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L’indice adiabatique du gaz
Nous nous intéressons plus en détail à l’indice adiabatiqueγ car ce paramètre a un rôle important dans l’étude de l’instabilité de Vishniac. L’indice adiabatique rend compte de l’état du gaz. Il est définit comme le rapport des chaleurs spécifiques à pression constante Cp et à volume constant Cv et il dépend def , le nombre de degrés de liberté du gaz, par la relation suivante : γ = Cp = f + 2 . (1.9)
Quand le gaz parfait est monoatomique ou totalement ionisé (voir Ryutov et al. [2001] pour le second cas), les particules ont trois degrés de liberté f( = 3) correspondant aux trois dimensions de l’espace et nous retrouvons la valeur classique de l’indice adiabatique γ = 5/3. Dans le cas d’un gaz soumis à un champ de rayonnement et dans lequel la pression de radiation est dominante, les particules peuvent se déplacer dans les trois dimensions de l’espace et elles ont chacune deux degrés de polarisation(f = 6). Pour ce gaz de photon, l’indice adiabatique est donc γ = 4/3. Nous voyons que si d’autres effets permettent au gaz de posséder un grand nombre de degrés de liberté (f > 40) qui sont induits, par exemple, par le rayonnement du gaz choqué alors l’indice adiabatique tend vers la limite isotherme et γ → 1. Ainsi, pour un gaz parfait, le domaine de variation de ce paramètre est : 1 < γ 6 5/3 . (1.10)
2 L’entropie spécifique S = ln(p/ργ ) est déterminée à partir de la relation thermodynamique de lavariation de chaleur T dS = de + pd(1/ρ) valable pour les gaz parfaits. Lors d’une évolution adiabatique, T dS = 0 et il y a conservation de l’entropie spécifique.
Nous allons voir, dans le paragraphe suivant (voir les relations de Rankine-Hugoniot), que la compression du gaz au niveau du front de choc dépend de l’indice adiabatique et lorsque γ diminue, la compression du gaz augmente. Ainsi lorsque l’indice adiabatique tend vers la limite isotherme, cela permet de prendre en compte l’augmentation de la compressibilité du gaz qui est observé dans de nombreux systèmes. Dans le modèle théo-rique de l’instabilité de Vishniac, qui fait appel à un gaz possédant des degrés de liberté supplémentaires pour expliquer la variation de γ, c’est cette propriété de compressibilité de gaz qui va avoir une importance sur le développement du processus.
Pour traiter les gaz parfaits sous une approximation moins forte que l’adiabaticité, il est aussi possible d’uti-liser l’approximation d’un changement d’état polytropique qui est plus général qu’un changement d’état sans échange de chaleur avec l’extérieur (voir Chandrasekhar [1957]). Dans ce but, nous faisons appel à un nouveau paramètre qui est l’indice adiabatique effectif γef f . Ce paramètre est aussi parfois appelé indice adiabatique, sans autre précision, ou encore exposant polytropique [Chandrasekhar, 1957], coefficient polytropique [Falize, 2008] ou indice polytropique [Meliani, 2004] selon les utilisateurs et les domaines de la physique dans lesquels il est impliqué. Il est définit comme étant une modification dela chaleur spécifique du système et cette modifi-cation se traduit par une nouvelle formulation de l’Eq. 1.9. L’indice adiabatique effectif s’écrit [Chandrasekhar, 1957] : γef f = Cp − C , (1.11) où Cp et Cv sont toujours les chaleurs spécifiques à pression constante et à volume constant qui ne sont pas changées par rapport à leur définition précédente etC représente la chaleur spécifique qui prend en compte la déviation par rapport l’adiabaticité. LorsqueC = 0 dans la précédente relation, nous retrouvons l’indice adiabatique classique γ = Cp/Cv = 5/3 car cette définition n’inclue pas les degrés de liberté supplémentaires de l’Eq. 1.9. Et lorsque C → ∞, nous retrouvons la valeur isotherme γ = 1. Ainsi, lorsque l’indice adiaba-tique effectif diminue, le chauffage du fluide augmente jusq u’à ce que le système atteigne un comportement isotherme. Nous obtenons donc, pour l’indice adiabatique effectif, le même domaine de valeur que dans le cas de l’indice adiabatique classique mais cette deuxième définition fait appel à un processus de chauffage alors que dans la première définition, c’est le rayonnement qui est impliqué dans les variations deγ.
