Le Pays des Paillons est un territoire particulier de l’arrière-pays niçois. Territoire de villages perchés, il a su conserver son authenticité malgré la proximité de la ville extrêmement urbanisée qu’est Nice. Le territoire est composé de onze communes présentant entre elles certaines inégalités, de population, de dynamisme, et ceci est d’abord dû à leur localisation géographique. Malgré tout, ces communes partagent toutes une même identité. Grâce à l’élaboration de SCoT, un développement harmonieux et sur le long terme peut être envisagé pour les territoires, cela en tenant compte de l’étalement de l’urbanisation de Nice. Ces onze communes se sont regroupées en Pays des Paillons, afin de maîtriser leur développement futur et de conserver leur identité rurale.
La vallée des Paillons : D’un ensemble de communes à la formation d’un pays
La vallée des Paillons : un ensemble de communes partageant une même identité
Une identité à la fois historique, géographique et culturelle
Derrière le littoral surchargé des Alpes-maritimes, au Nord de l’agglomération niçoise, se situe le Pays des Paillons. Territoire des villages perchés, il se distingue par son unicité et son authenticité. Villages perchés à flanc de colline, moulins à huiles, églises baroques, fontaines et ruines médiévales apportent leur contribution à la richesse du territoire. Les 11 communes du Pays, regroupées en deux cantons, se sont rassemblées sur la base d’une unité à la fois historique, géographique et culturelle.
En effet, les communes se sont toutes développées autour du Paillon, cours d’eau prenant sa source dans les Préalpes, et du fait de leur éloignement de la côte, se sont constituées une identité propre et notamment une langue. Cette langue, issue de la langue d’Oc, est toujours enseignée dans les écoles du pays. Le sentiment d’appartenance au pays est fort, et les cultures traditionnelles comme l’huile d’olive renforcent cette identité.
Situé directement au Nord de Nice, le pays a toujours développé des liens avec la ville. Aujourd’hui, grâce à une pénétrante, Nice peut être atteinte en voiture en un temps variant de 15 minutes à une demi-heure, selon la localisation dans le pays. En effet, les routes, dans les collines, et du fait de la pente importante, sont formés en épingles à cheveux, et rallongent considérablement les distances.
Un territoire particulier, entre l’agglomération niçoise et le Parc National du Mercantour
Le Pays des Paillons s’étage entre un secteur de moyenne montagne dans sa partie méridionale et un secteur montagnard. C’est un territoire rural, comprenant une population de 20 716 habitants (recensement 99) répartie sur une superficie de 19 764 hectares.
La géographie du territoire a imposé historiquement une formation particulière des villages. Ceux-ci se sont aujourd’hui étendus, mais leur urbanisation est restée restreinte du fait des contraintes. Lucéram, située à plus haute altitude, à la bordure des Préalpes, a une urbanisation très faible, venant couper le Pays en deux, avec au Sud une urbanisation plus importante comprenant Contes et des communes accessibles facilement, et au Nord le territoire de Lucéram, quasiment vide d’urbanisation.
Un territoire qui devra compter sur l’opposition ville / campagne
Le littoral méditerranéen et particulièrement niçois étant très urbanisé, aujourd’hui la recherche d’un cadre de vie plus « authentique » et « naturel » se fait sentir. L’opposition entre ville et campagne est percevable dans le Pays des Paillons. De plus sa localisation, relativement proche de Nice, est une opportunité.
Le recensement de 1999 fait sentir cette volonté de retour au naturel, la population du pays ayant augmenté de 10,5 % entre 1990 et 1999. Ce phénomène aura tendance à se perpétuer dans l’avenir.
Depuis 2002, les communes du Pays des Paillons ont décidé de s’organiser en pays et d’élaborer un ScoT (Schéma de Cohérence territoriale), afin de mieux percevoir les atouts et contraintes du territoire, mais aussi ses capacités. Ceci en vue d’envisager un développement durable et harmonieux du territoire.
