La variabilité de la diversité floristique suivant les formations végétales

Historique de la Forêt Classée et Ranch de Gibier de Nazinga

   La réserve de Nazinga a été créée en 1953 comme Forêt Classée de Nazinga par l’arrêté N° 8327/SE du 04/12/1953 d’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature/ Programme Afrique Centrale et Occidentale (UICN/PACO, 2009) et c’est à partir de 1975 que l’idée de gestion assistée est née. En 1979 le gouvernement de la Haute Volta actuelle Burkina Faso et l’Association de Développement de l’Elevage de la Faune Africaine (ADEFA) initient un projet dénommé « projet pilote pour l’utilisation rationnelle de la faune à Nazinga » (FAO, 2001). En 1988, les gestionnaires de l’époque entreprirent l’exploitation à travers les activités de chassesafari, de tourisme et de récolte de gibier (cropping). En 2000, elle prend le statut de Forêt Classée et Ranch de Gibier (FC/RGN) suivant le Décret N°2000/093/PRES/PM/MEE du 17 mars 2000 (UICN/PACO, 2009). La FC/RGN a été créée à partir de la forêt classée de Nazinga (38200 ha) et de portions de terroirs des villages riverains. Le nom « Nazinga » qui signifie « bonne eau » en Kassena est emprunté à l’un des affluents de la rivière Sissili qui coule dans la partie Est de la FC/RGN (Yaméogo, 2005). En somme, cette entité a connu dans son évolution, quatre (04) phases successives qui sont :

– 1953 à 1979 : l’entité est gérée en tant que forêt classée par l’Etat à travers les services techniques ;
– de 1979 à 1989 : gestion assistée de l’Etat burkinabè, de l’ADEFA, de l’Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI) et de la FAO. Les activités à cette période ont consisté essentiellement à la collecte des données sur la faune et son habitat, la surveillance, les aménagements physiques, la sensibilisation et la formation des populations riveraines ;
– de 1989 à 1996 : l’entité est entrée dans une phase de gestion autonome avec une implication du secteur privé ;
– depuis 2009, la FC/RGN est sous la tutelle de l’Office National des Aires Protégées (OFINAP) qui est un Etablissement Public de l’Etat (EPE). Les objectifs de la FC/RGN sont, entre autres, la production durable de ressources en faune sauvage et l’organisation de toutes les formes d’utilisations durables de la faune ; la contribution au maintien des équilibres écologiques, à l’optimisation et au bien-être des populations riveraines ; la promotion de la recherche appliquée. Treize (13) Zones Villageoises d’Intérêt Cynégétique (ZOVIC) ont été définies autour du Ranch pour une superficie de 54 300 ha. Elles sont exploitées sous la surveillance des services techniques suivant un protocole établi entre les populations et un opérateur privé.

La notion de formation végétale

   Dans le cadre d’études phytosociologiques et selon l’Ecole Sigmatiste, avant de développer les méthodes d’analyses de la végétation, il convient de bien cerner la notion de formation végétale. Ainsi, August Grisebach (1814-1879) définit la « formation végétale » comme un type de végétation caractérisée par son aspect, sa physionomie et sa structure. Il énonce alors trois concepts-clés : (1) les végétaux doivent être classés en fonction de leurs formes adaptatives plus que pour leur relation phylogénétique, (2) les végétaux doivent être considérés comme des parties d’une société végétale, (3) le climat est le facteur déterminant pour la constitution des communautés végétales d’après le Conservatoire Botanique National de Franche-Comté (CBNFC, 2009). Pour Salvador Rivas-Martinez (1996) cité par CBNFC (2009), la formation végétale est l’ensemble des communautés végétales propre à un grand territoire, délimité par la physionomie résultant de l’organisation spatiale conférée par les formes biologiques des plantes dominantes. En somme nous pouvons retenir qu’une formation végétale est un groupement végétal de physionomie relativement homogène due à la dominance d’un ou plusieurs types biologiques (exemple : savane, steppe,…).

