La vie d’un chien guide
La fonction de chien guide d’aveugle
Nous venons de l’ébaucher à l’instant, mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière la terminologie « chien guide d’aveugle » ? Qu’attend-on classiquement d’un tel chien ?
Conformément au sens communément admis, on attend principalement du chien guide qu’il indique à son maître, dans ses parcours journaliers, un chemin sans dangers, lui évitant les obstacles, et qu’il procure le confort, la sécurité et la rapidité dans les déplacements, ainsi que la détente lors du trajet.Concrètement, comment cela se matérialise-t-il ? À la fin de sa formation, le chien doit être capable de répondre aux critères suivants : – répondre avec obéissance aux ordres « couché », « pas bouger », « au pied », « assis », etc, ce qui permet de pouvoir facilement canaliser le chien pendant son travail, dans les lieux publics et les transports en commun, toutes les situations où le calme et l’attention du chien sont requis ;
protégée par un passage piéton, le chien guide doit, à la demande de la personne déficiente visuelle, marquer le passage piéton en s’asseyant juste devant, au bord du trottoir ; – la circulation devra être appréciée avant toute traversée de rue, le chien s’arrêtant au milieu de la chaussée si un véhicule se présente lors de la traversée ; – marquer l’arrêt devant toute marche, pour des raisons de sécurité s’il s’agit d’un obstacle au sol, et à la demande de son maître si celui-ci recherche un escalier (entrées d’immeubles, escalators…) – se frayer un chemin à une allure pas trop rapide à travers une foule de passants ; – aborder correctement tous les transports publics, et s’y tenir tranquille (en général assis ou couché) tout en restant vigilant à ce qui se passe autour de lui, prêt à repartir à l’annonce du bon arrêt, sur ordre de son maître ; – négocier en sécurité toutes les portes ; – localiser et emprunter les ascenseurs ; – exécuter la recherche d’une place assise sur commandement ; – emprunter des routes de campagne de manière sécuritaire ; -apprendre des destinations spécifiques, celles qui serviront quasi quotidiennement à son maître, pour se rendre à son travail par exemple. – revenir sur commande lorsqu’il est en liberté, l’aveugle ne pouvant pas localiser facilement son chien s’il n’est pas proche de lui.
La majorité de ces attentes sont illustrées sur les photos n °41 à 111, dans la troisième partie.
Plein d’autres petites choses peuvent aussi faciliter la vie quotidienne d’une personne déficiente visuelle, comme le rapport d’objets par le chien, notamment quand il s’agit de la canne blanche, du trousseau de clefs ou du harnais. Cependant, au-delà d’une simple relation de travail, le chien-guide change de manière significative les modes de perception de la personne non-voyante, et également la perception de sa propre personne par le monde extérieur. Il permet à la personne déficiente visuelle d’aller et venir sans dépendre de l’entourage, d’être active, autonome (aller au travail, avoir des activités associatives…). La vie sociale est améliorée : cinéma, théâtre, restaurant… sont plus facilement accessibles.
Le chien-guide conforte souvent son maître dans ses démarches pour s’ouvrir aux autres, entreprendre de nouvelles choses. Songeons également qu’ils vont désormais passer presque tout leur temps ensembles. Il devient le compagnon, l’ami, le confident. C’est de cette manière que le guidage s’améliore souvent avec le temps, car une complicité entre les deux parties s’installe progressivement : chacun a appris le langage spécifique de l’autre. Bien entendu, en échange de son aide, la personne déficiente visuelle apporte à son chien un foyer confortable, de l’affection et les soins nécessaires à une vie en adéquation avec ses besoins spécifiques. Suite à tout ce qui vient d’être dit, on comprend que l’éducateur de chiens guides d’aveugles est nécessairement un professionnel, c’est-à-dire qu’il doit posséder des connaissances solides et des compétences spécifiques en éducation canine, dont la finalité est de remettre un chien guide correspondant aux attentes de la personne handicapée visuelle. L’éducation d’un chien d’assistance, en général, et d’un chien guide d’aveugle en particulier, n’est que peu comparable à l’éducation prodiguée aux chiens dans d’autres domaines utilitaires. Nous allons développer un peu ces spécificités dans le paragraphe suivant.