Nous faisons remarquer que les définitions de γ que nous venons de présenter suppose un gaz parfait. Mais pour les gaz réels, subissant des processus particuliers comme esl ondes de choc, l’hypothèse de chaleur spécifique constante du système permettant de donner son sens à γ, n’est pas valable longtemps. Souvent des phénomènes de dissociation, de recombinaison ou encore d’ionisation des particules du gaz sont présents dans la zone cho-quée où la matière est comprimée et chauffée. La compositiondu gaz étant changée dans cette région, des processus radiatifs y apparaissent, générés par les collisions libre-libre, le rayonnement cyclotron, le rayonne-ment synchrotron, etc. Le rayonnement issu de la zone choquée peut s’échapper sans interaction avec le milieu ambiant (approximation optiquement mince) ou il peut au contraire interagir avec ce milieu (transfert radia-tif nécessaire). Le long de notre étude, nous nous placeronstoujours dans l’approximation optiquement mince lorsque des processus radiatifs spécifiques interviendrons. Cette approximation est appropriée car il est possible dans ce cas de décrire simplement le rayonnement comme une perte d’énergie (voir la fonction de refroidisse-ment de la Sec. 1.3). En effet, la perte énergétique considéer permet de prendre en compte la diminution de la température de la zone de laquelle s’échappe le rayonnementce qui a pour conséquence d’augmenter la densité de la même région.
Nous reviendrons sur le rôle de l’indice adiabatique par la s uite afin d’expliquer plus précisément, dans le cadre des RSN, l’évolution d’une couche de gaz passant d’un état adiabatique à un état isotherme. Nous nous intéres-sons maintenant aux relations de Rankine-Hugoniot qui vont nous permettre de déterminer les conditions aux bords des équations d’Euler.
Les relations de Rankine-Hugoniot
Les fronts de choc sont, comme nous l’avons vu, des discontinuités où la densité et la vitesse de propa-gation du fluide subissent un saut. Ainsi, pour inclure cette discontinuité lors de la résolution des trois équa-tions d’Euler, la seule possibilité est de résoudre les équations d’un côté de l’interface (dans le gaz choqué) et de prendre en compte le saut via des conditions aux bords. Ces conditions sont données par les relations de Rankine-Hugoniot (RH). Les relations de RH permettent de déterminer les valeurs des grandeurs fluides de part et d’autre du front de choc et de les connecter. Pour déterminer les relations de RH, nous supposons la stationna-rité (∂/∂t = 0) dans les équations d’Euler Eq. 1.1, 1.2, et 1.3. Cette hypothèse implique que nous nous plaçons dans le repère du choc. Dans ce repère mobile, les fluides en mouvement sont les deux fluides que le front de choc sépare (notés milieux (1) et (2), voir la définition de lanotation dans la sous-section 4.4.1). Nous pou-vons alors écrire les équations d’Euler stationnaires en introduisant des crochets de Poisson qui représentent les conditions présentes à gauche juste derrière le front de choc (noté (s)) et à droite de cette discontinuité (milieu (1)). Ces relations prennent la forme [Landau & Lifshitz, 1959] : [ρv]s=0 ,(1.12)
1ρv2 + ps=0 ,(1.13)
11γv ρv2 + p = 0 , (1.14)
où v est la vitesse du fluide dans le repère du choc. Dans le référentiel du laboratoire (repère fixe), dans lequel nous nous placerons par la suite, la vitesse du fluide au nivea u du front de choc est us = v1 − vs où v1 = Vs est la vitesse de propagation du front de choc (vitesse par rapport au gaz non perturbé). Lorsque nous développons les trois relations précédentes, nous obtenons :
=, ρ1Vs − usρsVs(1.15)
ps − p1 = ρ1Vsus , (1.16)
ps=ρs(γ + 1) − ρ1(γ − 1).(1.17)
Nous voulons exprimer ces relations en fonction du nombre de Mach M = Vs/cs dimension comparant la vitesse de propagation Vs d’une onde de souffle à la vitesse ambiant. La vitesse du son s’écrit pour le milieu ambiant (1): c2 = γ p1 ∝ T1 . s ρ1 (1.18)
Ainsi la vitesse du son dépend de la température du gaz et par onséquence, de l’agitation des particules du milieu. Le nombre de Mach sera dans cette étude toujours considéré comme un nombre de Mach externe étant donné que nous comparerons la vitesse de propagation d’une onde à la vitesse du son du milieu local cs,local. Mais comme nous serons en présence de différents types de gaz, nous pouvons définir des vitesses du son dans chacun de ces gaz. En conséquence, nous utiliserons différents nombres de Mach.
