La valorisation économique des ressources naturelles par la gestion communautaire 

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La gestion communautaire et la valorisation économique des ressources naturelles

La gestion communautaire des ressources naturelles est née du constat de Hardin dans la « Tragédie des communaux » en 1968. Elle se traduit par la décentralisation de la gestion des ressources naturelles et par la participation active des collectivités territoriales dans cette gestion. Dans le cas de Madagascar, le TGRN vise la conservation et la valorisation économique des ressources naturelles dans une optique de développement durable. La valorisation économique des ressources naturelles pourrait constituer, en effet, une opportunité de développement local par l’existence des différentes filières.

Fondements théoriques

Depuis toujours, l’homme puisait dans les ressources naturelles ses besoins et il dépendait entièrement de l’environnement où il vit. Ces ressources naturelles ont donc fait l’objet de différents usages et d’exploitation. Les économistes ne pensaient alors qu’à contribuer à l’accélération de la croissance à travers la « mise en valeur » (WEBER J., 19953) des espaces et des ressources inexploitées. La nature n’avait donc pas de « coût », elle était à dominer, à maîtriser et à valoriser. Liés au libre accès, ces usages et exploitations ont provoqué la dégradation progressive de l’environnement.
A partir des années 1970, les économistes découvrent les ressources renouvelables et l’environnement, l’exploitation abusive, la pollution, le changement climatique, etc…c’est alors qu’émerge le concept d’écodéveloppement défini comme étant un « développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des populations entières, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l’homme et la nature » (SACHS I., 19934).
Pour aller en profondeur de notre étude, il nous importe de classifier ce que l’on appelle « ressources naturelles » selon différents critères.

Définitions et classification des ressources naturelles

Biens publics :

Les biens sont classés selon leurs caractéristiques qui sont définies par rapport à quelques critères de base (RAKOTONDRANAIVO T., RAKOTONDRANDRIA M., RAKOTONDRASOA T., RAKOTONIAINA D., RAKOTONIRINA H., 20095).
¾ La rivalité : elle désigne le fait que la consommation d’une unité d’un bien par un agent économique peut réduire ou supprimer la quantité disponible de ce bien qu’un autre agent peut en consommer donc peut diminuer sa satisfaction.
¾ L’exclusion : elle désigne le fait qu’un agent économique peut être exclu pour la consommation d’un bien.
Le critère basé sur la rivalité est lié à l’abondance du bien ou de sa rareté tandis que celui basé sur l’exclusion est lié au pouvoir d’achat, aux réglementations.
Selon ces caractéristiques, nous pouvons distinguer 4 types de bien:
¾ Les biens publics purs qui sont caractérisés par la non-rivalité et la non-exclusion de la consommation, peuvent être consommés par un grand nombre de consommateur sans coût de production supplémentaire pour les autres consommateurs.
¾ Les biens privés caractérisés par la rivalité et l’exclusion de consommation, ils s’agissent des biens marchands c’est-à-dire destinés à être vendus sur le marché à des prix économiquement significatifs mais en quantité limitée.
¾ Les biens de club appelés également biens collectifs mixtes du fait de la non-rivalité et l’exclusion de leur consommation. La consommation d’un agent n’affecte en rien la consommation des autres mais elle est seulement conditionnée par le pouvoir d’achat.
¾ Les biens communs caractérisés par la rivalité et la non-exclusion de consommation, ils sont des biens non exclusifs en ce sens qu’il est difficile de d’empêcher leur consommation par une certaine catégorie d’agent mais la consommation d’une unité de ces biens peut diminuer ou supprimer la consommation des autres en ces biens.

Biens communs:

Les ressources naturelles sont considérées comme des biens communs du fait qu’elles répondent aux caractères permettant de les classer comme telles. Il y a une rivalité et une non-exclusion dans leur consommation6.
D’abord, elles appartiennent à tous et à personne : chacun peut le consommer, l’utiliser à sa manière, personne n’est donc exclus. En général, la non-exclusion de leur consommation est due par l’absence de règlementations, de restriction pour leur consommation, leur utilisation est en « accès libre ».
Mais elles sont en quantité limitée, dès qu’un individu en consomme cela affectera la quantité disponible pour les autres individus, par exemple les forêts, les poissons. Cependant, il peut ne pas y avoir de rivalité tant que les consommateurs sont faibles, mais dès qu’il y a beaucoup de consommateurs, la consommation devient rivale, par exemple, pour une rivière il n’y a pas de rivalité de consommation tant que le nombre d’utilisateurs est faible.
Par ailleurs, parler de ressources naturelles ne veut pas forcément parler de ressources naturelles renouvelables.
Nous devons porter une distinction entre « ressource naturelle » et « ressource renouvelable ». Une ressource dite « renouvelable » est bien sûr naturelle mais l’inverse n’est pas toujours vrai sauf à une échelle pluriséculaire. La vision économique considère les ressources naturelles en termes de stocks à exploiter rationnellement. Cependant, la ressource renouvelable est considérée comme un cas particulier du problème précédent, le calcul du taux optimal d’extraction est rendu plus difficile à cause du phénomène de renouvellement.
En fait, les ressources renouvelables sont difficilement analysables en termes de stocks parce qu’elles sont d’origine anthropique.
La fertilité fournit, par exemple, une illustration pour la distinction entre les deux types de ressource. Nous parlons de « stock de fertilité » et d’utilisation « minière » de la fertilité. La notion de stock ne vaut ici que de façon instantanée, dans la mesure que ce stock peut varier d’un moment à un autre la même journée, comme à la même heure du même jour de deux années différentes, même en l’absence d’hommes. Quant à la notion d’utilisation « minière », elle est une métaphore dangereuse laissant supposer qu’indépendamment des hommes, le « stock de fertilité » resterait stable ou croissant (WEBER J., 19957).
Ainsi, si les ressources renouvelables sont bien des ressources naturelles mais toutes les ressources naturelles ne sont pas des ressources renouvelables : « ce qu’il est convenu d’appeler économie des ressources naturelles ne rend pas compte de l’économie des ressources renouvelables » (WEBER J., 1995. Op.cit 8).
Ces différentes précisions nous amènent à parler du problème soulevé par Hardin en 1968 selon lequel une ressource en libre accès est vouée inévitablement à l’épuisement.