La mise en place d’une politique de pays
Un pays et une charte pour renforcer la cohérence du territoire et fixer de grands objectifs communs
Il est à noter que le territoire du pays est superposé à la Communauté de Communes. Comme il a été dit précédemment, le pays des Paillons constitue un territoire cohérent. Une charte a été rédigée, puis adoptée par l’assemblée de l’association pour le développement du Pays des Paillons le 20 Juin 2003. Celle-ci constitue la base d’un projet de territoire pour les quinze années à venir, correspondant à un développement voulu, durable, harmonieux, et non subi ou ralenti, du territoire.
Elle fixe également quatre grands axes d’orientation :
➤ Faciliter les déplacements
➤ Offrir un cadre de vie et un environnement de qualité valorisant l’identité du Pays des Paillons
➤ Maintenir et développer l’économie : vivre et travailler au pays
➤ S’organiser à l’échelle du pays .
Cette politique de pays était une nécessité pour garantir cette vision à long terme du territoire. En effet, la vallée n’est jamais à l’abri d’une urbanisation non maîtrisée avec l’extension de la ville de Nice. Cette proximité avec la métropole peut être un atout, mais également une contrainte. La charte tente donc de proposer un développement harmonieux du territoire, qui analyse les difficultés et les mutations subies par celui-ci, afin de trouver des solutions tenant compte des contraintes existant sur le territoire, comme la loi Montagne, des PPR (Plan de Prévention des risques) crue torrentielle, séisme et mouvement de terrain.
La place de l’agrotourisme dans la charte
Le troisième axe comprend un paragraphe « assurer une économie équilibrée : maintenir la vie dans les villages » et propose dans cette optique de développer l’agrotourisme. Celui-ci répond directement à la volonté de développer une économie à l’intérieur du pays, mais pourrait également contribuer à l’affirmation du tourisme dans le Pays, en complément du patrimoine qui, bien que véritable atout, ne permet pas à lui seul de développer un tourisme fort.
Enfin, l’agrotourisme rentre dans le cadre d’un tourisme intelligent, en accord avec le développement d’un cadre de vie de qualité respectant le milieu naturel. L’existence de l’agrotourisme correspond donc parfaitement aux objectifs du Pays, visant à un développent maîtrisé et durable des communes le constituant.
L’agrotourisme, un instrument pertinent pour un développement harmonieux du territoire
Il permettrait de répondre à une demande de tourisme alternatif et de mettre indirectement en valeur le patrimoine bâti et naturel
Les Alpes-maritimes constituent un département français très touristique, puisqu’elles attirent 15% du tourisme français. Cependant, au sein du département, on observe des inégalités : 95 % du tourisme se fait sur le littoral. Face à un littoral trop chargé, le tourisme vert apparaît comme une alternative raisonnable.
Le Pays des Paillons est un territoire possédant un patrimoine historique important, correspondant à une période s’étendant de l’époque romaine au 19ème siècle. Le patrimoine naturel est également remarquable, notamment du fait de certains sites naturels et des paysages. Pour autant, ces atouts évidents du territoire, bien qu’attractifs, ne sont pas suffisants pour capter les touristes et leur permettre d’effectuer un séjour plus qu’un passage dans le pays.
Définir l’agrotourisme
Il s’agit avant tout de comprendre ce qui est appelé agrotourisme. A l’heure actuelle, il est souvent, à tort, confondu avec le tourisme en milieu rural. Or il s’agit plutôt des infrastructures et activités développées à l’intention des touristes dans les exploitations agricoles (gîtes ruraux, chambres d’hôtes, campings, …) (Petit Larousse Illustré 1995). Cependant le concept d’agrotourisme est encore souvent flou, comme le dit une étude québécoise (voir bibliographie) : en effet, les définitions varient selon les continents et les pays. En Europe, le modèle français de séjours ou vacances à laferme prédomine, mais il n’existe pour autant pas de définition officielle. En France, une définition adaptée serait : Le tourisme à la ferme proposé par des agriculteurs, et allié à leurs activités traditionnelles. Plusieurs typesd’activités se distinguent, et la plupart se regroupent en réseaux tels que Gîtes de France ou encore Bienvenue à la Ferme.
