La vaccination aujourd’hui
Généralités sur les vaccins
La politique vaccinale est un enjeu majeur de santé publique. Cette politique est menée grâce à un calendrier vaccinal défini pour chaque pays. Le calendrier vaccinal a pour but de fixer les âges auxquels les vaccins doivent être administrés et de permettre un suivi vaccinal pour savoir si la vaccination est à jour. Aujourd’hui, seulement deux pays européens de l’Europe occidentale ont maintenu obligatoire la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP). Il s’agit de la France et certaines régions de l’Italie. Dans les autres pays européens, comme l’Allemagne, la Finlande ou encore l’Espagne, il n’y a aucune obligation à se faire vacciner. Malgré cette non-obligation de vaccination, on observe des taux de vaccination similaires à ceux de la France et de l’Italie. Un débat s’immisce donc sur la nécessité de l’obligation vaccinale.
La vaccination est primordiale pour la santé publique. Elle permet de lutter contre de nombreuses maladies infectieuses graves et qui peuvent provoquer des complications et laisser des séquelles importantes. L’utilisation des vaccins va limiter ces maladies et leur transmission dans le monde.
Historique
Jenner et la variolisation
Historiquement, le premier à avoir conçu un vaccin est Edward Jenner, scientifique et médecin anglais. Celui-ci a étudié le vaccin contre la variole, maladie très redoutée à son époque puisqu’un tiers des personnes affectées mourrait de la pathologie et les survivants étaient défigurés. Jenner avait constaté que les fermières étant en contact permanent avec le virus de la variole n’étaient jamais atteintes de la maladie.
L’inoculation a provoqué certains symptômes chez l’enfant comme de la fièvre ou un malaise mais il n’a pas eu de signes plus graves. Jenner a donc utilisé la technique de la variolisation, technique précédant la vaccination, qui permettait d’obtenir une immunité contre une maladie donnée. L’enfant n’a jamais présenté la maladie par la suite. Nous avons ainsi pu remarquer que l’utilisation de la vaccine était efficace pour provoquer une immunité contre la variole. Par la suite, la vaccination contre la variole a été acceptée dans toute l’Europe continentale et la variolisation, jugée trop dangereuse, interdite. La variole a été la première pathologie infectieuse éradiquée du globe terrestre grâce à la vaccination.
Pasteur et la rage
Le travail de Jenner sur la vaccination, sera poursuivi par Louis Pasteur et aboutira à l’invention du vaccin contre la rage.
Au cours de l’année 1879, Pasteur va se pencher sur le germe du choléra des poules (appelé aussi Pasteurella avicida). Il a constaté que les poules qui ont reçu des vieilles souches de microbes de ce germe résistent à la maladie et ne meurent pas. Un premier pas a été alors réalisé puisque Pasteur n’a pas repris le virus donné par la nature, mais il a inoculé une vieille culture du germe qu’il a retrouvé par hasard afin de l’injecter aux poules. Il a donc utilisé un produit « artificiel » que nous pouvons déjà qualifier de « vaccin atténué ».
Face à ce succès, Pasteur étudie alors la maladie du charbon qui fait des ravages sur les troupeaux de moutons. Il décide alors de vacciner de façon préventive la moitié d’un troupeau de moutons et de laisser l’autre moitié sans vaccination. Le constat fut sans appel : tous les moutons vaccinés ont survécu, contrairement aux moutons non vaccinés. A la suite de ces nombreux succès dans ses travaux sur les animaux, il décide d’aborder le problème d’une vaccination contre la rage chez l’Homme, et de tester ces vaccins sur l’animal. Compte tenu du grand risque de contamination avec le chien, il préfère continuer ses travaux avec les lapins, puisque le risque de contamination à l’homme est moins important.
A partir de 1885, Pasteur commence ses essais sur l’homme. Le 6 juillet 1885, un jeune enfant, Joseph Meister, mordu la veille par un chien, est alors conduit auprès de Pasteur. Comme l’enfant n’a encore déclaré aucun symptôme de la pathologie, Pasteur lui administre treize inoculations en 10 jours de son vaccin rabique, provenant d’une moelle épinière d’un lapin mort de la rage dans les quinze jours précédents. Cet enfant n’a jamais contracté la rage. Afin de confirmer les possibles doutes existants sur l’efficacité du vaccin et sur la possibilité que le chien ne fût pas atteint de la rage, Pasteur fait un vaccin dit « de contrôle » au jeune enfant. Cela consiste à injecter une dose très forte de la souche supposée provoquer une mort fatale au jeune enfant. Après cette injection, l’enfant a survécu et fut donc le premier humain vacciné avec succès.