Spécificités de l’éducation des chiens guides d’aveugles
Un schéma d’éducation particulier aux chiens d’assistance aux personnes handicapées
L’éducation de la plupart des chiens d’utilité comprend une base commune. En effet, quelle que soit leur future fonction, on recherche souvent chez tous ces chiens des qualités essentielles (équilibre comportemental, hiérarchisation adéquate, motivation….). Cependant, concernant la branche des chiens d’assistance aux personnes handicapées (qu’il s’agisse d’un handicap moteur, visuel, auditif, autre…), l’éducation prodiguée aux animaux doit tenir compte d’un schéma particulier, dans lequel l’éducateur et l’ « utilisateur » du chien sont deux personnes bien distinctes. Cette considération modifie de manière significative l’approche éducative du chien.
Le plus souvent, que ce soit pour les chiens de pistage, de recherche en avalanche ou autres, l’éducateur et la personne qui accompagne et guide le chien dans ses missions sont, soit la même personne, soit deux personnes de formation globalement équivalente, possédant un certain nombre de connaissances sur le monde des chiens, leurs modes de fonctionnement, leurs besoins. Dans le cadre particulier des chiens d’assistance aux personnes handicapées, il y a, au contraire, à la fin de la formation du chien, un passage de relais délicat entre l’éducateur canin et la personne bénéficiaire du chien. C’est pourquoi, au cours de l’éducation du chien, l’éducateur va devoir prendre en compte les deux aspects de cette passation : le changement de propriétaire et d’environnement vu par le chien, et l’acquisition d’un chien d’assistance vue par la personne bénéficiaire. Du point de vue du chien, il doit assurer son éducation en faisant attention de ne pas trop influencer sa formation par sa propre personnalité. Il doit également maintenir éveillées les capacités d’adaptation naturelles de son élève chien, de façon à ce qu’il vive ce changement d’environnement (physique et humain) de la meilleure manière possible. La personne déficiente visuelle, quant à elle, n’a pas, en règle générale, les mêmes connaissances solides sur le monde canin que l’éducateur. Certaines personnes demandeuses d’un chien-guide n’ont parfois même jamais vécu avec un chien, qu’il soit ou non formé au travail d’assistance. L’éducateur va donc devoir transmettre à cette personne, de la manière la plus claire possible, les bases théoriques et pratiques qui lui permettront ensuite de vivre et de travailler harmonieusement avec son chien-guide. Pendant une période malheureusement assez courte (le stage d’adaptation ne dure que 3 semaines en général), il doit lui transmettre un peu de sa connaissance du chien, c’est-à-dire les méthodes correctes de communication avec celui-ci (voix, geste, toucher…), les modes de fonctionnement propres aux chiens, les résultats qu’on peut obtenir et la meilleure façon de les obtenir, tout en gardant à l’esprit que chacun de ces exercices doit trouver une application pratique et soit facilement réalisable dans la vie courante. Son implication et la sincérité de son engagement dans cette entreprise délicate sont très importantes pour la future harmonie de vie et de travail du couple non voyant-chien guide.
Le chien-guide et la vie de tous les jours
Une deuxième différence notable des chiens d’assistance par rapport aux autres disciplines utilitaires, c’est que le travail du chien d’assistance prend sa place dans la vie de tous les jours. Contrairement aux chiens d’avalanche ou de recherche en décombres, qui sont appelés à travailler ponctuellement sur des missions entrecoupées de périodes de repos ou d’entraînement, le chien-guide doit être capable de travailler à tous moments de la journée, tous les jours de la semaine, quelles que soient les conditions (climat, état de fatigue…). Sa fonction d’accompagnement et d’assistance est constante. Cette intervention dans la vie courante entraîne, de manière inévitable, la mise en place de certaines habitudes chez le chien. Ces habitudes sont parfois bénéfiques. En effet, confronté tous les jours aux mêmes parcours (pour aller au travail et en revenir, par exemple), le chien intègre et mémorise plus facilement les données relatives à ces parcours spécifiques, et son travail s’en trouve en général progressivement amélioré (nous en reparlerons plus tard, dans la deuxième partie). Cette sorte de routine est également un facteur motivant pour le chien : il sait où il doit se rendre et comment s’y rendre facilement. Il sait d’avance qu’il aura certainement des félicitations en arrivant. Donc, le chien « aime » la routine, et il est important d’en informer les personnes non voyantes au moment de la remise, ce qui les aidera à mieux comprendre leur animal. Attention cependant, le caractère