Après manipulation des équations Eq. 1.15, 1.16 et 1.17, nous obtenons les relations de Rankine-Hugoniot en fonction de l’indice adiabatique γ et du nombre de Mach M :
ρs = Vs = (γ+1) = C(γ, M) , (1.19)
ρv(γ−1)+2 1s M2 us=2(M2 − 1),(1.20)
Vs (γ + 1)M2 ps=2γM2(γ−1),(1.21)
où C(γ, M) est le taux de compression du gaz. Les relations de RH permettent donc de connecter les grandeurs fluides de part et d’autre du front choc. Dans le problème que n ous voulons modéliser, il est possible de faire un certains nombres d’hypothèses. Dans la limite de choc fort, nous allons pouvoir réécrire ces relations de manière plus simple.
La condition de choc fort
Nous allons considérer dans cette étude une onde de choc qui es propage dans un milieu ambiant. Dans ce contexte, il nous est possible de faire un certain nombre d’hypothèses simplificatrices si certains critères sont remplis. Lorsque la vitesse du son du milieu ambiant est négligeable par rapport à la vitesse du front de choc (la température de ce milieu est faible), le choc est considéré comme fort. Cela équivaut à avoir une pression au niveau du front de choc très importante par rapport à celle du milieu ambiant (ps ≫ p1) ou encore un nombre de Mach élevé M( ≫ 1). Pour un gaz adiabatique, la limite de choc fort est atteinte à partir de M & 10. Ainsi, les relations de RH, déterminées par les Eq. 1.19 à Eq. 1.21, s’écrivent dans la limite de choc fort :
ρs=Vs=γ + 1,(1.22)
ρ1vsγ − 1 ps = us = 2 , (1.23)
où ρ1Vs2, qui intervient dans la relation sur la pression, est la pression bélier. Le taux de compression de la matière au niveau du front de choc s’écrit dans ce cas limiteC(γ) = (γ + 1)/(γ − 1). Nous calculons le taux de compression pour des gaz qui nous intéressent particulièrement : pour un gaz adiabatique γ = 5/3, nous obtenons le résultat bien connuC = 4 ; pour un gaz de photons γ = 4/3 et C = 7 ; pour un gaz quasi-isotherme, γ = 1, 1 et C = 21. Les quatre relations que nous avons obtenues sont les conditions au bord que nous allons utiliser par la suite pour intégrer les équations d’Euler no perturbées et perturbées. Nous rappelons que comme ces relations sont déterminées en considérant un choc forttationnaire,s il sera nécessaire de voir ce que cela implique dans les simulations numériques d’onde de choc dynamique.
La fonction de refroidissement
Dans certains objets astrophysiques, comme ceux que nous étudions, des phénomènes radiatifs appa-raissent car il règne dans ces systèmes une forte températur ce qui permet au milieu d’être ionisé. Si le gaz se refroidit uniquement en rayonnant et que ces pertes radiatives s’échappent de la zone d’émission instan-tanément, alors le milieu est considéré comme optiquement incem (d’épaisseur optique τ ≪ 1). Sous cette approximation, la perte d’énergie peut être décrite par unefonction de refroidissement Λ(ρ, T ) qui ne dépend que de la densité et de la température. Mais nous écrivons plutôt Λ en fonction de la densité et de la pression Λ(ρ, p) car ce sont, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, les variables traitées par le code. Dans l’approximation optiquement mince, le modèle hydrodynamique est peu modifié car la perte d’énergie est in-troduite en terme source de l’équation de conservation de l’énergie. Le bilan d’énergie défini par l’équation 1.3 devient : ∂E+∂(u(E + p)) = −Λ(ρ, p) ,(1.24)
avec Λ(ρ, p) = Λ0ρǫpζ ,(1.25)
où la fonction de refroidissement Λ s’exprime en J.m−3.s−1. Dans la relation 1.25, Λ0, ǫ et ζ sont respective-ment une constante et les exposants caractérisant le processus de refroidissement. Dans certains objets, comme dans les colonnes d’accrétion des variables cataclysmiques fortement magnétiques que nous présenterons dans le chapitre III, nous considérerons les pertes d’énergies pouvant être liées à deux types de processus. Le premier type de pertes radiatives est due à l’émission bremsstrahlung (libre-libre) appa-raissant quand la température est élevéeT( > 107 K). Les constantes de ce processus, décrites par Saxton & Wu [1999], Wu et al. [1994], sont :
Λ0,brem = 3, 9 × 1011 et ǫ = 1, 5; ζ = 0, 5 ; (1.26)
Le code HYDRO-MUSCL
Le code HYDRO-MUSCL que j’ai utilisé pendant ma thèse, pour éaliser les simulations numériques de processus astrophysiques, est un code développé par notre quipeé. La philosophie d’avoir un code « maison » est
de pouvoir connaître les différentes méthodes numériquesmplémentéesi dans celui-ci et de pouvoir facilement modifier des parties de ce code afin de modéliser un système par ticulier ou de résoudre un problème numérique apparent. Afin d’étudier les jets de matière et les chocs radiatifs présents dans divers systèmes, notre équipe a commencé par utiliser le code public CLAW [Leveque, 2002a]qu’il est possible de trouver sur Internet1 .
