La vaccination et le SARS-cov2
L’histoire de la vaccination
Les origines de cette thérapeutique
Depuis des millénaires, l’homme s’est inspiré de ses observations. En 430 avant Jésus Christ, Thucydide a développé ses constatations sur des personnes devenues résistantes à la peste dans le livre Histoire de la Guerre de Péloponnèse. Cette réflexion va donc inciter l’Homme à copier la nature en provoquant la maladie chez une personne saine.
Des écrits stipulent que des tissus de vaches infectées par la variole ont été utilisés en Egypte, d’où l’origine du terme vaccination suggéré par Richard Dunning, puis repris par Pasteur en la mémoire de Jenner, et issu du mot vacca en latin signifiant vache. La Chine aurait développé diverses techniques, entre le VIème et les XVIIème siècles, qui ont été ensuite reprises à travers le monde. Le principe général repose sur le contact avec une forme bénigne en prévention de la forme grave.
La variole est la première maladie virale à être éradiquée dans le monde à la suite de la campagne de vaccination massive proposée par l’OMS dans les années 70. La poliomyélite sera certainement la prochaine sur la liste. On estime que plus de 2 millions de décès annuel ont été évités grâce aux vaccins.
L’essor de la vaccination avec le cas de la variole
La véritable évolution de cette thérapeutique a eu lieu en 1796, passant de la technique de variolisation par injection de la variole humaine chez une personne saine à la vaccination. Un médecin anglais, Edward Jenner, publia ses observations sur un procédé d’immunisation efficace. Il préleva de la vaccine, ou variole de la vache, sur un site infecté d’une personne pour l’administrer à James Phipps.
Il décrit une corrélation entre les individus résistants à la variole humaine et les personnes en contact d’un pathogène bénin pour l’homme : la variole de la vache. (2) Le concept de vaccin préventif par un pathogène différent est né. La technique n’engendre pas une plus grande résistance mais elle sera moins dangereuse pour les individus, ce qui traduit une amélioration du bénéfice/risque.
Dans la foulée le médecin français, Auzias-Turenne, fut à l’origine en 1850, du principe d’inoculation de sérosités de chancre mou dans la prévention d’une maladie bactérienne qui est la syphilis.
Le lien entre pathologie et micro-organisme
Il faut attendre les XVIIème siècles et l’invention du microscope d’Antonie van Leeuwenhoek pour introduire la notion de causalité entre micro-organismes désormais visibles et pathologies infectieuses soutenue par Robert Koch. Le chirurgien français Emmanuel Sédillot développe le terme microbe par ses observations.
L’action vaccinale est née à la suite des travaux élaborés par Louis Pasteur, Emile Duclaux et son élève Emile Roux. Pasteur est chimiste de formation. Ses premiers travaux sont portés sur l’étude des processus de fermentation puis sur l’étude des maladies humaines. La première tentative a été faite contre une bactérie à l’origine de la maladie du charbon le 5 mai 1881 sur un troupeau de moutons. Ces travaux font suites à ceux de Casimir Davaine sur l’identification du pathogène datant de 1850. Il développe le concept d’atténuation de pathogène et précise que la technique utilisée doit être spécifique à chaque microbe pour que le principe fonctionne de manière sécurisée vis-à-vis du patient.
Le cas de la rage suite à une morsure de chien contaminé sera le point de départ de cette nouvelle thérapie. La mise au point s’est déroulée en plusieurs étapes :
● La notion de vaccination thérapeutique nait du vétérinaire Pierre-Victor Galtier
● Premier essai concluant par Pasteur sur un patient sain nommé Girard dans l’hôpital de Necker
● Deuxième essai sur une patiente nommée Julie Poughon avec la maladie déclarée. Le décès de la patiente incite Pasteur à être critique sur l’efficacité vaccinale en fonction du stade de la maladie.
● Troisième et quatrième essais sur les enfants Jean-Baptiste Jupille et Joseph Meister en phase d’incubation. Ils sont vaccinés et sauvés le 6 juillet 1885.
Ces derniers essais sont mondialement connus via la communication faite par l’Académie des Sciences de l’époque. Ces injections sont bénéfiques sans être à visée prophylactique de par la cinétique d’évolution lente du virus au sein du système nerveux. L’institut Pasteur estfut fondé en 1888, il promut la recherche et la formation dans la spécialité de l’infectiologie. Emile Roux est également le fondateur de l’Hôpital Pasteur expert dans ces maladies. Au fur et à mesure des années d’autres vaccins voient le jour avec les mêmes procédés de fabrication reposant sur :
➤ une inactivation du pathogène par agents chimiques
➤ une atténuation via des milieux de cultures .
Les rappels immunologiques
La reconnaissance du soi et du non-soi
L’immunité est un mécanisme complexe qui est constitué de plusieurs acteurs cellulaires issus de différents organes. L’objectif principal est de reconnaître les corps étrangers par la présence d’une molécule qui est considérée comme pathogène : l’antigène (Ag). Différents mécanismes seront ainsi sollicités. Il faut néanmoins que ce système respecte le principe de la reconnaissance du soi. L’immunologie doit être sélective afin de tolérer son propre hôte. Le soi doit être reconnu et épargné pour éviter une autodestruction. En revanche, le corps infectieux ou le soi altéré doit être reconnu et éliminé.
Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) est un système de reconnaissance du soi présent chez la majeure partie des vertébrés. Ce dernier intervient au niveau des cellules infectées ou atteintes de néoplasies, ce qui permet au système immunitaire d’identifier ces cellules défaillantes.
L’immunité innée
Les capacités naturelles de l’organisme
L’immunité naturelle innée est déjà constituée en nous. Elle est efficace mais non spécifique. Elle s’applique donc de la même manière quelque soit le corps étranger nouveau, elle ne résulte donc d’aucune mémoire cellulaire antérieure.
La réponse dite précoce, jusqu’à 4 heures après l’infection, ainsi que la réponse intermédiaire qui dure jusqu’à 96 heures, est médiée par cette réponse naturellement présente en nous. (4) Les défenses innées peuvent se faire physiquement en limitant les portes d’entrées des pathogènes au niveau des tissus cutanés ou des muqueuses via :
➤ Le système respiratoire doté de cils et du réflexe de la toux.
➤ Du système digestif avec les sécrétions.
➤ Du système urinaire avec ses sécrétions.
Ces mêmes barrières peuvent aussi avoir un impact chimique via :
➤ L’acidité de la peau par la sueur
➤ L’acidité et la présence d’enzymes dans différentes glandes.
Les enzymes sont des molécules retrouvées dans de nombreuses zones de l’organisme via une dissémination sanguine. Elles participent à la neutralisation des agents infectieux de l’organisme. On en retrouve une trentaine intervenant dans le système du complément qui est un mécanisme de l’immunité médiée.
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Table des matières
Introduction
I. La vaccination et le SARS-cov2
A. L’histoire de la vaccination
1. Les origines de cette thérapeutique
2. L’essor de la vaccination avec le cas de la variole
3. Le lien entre pathologie et micro-organisme
B. Les rappels immunologiques
1. La reconnaissance du soi et du non-soi
2. L’immunité innée
a) Les capacités naturelles de l’organisme
(1) La réponse inflammatoire
(2) Les macrophages
(3) Les polynucléaires
(4) Le lymphocyte natural killer (NK)
3. Le lien entre les deux moyens de défense
4. L’immunité adaptative
a) Les lymphocytes B
b) Les lymphocytes T
5. Les immunoglobulines (Ig)
a) Les IgM
b) Les IgG
c) Les IgA
d) Les IgE
C. Les principes de la vaccination
1. La production d’anticorps neutralisants
2. Les différents types de vaccins
a) Les vaccins vivants atténués
b) Les vaccins inactivés
c) Les vaccins purifiés
3. Les modalités de prises
a) L’administration du vaccin
b) L’ajout d’adjuvants
c) Les effets indésirables
d) Les objectifs aux niveaux individuel et collectif
II. La présentation générale aux coronavirus
A. Les Coronavirus
B. L’apparition du SARS-CoV-2
1. La structure du virus
2. Le rôle de la protéine de pointe dans la physiopathologie des CoV
3. Les variants
C. Clinique et symptomatologie
1. Le diagnostic biologique
2. Les signes cliniques généraux
3. Le cas des personnes âgées
4. L’atteinte respiratoire
a) L’entrée du virus via le système rénine angiotensine
b) Le cas général
c) Le cas du SDRA
5. L’atteinte neurologique
a) Le NEUROCOVID
b) L’impact psychologique
6. L’atteinte cutanée
7. Le COVID long
D. Les traitements
1. L’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
2. La corticothérapie
3. Le traitement symptomatique
4. Les molécules à l’étude contre le virus
a) L’étude de différentes molécules curatives
b) Le cas du molnupiravir
c) La thérapie dans la nature
d) Les thérapies autorisées en France
E. Les vaccins contre la COVID (Europe et EMA)
1. Généralités
2. Le cas de la contre-indication
a) Les raisons
3. La femme enceinte
4. L’utilisation de vaccins à vecteurs viraux
a) Le vaccin du laboratoire AstraZenecca Oxford
b) Le vaccin du laboratoire Janssen, Johnson & Johnson (J&J)
5. L’utilisation de vaccins à acides nucléiques
a) Le mécanisme d’action de vaccins à ARN
b) Le vaccin du laboratoire Moderna mRNA-1273 et le vaccin du laboratoire Pfizer BNT 162b2
6. Les effets indésirables constatés
III. Le centre de vaccination temporaire ou vaccinodrome
A. La mise en place d’un centre de vaccination temporaire (CVT)
1. Les origines de la mise en place du vaccinodrome
2. L’organisation de la structure
3. La démarche qualité
4. La responsabilité envers le patient
5. L’anticipation du risque d’anaphylaxie
6. Les personnes ciblées par la vaccination
B. La préparation du vaccin du laboratoire Pfizer
1. La préparation des doses
2. Le déroulé de l’injection
3. L’existence de doses surnuméraires
C. Des évolutions quotidiennes au sein des autres vaccinodromes
1. Le changement des recommandations
2. La préparation des doses du laboratoire Moderna
D. Retour de terrain et point de vue d’une institution de santé, l’ARS
Conclusion
Annexes