La valorisation de l’écosystème de mangrove fait l’objet de réflexion de nombreux chercheurs issus de divers horizons, plus particulièrement les organismes environnementaux et les géographes. Les mangroves constituent un enjeu majeur de développement et de survie dans les milieux où elles se trouvent.
Toutefois, elles sont considérées comme des milieux hostiles et inutiles, souvent dégradés et détruits par l’homme. Or elles ont des intérêts économique et écologique considérables. En ce sens, de par leur grande production de bois et l’abondance des ressources halieutiques qui y vivent, les mangroves jouent également un rôle important dans les chaînes trophiques côtières et dans la protection des côtes, contre l’érosion marine. En effet, Madagascar en tant que île est concerné par cette situation notamment dans sa partie Nordouest où on trouve une forte concentration des mangroves. Cependant, plusieurs discoursalarmistes l’état de la dégradation de ces écosystèmes de mangroves sur cette zone sont devenus fréquents. Ces discours concernent surtout le secteur d’Ambaro et singulièrement Ambodibonara où la situation est inquiétante.
Ambodibonara est une Commune Rurale qui se trouve à 28 Km à l’Ouest du chef lieu du District d’Ambilobe. Bordée par des Communes limitrophes, elle est limitée au Nord par la Commune Rurale d’Antsohimbondrona, à l’Est par la Commune Rurale d’Ampondralava, au Sud par la Commune Rurale d’Anjiabe-Haut et à l’Ouest par le canal de Mozambique. Elle s’étend sur une superficie de 128 km2 et se localise entre 13°07’48’’ et 13°11’42’’ latitude Sud et 48°48’54’’ et 48°52’49’’ longitude Est (croquis 1). Elle dispose huit Fokontany Betainkilotra, Ampano, Betamboho, Ampasivelona, Ambodibonara, Andakorobe, Tanambao.
CADRE THEORIQUE
Problématique
Les mangroves constituent des lieux de potentialités naturelles et économiques significatives. Elles se révèlent être des stabilisateurs naturelles efficaces des zones côtières fragiles. En effet, elles forment une résilience écologique face aux marées. Elles jouent également un rôle crucial en tant qu’écosystème productif, constituant ainsi un soutien d’activités de subsistance. Par conséquent, les mangroves s’avère être révélatrices d’enjeux de développement par le fort accroissement des activités anthropiques : halieutiques, utilisations des essences forestières, le tourisme… etc. Cette situation a incité beaucoup de personnes à s’intéresser aux mangroves et c’est le cas de la population de la CRA.
Aujourd’hui, les mangroves d’Ambodibonara sont menacées par deux facteurs, d’un côté, les activités humaines et de l’autre, la variation climatique. Ces deux facteurs provoquent des pertes considérables en matière de surface occupée par ces mangroves. La gravité des menaces pesant sur ces mangroves d’Ambodibonara, montre que cet écosystème est en phase critique de son existence. Le rythme de destruction est plus élevé que la forêt continentale dans le District d’Ambilobe. En conséquence de cela, cette forte dégradation a de lourdes conséquences sur la population autochtone. Ainsi, la protection de ces mangroves et leur gestion s’avèrent indispensables pour la vie économique de la population locale.
LES MANGROVES D’AMBODIBONARA, UN ECOSYSTEME RICHE POURTANT MENACE
Les écosystèmes de mangroves représentent une source vitale pour la population de la CRA grâce à ses ressources floristiques et halieutiques. Cependant, ils subissent des pressions constantes liées aux activités humaines. Ces mangroves sont confrontées également aux risques climatiques globaux. Mais cela, n’empêche pas les mangroves d’assurer leurs rôles de protection des côtes de cette commune.
Les mangroves, une ressource vitale pour la population locale
Les mangroves sont d’une très grande utilité, elles sont des formations forestières à usages multiples : par ses bois, les mangroves d’Ambodibonara sont exploitées pour la construction et la fabrication de charbon; par ses feuilles, elles sont utilisées comme remède en médecine traditionnelle. Toutefois, ces utilisations se diffèrent selon les espèces.
Les mangroves sont importantes pour les ressources halieutiques côtières de par l’abondance des espèces qui vivent à l’intérieur. Ce qui fait que, l’activité de pêche est très pratiquée sur le milieu de mangrove du territoire d’Ambodibonara. Le genre de pêche qu’on rencontre dans la zone est de type artisanal et traditionnel, les espèces pêchées sont : crabes, crevettes, langoustes, « tsivakiny », concombre de mer, différents poissons.
Un écosystème sous une pression anthropique permanente
Les écosystèmes de mangroves sont parmi les écosystèmes biologiques les plus productifs sur terre. La CRA possède une vaste superficie qui s’étend sur deux Fokontany(FKT) Ambodibonara et Ampasivelona.