Mais l’architecture de ce code et le solveur de Riemann implémenté ne permettent pas de simuler des phéno-mènes à grand nombre de Mach. En effet, nous avons montré queM ≈ 4 était la limite de convergence de ce code. C’est la raison pour laquelle nous avons développé nu tout nouveau code avec un schéma numérique plus correct et un solveur de Riemann plus robuste. L’exactitude est une propriété qui suppose que le schéma ne produit pas une trop grande quantité de diffusion numérique lors de la discrétisation des termes d’advec-tion (voir Sec. 2.1.5). La robustesse est une autre propriété qui suppose que le schéma produit tout de même une faible quantité de diffusion numérique pour compenser al dispersion numérique qui résulte de la propaga-tion d’erreurs numériques. Un schéma robuste implique aussi que la solution approchée obtenue reste stable. Afin d’acquérir ces propriétés, nous avons introduit un schéma qui s’appuie sur la méthode MUSCL-Hancock (MUSCL signifiant « Monotonic Upstream-Centered Scheme for Conservation Laws ») et qui est une améliora-tion de la méthode de Godunov. Quant à l’algorithme qui résout le problème de Riemann, il est de la même famille que le solveur HLL déterminé par Harten, Lax, et van Leer. Le code HYDRO-MUSCL permet à présent de traiter les problèmes d’hydrodynamique qui nous intéresent, à savoir à grand nombre de Mach. Nous avons aussi implémenté une extension de ce code afin de pouvoir étudier des systèmes hydrodynamiques où les pertes radiatives par refroidissement sont modélisées simplement (code HYDRO-COOL). Nous développons un autre code où le couplage de l’hydrodynamique (HYDRO-MUSCL) et du transfert radiatif est pris en compte (code HADES).
Le code HYDRO-MUSCL est donc le premier aboutissement de cette démarche et sa conception date de 2007.
Les développements réalisés par H. C. Nguyenportent essentiellement sur le schéma et le solveur. Cette ver-sion a été parallélisée avec MPI (« Message Passing Interface ») par F. Roy en 2008 afin de gagner du temps de calcul et elle fonctionne de manière efficace pour 4 coeurs de calcul (4 coeurs de calcul formant souvent un processeur), c’est-à-dire pour son utilisation sur le cl uster de calcul de l’Observatoire de Paris (Siolino). Le code HYDRO-COOL est la première extension du code et elle a été terminée en 2009. Dans cette version, nous avons introduit, en terme source, une fonction de refroidissement afin de traiter les pertes radiatives dans l’ap-proximation d’un milieu optiquement mince (approximation forte et restrictive du couplage hydrodynamique et rayonnement). De plus H. C. Nguyen a rendu cette version plus accessible à l’utilisateur et l’a parallélisée afin de pouvoir utiliser un grand nombre de coeurs de calcul. L e troisième code, HADES, est la version la plus importante car elle représente le travail de thèse de H. C. Nguyen. Il a réalisé pour cette version un couplage de l’hydrodynamique et du rayonnement selon une méthode basée sur la résolution des équations de transfert radiatif par la méthode des moments (méthode M1) et par groupe de fréquence (méthode multigroupe). Ce qui permet d’avoir une description correcte de l’action de l’hydrodynamique sur le rayonnement et de la rétroaction du rayonnement sur l’hydrodynamique.