La notion de services écosystémiques

   Le terme « services des écosystèmes » en anglais “ecosystem services” a été introduit pour la première fois par Ehrlich et Ehrlich en 1981 (Hermann et al., 2011). Cependant le concept « services écosystémiques », qui renvoie à une prise de conscience de la surexploitation des ressources naturelles au début des années 1970 (Méral, 2012), connait son origine dans les années 1960 à 1970, dans l’objectif d’adopter une vision globale des problèmes de l’environnement (Hermann et al., 2011 ; Méral, 2012). Un écosystème se définit donc comme un ensemble complexe d’éléments abiotiques et biotiques qui interagissent. C’est une communauté complexe et dynamique de plantes, d’animaux, de microorganismes et d’éléments abiotiques (MEA, 2005 ; Kumar et Kumar, 2007).

D’une façon générale, les écosystèmes sont le cadre de toute vie et de toute activité humaine. Les biens et services qu’ils nous fournissent sont indispensables à la durabilité de notre bien-être ainsi qu’au développement économique et social. Les nombreux services dits « services écologiques » ou « services écosystémiques » sont étroitement liés aux valeurs et comportements humains. Leur perception peut donc être très différente d’un individu à un autre ou d’une communauté à une autre. Il existe une panoplie de classifications des biens et services écologiques (UK NEA 2011; Limoges, 2009; Wallace, 2007). Le classement du MEA (Millennium Ecosystem Assessment) semble toutefois celui qui a été le plus souvent adopté autant par des scientifiques indépendants (Brahic et Terreaux, 2009) que par des entités gouvernementales. Les services écosystémiques peuvent ainsi se classer en quatre catégories qui sont :

– Les « services d’approvisionnement » qui ont comme fonction générale de procurer un ravitaillement de biens et produits directement obtenus de l’écosystème et pour le bénéfice des humains (aliments, matériaux et fibres, eau douce, bioénergies), ces biens sont autoconsommés, troqués ou mis sur le marché ;
– Les « services de régulation » qui ont comme fonction générale de réguler l’environnement de par les cycles de régulation ou par des agents régulateurs, ils ont la capacité à moduler dans un sens favorable à l’homme des phénomènes comme le climat, l’occurrence et l’ampleur des maladies ou différents aspects du cycle de l’eau (crues, étiages, qualité physico-chimique) ;
– Les « services culturels » qui ont comme fonction générale d’offrir des bénéfices non matériels qui assouvissent l’âme humaine, à cette catégorie de services se rattachent notamment les valeurs spirituelles et religieuses, l’inspiration et l’appréciation esthétique d’un paysage ou encore le patrimoine culturel ;
– Les « services de support », cette catégotie est particulière et se distingue des autres puisqu’elle englobe les services dont résultent les services des autres catégories, elle est donc la base du fonctionnement de tous les biens et services écologiques non directement utilisés par l’homme mais qui conditionnent le bon fonctionnement des écosystèmes : par exemple la formation des sols .

La diversité floristique des forêts galeries

    Les 155 espèces recensées dans l’ensemble des relevés des forêts galeries se répartissent entre 118 genres et 33 familles (tableau 2). Les familles les mieux représentées sont les Poaceae (21,29%), les Fabaceae (16,77%), les Malvaceae (9,03%), les Rubiaceae (8,39%) et les Combretaceae (7,10%). La proportion des 28 autres familles est de 37,42% (annexe 6). Cette flore a une Richesse Spécifique Moyenne par relevé (RSM) de 33,9 ± 9,91 ; ses indices de diversités moyennes sont de 2,53 ± 0,38 pour Shannon et 0,72 ± 0,08 pour l’équitabilité de Piélou.

La variabilité de la diversité floristique suivant les formations végétales

   La comparaison de la diversité floristique entre les cinq formations végétales montre une plus forte richesse spécifique dans les savanes arbustives et dans les forêts galeries. On observe la plus faible richesse spécifique moyenne (RSM) au niveau des savanes boisées et les plus élevées sont enregistrées au niveau des forêts galeries et des champs . L’analyse des résultats du test t de Student montre une influence significative de la formation végétale sur la diversité floristique. Les richesses spécifiques moyennes des forêts galeries et des champs sont significativement plus élevés que celles des formations savanicoles (arborées, arbustives et boisées). Il n’existe pas de différence significative entre la diversité floristique des forêts galeries et des champs, et entre les savanes boisées et les savanes arbustives. L’indice d’équitabilité de Piélou présente une différence significative entre les forêts galeries et les formations savanicoles. Les valeurs de cet indice indiquent une répartition assez régulière des espèces au sein de chaque formation végétale. Par ailleurs, aucune différence n’est observée entre les cinq formations végétales au niveau des valeurs de l’indice de diversité de Shannon. La comparaison de la composition floristique n’indique aucune similarité complète entre les formations végétales. Néanmoins, les formations de forêt galerie ; de savanes boisée, arborée et arbustive d’une part et celles des champs d’autre part ont des taux proches du degré de similarité (90%).