Ainsi apparaît, selon les activités, une dénomination stricte correspondant au type d’activité proposé, et dans le cadre de ces réseaux. L’agrotourisme peut s’orienter vers la gastronomie, l’hébergement ou les loisirs et la découverte. Au sein de ces catégories certaines distinctions existent : une ferme de découverte s’adresse à tous publics alors qu’une ferme pédagogique ne s’adresse qu’à un jeune public, dans un cadre scolaire en priorité. Cependant d’autres opérations, plus discrètes, constituent également une activité d’agrotourisme. Ainsi, un agriculteur réalisant de la vente directe à l’exploitation propose un véritable accueil du client et crée une relation de confiance avec lui, on peut donc considérer que cette initiative rentre déjà dans le cadre de l’agrotourisme.
Première approche de l’agrotourisme sur le Pays des Paillons
Sur le pays des Paillons on rencontre une cinquantaine d’agriculteurs capables de vivre de leur métier. La plupart sont tournés vers la culture de l’olive, fruit de terroir, ayant obtenu une labellisation AOC Olives de Nice. Ainsi, on trouve 23 agriculteurs qui pratiquent l’oléiculture, soit seule, soit en parallèle avec du maraîchage. Une exploitation dispose également d’un label AB Bio (La Ferme de la Cascade, voir photo N°13), mais celle-ci est la seule à proposer de l’agriculture biologique sur l’ensemble du pays des Paillons. Les autres agriculteurs sont tournés vers l’élevage et/ou le maraîchage, l’élevage ne concernant que 8 agriculteurs sur l’ensemble du pays. Parmi ces agriculteurs, certains proposent des activités : on trouve ainsi deux fermes de découverte, une dizaine d’agriculteurs faisant de la vente directe, et une exploitation proposant camping et ferme auberge. Egalement, il existe sur le pays une exploitation, la Ferme de Riola, offrant à la fois camping à la ferme et gîtes ruraux. Cette structure possède les labels Gîtes de France, Produits de la Ferme et Bienvenue à la Ferme. (Voir photos N°14 et document p 16 bis) .
Il s’agit maintenant de comprendre, à travers un diagnostic, l’état de l’agriculture sur le pays des Paillons, afin de connaître les motivations des agriculteurs. Il sera nécessaire de prendre en compte les différents points de vue, venant des agriculteurs ou du pays, afin de voir si ces différents acteurs sont en phase et ont bien des objectifs communs. De plus, une partie du diagnostic s’orientera vers les capacités touristiques du pays en général, c’est-à-dire qu’il sera important de savoir quelles sont les capacités d’accueil du public existant sur le territoire, le public visé lui-même. Une fois ce diagnostic réalisé, une proposition pour renforcer l’agrotourisme sur le pays pourra être mise en avant. Il faudra que cette proposition soit en accord avec les attentes du pays.
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Table des matières
Remerciements
Introduction
I) La vallée des Paillons : d’un ensemble de communes à la formation d’un pays
A) La vallée des Paillons : un ensemble de communes partageant une même identité
B) La mise en place d’une politique de pays
II) Un territoire attractif par son patrimoine, mais qui n’exploite pas suffisamment ses potentialités
A) La mise en place d’un tourisme intelligent est une volonté du pays
B) Le développement de l’agrotourisme ne peut se faire sans connaissance de l’état d’esprit des agriculteurs
III) L’agrotourisme : une solution envisageable pour un développement harmonieux du territoire, mais qui ne pourra être appliqué sans une politique de concertation
A) Les initiatives envisagées ou réalisées par le pays
B) La notion de réseau : une solution indispensable qui passe par la concertation
C) La création d’un marché itinérant
Conclusion
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