Etant donnée la chronologie de l’élaboration des différents codes, j’ai utilisé pendant ma thèse le code purement hydrodynamique HYDRO-MUSCL et le code incluant les pertes radiatives HYDRO-COOL. Mais c’est avec le premier code que j’ai obtenu le plus grand nombre de résultat que je présente dans les chapitres suivants. Avant de réaliser les simulations de systèmes particuliers, mon travail a consisté à tester ce nouveau code, afin de vérifier qu’il convergeait et qu’il présentait les différentes caractéristiques nécessaires à l’obtention de résultats physiques (robustesse, exactitude,. . .). C’est ce travail de test est présenté dans le chapitre sui-vant. Au cours de l’utilisation d’HYDRO-MUSCL, j’ai aussi pu évaluer les différents problèmes numériques qu’il pouvait engendrer et remonter à la source de ces erreur s. Toujours à l’aide de ce code, j’ai modélisé les coquilles de gaz choqué des RSN (Sec. 4.5), puis les mêmes coquilles perturbées par des hétérogénéités de densité comme celles présentes dans le MIS (Sec. 5.2.1). J’ai finalement étudié les coquilles perturbées par une fonction sinusoïdale (Sec. 5.2.2). C’est dans cette dernière modélisation que j’ai rencontré un important problème numérique, l’instabilité de grosseur (« carbuncle instability »), et c’est dans la partie correspondant à cette étude que je présenterai cet obstacle à l’étude de l’instabilité de Vishniac. En ce qui concerne les résultats obtenus avec le code HYDRO-COOL, j’ai réalisé des simulations du choc retour dans les colonnes d’accrétion des variables cataclysmiques magnétiques (dites polaires, chapitre III) et de propagation de jets d’étoile jeune (chapitre III ) , afin d’étudier l’effet du refroidissement sur la dynamique de ces systèmes. Mais pour l’instant, nous allons voir une description plus détaillée du code HYDRO-MUSCL.
La description du code HYDRO-MUSCL
La modélisation numérique d’un phénomène physique donne césac à des informations parfois inaccessibles à des modèles théoriques . Le code HYDRO-MUSCL, qui résout le système d’équations décrivant la 2 H. C. Nguyen est un doctorant de l’équipe, spécialisé en mathématiques appliquées.
3 Si nous nous plaçons dans le cas de l’hydrodynamique, le code numérique résout les mêmes équations que celles à la base d’un modèle analytique décrivant le problème. Mais à la différence de ce modèle théorique où une (ou plusieurs) solutions analytiques dynamique des écoulements fluides, permet la réalisation desimulations de divers processus hydrodynamiques comme ceux apparaissant dans les RSN, les jets d’étoile jeune ou encore les polaires. Nous synthétisons dans cette introduction l’architecture du code HYDRO-MUSCL afin de bien comprendre le rôle des différentes mé-thodes numériques qui le constituent. Nous présentons ces méthodes plus en détails dans les sous-sections suivantes. Les équations qui sont résolues dans le code sontles équations d’Euler écrites sous forme conserva-tive (forme explicite de la conservation de la densité, de l’impulsion et de la densité d’énergie totale). Un terme source géométrique est aussi introduit de manière optionnelle afin de pouvoir résoudre les équations d’Euler axisymétriques car, dans ce cadre particulier, des termes upplémentaires apparaissent. Ces termes sources per-mettent ainsi de modéliser une symétrie cylindrique bien utile dans le cas des jets d’étoile jeune et des RSN. Pour pouvoir prendre en compte d’autres processus physiques spécifiques, nous les plaçons aussi en terme source si leur nature le permet. La grille, sur laquelle sont discrétisées les équations de l’hydrodynamique par la méthode des volumes finis, est une grille cartésienne à deux dimensions. Pour pouvoir résoudre le système d’équations différentielles partielles (EDP) avec d’éventuels termes sources, nous devons étudier le problème par morceaux. La scission est faite selon le découplage de Strang (« Strang splitting ») en espace, en temps et en type d’équations. En effet, nous discernons la résolution des équations d’Euler dans les deux directions de la grille et nous différencions la résolution du système homogène (EDP où le terme source est annulé) et la résolution des équations différentielles ordinaires (EDO, seule la différentielle totale par rapport au temps est considérée). Ainsi la solution globale du système est la réunion des solutions particulières dans chacune des parties qui s’effectue selon une opération particulière (le calcul de la nouvelle valeur des grandeurs conservées est effectué sur un demi pas de temps). Pour déterminer la solution de l’EDO, nous utilisons un schéma de Runge-Kutta explicite du second ordre qui préserve la stabilité du système sur un nombre important de pas de temps. En ce qui concerne la détermination de la solution des équations d’Euler homogène, nous utilisons le schéma de MUSCL-Hancock qui est une amélioration du schéma de Godunov car il permet d’obtenir une solution approchée au second ordre en espace et en temps de lasolution exacte. Dans cette partie, le flux présent sur les interfaces des cellules est déterminé. Afin de permetre ce calcul, le schéma est construit en trois temps : d’abord la solution approchée aux bords est déterminéevia la reconstruction des données faisant appel à un limiteur de pente afin de minimiser l’erreur, ensuite les sol utions approchées aux bords évoluent temporelle-ment, et finalement le solveur résout le problème de Riemann ce qui permet de déterminer la vitesse des ondes du système. Les solveurs que nous avons implémentés dans leodec sont les solveurs HLLC et HLLE et ils sont adaptés pour les cas physiques que nous voulons étudier. Le modèle de parallélisme utilisé dans cette version est MPI et cette méthode permet de découper le domaine de simulation en sous-domaines traités chacun par un coeur de calcul différent. Nous allons maintenant détailler le rôle des différents modules implémentés dans le code.
peuvent être déterminées, dans les simulations numériques, une multitude de solutions peut être obtenue. Il reste toutefois au numéricien d’être critique sur ce panel de solutions obtenues afin de discerner les solutions non physiques.