habituel de ces comportements, certes corrects et adaptés au travail de guidage, peut avoir comme conséquence une réduction de la vigilance et de la concentration du chien au travail. Mais d’autres habitudes peuvent se révéler très gênantes, quand il s’agit de comportements inadaptés à la fonction de guidage (marquage trop rapide des bordures de trottoir, par exemple). Par ailleurs, ce fonctionnement quotidien du chien guide est particulièrement propice à la perte progressive de certains apprentissages acquis pendant la formation à l’ECG. C’est pourquoi l’école s’efforce de maintenir de manière très régulière des journées de perfectionnement, au cours desquelles certains apprentissages un peu défaillants peuvent être renforcés, et où la personne déficiente visuelle apprend à entretenir la vigilance et la concentration de son chien au cours du travail. L’école s’efforce, par un cahier de suivi, de responsabiliser un peu plus les personnes non-voyantes vis-à-vis de ce maintien nécessaire des qualités d’adaptation, de concentration et de curiosité de leur chien. La perte des acquis de leur chien guide représente pour eux des risques non négligeables pour leur sécurité physique, et une prise de conscience raisonnable de ces risques leur fait comprendre la nécessité d’un certain nombre de stages de perfectionnement. Elle leur permet en outre de s’impliquer plus dans une sorte de formation continue. 3) Une certaine modération dans le travail
Cette notion découle directement de la précédente. Pour les chiens de recherche par exemple (en avalanche, en situations de décombres…), on demande au chien une grande rapidité et une efficacité maximale dans le travail. Cela peut s’accompagner d’une certaine frénésie dans l’exécution du travail. Une fois celui-ci accompli, l’obtention d’une récompense (jouet, caresses, nourriture) met fin à la séquence d’activité et marque en général le retour au calme. Le chien-guide ne peut pas se permettre ce genre de frénésie. La personne déficiente visuelle est reliée directement à lui par le biais du harnais, et il doit dans son travail de guidage, avant tout veiller à sa sécurité. Il doit aborder les situations réelles avec calme et modération, tout en faisant preuve d’efficacité. Ainsi, on ne pourra pas utiliser les mêmes méthodes éducatives dans les deux cas de figure. Il faudra notamment éviter d’utiliser de la nourriture ou des jouets comme renforcements, car ce sont des éléments très (trop) motivants pour le chien. Il conviendra de préférer des renforcements secondaires (félicitations vocales, caresses..)
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Table des matières
I. Présentation des chiens guides d’aveugles
A. Les chiens guides d’aveugles en France – Situation actuelle
B. La vie d’un chien guide – son organisation
1) L’élevage
2) La famille d’accueil
3) L’éducation
4) La remise
5) Le suivi
C. La fonction de chien guide d’aveugle
D. Spécificités de l’éducation des chiens guides d’aveugles
1) Un schéma d’éducation particulier aux chiens d’assistance aux personnes handicapées
2) Le chien guide et la vie de tous les jours
3) Une certaine modération dans le travail
II. Possibilités et limites des chiens guides d’aveugles
A. Possibilités et limites liées au chien
1) D’un point de vue physique et comportemental
2) D’un point de vue sensoriel
a) La vision
D’un point de vue anatomique et physiologique
D’un point de vue perceptif
Application aux chiens guides d’aveugles
b) L’olfaction
D’un point de vue anatomique et physiologique
D’un point de vue perceptif
c) Le toucher
d) L’audition
2) D’un point de vue intellectuel
a) L’intelligence animale au fil des siècles
b) L’intelligence animale selon les sciences cognitives
Représentation spatiale et carte cognitive
Catégorisation et abstraction
3) L’organisation fonctionnelle cérébrale
a) Anatomie et physiologie du cerveau chez le chien
b) Organisation fonctionnelle
D’un poi f
a) Connaissance, sens et respect du chien
b) Déroulement positif de l’éducation – Importance de l’affectif
c) Progression et répétition dans l’éducation
d) Loi du naturel
2) Applications de ces principes à L’ECGA de Paris et la Région Parisienne
a) Commandements d’obéissance
Le rappel
Commandements de position
Commandements directionnels
La marche au pied
b) Commandements de recherche
c) Commandements concernant l’exécution du travail
d) Le travail des obstacles : 3 étapes
Sensibilisation
Apprentissage renforcé
Responsabilisation
e) Quelques apprentissages particuliers : le travail du vide et de l’eau
3) Validation du processus éducatif
C. La remise : aboutissement de l’éducation des chiens guides d’aveugles
1) Le stage de remise : début d’une complicité maître-chien
2) Après la remise, le suivi
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