Les catégories de services offerts aux populations

   Les populations riveraines de la FC/RGN ont cité des espèces utilisées dans 15 types de services offerts par les formations végétales sud-soudaniennes. Ces services se répartissent dans les quatre (4) grandes catégories de services écosystémiques. La catégorie de services la plus diversifiée est celle des services d’approvisionnement (6 types de services). Cette catégorie est suivie par celles de services de régulation et culturels avec respectivement quatre et trois types de services chacune. La catégorie de services de support est la moins diversifiée avec seulement deux types de services.

Aménagement et gestion des formations végétales

   Pour que les populations locales s’impliquent efficacement dans un programme d’aménagement et de gestion des formations végétales, il faudrait qu’elles aient une motivation qui les pousserait à y participer. En interrogeant les personnes interviewées sur ce point, nous avons noté la pérennité des formations végétales (30%), le développement du village (30%) et la diversification des sources de revenus (30%) comme étant leurs principales motivations . Concernant leurs attentes des différents projets et programmes, les populations locales sont presqu’un animes sur la construction des centres de santé et d’écoles (30%) ainsi que la création de retenues d’eau (30%) .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES
I. Milieu d’étude
1.1. Historique de la Forêt Classée et Ranch de Gibier de Nazinga
1.2. Localisation géographique
1.3. Milieu physique
1.3.1. Le climat
1.3.2. L’hydrographie
1.3.3. La géomorphologie et les sols
1.4. Milieu biologique
1.4.1. La végétation
1.4.2. La faune
1.4.3. La population et les activités socio-économiques
II. Définitions de quelques concepts
2.1. La notion de formation végétale
2.2. La notion de services écosystémiques
2.3. La notion d’ethnobotanique
CHAPITRE II: MATERIEL ET METHODES
I. Matériel
1.1. Matériel biologique
1.2. Matériel technique
II. Méthodes
2.1. Détermination de la diversité floristique du ranch de gibier de Nazinga
2.1.1. L’échantillonnage et la collecte des données de la végétation
2.1.2. Le traitement et l’analyse des données floristiques
2.2. Evaluation des services écosystémiques des formations végétales
2.2.1. L’échantillonnage et la collecte des données : enquêtes ethnobotaniques
2.2.2. L’analyse des données ethnobotaniques
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
I. Résultats
1.1. Diversité floristique
1.1.1. Les types biologiques et les types phytogéographiques
1.1.1.1. Les types biologiques
1.1.1.2. Les types phytogéographiques
1.1.2. Les caractéristiques floristiques par type de végétation
1.1.2.1. La diversité floristique des agrosystèmes (champs)
1.1.2.2. La diversité floristique des forêts galeries
1.1.2.3. La diversité floristique des savanes arborées
1.1.2.4. La diversité floristique des savanes arbustives
1.1.2.5. La diversité floristique des savanes boisées
1.1.3. Les caractéristiques floristiques des formations végétales en fonction du mode d’utilisation des terres
1.1.4. La variabilité de la diversité floristique suivant les formations végétales
1.2. Services écosystémiques
1.2.1. Les caractéristiques socio-professionnelles des enquêtés
1.2.2. La diversité des taxons cités
1.2.3. La comparaison des taxons sollicités dans les usages et ceux inventoriés dans les formations végétales
1.2.4. Les valeurs d’utilisation des espèces
1.2.5. Les catégories de services offerts aux populations
1.2.6. L’importance des services
1.3. Perception locale des causes de dégradation de la phytodiversité
1.4. Propositions de stratégies de conservation
II. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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