La grille
La grille cartésienne à deux dimensions permet aux différentes grandeurs d’évoluer sur le plan (x,y). En effet, chacune de ces grandeurs caractéristiques correspond à une onde qui se propage d’une maille (i, j) à la maille suivante (i ±1, j) (ou encore (i, j ±1)) et qui résulte de la différence des solutions présentes dans chaque maille. Ainsi la vitesse est divisée en deux composantes quenous noterons dans ce chapitre u sur l’axe Ox et v sur l’axe Oy . Si nous considérons l’axeOx, les noeuds de maille (. . . , xi−1, xi, xi+1, . . . ) sont positionnés au centre des cellules comme nous le voyons sur la figure 2.1. L e pas spatial Δx est donné, pour la cellulexi, xi−1xixi+1 xi−1xi+ par l’écart présent entre deux bords de cette même celluleΔx = xi+1/2 − xi−1/2. Nous précisons que la grille à deux dimensions est constituée de mailles carrées ou rectangulaires et que les pas spatiaux Δx et Δy y sont réguliers. Cette grille nous permet de discrétiser les équations d’Euler que nous présentons maintenant.
Les équations d’Euler
Les équations d’Euler dépendantes du temps forment un système de lois de conservation hyperboliques et non-linéaires. Le code que nous avons implémenté permeta lrésolution de ces équations sous forme conser-vative. Le système impliqué s’écrit de manière générale soucette forme particulière : δU +∇ H=S, (2.1) où les quantités qui interviennent dans cette équation sontle vecteur des grandeurs conservées U , le vecteur des flux H de ces mêmes grandeurs et le terme sourceS. Le terme ∇ H est, comme nous l’avons déjà vu, un terme d’advection. Les lois de conservation énoncent que, quand nous intégrons ce système d’équations, nous obtenons naturellement la conservation de la densité, de laquantité de mouvement selon les deux directions et de la densité d’énergie. Il reste donc à calculer les flux de ces quantités et le traitement de ce calcul est un point important dans le code.
La grille étant bi-dimensionnelle, les équations traitéesdans le code décrivent aussi un système à deux dimen-sions. Ainsi le vecteur de flux se divise en deux composantes F et G et l’Eq. 2.1 s’écrit [Toro, 1999] : Ut + F (U )x + G(U )y = S(U ) , (2.2) où les indices notent la dérivée partielle par rapport au temps t et à l’espace selon Ox et Oy . Les fonctions s’expriment :ρ U = ρu , ρv E √ ρu F = , ρuv ρu2 + p u(E + p) ρv G = , (2.3) ρv2 + p ρuv v(E + p) où E = p/(γ − 1) + (1/2)ρ u2 + v2 est toujours la densité d’énergie totale prenant en compte esl deux composantes de la vitesse, et F et G sont les deux fonctions de flux dans chacune des directions. D ans ce système, les fonctions décrivant les grandeurs physiques onts ρ = ρ(x, y, t), u = u(x, y, t), v = v(x, y, t), et p = p(x, y, t). Quant au vecteur des grandeurs conservées, sa fonction estnotéeU (x, y, t). Nous précisons que dans ce système, comme nous traitons encore un cas général où nous n’avons pas spécifié de propriétés géométriques, le terme sourceS est inexistant ou seulement un terme source physique. Par contre si le système est axisymétrique, c’est-à-dire s’il existe dans un système à trois dimensions une symétrie par rapport à un des axes ce qui permet de ramener le système à deux dimensions, alors un terme source géométrique apparaît en supplément d’un terme source physique le cas échéant.