Par la suite, son vaccin antirabique a sauvé plusieurs patients. Devant l’affluence de patients atteints venant se faire vacciner, il a décidé de créer en 1887, un centre dédié à la vaccination contre la rage, un centre qui sera également un lieu d’enseignement et de recherche : l’Institut Pasteur.
L’après Pasteur
Par la suite, de nombreux vaccins vont apparaitre notamment au cours du XXe siècle avec pas moins de 22 nouveaux vaccins dont les très connus vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, plus communément appelé aujourd’hui le Revaxis®. Les derniers vaccins arrivés au cours du XXIe siècle sont :
– le vaccin contre le papillomavirus, découvert en 2006 pour prévenir le cancer du col de l’utérus
– le vaccin contre la dengue et contre le zona, sortis tous deux au cours de l’année 2015.
De nombreuses études sont en cours actuellement afin de créer des nouveaux vaccins contre le SIDA ou certains cancers. Nous y reviendrons à la fin de ce travail.
Définitions, mode d’action
Un vaccin protège les populations contre certaines maladies infectieuses. Il est utilisé à visée préventive, et administré à des personnes bien portantes. L’utilisation d’un vaccin va permettre d’activer le système immunitaire pour pouvoir lutter contre une maladie infectieuse déterminée. La vaccination « consiste à immuniser une personne contre une maladie infectieuse, généralement en lui administrant un vaccin. Les vaccins, qui stimulent le système immunitaire, prémunissent la personne d’une infection ou d’une maladie. » (OMS) Dans le corps humain, il existe deux types d’immunité : l’immunité cellulaire et l’immunité humorale.
L’immunité cellulaire s’appuie sur l’action des lymphocytes T qui sont de deux types:
– Les lymphocytes T « auxiliaires » ou lymphocytes T CD4 (T-helper) qui vont avoir un rôle auprès des macrophages. Ces derniers sont des cellules qui éliminent les déchets présents dans l’organisme. Lorsque les lymphocytes T CD4 rencontrent les macrophages, les lymphocytes T CD4 vont se différencier soit en lymphocytes B, soit en lymphocytes T.
– Les lymphocytes T « cytotoxiques » ou lymphocytes T CD8 (T-killer) ont pour but de détruire les cellules infectées par les virus ou les bactéries.
L’immunité humorale va défendre l’organisme contre des bactéries ou virus par le biais des anticorps. Ils sont produits par les plasmocytes, issus du lymphocyte B. L’immunité établie par l’administration d’un vaccin permet à l’organisme de reconnaitre l’agent infectieux et il sera capable de se défendre lorsqu’il rencontrera le « vrai » pathogène le moment venu. Lors de l’injection du vaccin comme nous pouvons le voir dans la figure 3, les antigènes présents dans la solution vaccinale vont être « phagocytés » (c’est-à-dire avalés) par les macrophages. Le macrophage va ensuite se transformer en cellule présentatrice d’antigène (CPA), qui va ainsi pouvoir présenter l’antigène au lymphocyte T auxiliaire afin de le stimuler. Il existe ensuite deux possibilités :
– Le lymphocyte T auxiliaire peut activer les lymphocytes T cytotoxiques. Ces derniers vont se multiplier pour donner d’une part, des lymphocytes T mémoire et d’autre part, des lymphocytes T CD8 activés.
– Le lymphocyte T auxiliaire peut activer des lymphocytes B qui vont également se multiplier pour donner par la suite des lymphocytes B mémoire et des plasmocytes. Les plasmocytes sont essentiels puisque ce sont eux qui produisent les anticorps, protéines qui vont neutraliser l’agent pathogène.
Les lymphocytes T8 mémoire et les lymphocytes B mémoire vont ainsi permettre une traçabilité de l’infection initiale.
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Table des matières
Introduction
1ère PARTIE : La vaccination aujourd’hui
Chapitre 1 : Généralités sur les vaccins
1.1 – Historique
1.1.1 – Jenner et la variolisation
1.1.2 – Pasteur et la rage
1.1.3 – L’après Pasteur
1.2 – Définitions, mode d’action
1.3 – Composition des vaccins
1.4 – Fabrication des vaccins
1.4.1 – Recherche et développement
1.4.2 – Production
1.4.3 – Commercialisation
1.5 – Administration du vaccin
1.5.1 – Les voies d’administration des vaccins
1.5.2 – La fréquence des vaccinations
1.5.3 – Les professionnels pouvant vacciner
1.6 – Bénéfices, risques et contre-indications
1.6.1 – Les bénéfices de la vaccination
1.6.2 – Les risques de la vaccination
1.6.3 – Les contre-indications liées aux vaccins
1.7 – Recommandations ou obligations vaccinales ?