La théorie de Garret Hardin

Garret Hardin (1968) dans « The tragedy of the commons » pose le postulat que toute ressource commune, gratuite et à la disposition de l’ensemble de l’humanité est vouée à disparaître.
Selon ce théoricien, si plusieurs usagers s’approprient une ressource commune sans possibilité d’exclusion et si les coûts de sa dégradation sont supportés par tous tandis que les bénéfices réalisés sont individualisés, chaque usager a intérêt à l’exploiter en premier avant que les autres ne le fassent ; la ressource en question serait alors vouée inexorablement à l’épuisement. Il propose comme modèle un village d’éleveurs où chacun peut faire paître ses animaux dans un pré n’appartenant à personne en particulier. L’usage du pré étant gratuit et sans contrainte, et l’éleveur tirant son revenu de son bétail, l’intérêt de chaque éleveur est donc de conduire ses animaux au pré le plus souvent possible, le plus tôt possible et le plus longtemps possible. Inévitablement, le pré se transforme en champ de boue. A la fin de la partie, tout le monde a perdu.
Sur ce constat, Hardin propose deux solutions :
La première est une approche « communiste », ou autoritaire. Le pré reste le bien commun du village, mais une autorité disposant d’un pouvoir de sanction, est chargée de gérer la ressource (le pré) et d’en répartir l’utilisation entre chaque éleveur.
La seconde est l’approche « capitaliste ». Chaque éleveur bénéficiera ‘un droit de propriété sur une parcelle du pré, et donc se chargera d’en gérer la ressource.
La course à l’exploitation, résultant du système de libre accès ne pourrait donc être résolue que par la mise en place d’un droit de propriété public (approche communiste) ou privé (approche capitaliste).
Mais les théoriciens communaux ont révisé cette représentation. Ils portent des distinctions sur ce qu’on appelle ressources « communes » caractérisées par la non exclusion et la rivalité et celles en « libre accès » d’une part ; mais aussi sur les ressources communes « régulées » et « non régulées » d’autre part (ANDRIANANJA H. et RAHARINIRINA V., 20049).

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Table des matières

INTRODUCTION 
PARTIE I : GESTION COMMUNAUTAIRE ET VALORISATION ECONOMIQUE DES RESSOURCES NATURELLES 
Chapitre I : La gestion communautaire et la valorisation économique des ressources naturelles 
Section I : Fondements théoriques
1.1 Définitions
1.2 La théorie de Garret Hardin
1.3 Les pensées des autres théoriciens
Section II : Transfert de gestion des ressources naturelles à Madagascar
2.1 De la gestion publique centralisée vers une gestion communautaire dans le cadre un processus de décentralisation
2.2 Les conventions ratifiées par Madagascar
2.3 Les acteurs et les modes de gouvernance
2.4 Cadre légal régissant le TGRN
2.5 Les enjeux du transfert de gestion sur les acteurs directs
Chapitre II : La valorisation économique des ressources naturelles par la gestion communautaire 
Section III : Valorisation économique des ressources naturelles
3.1 Concepts de valorisation économique
3.2 La naissance des filières
3.3 Les différents modes de valorisation
3.4 Les risques liés à la valorisation économique des ressources naturelles
Section IV : Impacts de la gestion communautaire sur la protection des ressources naturelles
4.1 Les impacts de la GCRN sur les comportements de la population
4.2 Les impacts de la GCRN sur l’environnement
4.3 Les limites de la GCRN
PARTIE II : VALORISATION DES RESSOURCES NATURELLES ET DEVELOPPEMENT DURABLE 
Chapitre III : Enjeux de la valorisation économique des ressources naturelles sur le développement durable 
Section V : Les Politiques Nationales Environnementales
5.1 La politique de l’Etat
5.2 La politique du ministère
5.3 La régulation des externalités
Section VI : Les enjeux de la valorisation économique sur le développement durable
6.1 Les concepts de développement
6.2 Valorisation économique et développement durable
Chapitre IV : Illustrations par des études de cas et analyses 
Section VII : Cas de la Station forestière de Manjakatompo
7.1 Situation géographique
7.2 Population et activités principales
7.3 Objectifs de gestion et vocations
7.4 La gestion forestière de Manjakatompo
Section VIII : L’écotourisme à Madagascar
8.1 Qu’est ce que l’écotourisme ?
8.2 Contexte touristique de Madagascar
8.3 L’écotourisme dans la politique environnementale malgache
8.4 Ecotourisme et développement local : le cercle vertueux de Wunder
Section IX: Analyse sur la base des enseignements théoriques
9.1Cas de la Station Forestière de Manjakatompo
9.2 Cas de l’écotourisme à Madagascar
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
SITOGRAPHIE
Annexe 1 : les objectifs globaux et spécifiques du PAE
Annexe 2 : classification des parcs et réserves naturelles de Madagascar
Annexe 3 : le modèle vertueux de l’écotourisme inspiré de Wunder

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