Dans la configuration d’une symétrie cylindrique, nous déterminons les propriétés géométriques qu’il faut inclure à ce système. L’axe le long duquel s’effectue la symétrie est l’axe Oz qui se nomme maintenant la direction axiale. Nous introduisons aussi la coordonnée r qui mesure la distance à l’axe de symétrie Oz et l’axe qui résulte de cette variable est l’axe radialOr . Ainsi les équations d’Euler décrivant un espace à trois dimensions font normalement appel à trois coordonnées mais dans le cas axisymétrique, le système se réduit à deux dimensions. Ce système axisymétrique s’écrit [Toro, 999]1 : Ut + F (U )r + G(U )z = S(U ) , (2.4)
où U , F et G sont les mêmes vecteurs que précédemment Set = Sphys + Sgeo est le terme source global qui peut contenir une partie physique Sphys à laquelle vient s’ajouter la partie géométriqueSgeo qui s’écrit : ρuv 1ρu2 u(E + p)ρu Sgeo = −r . (2.5)
Si le terme source est non nul, la résolution du système d’équation n’est pas directe. En effet il faut diviser le problème en deux parties et résoudre chacune des parties éparéments. De la même manière, le système d’équations doit être résolu sur chacune des directions de’espacel. Ces opérations sont rendues possibles par le découplage de Strang que nous présentons maintenant.
Le découplage de Strang
Pour résoudre les équations d’Euler sous forme conservativ et avoir un schéma du second ordre en espace et en temps, nous utilisons le découplage de Strang du même ordre [Strang, 1968]. Mais avant de présenter cette méthode, nous discrétisons le vecteur des randeursg conservées selon l’espace et le temps : U (x, y, t) devient Ui,jn que nous notons U n lorsque seule une évolution temporelle du vecteur est effectuée. La nouvelle fonction Ui,jn est une solution approchée du vecteur de solutions physique. Dans cette formulation, le n N . Quant à l’espace, il est discrétisé par les temps est discrétisé par les éléments où l’entier n varie de 0 à points de maille xi,j où les entiers (i, j) varient respectivement de 1 − nf à mx + nf et de 1 − nf à my + nf où nf est le nombre de cellules fantômes et mx, my sont les maximums du nombre de cellules présentes dans la boîte de simulation pour les deux directions. Nous précisons que la valeur n = 0 détermine les conditions initiales et que les valeurs i = 1 −nf , 1 −nf + 1, . . . , 0 et i = mx + 1, . . . , mx + nf −1, mx + nf déterminent les conditions aux bords (même chose pour l’entierj). Nous formulerons dans ce qui suit les conditions aux bords qu’il est nécessaire de déterminer afin de pouvoir résoudre le système d’équations.
Le découplage de Strang s’effectue sur le temps, sur l’espace et sur le type d’équations d’Euler, comme ces différents aspects sont difficiles à traiter simultanément (mais ce n’est pas impossible). Cette méthode permet donc de simplifier grandement la résolution des équations. Pour le découplage spatial, le vecteur de solutions U n prend la valeur suivante au temps tn+1 : U n+1 = Y( 1 Δt)X(Δt) Y( 1 Δt)(U n) , (2.6)
où Δt est le pas de temps, et X et Y sont respectivement les opérateurs de solution de l’axeOx et de l’axe Oy .
Pour le découplage du type d’équation, le vecteur de solutions U n prend la valeur suivante au temps tn+1 : U n+1 = S( 1 Δt)Z(Δt)S( 1 Δt)(U n) , (2.7)
où S et Z sont respectivement les opérateurs de solution de l’EDO et de l’équation d’Euler homogène (EDP). Ainsi, pour chacun des découplages, la méthode de Strang permet de découper la résolution du système global en la résolution de deux systèmes séparément. Cette méthodefacilite donc la résolution du système d’équations. Nous détaillons la résolution des deux types d’équations dans le paragraphe suivant.
La résolution de l’équation différentielle ordinaire
L’équation différentielle ordinaire s’écrit : d U ( , t) = S (U ( , t)) , (2.8)
où le point ( ) désigne n’importe quelle position de l’espace. Cette équation est résolue par un Runge-Kutta d’ordre 2 à condition que le terme source soit non raide (présence de gradients pas trop forts). Pour déterminer la méthode optimale, nous avons testé aussi la méthode de Heun, la méthode du point milieu, et des Runge-Kutta d’ordre 3 et 4 dans le cadre de simulations de jets d’étoile jeune (voir Nguyen et al. [2010]). Les résultats montrent que ces différentes méthodes ne changent pas la valeur des grandeurs caractéristiques (la variation est négligeable) étant donné le second ordre présent dans usto les schémas énoncés. Techniquement, nous calculons ce terme dans un module différent en faisant appelaux valeurs des grandeurs fluides calculées lors de la résolution des équations d’Euler homogènes présentéeci-après. Mais d’abord, nous rappelons les deux types de termes sources qui vont nous être utiles.