Les mangroves denses : elles sont constituées essentiellement d’un mélange d’espèce de Sonneratia alba, Avicennia marina, Rhizophora mucronata et Cériops tagal à dominance de ces deux dernières espèces. Elles se rencontrent sur les rives externes des chenaux, sur des substrats vaseux ou bien face à la mer et elles sont inondées périodiquement. La hauteur des espèces varie de 10 à 15 m.
Les mangroves dégradées : les espèces Cériops tagal, Rhizophora mucronata et Avicennia marina y sont très abondantes. Elles se trouvent sur les rives externes des chenaux, près des villages et sur des substrats relativement sableux. Les espèces constitutives ont une hauteur allant de 8 à 13 m.
Les mangroves claires : Elles sont seulement composées par l’une des deux espèces : Sonneratia alba face à la mer ou Avicennia marina à l’intérieur des terres et face à la mer sur des substrats relativement sableux, la hauteur des espèces varie de 6 à 13 m.
Les mangroves rabougries : Elles sont généralement constituées d’Avicennia marina, Cériops tagal, qui se trouvent dans les zones internes fortement salées et rarement inondées. La hauteur de cette catégorie dépasse rarement 3,5 m.
Les mangroves recrues : Elles sont formées principalement par des jeunes plants de Avicennia marina ou Sonneratia alba et quelquefois de Rhizophora mucronata ayant une taille maximale de 3 m.
Remarquablement, l’exploitation illicite et irrationnelle de bois de palétuvier au niveau des espaces d’Ampasivelona a entrainé une diminution de mangroves et une augmentation des Fasira ou tanne. De même que, depuis 1990 une tendance régressive des mangroves dans le secteur d’Ampasivelona a été notée également. Les mangroves denses de 12 m de hauteur, Rhizophora mucronata et Cériops tagal, occupaient les zones qui sont devenues des mangroves rabougries de 2,5 m de hauteur à Cériops tagal et Avicennia marina actuellement.
Par conséquent, la forte pression anthropique exercée sur le littoral à mangrove, conduit à la fragilité de l’équilibre naturelle de l’écosystème de mangrove dans la Commune d’Ambodibonara, face aux conséquences du changement climatique mondial.
La vulnérabilité des mangroves face au Changement Climatique
Hormis, la pression anthropique qui s’exerce sur les zones de mangroves, un autre facteur important affecte les mangroves, celui d’ordre naturel qui se traduit par le Changement Climatique (CC). Le CC n’est rien d’autre que l’impact des pressions anthropiques sur la nature accumulé durant des siècles. Un effet boomerang que l’homme n’a pas accordé d’importance auparavant, mais devenu une menace sérieux actuellement, sur l’environnement en général et sur l’espace de mangrove en particulier. Comme les mangroves sont, en grande partie, restreintes entre la latitude 30°Nord et 30°Sud, les facteurs responsables de la distribution des mangroves sont climatiques : température, pluviométrie, taux de salinité, périodicité de l’inondation…etc. A cela, s’ajoutent aussi la topographie, la géomorphologie côtière, la biologie et la physiologie des espèces de mangroves. Etant des écosystèmes particuliers et à distribution géographique très limitée, les forêts de mangroves sont potentiellement vulnérables aux CC (GIEC, 2002) .
L’association des différents facteurs climatiques : l’humidité relative, la température, la hausse de la température de la mer en surface, l’élévation du niveau de la mer et les précipitations, la sédimentation, la sècheresse, l’inondation, les cyclones et les vents violents auront des effets néfastes sur les mangroves (Camara et al., 2006 ; Omo-Irabor et al.,2010) . Si tels sont les facteurs impliquant la vulnérabilité des mangroves d’une manière générale, en faisant partie de la Région DIANA et du District d’Ambilobe, la CRA n’est pas à l’abri des catastrophes naturelles. Elle figure, en effet, parmi les zones les plus touchées par des cyclones tropicaux avec une fréquence de 5 à 6 cyclones par décennie contre une fréquence de 3 à 4 cyclones pour le District voisin Ambanja, qui se trouve dans la même Région.
Par conséquent, dans ces dernières décennies, Ambodibonara fait face à un revirement de situation dûe à la perturbation des éléments climatiques. Ce qui a conduit à une variation climatique de plus en plus généralisée. Cette variation se résume par une diminution des précipitations, une augmentation du niveau de la mer, un ensablement des stations de mangroves, une érosion des zones côtières et une augmentation de la salinité de la mer.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE DE RECHERCHE
CHAPITRE I Cadre théorique
CHAPITRE II Démarche de recherche
DEUXIEME PARTIE LES EFFETS DE LA FORTE DEGRADATION DES ECOSYSTEMES DE MANGROVES AMBODIBONARA
CHAPITRE III Les mangroves d’Ambodibonara un écosystème riche pourtant menace
CHAPITRE IV La valorisation de l’écosystème des mangroves
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ANNEXES