1.7.1 – Comment un vaccin devient recommandé ou obligatoire ?
1.7.2 – Le vaccin DTP est obligatoire : pourquoi ?
1.7.3 – Les vaccins recommandés sont-ils alors moins importants ?
1.8 – Couverture vaccinale
Chapitre 2 : Situation mondiale
2.1 – GAVI, l’alliance mondiale pour la vaccination
2.2 – « Vaccination dans le monde : vision et stratégie »
2.3 – Les 4 objectifs de GAVI entre 2011 et 2015
2.4 – « Plan d’action mondial pour les vaccins 2011 – 2020 »
2.5 – Couverture vaccinale dans le monde
Chapitre 3 : Situation en France
3.1 – Calendrier vaccinal
3.2 – Couverture vaccinale
3.3 – Epidémie de rougeole
3.4 – Programme national d’amélioration de la politique vaccinale
3.6 – Débat sur la vaccination lancé en 2016
2ème PARTIE : L’intérêt évident de la vaccination se dirige vers un refus de la population
Chapitre 4 : L’origine du refus de la vaccination
Chapitre 5 : Les différentes controverses liées aux vaccins
5.1 – Les controverses concernant les vaccins proprement dits
5.1.1 – Le vaccin de l’hépatite B et la sclérose en plaques (SEP)
5.1.2 – Gardasil et SEP
5.1.3 – ROR et autisme
5.1.4 – Retrait de lot du Meningitec® en septembre 2014
5.2 – Les controverses concernant les excipients des vaccins
5.2.1 – Aluminium et MFM
5.3 – Les controverses liées à la mutation de l’agent pathogène
5.3.1 – La grippe saisonnière
Chapitre 6 : Les détracteurs de la vaccination
6.1 – Les déclarations du Professeur Joyeux
6.2 – Un pédiatre falsifie un certificat de vaccination
3ème PARTIE : Le rôle du pharmacien à l’officine et la vaccination du futur
Chapitre 7 : Le pharmacien et la vaccination à l’officine
7.1 – Le pharmacien, relai de l’information et de la prévention auprès de la population
7.1.1 – Acteur central et direct vis-à-vis de la population
7.1.2 – Les outils de communication pour inciter à la vaccination
7.2 – La gestion des ruptures de stock et des tensions d’approvisionnement des vaccins
7.3 – Le respect de la chaine du froid et les moyens mis en place
7.3.1 – Les enceintes thermostatiques
7.3.2 – Les caisses isothermes
7.3.3 – Les pochettes de transport
7.3.4 – Le rôle du pharmacien
7.3.5 – Une possibilité d’approvisionnement direct des médecins ?
Chapitre 8 : Le pharmacien, futur professionnel de santé ayant le droit de vacciner?
8.1 – Le projet de loi pour la vaccination à l’officine
8.2 – L’avis des médecins
8.3. – Enquête réalisée auprès de pharmaciens en Haute-Normandie
8.3.1. – Matériel, méthodes et échantillons interrogés
8.3.2 – Résultats
8.3.3 – Limites de l’étude
8.3.4 – Conclusion de l’enquête
8.4 – Enquête réalisée auprès de patients en Seine-Maritime
8.4.1. – Matériel et méthodes
8.4.2 – Echantillons interrogés
8.4.3 – Résultats
8.4.4 – Limites de l’étude
8.4.5 – Conclusion de l’enquête
8.5 – Des enquêtes à plus grande échelle
8.5.1 – Sondage directmedica
8.5.2 – Etude réalisée par Satispharma et OpinionWay avec le soutien de Mylan
8.6 – Conclusion générale des différentes enquêtes
Chapitre 9 : Les nouveaux vaccins et les vaccins du futur
9.1 – Le vaccin contre le zona, Zostavax®
9.2 – Le vaccin contre la dengue
9.3 – Le vaccin contre Ebola
9.4 – Le vaccin sans piqure
9.5 – Les autres vaccins en développement
Conclusion
Annexe