait. « L’absence de réponse adaptée à cette demande très sociale de logement va plonger le centre ville dans un cycle de dévalorisation cumulatif. (…) On peut parler de processus cumulatif dans la mesure où le peuplement défavorisé de ce quartier et l’inconfort du logement vont contribuer à la dégradation de l’image et de la valeur marchande de l’immobilier( …) C’est ainsi que se constitue un parc social de fait au centre ville. » .

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE I LE RENOUVELLEMENT URBAIN DURABLE
Introduction
CHAPITRE 1 L’ESPACE MÉMOIRE
1-1 Le renouvellement urbain des centres anciens : de la doxa à la praxis
1-1-1 Marseille : le quartier du Panier
1-1-2 Thessalonique : le quartier de Ano Poli
1-1-3 Séville : le quartier du Casco Norte
1-2 Le patrimoine
1-2-1 La forme patrimoniale
1-2-2 Le réseau patrimonial
1-3 La patrimonialisation : un processus d’appropriation territoriale du patrimoine
1-3-1 Marseille : le quartier du Panier
1-3-2 Thessalonique : le quartier de Ano Poli
1-3-3 Séville : le quartier du Casco Norte
1-4 La gentrification : un processus de différenciation spatiale
1-4-1 Marseille : le quartier du Panier
1-4-2 Thessalonique : le quartier de Ano Poli.
1-4-3 Séville : le quartier du Casco Norte
Conclusion Le circuit sémiotique
CHAPITRE 2 LA VILLE DURABLE : LE SYSTÈME DES ACTEURS DE LA GOUVERNANCE
2-1 La géogouvernance pour un aménagement durable des territoires
2-2 Des stratégies concurrentes au sein du système des acteurs
2-2-1 Le système des acteurs du territoire
2-2-2 Thessalonique : des projets d’aménagement aux stratégies d’opposition
2-3 La participation des actes individuels aux actions collectives
2-3-1 La participation et la gouvernance territoriale
2-3-2 Marseille : de la participation vers la gouvernance territoriale
2-4 La démocratie participative
2-4-1 Vers une gouvernance territoriale durable
2-4-2 Séville : la participation citoyenne vers un renouvellement urbain durable
Conclusion
Conclusion générale de la partie I
PARTIE II DISCOURS ET STRATEGIES D’ACTEURS
Introduction
CHAPITRE 3 LA MÉTHODOLOGIE
3-1 La création du questionnaire
3-1-2 L’échantillonnage du questionnaire
3-1-3 L’administration du questionnaire
3-2 Les interviews
3-3 Les outils de traitement
3-3-1 Le logiciel Sphinx
3-3-2 Les scenarii photographiques
Conclusion
CHAPITRE 4 MARSEILLE : LE QUARTIER DU PANIER
4-1 Le questionnaire
4-1-1 L’analyse de l’échantillon
4-2 Des résidents satisfaits
4-3 Les interviews
Conclusion
CHAPITRE 5 THESSALONIQUE : LE QUARTIER DE ANO POLI
5-1 Le questionnaire
5-1-1 L’analyse de l’échantillon
5-2 Le traitement des résultats
5-3 Les interviews
Conclusion
CHAPITRE 6 SÉVILLE : LE QUARTIER DU CASCO NORTE
6-1 Le questionnaire
6-1-1 L’analyse de l’échantillon
6-1-2 Le traitement des résultats
6-3 Les interviews
Conclusion
Conclusion générale de la partie II
PARTIE III LA GEOGOUVERNANCE TERRITORIALE DE LA VILLE MEDITERRANEENNE
CHAPITRE 7 L’ESPACE-MEMOIRE
7-1 Les indicateurs de l’espace-mémoire
7-2 L’interprétation des indicateurs de l’espace-mémoire
7-2-1 L’espace-mémoire favorise l’émergence d’une nouvelle centralité
7-2-2 L’émergence de la ressource patrimoniale au sein de l’espace-mémoire
7-3 Le processus de constitution de l’espace-mémoire
7-3-1 Un processus territorial de reconquête de la centralité
7-3-2 Les dynamiques territoriales de la centralité initiale
7-3-3 Les dynamiques territoriales de la perte de la centralité initiale
7-3-4 Les dynamiques territoriales de la reconquête d’une nouvelle centralité
Conclusion
CHAPITRE 8 LE RENOUVELLEMENT DES FONCTIONS URBAINES
8-1 Patrimonialisation et nouvelles fonctions urbaines
8-1-1 La patrimonialisation
8-1-1-1 Les trois étapes du circuit sémiotique
8-1-1-2 Les scenarii de la relation forme/fonction
8-1-2 Les grandes périodes de la patrimonialisation
8-1-3 Les nouvelles relations forme/fonction
8-2 La patrimonialisation/gentrification
8-3 L’identité ressource latente et la place des résidents traditionnels
Conclusion
CHAPITRE 9 UNE NOUVELLE CENTRALITE
9-1 Le nouvel axe de la centralité métropolitaine des villes méditerranéennes
9-2 L’insertion de la continuité symbolique matérielle des centre anciens
9-2-1 La continuité symbolique matérielle du centre ancien : le scénario 3
9-2-2 La continuité symbolique matérielle du centre ancien : le scénario 5
9-3 L’insertion de la continuité symbolique immatérielle du centre ancien
Conclusion
CHAPITRE 10 LA GOUVERNANCE DU CENTRE ANCIEN
10-1 Les stratégies d’éviction des populations vulnérables
10-2 Les stratégies de résistance de la population traditionnelle
10-3 Les stratégies de participation des habitants
10-4 La gouvernance processus d’association à la recomposition territoriale
10-5 Les stratégies innovantes de gouvernance
Conclusion
Conclusion générale Partie III
Conclusion finale
Bibliographie

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