Le terme source géométrique
Nous avons vu que la symétrie pouvant être introduite dans laboîte de calcul est une symétrie cylindrique et qu’elle est permise par le terme source géométriqueSgeo. En effet ce terme permet d’introduire un axe de révolution sur un des bords de la boîte de simulation et donc d’être dans un système axisymétrique.
Le terme source physique : la fonction de refroidissement
Pour les différentes études effectuées dans cette thèse, usno n’avons utilisé qu’un seul type de terme source physique qui est lié à l’émission de rayonnement. Mais il existe d’autres termes sources de cette nature qui permettent d’étudier un système où un effet physique suplémentaire est pris en compte (par exemple, les équations d’Euler avec de la gravité). Le terme source physique Sphys que nous avons introduit est un vecteur contenant la fonction de refroidissement Λ présentée dans la Sec. 1.3. En effet, nous avons vu qu’une manière de traiter, dans un milieu optiquement mince, les processus radiatifs qui ont une rétroaction sur la dynamique du système est d’introduire une perte ou un gain d’énergie dans l’équation de conservation de l’énergie. Dans le cas du processus de refroidissement, la perte d’énergie se modélise par une fonction de refroidissement. Le terme source physique s’écrit dans ce cas : 0 0Sphys = − Λ(ρ, p) (2.9)
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Table des matières
Liste des variables et des paramètres
Introduction
1 Le modèle hydrodynamique
1.1 La physique des chocs
1.2 Les équations d’Euler
1.2.1 L’équation d’état
1.2.2 L’indice adiabatique du gaz
1.2.3 Les relations de Rankine-Hugoniot
1.2.4 La condition de choc fort
1.3 La fonction de refroidissement
1.4 Le redimensionnement
2 Le code HYDRO-MUSCL
2.1 La description du code HYDRO-MUSCL
2.1.1 La grille
2.1.2 Les équations d’Euler
2.1.3 Le découplage de Strang
2.1.4 La résolution de l’équation différentielle ordinaire
2.1.5 La résolution de l’équation d’Euler homogène
2.1.6 Le pas temporel
2.1.7 Les conditions aux bords
2.1.8 La géométrie
2.1.9 La parallélisation
2.1.10 Les logiciels Matlab et Mathematica
2.2 Un outil d’analyse : le supercalculateur Titane
2.2.1 Le projet d’étude paramétrique
2.2.2 La version HYDRO-MUSCL pour Titane
3 La validation des codes HYDRO-MUSCL et HYDRO-COOL
3.1 Les tests classiques du code HYDRO-MUSCL
3.1.1 Le tube à choc
3.1.2 L’explosion forte en un point
3.2 Les variables cataclysmiques fortement magnétiques
3.2.1 Les polaires
3.2.2 Les simulations numériques
3.3 Les jets d’étoile jeune
3.3.1 L’objet astrophysique et la problématique
3.3.2 Les simulations numériques
4 L’instabilité de Vishniac
4.1 Le processus physique
4.1.1 Le déclenchement de l’instabilité
4.1.2 La surstabilité (« overstability »)
4.2 L’historique de l’instabilité
4.3 L’analyse de perturbation
4.3.1 L’analyse de perturbation locale
4.3.2 L’analyse de perturbation globale
4.3.3 Quelques commentaires sur le modèle théorique
4.3.4 Les autres effets dynamiques pouvant déclencher, améliorer ou atténuer l’instabilité
4.4 Le contexte astrophysique : les restes de supernova
4.4.1 Les supernovæ de type gravitationnel
4.4.2 Les phases d’expansion d’un reste de supernova
4.4.3 La généralisation de la solution auto-semblable
4.4.4 La récapitulation des solutions auto-semblables
4.5 Les simulations numériques des restes de supernova
4.5.1 La fonction γ
4.5.2 Les conditions initiales des simulations
4.5.3 Les résultats de simulations
5 L’étude numérique de l’instabilité de Vishniac
5.1 L’étude numérique de Mac Low & Norman [1993]
5.2 Le modèle numérique
5.2.1 La méthode des pics perturbatifs
5.2.2 La perturbation sinusoïdale
5.3 L’étude paramétrique
5.4 Les conditions initiales des simulations
5.5 Les variables caractérisant l’instabilité
5.5.1 L’écart spatial et en densité
5.5.2 La masse par région et la variation de masse
5.6 L’étude de la résolution numérique
5.7 L’instabilité numérique de grosseur (« carbuncle instability »)
5.8 L’étude des résultats numériques
5.8.1 La géométrie plan-parallèle
5.8.2 La géométrie sphérique
5.8.3 La conclusion générale des simulations numériques
Conclusion
Bibliographie
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